GÉDÉON - UN TYPE DU SEIGNEUR ET DE SON ÉGLISE
Juges 6 et 7
Les actions de Gédéon
ont une empreinte spirituelle tellement visible, que l’on doit admettre que son
histoire contient des enseignements importants et des illustrations
prophétiques pour l'Église.
Après la victoire de
Barak sur les Cananéens, au temps de la juge Déborah (Juges 4 et 5), Israël ne
resta pas fidèle à Dieu bien longtemps. Très vite, des autels consacrés à Baal
et des arbres ou pieux sacrés dédiés aux Astartés s'élevèrent sur toutes les
hauteurs, témoignant d'une grave rechute dans le paganisme et l'idolâtrie. L'Éternel
livra son peuple entre les mains des Madianites durant sept ans. Et Israël ne
se serait pas libéré si rapidement de ses oppresseurs, si Dieu ne lui avait
suscité un libérateur en la personne de Gédéon.
Pourtant, Israël n'avait
pas mérité cette libération, bien au contraire. Le peuple était servile et sans
foi, trop conciliant face à la séduction de son entourage païen et de son
abominable culte des idoles. Cependant, lorsqu'ils subirent le pillage de leurs
oppresseurs, beaucoup plus nombreux qu'eux, et la terrible ruine qui les
guettait, ils crièrent à Jéhovah. Et Dieu eut pitié d'eux. Il leur envoya un
prophète qui leur rappela la bonté de Dieu et leurs transgressions, et sut réveiller
en eux l'esprit de regret et de repentance.
Alors, Dieu envoya son
ange à Gédéon, fils de Joas, de la famille d'Abiézer, à Ophra, pour lui
ordonner de libérer Israël. Gédéon manifesta une foi exceptionnelle. Il était
convaincu qu'il ne pouvait rien entreprendre sans l'aide de Dieu, mais tout
réussir avec son appui. Toutefois, Dieu s'était détourné du peuple, que
pouvait-il donc espérer ?
L'ange de l’Eternel fit
savoir à Gédéon que Dieu serait avec lui. Si Gédéon pouvait être convaincu de
cela, il n'aurait alors aucune raison d'hésiter. Le messager de Dieu salua
Gédéon avec ces paroles : « L'Eternel
est avec toi, vaillant héros ! » (Juges 6 : 12). D'où venait la
vaillance de Gédéon, si ce n'est de la force de sa foi. Cet homme loyal se mit
à la disposition de la puissance divine.
Il n'y a aucun
héroïsme plus grand aux yeux du Tout-Puissant que la ferme fidélité à son
service ; c'est-à-dire être dans la Vérité ! Le plus difficile est de
tenir fermement à la Vérité, de rester fidèle dans les pires conditions, face
au caractère versatile de la société, mais c'est ce qui apporte aussi le plus
de bénédictions. Celui qui mène le combat de la Vérité, lutte à la fois contre
les puissances du mensonge et contre les ténèbres ; et il est invincible,
s'il s'en tient à la Vérité, sans faillir jusqu'à la fin.
Cet exploit, le plus
grand de tous, nous est proposé sur la voie ouverte par Jésus, vers la croix et
la mort sur la croix. Comme la carrière de Jésus surpasse de loin tous les
autres exploits humains ! Il est impossible de décrire toute la force et
la grandeur du comportement héroïque du Seigneur. Bien sûr, le monde ne peut
pas mesurer et apprécier cet héroïsme, et combien peu de ceux qui crient
« Seigneur, Seigneur ! » en ont-ils saisi la portée ? Les
gens considèrent le Sauveur selon l'estime qu’ils Lui accordent
traditionnellement, mais ils n'en sont pas touchés.
La tiédeur de leur foi
est la preuve qu’ils se sont détournés de Lui. Tandis que nombre d’incrédules
ont abandonné Jésus, beaucoup d’autres se sont contentés de Le confesser du bout
des lèvres. Ils ont préféré offrir leur vénération à un autre, qui parle et
témoigne de lui-même, qui se glorifie de succès et d'actions spectaculaires,
comme nous le remarquons aujourd'hui partout, en lui prêtant une oreille
complaisante.
LES COMBATS DE GÉDÉON
Gédéon eut trois
combats à livrer. D'abord, il dut vaincre l'incertitude dans son propre cœur,
puis lutter contre l'incrédulité de son peuple, à commencer par ceux qui lui étaient
les plus proches, c’est-à-dire sa famille. Enfin, il fut appelé à livrer
bataille contre les nombreux ennemis de son peuple.
C'est assurément la
voie de chaque héros de la foi. Avant de combattre vaillamment à l'extérieur, celui-ci
doit vaincre l'ennemi dans son propre cœur. Il lui faut se forger une intime
conviction par la fidélité et la Vérité. A partir de là, il peut commencer le
travail de purification dans un champ plus large. Mais, parallèlement au combat
extérieur, la lutte intérieure continue et ne pourra jamais cesser. Toute sa
force extérieure découle de sa force de conviction intérieure.
Les difficultés du
combat intérieur le préparent à la lutte extérieure. En réalité, c'est le même
ennemi qu'il doit vaincre. Il n'y aurait même pas de combat extérieur, s'il
n'avait livré bataille contre l'ennemi dans son propre cœur. Après avoir
remporté la victoire sur ces deux plans, contre le défi de l'Adversaire de
Dieu, son combat s'orientera vers une lutte contre le monde. Le « prince
de ce monde » agrandit toujours plus le cercle de l'adversité.
Pour le croyant, le
combat de la foi commence dans son propre cœur, puis dans son entourage qui
représente son premier terrain de lutte, et finalement dans le monde hostile à
la foi. Tout autre processus mènerait à l'échec.
Lorsque Gédéon reçut
l'ordre de libérer son peuple, des paroles de doute et de désappointement lui
vinrent aux lèvres : « Ah !
Mon seigneur, si l'Éternel est avec nous, pourquoi toutes ces choses nous
sont-elles arrivées ? Et où sont tous ces prodiges que nos pères nous
racontent, quand ils disent : l'Éternel ne nous a-t-il pas fait monter
hors d'Égypte ? Maintenant l'Éternel nous abandonne et il nous livre entre
les mains de Madian ! » - Juges 6 : 13.
C'était la plainte
d'un croyant, lorsque le malheur déborde. Où étaient donc les miracles de Dieu,
dont il était question à chaque pas dans l'histoire sainte ? Où était son
aide dans le malheur, alors qu’il subissait depuis bien longtemps une
intolérable oppression ? Et les choses s’aggravant de jour en jour, il n'avait
d'autre perspective que de bientôt succomber à cette tyrannie.
