LE PÉCHÉ D’UN HOMME BON

 

 

« Reçois favorablement les paroles de ma bouche et les sentiments de mon cœur, O Éternel, mon rocher et mon libérateur ! » - Psaume 19 : 15.

 

La quarantième année après qu’Israël ait quitté l’Égypte fut le temps déterminé par Dieu pour qu’ils entrent en terre de Canaan. Moïse était dans sa 120ème année, mais encore très vigoureux. Sa sœur Marie était morte auparavant ; Aaron, son frère aîné, vivait encore, mais mourut la même année. Pendant trente-huit ans les enfants d’Israël vécurent dans le désert, faisant de Kadès-Barnéa le centre de leurs campements, mais occupant en réalité une partie considérable du désert avec leurs troupeaux de menu et de gros bétail.

Ce fut en Avril de la quarantième année que, sur ordre divin par Moïse, ils s’assemblèrent à Kadès, prêts à entrer en terre promise. Mais l’approvisionnement en eau était faible. Le peuple et le bétail étaient affamés. Des murmures s’élevèrent et on se mit à se demander s’il n’aurait pas été aussi bien de périr en Égypte ou ailleurs que de mourir de soif en cet endroit.

La charge revint naturellement à Moïse, partagée toutefois avec son frère Aaron. Tous les conducteurs honorés et influents portent de lourdes responsabilités. Moïse et Aaron à leur tour portèrent l’affaire devant Dieu, non pas en se plaignant, mais cherchant - désirant les conseils d’en Haut - du véritable conducteur d’Israël. Ils ne vinrent pas en vain. Dieu se manifesta gracieusement - « … la gloire de l’Éternel leur apparut » (Nombres 20 : 6) - peut-être aussi au peuple d’Israël qui regardait. Cette gloire est supposée avoir été un rayon de lumière émanant du propitiatoire dans le Très Saint.

Ils devaient prendre la verge, probablement « la verge d’Aaron qui avait fleuri » et qui était conservée dans l’Arche dans le Très Saint. Cette verge était un rappel au peuple de l’acceptation spéciale par Dieu d’Aaron comme souverain sacrificateur et assistant de Moïse. C’était pour eux un signe de la faveur divine qui jusque-là avait guidé leur nation et qui continuerait encore à guider tous ceux qui voudraient faire confiance à Dieu et en la puissance de sa force.

 

LE PÉCHÉ DU FRAPPEMENT DU ROCHER

L’Éternel ordonna expressément à Moïse de parler au rocher, et qu’en réponse à ses paroles les eaux en jailliraient. À une occasion précédente, quelques trente-huit ans auparavant, lors d’une expérience similaire près du Mont Sinaï, il avait été demandé à Moïse de frapper le rocher ; mais dans ce cas-ci, le rocher ne devait pas être frappé. Là, Moïse et Aaron péchèrent. « L’homme le plus humble de toute la terre » s’oublia, et permit à un esprit quelque peu semblable à de l’orgueil, de l’autosuffisance et de la colère de le contrôler pendant un instant. Frappant le rocher, il cria à haute voix au peuple : « Écoutez donc, rebelles ! Est-ce de ce rocher que nous vous ferons sortir de l’eau ? » - Nombres 20 : 10.

Les eaux sortirent effectivement, comme Dieu l’avait promis. Le peuple eut en effet la bénédiction nécessaire, mais un des plus illustres hommes et serviteurs de Dieu tomba ici sous la désapprobation divine. Le décret de Dieu fut que ni Moïse ni son frère n’entreraient en Canaan. Cependant Moïse fut autorisé à aller avec le peuple jusqu’au terme de leur périple, et à voir le pays au-delà du Jourdain depuis le Mont Nébo.

Cette condamnation ne signifie pas la réprobation divine aux tourments éternels ni à quelque déshonneur durable. Moïse eut alors sa pleine punition à ce moment-là, avant sa mort, de la même manière que tous les saints de Dieu. Quels que soient les corrections, les châtiments, les punitions, qui seront infligés à l’humanité en général dans le futur à cause des mauvaises actions de la vie présente, il n’y en a aucun de réservé pour les saints. L’Apôtre explique qu’ils sont châtiés dans la vie présente, afin qu’ils ne soient pas condamnés avec le monde plus tard.

 

ILS BURENT AU ROCHER - CHRIST

St Paul nous fait remarquer que le frappement du rocher était symbolique. De même que la manne, le pain du ciel, représentait Jésus, le rocher frappé Le représentait également. Les eaux rafraîchissantes du rocher symbolisaient les bénédictions qui découlent du sacrifice de Christ. Le frappement du rocher au début du voyage d’Israël fut autorisé par Dieu. Il était nécessaire que tombe sur Jésus la verge de l’affliction, même jusqu’à la mort :

(1) « … l’Éternel a fait tomber sur lui (la peine de mort pour) l’iniquité de nous tous. » - Ésaïe 53 : 6 - Darby.

