- Psaume 145 : 20 -
Esther était une juive renommée par la beauté
et pour ce motif fut choisie comme reine par Assuérus roi de Perse.
L'on présume qu'elle reçut le nom
d'Esther qui signifie Etoile, par suite de sa beauté. Hishtar étant
l'équivalent chaldéen de Vénus. Elle succéda à Vashti qui fut répudiée pour
avoir déplu au roi. Dans les actes si opposés de ces deux reines nous trouvons
une leçon sur la polémique soulevée actuellement par la question des
"suffragettes".
Le roi Assuérus avait réuni dans un
banquet les seigneurs de son empire. Vers la fin du repas il fit demander à la
reine de venir parmi eux. L'on peut présumer que ce festin ne fut qu'une orgie,
et qu'au plus fort, le roi et ses convives, échauffés et excités étaient plus
ou moins sous l'influence de la boisson. Accordant à la reine Vashti le
bénéfice du doute, ce fut probablement la raison pour laquelle elle refusa d'obéir
à l'ordre du roi.
Beaucoup diront qu'elle eut raison d'affirmer
sa qualité, "de soutenir ses droits", etc. Nous ne discuterons pas ce
point que toutes les femmes ont leurs droits, que la reine Vashti avait les
siens et qu'elle sut les exercer.
Nous suggérerons plutôt qu'en fait de droits
devant une requête forcée, la reine Vashti remporta une victoire qui lui coûta
très cher.
Dans la façon de faire de la reine
Esther, nous voyons une démarche toute différente, aussi gagna-t-elle une
grande victoire suivie d'heureux résultats. Ce chemin tout différent qu'elle
suivit, à notre propre jugement, est la manière d'agir qui s'impose d'elle-même
aux plus sages et meilleurs d'entre les humains, hommes ou femmes.
Vashti aurait pu agir ainsi, pour son malheur
elle ne le fit pas. Malgré toute l'appréhension qu'elle devait ressentir, même
sachant que la demande du roi pouvait avoir pour conséquence presque inévitable
de l'exposer aux railleries, plaisanteries déplacées ou même aux grossièretés
des convives sous l'influence du vin. Elle aurait dû se reposer sur son charme,
son tact, sa pureté, et sur l'amour et la sollicitude de son mari.
Tandis qu'il ne lui appartenait pas
en aucune manière de faire intrusion d'elle-même dans le banquet, une fois
invitée, sa présence nécessaire, eût dû avoir une influence bénie, comme un
doux parfum, une véritable entrave à toute conversation ou tenue indécente.
De même que beaucoup d'autres femmes bien
intentionnées, la reine Vashti ne fit pas usage de ce qui pouvait être l'arme .
la plus puissante, sa grâce, son charme et sa féminité, lorsqu'elle reçut
l'ordre du roi par un refus. Mais nous devons nous rappeler que Vashti n'était
ni chrétienne, ni une juive et ne possédait par suite aucune instruction divine
(et sans guide ici-bas).
La reine Esther n'était pas une
suffragette. Lorsqu'elle fut invitée à devenir reine, elle ne déclina pas
l'offre et ne s'enquit pas si elle allait être au même niveau que Vashti. Elle
accepta son ascension au trône comme une marque de la providence divine. Juive,
héritière des promesses, elle s'abaissait et se revêtit donc à la fois
d'humilité et des plus seyants parmi ses habits de fête. Elle se rendit ensuite
aussi agréable que possible au roi.
On suppose qu'à cette époque elle
était dans sa quinzième année. Haman, le favori du roi, avait pris en grippe le
portier du palais, Mardochée, un juif, parce que ce dernier ne se prosternait
pas devant lui ainsi que le faisaient tous les autre serviteurs.