Où était la promesse
qu'aucune tentation ne dépasserait ses forces ? Cependant, celle-ci s'en allait
en fumée. Les choses suivaient leur cours, et Dieu n'intervenait pas ; pas
un miracle, pas de revirement. Le chemin de Dieu conduit-il au doute et à la
ruine ? Le blasphémateur, le moqueur, l'incrédule ont raison ; le
croyant ne sait plus que penser.
C'est ainsi que nous pourrions
nous exprimer, à l’instar de Gédéon, ou comme Job lorsqu’il se plaignit de ne pas
comprendre les voies de Dieu. Ce sont assurément des paroles de désarroi, des
paroles manquant de foi, mais Dieu connaît nos faiblesses, Il sait que nous
sommes faits de chair.
L'impression que Dieu nous
abandonne fait partie des expériences du combat de la foi. Le Père ne peut pas
toujours l'épargner totalement à ses enfants. Les « pieux » amis de
Job qui n’avaient pas part à ces épreuves, n’entendaient pas ses plaintes sans
le blâmer avec indignation. Mais Job leur répondit du fond de sa grande détresse :
« Que les paroles vraies sont
persuasives ! Mais que prouvent vos remontrances ? Voulez-vous donc
blâmer ce que j'ai dit, et ne voir que du vent dans les discours d'un désespéré ? »
(Job 6 : 25, 26). Le tourment a droit à la parole.
DIEU NE TIENT PAS
COMPTE DE NOS OBJECTIONS
Gédéon ne fut pas
blâmé pour ses paroles. Mais Jéhovah lui ordonna : « Va avec cette force que tu as, et délivre Israël de la main de
Madian ; n'est-ce pas moi qui t'envoie ? » (Verset 14). Mais
Gédéon eut encore des objections à formuler : « Avec quoi délivrerai-je Israël ? Voici, ma famille est la
plus pauvre en Manassé et je suis le plus petit dans la maison de mon père »
(Verset 15).
Pour remplir les
missions que Dieu nous confie, nous n'avons besoin d'aucune force, d’aucune ressource
ou d'aucune autre condition, que celles dont nous disposons. C'est ce que nous montre
David qui, bien qu'étant un jeune homme, combattit sans crainte le géant
Goliath et refusa de porter l'armure du roi (1 Samuel 17 : 31-51). Ainsi,
dans l'état où nous nous trouvons, nous sommes aptes aux plus hautes missions,
lorsque Dieu veut agir par notre entremise. Si ce n'est pas sa volonté, nous ne
remporterons aucune victoire pour Dieu, même avec la meilleure armure que le
monde pourrait nous donner.
L'Église de Christ
pourrait aussi s’exprimer ainsi : Que notre nombre est insignifiant !
Ajoutons à cela que nous ne faisons pas partie des héros de la foi, de ceux qui
sont spécialement bénis, dont on nous parle dans les livres. Nous arrivons à
peine à nous maintenir à flots, comment pourrions-nous remplir des missions qui
sont pour les plus forts et ceux qui ont du succès ?
Mais Jéhovah rassura
Gédéon : « Je serai avec toi,
et tu battras Madian comme un seul homme » (verset 16), c'est-à-dire comme
si un seul homme lui faisait face. Ces paroles firent réfléchir Gédéon. Si Dieu
l'interpellait ainsi, il ne pouvait pas refuser.
Mais, était-ce bien
Dieu qui parlait ainsi ? N'était-ce pas une autre voix ? La voix de
l'arrogance, de la prétention, de la vanité ? Sur ce sujet, il voulut en avoir
la certitude : « Si j'ai trouvé
grâce à tes yeux, donne-moi un signe pour montrer que c'est toi qui me parle »
(verset 17). Et Gédéon prépara un repas de fête à son visiteur. Il apprêta un
chevreau et fit des pains sans levain (verset 19).
Ces préparatifs reflétaient
son état d'esprit. Bien entendu, Gédéon ne le savait pas, mais le chevreau peut
être identifié au sacrifice de Jésus-Christ. Ceci nous illustre que personne ne
peut être agréable à Dieu, sans reconnaître le sang de Christ qui justifie. Les
pains sans levain représentent le don de soi au Seigneur. Celui qui est
justifié par la foi - ce que représentent les pains sans levain - se donne à
Dieu par une consécration sincère. Les seuls dons que nous pouvons faire à Dieu
et qu'Il peut accepter sont la foi (en la rançon) et la consécration.
Les dons furent placés
sur un rocher nu. L'ange de l’Eternel avança son bâton et les toucha. Alors un
feu s'éleva du rocher et consuma les dons. « Et
l'ange de l'Éternel disparut à ses yeux. Gédéon, voyant que c’était l’ange de
l’Eternel, dit : Malheur à moi, Seigneur Eternel ! Car j’ai vu l’ange
de l’Eternel face à face. Et l’Eternel lui dit : Sois en paix, ne crains
point, tu ne mourras pas. » (versets 21 à 23).
« JE VOUS EXHORTE DONC, FRÈRES » - Romains 12 : 1
Gédéon et sa troupe,
comme exposé plus haut, semblent être un type de notre Seigneur et de la
véritable Église de Christ. Ils apportent à Dieu les dons déjà cités. Et Dieu
montre qu'Il les accepte, en envoyant à ses enfants le Saint Esprit qui les
consume. Le Saint Esprit est l'Esprit de Christ, l'Esprit du sacrifice
volontaire, l'Esprit de Vérité. Lorsque les consacrés sont remplis de l'Esprit,
celui-ci consume ce sacrifice ; non pas en un instant, comme dans le
symbole, mais tout au long de leur vie, au service de la Vérité. C'est là le
signe de leur acceptation.
Mais, s'ils ne sont
pas consumés, s’ils n'ont pas de difficultés, de souffrances, d'épreuves pour
la cause de Christ, c'est le signe qu'ils ne sont pas reconnus, car Dieu corrige
chaque fils qu'Il accepte. Il ne châtie pas les fils illégitimes (voir Hébreux
12 : 8). Le feu des épreuves montre au consacré qu'il est accepté. C’est pour
cela qu’il devrait se réjouir de souffrir pour Christ.