(2) « … par ses meurtrissures nous sommes guéris. » - Ésaïe 53 : 5 - Darby.

Les paroles de St Paul sont : « … ils ont tous bu le même breuvage spirituel, car ils buvaient à un rocher spirituel qui les suivait, et ce rocher était Christ » - 1 Corinthiens 10 : 4.

Ce qui était symbolisé par le second frappement, ce que Dieu n’avait pas autorisé, n’est pas expliqué par St Paul. Le fait que ce second frappement fut puni nous indique que c’était mal, et que cela symbolisait une mauvaise conduite de la part du peuple professé de Dieu. Deux suggestions nous viennent à l’esprit, les deux peuvent être valables.

(1) Ce second frappement, à la fin des quarante années et juste au moment où le peuple allait être conduit en terre promise, peut symboliser un frappement du peuple de Dieu - le corps de Christ qui est l’église. Un certain nombre de textes des Écritures se référant à l’âge de l’Évangile amènent à déduire que quelques-uns des membres saints du corps de Christ à la fin de cet âge seront livrés à la honte, ou peut-être, mis à mort et ainsi entreront dans la gloire, comme le Maître, quand Il fut frappé. Dans son cas le souverain sacrificateur déclara qu’il était avantageux qu’un seul homme souffrît, plutôt que périsse tout le peuple Juif en tant que nation - Jean 11 : 50.

Les chefs religieux conspirèrent contre le Maître - soi-disant pour la gloire de Dieu. Il a été suggéré que, de la même manière, à la fin de cet âge de l’Évangile, les chefs religieux, mus par des motifs similaires d’auto-préservation, pourraient conspirer pour frapper, blesser, quelques-uns des disciples du Seigneur. Si c’est une interprétation appropriée du type, cela indique que sous la providence divine des bénédictions sortiront d’une mauvaise conduite, mais pas de plus grande bénédiction que ce qui aurait pu sortir d’une conduite appropriée - en parlant au rocher, en demandant de l’eau, la Vérité, le rafraîchissement, au lieu de le frapper.

(2) L’autre pensée, étroitement liée à celle-ci, est que tout reniement du Rédempteur de la part de ses disciples consacrés signifierait une nouvelle crucifixion, une exposition à l’ignominie, un second frappement du rocher. St Paul explique qu’une telle répudiation de la parole de Christ par ceux qui ont été une fois éclairés et qui ont gouté le don céleste et les puissances du siècle à venir, etc, signifierait pour eux être indignes d’une quelconque place dans le royaume céleste - qu’ils mourraient de la seconde mort - Hébreux 6 : 4-7.

Le fait que Moïse et Aaron firent tous deux partie du type, et que ni l’un ni l’autre n’entrèrent en terre de Canaan, signifie que les plus hauts dignitaires et membres les plus éclairés de la sacrificature royale peuvent être en danger de commettre le péché typifié, ou illustré, dans le second frappement non autorisé du rocher. Au contraire, ceux qui frappèrent le Rocher antitypique la première fois - ceux qui crucifièrent Christ - les Écritures nous assurent qu’ils le firent par ignorance et accomplirent simplement le dessein divin. « Et maintenant, frères, je sais que vous avez agi par ignorance, ainsi que vos chefs. » ; « car, s’ils l’eussent connue, ils n’auraient pas crucifié le Seigneur de gloire. » - Actes 3 : 17 ; 1 Corinthiens 2 : 8.

 

LEÇONS POUR LES CONDUCTEURS SPİRİTUELS

Si « l’homme le plus humble de toute la terre », après de longues années d’apprentissage et d’expériences, eut une telle défaillance, même typiquement, cette leçon devrait s’imprimer dans tous les conducteurs spirituels. Cela nous dit en paroles inspirées, « Ainsi donc, que celui qui croit être debout prenne garde de tomber ! » (1 Corinthiens 10 : 12). Dieu déclare que le péché de Moïse et d’Aaron relevait de l’incrédulité, « Parce que vous n’avez pas cru en moi, pour me sanctifier aux yeux des enfants d’Israël » - Nombres 20 : 12.

Cela requerrait de la foi en Dieu de la part de Moïse pour frapper le rocher. Apparemment, son manque de foi était dans le peuple. Il souhaitait, semble-t-il, produire un effet dramatique - leur faire comprendre une leçon mémorable. « Écoutez donc, rebelles ! Est-ce de ce rocher que nous vous ferons sortir de l’eau ? » (Nombres 20 : 10). L’effet a pu être dramatique. Le peuple a pu être impressionné par Moïse, mais quoi qu’il en fût, cela n’était pas le meilleur moyen de traiter le problème ; car ce n’était pas la voie de Dieu. Il aurait mieux valu pour Moïse de s’effacer - de s’humilier - et de demander de l’eau au rocher au nom de Jéhovah.