Mardochée était si fidèle que Haman ne pouvait
espérer le trouver en faute, et avoir ainsi une occasion de le perdre aux veux
d'Assuérus et ainsi s'en débarrasser. Sa haine s'étendit à toute la race juive
si bien qu'un jour, à force d'intrigues, il finit par persuader le roi de
signer un décret par lequel tous les juifs devaient être recherchés et mis à
mort comme ennemis du royaume. Ce qui bien entendu devait comprendre Mardochée,
qu'il lui était ainsi possible de faire mettre à mort à son aise.
A mesure que l'époque fixée pour l'exécution
de ce décret approchait, Mardochée et tous les autres juifs du pays, tout en
conservant l'espérance que Dieu les secourrait d'une manière ou d'une autre,
n'en étaient pas moins sous l'étreinte de la crainte et dans une grande
détresse.
La reine Esther était la cousine de Mardochée
quoique ce dernier ait été assez vieux pour pouvoir être on père. Elle était
d'ailleurs, en fait, sa fille adoptive. Il la supplia d'utiliser l'influence
que par sa position elle pouvait avoir sur le coeur du roi, pour obtenir de lui
qu'il anéantît les effets de ce terrible décret. Cependant celle-ci différait
d'agir d'autant qu'à cette même époque, par un hasard étrange, le roi montrait
de la froideur vis-à-vis d'elle et ne l'avait pas vue tout un long mois.
Mardochée néanmoins, la pressa vivement
d'agir, l'assurant qu'elle était sur le point de perdre un grand privilège de
service pour son peuple ; que Dieu l'avait évidemment élevée à cette dignité
dans le royaume uniquement pour cette occasion d'être le canal par où viendrait
la délivrance de son peuple. Que si elle manquait à faire usage de ce grand
privilège. Dieu ne manquerait pas de trouver un autre moyen et un autre
émissaire qui, suivant ses promesses, délivrerait quand même son peuple. Cet
appel fut suffisant. La reine réclama seulement trois jours de répit pendant
lesquels elle demandait que Mardochée et tous les juifs de la cité royale
s'unissent à elle dans un jeûne devant Dieu. Les priant également de les
utiliser pour faire monter d'ardentes prières et supplications devant Dieu afin
qu'il accorde la délivrance de son peuple et lui donne, à elle, la force et la
nécessaires dans son entreprise.
La reine Esther risquait sa
situation et même sa vie en se présentant devant le roi sans y avoir été
appelée. Néanmoins revêtue de ses vêtements royaux, elle risqua toutes choses
pour sa race. Elle charma le roi qui lui présenta son sceptre à toucher ce qui
la sauvait. Soupçonnant qu'elle avait quelque requête à lui faire, il l'incita
à parler. Sagement elle se retint et demanda seulement au roi qu'il lui accorde
l'honneur de venir partager avec elle, en compagnie de son premier ministre
Haman, un dîner qu'elle leur offrait spécialement dans le jardin de la cour du
palais. Ils acceptèrent et après sa visite, le roi la pressa à nouveau de dire
quel souhait de son aimable reine il était prêt à gratifier. C'était le moment
opportun pour Esther, qui se jetant à ses pieds répliqua en lui demandant
pourquoi, s'il l'aimait, il avait édicté un décret qui la condamnait à mort,
elle, juive, avec toute sa race. Sa cause fut immédiatement gagnée. Le roi
s'aperçut qu'il avait été aveuglé par Haman et regretta son injuste décret.
Comme une mauvaise loi stipulait qu'aucun édit royal, marqué du sceau du roi,
une fois émis ne pouvait être changé et devait recevoir exécution, Assuérus,
furieux contre Haman, en rendit immédiatement un autre, par lequel Haman devait
être pendu, Mardochée mis à sa place et autorisant tous les Juifs, du
consentement royal et dans tout l'empire, à faire usage de la force pour
défendre leurs vies contre quiconque essaierait d'y porter atteinte.
T. G. 2/1912
Une
réponse douce calme la fureur, mais une parole dure excite la colère.
Prov.
15 : 1