Après que Gédéon se fût
assuré que Dieu avait accepté et consumé ses dons selon sa volonté, il fut affermi
quant à sa tâche, prêt à s'engager dans cette grande mission divine. Lorsqu'il
reconnut avoir affaire au Dieu vivant, il fut pris d'une sainte frayeur : « Malheur à moi, Seigneur Éternel !
Car j'ai vu l'ange de l'Éternel face à face » (verset 22).
N'est-ce pas un
événement terriblement sérieux que de se trouver en présence du Dieu vivant ?
Qui se sentirait toujours disponible, capable de cette gravité, de cette
élévation d'esprit, de cette sainte vénération, qu’exige la proximité de Jéhovah ?
Quel sujet aimerait être constamment sous les yeux de son roi ? N'est-ce
pas plutôt contraire à notre tendance naturelle au laisser-aller, à notre petit
confort et à nos aises ? Mais quelle austérité, quelle intégrité, quelle
pureté et quelle noblesse, de marcher sous les yeux du Tout-Puissant cela exige-t-il !
Ah, nous devrions disparaître, tous autant que nous sommes, avec un sentiment
d'indignité et d'impuissance !
Mais Jéhovah rassura
encore une fois Gédéon : « Sois
en paix, ne crains point, tu ne mourras pas » (verset 23).
« JE VOUS LAISSE LA PAIX, JE VOUS DONNE MA
PAIX » - Jean 14 : 27
La sainte frayeur quitta
Gédéon. Le sacrifice du chevreau jeta un pont entre le grand Juge, sa justice
absolue et le pécheur, l'accusé tremblant d'effroi. « Le sang de
l'agneau » lui a permis de recevoir la filiation. Désormais, il n'y a plus
de peur, mais la paix, malgré le sentiment d'indignité. Nous voyons que Gédéon
est dans la position de l'Église justifiée. Gédéon a gagné la première
bataille. Il a la certitude d'avoir été accepté. Il a la paix de Dieu, il se
réjouit de la grâce accordée, et il s'écrie, heureux : Abba, Père !
Dans la nuit, Jéhovah
l'informa de son deuxième combat : purifier son sanctuaire. « Prends le jeune taureau de ton père,
et un second taureau de sept ans. Renverse l'autel de Baal qui est à ton père
et abats le pieu sacré qui est dessus. Tu bâtiras ensuite et tu disposeras, sur
le haut de ce rocher [une hauteur difficilement accessible], un autel à l'Éternel, ton Dieu. Tu
prendras le second taureau et tu offriras un holocauste, avec le bois de
l'idole que tu auras abattue » (versets 25 et 26).
Sans hésiter, Gédéon obéit
aux ordres divins. Il se mit en route avec dix serviteurs, détruisit l'autel de
Baal sur le rocher de son père et abattit l'idole Astarté. Il érigea un autel à
Jéhovah et utilisa le bois de l'idole abattue pour faire un bûcher sur lequel
il sacrifia le deuxième taureau, celui de sept ans.
A nouveau, ces actions
semblent symboliser une mission divine pour notre Seigneur et pour la véritable
Église des élus. Le deuxième taureau, dont il est question ici, semble indiquer
que le sacrifice de Jésus-Christ, le Fils de Dieu, doit être suivi du sacrifice
de ses saints, non comme un second sacrifice, mais comme le prolongement du
sacrifice du premier taureau, car le Seigneur et son « Corps » ne
font qu'un, dans la lutte et dans la victoire.
Le véritable devoir de
l'appelé est dans le sacrifice, non dans la simple adoration, ni dans un
service divin dogmatique, un rituel. Cette purification conduit au sacrifice,
de la même façon que Gédéon s'est attiré des ennemis mortels lorsqu'il a abattu
l'autel de Baal. Les gens de la ville ordonnèrent au père de Gédéon : « Fais sortir ton fils, et qu'il meure,
car il a renversé l'autel de Baal et abattu le pieu sacré qui était dessus »
(verset 30).
Un tel devoir se
présente aussi à la véritable Église. Plus souvent qu'on ne le croit, la
pratique dans les autres religions ressemble à un culte idolâtre. Non seulement
l'ancien Israël, mais aussi l’Église, nos assemblées côtoient le danger de
retomber dans le culte de Baal et des idoles. Non sans raison, l’apôtre Jean
insiste auprès des croyants : « Petits
enfants gardez-vous des idoles » - 1 Jean 5 : 21.
LE DANGER DU CULTE
DES IDOLES
Si, dans la pratique
religieuse, ce qui n'est qu'un moyen devient une fin en soi, alors le culte des
idoles est déjà engagé. Ce détournement des choses est un phénomène courant. Ce
n'est pas sans raison que l'Ancien Testament insiste sur le fait que les autels
de Jéhovah devaient être érigés en pierres non taillées. Si on avait eu le
droit d'utiliser des pierres taillées, la démarche suivante aurait été d'élever
des constructions prestigieuses et artistiques, avec des statues de pierre, c’est-à-dire
des idoles ! La dévotion n'aurait plus été adressée au Créateur, mais à la
belle statue, une création humaine.
C'est ainsi que, plus
tard, Israël vénéra le magnifique temple de Salomon. Le moyen du culte était
devenu peu à peu un objet de vénération et de dévotion. Jérémie se moquait à ce
sujet : « Ne vous livrez pas à
des espérances trompeuses, en disant : C'est ici le temple de l'Éternel,
le temple de l'Éternel, le temple de l'Éternel ! Si vous réformez vos
voies et vos œuvres, si vous pratiquez la justice... Alors je vous laisserai demeurer
dans ce lieu, dans le pays que j’ai donné à vos pères » - Jérémie 7 : 4-7.
Pratiquer la justice,
servir la Vérité - tout cela signifie sacrifice et combat. Mais on préférait
admirer un temple fait de main d'homme qui ornait la ville de Jérusalem, comme
nos églises enjolivent nos villes et nos villages. Les adorateurs se disent que
c'est merveilleux d'avoir un bâtiment aussi somptueux à disposition. Mais c'est
un retour au culte des idoles, c'est vénérer du bois et de la pierre. Étienne
l'avait fait remarquer aux zélateurs Juifs, dans son discours, ce qui les avait
exaspérés. - Actes 7 : 48-50.
Il existe encore une
autre idolâtrie plus récente, la dévotion à l’organisation, qui s'est développée
depuis l'Église primitive. Elle ressemble à un royaume humain, ou plutôt à une
dictature qui est devenue un but en soi, jusqu'à nos jours. On ne sacrifie que
pour l'organisation : église, secte ou assemblée. C'est le
« sanctuaire » pour lequel on a inventé le dogmatisme ecclésiastique.