Les conducteurs d’assemblées, les anciens, les serviteurs dans l’église de Christ, feront bien de se souvenir que les bénédictions que Dieu a préparées se déverseront sur son peuple de Jésus « frappé », qu’elles viendront en les demandant, et qu’ils ne sont pas autorisés à frapper le « rocher » ni à se présenter de façon spectaculaire devant le peuple de Dieu comme étant nécessaire pour alimenter les sources de grâce et de vérité.

D’autre part, le peuple de Dieu, l’Israël spirituel, ayant soif de grâce et de vérité présente, devrait manifester une grande sympathie pour ceux qui occupent une position d’enseignant. Il n’y a sûrement jamais eu un temps où l’honnêteté et la fidélité des serviteurs de Dieu aient été testées plus sévèrement que maintenant. Tout ce dont nous avons besoin, c’est de l’humilité, de la patience, de l’endurance patiente, de l’amour fraternel, de l’amour, - de la fidélité à Dieu - de la fidélité à notre alliance.

 

ÉDOMITES, MOABİTES, MADİANİTES

Les différentes nations habitant la terre promise, dont l’iniquité était arrivée à son comble et qui devaient être dépossédées par Israël, n’étaient pas liées à Abraham ; mais les Édomites, les Moabites et les Madianites, qui résidaient dans le sud et à l’est de la terre promise, avaient des liens de sang avec Israël. Les Madianites étaient enfants d’Abraham par Ketura. Les Moabites étaient enfants de Lot, le neveu d’Abraham. Les Édomites étaient descendants d’Ésaü, le frère de Jacob. Le dessein divin était qu’Israël pouvait laisser ces peuples apparentés vivre en paix, sauf s’ils venaient l’attaquer.

Quand le temps arriva d’entrer en Canaan depuis Kadès, la route la plus directe passait à travers Édom. Les Israélites demandèrent la permission de traverser Édom sans leur faire de mal, et offrirent de réparer tout dommage de quelque sorte que ce fut. La permission leur fut refusée, et, conformément à l’alliance faite entre Jacob et Ésaü, le peuple d’Israël dévia vers le sud et passa par les terres de Moab - la terre des enfants de Lot.

Ce détour d’une si vaste multitude à travers le désert était démoralisant, « … et le cœur du peuple se découragea en chemin » (Nombres 21 : 4 - Darby). A nouveau ils murmurèrent contre Moïse, qui représentait Dieu à leurs yeux. Les murmures furent punis promptement - ils ne furent pas protégés des serpents pullulant dans cette région. Le résultat fut terrible. Bon nombre moururent des morsures des serpents, jusqu’à ce que Moïse en fît un en airain et l’érigea sur une perche. Le message fut porté à travers le camp, instruisant le peuple de regarder vers le serpent d’airain, à faire preuve de foi et d’être ainsi guéri de leur maladie.

 

DİRİGER CEUX MORDUS PAR LE PÉCHÉ VERS LE SAUVEUR

Ainsi, non seulement les Israélites naturels furent corrigés, châtiés, punis, mais une leçon durable fut écrite pour le bénéfice des Israélites spirituels. Nous voyons que le serpent brûlant du péché a mordu notre race, que nous sommes tous mourants, et que nous pouvons seulement être guéris par la pratique de la foi en Celui qui a été crucifié. Notre mission durant le règne du péché et de la mort est de diriger ceux qui ont été mordus par le péché vers le Sauveur. « Et comme Moïse éleva le serpent dans le désert, il faut de même que le Fils de l’homme soit élevé », « Et moi, quand j’aurai été élevé de la terre, j’attirerai tous les hommes à moi » dit Jésus - Jean 3 : 14 ; 12 : 32.

Dans le temps présent, comparativement peu entendent le message ou voient avec les yeux de la foi Celui qui a été crucifié. La grande masse meurt dans l’obscurité païenne ; seuls quelques-uns ont eu l’opportunité de pratiquer la foi en Christ. Dieu merci, le jour approche où Celui qui fut élevé au Calvaire, puis élevé par la puissance de la résurrection, sera manifesté en puissance et en grande gloire - « la véritable lumière, qui, en venant dans le monde, éclaire tout homme ». S’ils ne répondent pas, la faute leur incombera (Matthieu 24 : 30 ; Jean 1 : 9-11). Cette glorieuse condition viendra par le royaume du Messie, pour lequel nous prions encore : « Que ton royaume vienne ; que ta volonté soit faite sur la terre, comme au ciel. »

 

WT1913 p5315


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