L'aspect commercial et le nombre d'adhérents sont essentiels ; le plus
important est la gestion de l'église.
Qu'importe le bonheur
des individus, ou l'attitude de ses membres envers Dieu et Christ. Seul compte l’aspect
financier : ce que font ses membres pour l'entretien et la promotion de
l'institution. Qu'ils soient croyants ou non, qu'ils aient une relation vivante
avec le Seigneur ou non, n'a aucune importance. Oui, il est même mal vu si
quelqu'un exerce la miséricorde ailleurs, et n’offre plus ses dons à l'église.
Son action est mal jugée si elle ne bénéficie pas à l'organisation de l'église.
« Petits enfants, gardez-vous des idoles ». Un tel avertissement est toujours
d'actualité. Une telle prise de position est un service rendu à l'Église
vivante, c'est même un devoir de purifier le temple.
Gédéon mena à bien
cette œuvre qui lui attira la haine des idolâtres. Ils voulurent le tuer, mais
ils n'en avaient pas le droit. Le père de Gédéon le prit sous sa protection :
« Est-ce à vous de prendre parti
pour Baal ? » (verset 31).
C'est en effet ce
qu'ils réclamaient. Ils défendaient avec d'autant plus d'énergie les idoles,
qu'ils ne connaissaient plus le Dieu vivant et ne cherchaient pas à Le
connaître. Ils avaient besoin de ces idoles, car ils étaient impuissants et
incapables de se défendre seuls. Le père de Gédéon expliqua cela avec subtilité
aux amis de Baal : « Si Baal
est un dieu, qu'il plaide lui-même sa cause, puisqu'on a renversé son autel »
(verset 31).
Ainsi donc, comme le
père de Gédéon le protégeait, ils ne purent rien lui faire. Ils attendirent et
lui donnèrent un autre nom : « Jerubbaal » c'est-à-dire
« que Baal plaide contre lui ». Mais peu lui importait, Baal restait
muet !
De tout temps,
l'Église vivante a eu pour mission de rester pure face à l'église nominale. Jésus
Lui-même a combattu le commerce dans le temple. La Réformation a rempli une
mission semblable et beaucoup de gens depuis ont essayé d’éradiquer les idoles.
Mais sans cesse, des assemblées vivantes sont devenues des sectes
institutionnelles, et ont vécu une prospérité illusoire, ont augmenté leurs
biens et leur fortune, parce que les « morts » sont nettement plus
attirés par les morts que par les vivants. La victoire des vivants est d'autant
plus sûre que par Lui, le « Jerubbaal antitypique », « La mort a été engloutie dans la
victoire » - 1 Corinthiens 15 : 54.
LE DERNIER COMBAT
DE GÉDÉON
Nous abordons
maintenant le troisième combat de Gédéon contre les ennemis de son peuple,
contre une puissante alliance d'ennemis : Madian, Amalek et les
« fils de l'Orient ». « Ils
étaient innombrables, eux et leurs chameaux » (Juges 6 : 5), ils
étaient : « ... comme une
multitude de sauterelles, et leurs chameaux étaient innombrables comme le sable
qui est sur le bord de la mer » - Juges 7 : 12.
L'attaque vint de
l'ennemi. Mais, « Gédéon fut revêtu
de l'esprit de l'Éternel ; il sonna de la trompette et Abiézer fut
convoqué pour marcher à sa suite » (Juges 6 : 34). Abiézer désigne
ici les membres de sa famille, un nom qui signifie « père du
secours ». Gédéon envoya ensuite des messagers aux autres tribus, à
Manassé, à Aser, à Zabulon et à Nephtali.
32.000 hommes
répondirent à l'appel (Juges 7 : 3). Sur le nombre des ennemis, nous
n'avons d'autre information que celle disant qu'ils étaient aussi nombreux que
« le sable sur le bord de la mer ». Des 120.000 victimes faites par
l'armée de Gédéon (Juges 8 : 10), on peut déduire que ses 32.000 hommes représentaient
une petite armée, en comparaison. Gédéon pouvait-il risquer l'engagement face à
des effectifs si disproportionnés ? Pouvait-il prendre la responsabilité
de lancer ses hommes à l'assaut d'ennemis si nombreux ? Si Dieu combattait
à ses côtés, il n'aurait pas d'hésitation. Cependant, Gédéon devait en avoir
une totale certitude.
Il alla donc tenir
conseil avec l’Eternel. Il Lui demanda une manifestation de sa volonté - un
oracle - pour ainsi dire. Il étendit, pendant la nuit, une toison de laine sur
l'aire, devant la maison, la place plane sur laquelle on battait le blé ; au
matin, si la toison était mouillée et le sol sec tout autour, ce serait un
signe que Dieu approuvait ses actions.
Et c'est ce qui
arriva. La toison fut tellement humide, qu'on obtint une coupe pleine d'eau en
l'essorant, alors que le sol de l'aire autour de la toison était tout sec.
Aucune confusion n'était possible quant à la réponse de Dieu. Mais les doutes
de Gédéon n’étaient pas complètement apaisés. Il savait aussi que le cœur
humain avait tendance à interpréter n'importe quel signe selon ses vœux. N’était-ce
pas le fruit du hasard ? Des situations dues aux circonstances n'ont-elles
pas été souvent interprétées selon les souhaits de chacun ? Est-ce qu'un
seul témoin et une seule preuve pouvaient suffire au juge d'Israël ? La
Loi ne préconisait-elle pas la concordance de deux témoignages, pour lever tous
les doutes ? (cf Deutéronome 17 : 6 ; 19 : 15).
Il faut rendre hommage
au sens des responsabilités de Gédéon, car il ne s'engagea pas à la légère dans
ce combat et demanda à Jéhovah une deuxième réponse. Une fois encore, il étendit
la toison sur l'aire. Cette fois, elle devait rester sèche et le sol devait
être mouillé tout autour. C'est la réponse raisonnable qu'il attendait de Dieu.
C'est exactement ce qui se passa le lendemain matin ; la toison était
sèche et le sol autour était couvert de rosée.
Les croyants aussi,
dans une situation problématique, devraient rechercher une information divine.
Ils peuvent scruter la Parole de Dieu et chercher un passage adéquat dans les
Saintes Écritures. Ils peuvent aussi demander à d'autres personnes un avis
judicieux pour savoir si les circonstances sont favorables ou non, et donnent
une raison valable d'entreprendre leur projet. « Si quelqu'un d'entre vous manque de sagesse, qu'il la demande à
Dieu, qui donne à tous simplement et sans reproche, et elle lui sera donnée.
Mais qu'il la demande avec foi » (Jacques 1 : 5, 6). Personne ne devrait
entreprendre quelque chose, s'il a un doute dans le cœur.
L'oracle de Gédéon
semble, en outre, avoir une signification cachée. La toison pourrait être une
image du peuple d'Israël, et la rosée un symbole des bénédictions divines. Le
premier signe de Dieu montre que les bénédictions divines étaient d'abord
exclusivement réservées au peuple d'Israël, tandis que les nations alentour
n'étaient « pas arrosées », exclues des bénédictions divines. Puis,
le deuxième oracle symbolise l'Âge de l'Évangile, durant lequel les nations
sont bénies - le sol mouillé tout autour - alors que la toison, Israël, est exclue
de la bénédiction (voir le lien entre Psaume 147 : 19, 20 et Romains 11 :
25 - les deux périodes de salut y sont signalées).
Gédéon avait vaincu
ses doutes. Mais à son tour, Dieu le mit à l’épreuve. Supposons qu'il se soit
dit : Si Dieu est à nos côtés, on pourra vaincre avec trente-deux mille
hommes ; il aurait fait preuve de foi, mais seulement d'une toute petite
foi. Dieu va lui donner une leçon, et l'occasion de prouver une grande foi,
oui, une foi inconditionnelle.
Car Dieu intervient et
ordonne : « Le peuple que tu as
avec toi est trop nombreux pour que je livre Madian entre ses mains ; il
pourrait en tirer gloire contre moi et dire : c'est ma main qui m'a délivré »
(7 : 2). Tout se joue sur la manifestation de la puissance du Dieu vivant.
La foi d'Israël en son Sauveur invisible doit en ressortir fortifiée, et le
peuple admettre, une fois pour toutes, sa dépendance envers Lui. Si l'issue de
cette guerre contre Madian doit être à l'honneur de Jéhovah, il faut prévenir
tout malentendu au sujet de la victoire. La mission de Gédéon consista donc à
renvoyer tous ceux qui étaient craintifs ou peureux. Ils furent plus des deux
tiers, soit 22.000 hommes.
La situation devint
plus claire. Pour les dix mille qui restaient, le sentiment d'honneur et
l'exemple devaient être un puissant motif de se maintenir dans les rangs des
guerriers. La perspective de faire du butin était une autre importante raison
de persister. Si malgré tout, vingt-deux mille hommes s'étaient retirés, c'est
que la situation semblait délicate, voire totalement sans espoir, pour tout
esprit « humain sain ».
Le fait que Jéhovah
ait demandé de renvoyer les plus craintifs, nous révèle un des principes divins
en ce qui concerne le « petit troupeau », l'Ecclésia. En sonnant de
la trompette, Gédéon a appelé beaucoup de gens à l'honneur de combattre pour
délivrer la nation. Ainsi, la trompette de la Vérité appelle beaucoup de personnes
sous le drapeau du Gédéon antitypique. Dans cette dernière image, Gédéon semble
représenter le Seigneur de retour pour conduire sa lutte et libérer l'humanité
de la tyrannie du « prince de ce monde ». Les élus, et eux seuls,
sont admis à participer au combat. Ils ont le droit de lutter aux côtés du Seigneur,
de souffrir et de vaincre avec Lui.
Seuls les élus ont
droit à ce grand honneur. Dieu soumet le peuple fidèle à de nombreuses épreuves
de criblage, et la plus grande partie est exclue de l'armée parce qu'inapte. Le
premier criblage exclut tous les peureux. La peur n'est rien d'autre que de
l'indécision ou une foi faible. Comme le Seigneur a beaucoup de patience, Il
donne de nombreuses occasions à ses appelés de surmonter leurs frayeurs et de
fortifier leur foi ; mais vient le jour où ils sont obligés de faire leurs
preuves et où l'indulgence n'est plus possible pour leur manque de foi.
Le Seigneur a les
moyens de repousser ceux qui se montrent indignes. Leur peur est d'ailleurs une
offense à Gédéon ; cela montre le peu de confiance qu'ils ont dans leur
Chef. S'ils ne Lui font pas confiance, c'est qu'ils cherchent leur sécurité
ailleurs ; s'ils n'ont pas confiance en Dieu, alors ils font confiance au
monde. Ils se fient aux choses visibles.
Ce qui nous étonne
encore plus que ce nombre, c'est qu'il en resta encore dix mille auprès de
Gédéon malgré le départ des deux tiers des combattants. Ceux-là montrèrent une
admirable confiance en leur chef ; ils le suivaient partout où il allait.
On pourrait penser que c'était un laissez-passer suffisant pour participer à la
grande guerre de libération, mais Jéhovah était d'un autre avis : « Le peuple est encore trop nombreux »
expliqua-t-Il. Cependant, Il ne fit aucun reproche à ceux qui étaient restés.
Dieu n'en voulait tout simplement pas autant, et Il donna une méthode à Gédéon
pour les trier encore : « Fais
les descendre vers l'eau, et là je t'en ferai le triage … Tous ceux qui
laperont l'eau avec la langue comme lape le chien, tu les sépareras de tous
ceux qui se mettront à genoux pour boire » - Juges 7 : 4, 5.
Finalement, seuls trois
cents hommes puisèrent l'eau avec leur main et burent à petites gorgées ; tous
les autres s’étaient agenouillés au bord du fleuve pour boire de grandes
quantités d'eau comme les bœufs et les chameaux. Dieu déclara que tous ceux-là -
soit 9.700 combattants - étaient inaptes, et qu'il fallait les écarter.
Toutefois, on garda leurs provisions et les trompettes pour ceux qui restaient.
Ce fut une étrange
épreuve de caractère. Nous croyons comprendre sa signification concernant le
choix du peuple antitypique de la fin de cet Âge. Ce comportement illustre le
fait si le croyant agit avec raison et minutie pour édifier sa foi, ou s'il
« avale » tout sans analyser ce qu'on lui offre comme enseignement
religieux pour son édification. L'eau représente la Vérité, une nourriture
spirituelle. Souvent, nous voyons chez les croyants une étonnante indifférence
pour les mets spirituels qu'ils absorbent. Ils semblent penser « l'eau est
toujours de l'eau », et avalent tout ce qui ressemble à quelque chose de
biblique. D'autres encore ne se basent pas sur leur jugement, mais ont des
préjugés. Ils pensent n'avoir aucun besoin de mettre à l'épreuve l'eau qui leur
parvient par les « canaux autorisés », et refusent aussi ce qui coule
dans d'autres ruisseaux.
Ces personnes sont peu
soucieuses de ce qui concerne le développement de leurs connaissances. Ils
n'utilisent pas ce qui nous différencie précisément des animaux : le bon
sens et la capacité de jugement. Ils admettent tout sans esprit critique - avec
toutes les impuretés que peut contenir l'eau. C'est ce qu'évitent ceux qui
puisent avec la main, non sans avoir vérifié que l'eau soit propre et saine. (Voir
Romains 12 : 2 ; 1 Timothée 1 : 10 ; 2 Timothée 1 : 13 ;
Tite 2 : 1).
Notre Père cherche
ceux qui L’adorent en esprit et en vérité. Pour être en communion avec le
Seigneur et l'Éternel, nous ne pouvons passer que par la Vérité. L'erreur ne
nous rapproche pas de Dieu, mais nous en éloigne. C'est pourquoi l'Apôtre nous
incite à bâtir sur le fondement de la foi en Jésus-Christ en utilisant pour
cela des matériaux imputrescibles, comme l'or, l'argent et les pierres précieuses.
Les autres matériaux, tels le bois, la paille, le chaume, se consument lorsque
le feu des épreuves s’abat sur nous et sur le monde, et il ne reste alors que
des ruines qui n'apporteront plus de protection dans les tourments de ce
jour-là. - 1 Corinthiens 3 : 10-15.
Il arrive aussi qu'on
surestime l'enseignement chrétien. Si l'amour de Christ brûle dans un cœur,
c'est d'autant mieux. Cet amour possède la véritable connaissance qui l’empêche
de commettre des erreurs. Certaines personnes pourraient avoir appris des
erreurs théoriques qui ne leur causeront aucun dommage, car l'amour est
puissant, et c’est lui qui décide et agit loyalement en toutes choses.
Par exemple, des hommes
en pleine santé peuvent être porteurs de toutes sortes de microbes dangereux,
qui sont neutralisés par l'organisme d'étonnante façon, si bien que grâce à des
défenses saines, aucune maladie ne se manifeste ; de même le véritable
amour peut déraciner certaines erreurs. Mais cela n'empêche pas d'étudier avec
soin. Et si cette minutie est surestimée, il arrive plus fréquemment le
contraire, qu'on ne prenne pas de précautions pour édifier sa foi. Et certains
sont insatiables, justement parce qu'ils ne boivent pas de l'eau pure.
Enfin, la sélection de
l'armée de Gédéon fut terminée. Tous ceux qui entendirent l’appel de Gédéon pour
marcher à sa suite ne répondirent pas à celui-ci. Ne vinrent que 32.000 hommes,
dont 22.000 furent écartés, puis encore 9.700. Gédéon devait donc livrer
bataille avec les 300 hommes qui lui restaient. On pourrait penser qu'il
équiperait cette troupe avec les meilleures armes de ceux qui s’étaient retirés,
mais il donna simplement à chaque guerrier un flambeau, une cruche en terre
cuite, et une trompette dans l'autre main. Tout cela indiquait qu'il n'y aurait
pas de guerre avec des armes terrestres, mais avec des armes spirituelles. (Voir
Josué 1 : 7 ; Zacharie 4 : 6).
Gédéon fut soumis à
une rude épreuve de foi, devant la réduction de sa force à trois cents hommes.
Pourtant, il n'exprima aucun souci ni aucune crainte. Il fit entièrement
confiance à Dieu. Oui, sa confiance avait grandi au fur et à mesure que les
possibilités d'arriver au but par des moyens humains diminuaient.
Cependant, Jéhovah savait
que Gédéon n’était qu’un être humain. Ce n'est pas sans avoir le cœur qui bat que
l'on constate la suppression de tout soutien extérieur rassurant. C'est
pourquoi Dieu lui donna un encouragement spirituel, sans qu'il l'eût demandé.
Il lui suggéra de se glisser près du camp des ennemis afin de les espionner.
Gédéon s'exécuta, et entendit un Madianite raconter le rêve extraordinaire
qu'il avait fait, à son camarade : un pain d'orge, venu de nulle part,
roula dans le camp de Madian jusqu'à la tente du général qui, sous l'impact, se
renversa sens dessus dessous. (Cela nous rappelle la parabole de Daniel 2 :
34-44). L'auditeur interpréta ce rêve ainsi : « Ce n'est pas autre chose que l'épée de Gédéon, fils de Joas,
homme d'Israël ; Dieu a livré entre ses mains Madian et tout le camp »
(Juges 7 : 14).
LE PAIN D'ORGE
Vraiment un drôle de
rêve ! L'image de l'orge, du pain d'orge, suscite quelques pensées en
liaison avec le salut, selon le langage symbolique, merveilleux et mystérieux
de la Bible. L'orge était la première céréale récoltée dans l'année en Israël,
environ mi-avril, à l'époque de la Pâque. Le pain d'orge était les prémices du
pain, c'était aussi le pain des pauvres, parce que c'était la céréale la moins
chère.
C’est ainsi que nous
voyons Ruth, la Moabite, s'attacher au peuple d'Israël et à son Dieu, comment
elle - la plus pauvre parmi les pauvres - entra en relation avec Boaz, le Seigneur
de la moisson en train de vanner l'orge sur l'aire (Ruth 3 : 2). Boaz
versa six mesures d'orge dans son manteau, pour elle et sa pauvre belle-mère
Naomi. - Ruth 3 : 17.
En 2 Rois 4 : 38-44,
nous rencontrons à nouveau l'orge, sous la forme de pains d'orge. C'était au
temps d'Élisée, le prophète. Le frère Russell écrit qu'on peut voir
vraisemblablement dans ses actes, un symbole de la Grande Multitude et des vainqueurs
de l'Ancien Testament.
« Il y avait une famine dans le pays. Comme les fils
des prophètes étaient assis devant lui (Élisée) … Un homme
arriva de Baal-Schalischa. Il apporta du pain des prémices à l'homme de Dieu,
vingt pains d'orge, et des épis nouveaux dans son sac. Élisée dit : donne
à ces hommes et qu'ils mangent. Son serviteur répondit : comment
pourrais-je en donner à cent personnes ? Mais Élisée dit : Donne à
ces gens et qu'ils mangent ; car ainsi parle l'Éternel : on mangera,
et on en aura de reste. Il mit alors les pains devant eux ; et ils
mangèrent et en eurent de reste, selon la parole de l'Éternel » - 2
Rois 4 : 38, 42-44.
On pense immédiatement
à la multiplication des pains, les cinq pains et les deux poissons. « Ils les ramassèrent donc, et ils
remplirent douze paniers avec les morceaux qui restèrent des cinq pains d'orge,
après que tous eurent mangé » (Jean 6 : 13) « Or, la Pâque était proche ... » (v.4).
Le pain d'orge - le
pain des pauvres et des petits. Dieu n'avait-t-Il pas dit aux enfants d'Israël
par l'intermédiaire de Moïse : « Ce
n'est point parce que vous surpassez en nombre tous les peuples, que l'Éternel
s'est attaché à vous et qu'il vous a choisis, car vous êtes le moindre de tous
les peuples. » - Deutéronome 7 : 7.
Il n’est donc pas étonnant
que ce Madianite, qui expliquait à son camarade le rêve du pain d'orge -
reconnaisse immédiatement Gédéon et ses guerriers, ce petit peuple qu'ils
opprimaient et méprisaient. Gédéon lui-même avait répondu à l'ange du Seigneur :
« Avec quoi délivrerai-je Israël ?
Voici, ma famille est la plus pauvre en Manassé, et je suis le plus petit dans
la maison de mon père. »
On peut conclure de
tous ces exemples, que ce pain d'orge qui frappa la tente du Madianite, était
une image du peuple d'Israël, la semence terrestre d'Abraham.
Comme les semences
terrestres et célestes d'Abraham sont si merveilleusement associées dans les
ordonnances de Dieu, de même, l'histoire de Gédéon plonge jusqu'au cœur des
évènements spirituels et divins. Rappelons-nous des paroles de l'apôtre Paul
disant que toutes les choses qui sont arrivées aux hommes de l'Ancien Testament
sont des exemples et qu’elles ont été écrites pour notre instruction (1
Corinthiens 10 : 11). Une autre parole de l'Apôtre est importante pour
comprendre ce qui est écrit, en 1 Corinthiens 15 : 46 : « Mais ce qui est spirituel n'est pas
le premier, c'est ce qui est animal ; ce qui est spirituel vient ensuite. »
Nous voyons donc dans
le pain d'orge, le pain des prémices, une illustration du petit peuple d'Israël
que Dieu désigne ainsi : « Israël
est mon fils, mon premier-né » (Exode 4 : 22). Et dans Osée 11 :
1, Jéhovah dit au prophète : « Quand
Israël était jeune, je l'aimais, et j'appelais mon fils hors d'Égypte ».
Israël fut appelée en tant que première et unique nation parmi tous les
peuples, pour être « un royaume de
sacrificateurs et une nation sainte » (Exode 19 : 6). Mais l’offre
était conditionnelle.
La « moisson de
l'orge » passa sur Israël et n'apporta pas les « prémices »
souhaitées. Jésus, le Seigneur de la moisson vint chez les siens, et les siens
ne Le reçurent point. Dieu n’accorda le privilège de devenir ses enfants ou
fils, qu’à ceux qui Le reçurent. À l'époque de la Pâque, lorsque l'orge fut
moissonnée, Israël rejeta son Messie et Le crucifia.
Jésus, qui avait prévu
cette « moisson méprisée » d'Israël, dit au peuple : « C'est pourquoi, je vous le dis, le
royaume de Dieu vous sera enlevé, et sera donné à une nation qui en rendra les fruits »
(Matthieu 21 : 43). Cinquante jours après la Pâque, lors de la fête de la
moisson du blé, commençait l’engendrement de la véritable Église de Christ,
« la nation qui rendrait les fruits ». C’est pourquoi, à la fin de l’Âge
évangélique, le Seigneur de la moisson, notre Seigneur glorifié, rassemble son
blé dans son grenier. Et il est dit de ce « blé » : « Et Dieu a choisi les choses viles du
monde et celles qu'on méprise, celles qui ne sont point, pour réduire à néant
celles qui sont, afin que nulle chair ne se glorifie devant Dieu » - 1
Corinthiens 1 : 28, 29.
L'ULTIME COMBAT DE GÉDÉON
La confiance de Gédéon
se trouva considérablement renforcée par la prédiction de l'ennemi. Il répartit
ses trois cents hommes en trois groupes, selon les indications de Dieu et leur
dit : « Vous me regarderez et
vous ferez comme moi. Dès que j'aborderai le camp, vous ferez ce que je ferai »
(Juges 7 : 17). Et il les plaça, discrètement, à la faveur de la nuit,
autour du camp de l'armée Madianite. Au signal donné, tous ensemble cassèrent
leurs cruches avec fracas, brandissant les torches cachées à l'intérieur pour
aveugler l'ennemi. Le son retentissant des trois cents trompettes et le cri de
guerre « Épée pour l'Éternel et pour
Gédéon ! » (Juges 7 : 20) augmentèrent encore l'effet de
surprise.
« Et tout le camp se mit à courir, à pousser des cris,
et à prendre la fuite. Les trois cents hommes sonnèrent encore de la trompette ;
et, dans tout le camp, l'Éternel leur fit tourner l'épée les uns contre les
autres. Le camp s'enfuit jusqu’à Beth-Schitta vers Tseréra, jusqu’au bord
d’Abel-Mehola près de Tabbath.» (Juges 7 : 21, 22). Gédéon et sa troupe remportèrent
la victoire et prirent le camp Madianite sans porter le moindre coup d'épée.
Il nous semble, avec
raison, que cette scène illustre prophétiquement la grande bataille d'Harmaguédon.
Gédéon représente le Seigneur de retour, Christ, « Fidèle et
Véritable » selon Apocalypse 19 : 11. Les « trois cents » représentent
les élus qui, dans les derniers jours, seront encore dans la chair, de ce côté
du voile et auront une certaine part aux préparatifs de la bataille de Christ.
Leur courage au combat est la preuve, qu'ils ont affermi leur vocation et leur
élection. Ils sont élus pour participer avec l'armée de « Gédéon », à
cette dernière bataille : c'est l'Ecclésia dans la chair.
Les
« cruches » illustrent leurs corps terrestres, les flambeaux leur
lumière spirituelle - le « trésor
dans des vases de terre » (2 Corinthiens 4 : 7). On ne voit pas
encore les « flambeaux », bien qu'ils brillent déjà, à cause de nos
vases terrestres. Les « trompettes » montrent qu'ils ne combattent
pas avec des armes charnelles, mais uniquement à travers le son clair de la Vérité :
« Épée pour l'Éternel et pour Gédéon ! »,
c'est-à-dire la Parole de Dieu. Casser les cruches représente le dépôt de leurs
corps terrestres lorsque le dernier membre sera entré dans l'Église de Christ.
Ce sera peu de temps avant la bataille d'Harmaguédon.
« Vous me regarderez et vous ferez comme moi », dit Gédéon à ses fidèles. Paul
écrivait aux disciples de Christ à Corinthe : « Soyez mes imitateurs, comme je le suis moi-même de Christ »
(1 Corinthiens 11 : 1) ; et aux croyants de Rome : « Je vous exhorte donc, frères, par les
compassions de Dieu, à offrir vos corps comme un sacrifice vivant, saint,
agréable à Dieu, ce qui sera de votre part un culte raisonnable »
(Romains 12 : 1). Jésus dit à ses disciples : « Si quelqu'un veut venir après moi, qu'il renonce à lui-même,
qu'il se charge de sa croix et qu'il me suive. Car celui qui voudra sauver sa
vie la perdra, mais celui qui la perdra à cause de moi, la trouvera. »
(Matthieu 16 : 24, 25). « Celui
qui me suit ne marchera pas dans les ténèbres, mais il aura la lumière de la vie. »
- Jean 8 : 12.
Le désordre dans le
camp de l'ennemi montre qu'il s'agit d'un trouble de l'esprit provoquant ce
combat des uns contre les autres, mais pas d'une défaite causée par des armes
terrestres. De même, les grandes calamités, provoquées par l'effondrement des
systèmes terrestres, ne viennent pas de Dieu.
A cause de la
permission du mal, le « prince de ce monde » a influencé et dirigé
les nations, si bien qu'en fin de compte, elles récolteront ce qu'elles ont
semé. La transgression des lois divines réclame logiquement un tribut.
Le Seigneur dit bien
en Matthieu 12 : 25 : « Tout
royaume divisé contre lui-même est dévasté, et toute ville ou maison divisée
contre elle-même ne peut subsister ». Chaque guerre, chaque querelle,
chaque mésentente parmi les hommes porte en elle le germe de la destruction.
Dieu, le Créateur et
Seigneur de l'Univers dit : « Ce
n’est ni par la puissance ni par la force, mais c’est par mon esprit, dit
l’Eternel des armées. Qui es-tu, grande montagne, devant Zorobabel ? Tu
seras aplanie. Il posera la pierre principale au milieu des acclamations :
Grâce, grâce pour elle ! » - Zacharie 4 : 6, 7.
La traduction de « Naftali
Herz Tur-Sinai » formule ce verset comme suit : « Ni par la puissance, ni par la force, seulement par mon Esprit,
dit l'Éternel des armées. Qui es-tu, grande montagne ? Devant Zorobabel en
une plaine ! Pour qu'il cherche la pierre des chefs, lui, qui l'a donné,
pour créer la grâce, oui, la grâce ! » (Trad. littérale). D'autres versets montrent le même mode
opératoire du Tout-Puissant en 1 Samuel 17 : 47 ; Josué 1 : 7 ;
Esaïe 11 : 4 ; Apocalypse 19 : 15.
Après la destruction
du quartier général de l'ennemi, après la fuite de l'armée - dissoute dans une
grande panique - Gédéon et ses trois cents hommes (type du Seigneur glorifié et
de ses membres) arrêtèrent la poursuite. D'autres troupes se joignirent
aussitôt à eux : « Les hommes
d'Israël se rassemblèrent, ceux de Nephtali, d'Aser et de tout Manassé, et ils
poursuivirent Madian » (v. 23). Qui étaient-ils ? Étaient-ce les
9.700 hommes qui furent renvoyés (peut-être la Grande Multitude), qui se mirent
aussitôt en action, prenant part à la destruction définitive de l'armée
ennemie ? Y a-t-il un symbole spirituel pour eux ? La question reste
ouverte.
« ÉPÉE POUR
L'ETERNEL ET POUR GÉDÉON »
Se pourrait-il que le
monde soit entièrement transformé, uniquement par la Parole de Dieu, que les
ténèbres deviennent lumière ? L’homme ne peut imaginer cela. Pourtant, ce
sera ainsi. La Parole de Dieu ne retourne pas à Lui sans effet, sans avoir
exécuté sa volonté (Esaïe 55 : 11). Beaucoup de choses se sont déjà
réalisées avec précision, en effet, choses prédites par la Parole inspirée de
Dieu, il y a des milliers d'années. Tout s'accomplira de même, et deviendra
réalité.
L'apôtre Jean vit le
Seigneur glorifié, tenant dans sa main droite sept étoiles, « De sa bouche sortait une épée aiguë,
à deux tranchants » (Apocalypse 1 : 16). Dans la vision de Jean,
le Seigneur dit à l'ange de l'Église de Pergame : « Repens-toi donc ; sinon, je viendrai à toi bientôt, et je
les combattrai avec l'épée de ma bouche. » - Apocalypse 2 : 16.
En Apocalypse 19 :
13, 15, 21 nous voyons à nouveau le Seigneur glorifié : « Son nom est LA PAROLE DE DIEU ... De
sa bouche sortait une épée aiguë, pour frapper les nations … Et les autres
furent tués par l'épée qui sortait de la bouche de celui qui était assis sur le
cheval. »
C’est uniquement
« par le souffle de sa bouche » que le Gédéon antitypique - Christ et
son Église -, détruit l'Adversaire de Dieu et ses anges (voir 2 Thessaloniciens
2 : 8 ; Esaïe 59 : 19) ; comme les vaillants soldats de
Gédéon qui ont provoqué les troubles mortels dans le camp de l'ennemi,
uniquement avec le son des trompettes, les torches allumées et les cris de
guerre. En vérité, c’est une bataille de l'esprit et non de la chair ; un
combat de Dieu et non des hommes.
Cette histoire révèle
magnifiquement la puissance invincible de l'Esprit de Dieu, la glorieuse
victoire de tous ceux qui font confiance à l'esprit de Vérité et qui ne se
laissent détourner du Seigneur et Maitre dans les cieux, par rien au monde.
TA - Janvier-Février-Mars-Avril 1996