« Il a été maltraité et
opprimé, et Il n’a point ouvert la bouche, semblable à un agneau qu’on mène à
la boucherie, à une brebis muette devant ceux qui la tondent, Il n’a point
ouvert la bouche. » - Esaïe 53 : 7.
La justice est une disposition d'esprit qui s’impose
naturellement, et comme il se doit, à tout être rationnel, civilisé ou païen.
Toute nation s’efforce, par conséquent, d’avoir des lois justes dans ses
codes, et il faut admettre qu’un grand nombre de lois de ce monde, y compris
celles de Lycurgue (législateur durant la Grèce antique, trad.) et de César,
étaient empreintes d'une grande sagesse et de beaucoup de justice.
Mais la Loi Juive, donnée par Dieu Lui-même, sur le
Mont Sinaï, et transmise à Moïse, revendique à juste titre la place la plus
importante. Et les lois de toutes les nations qui prétendent reconnaître le
Christianisme à un quelconque degré s'efforcent de représenter correctement
les principes de la justice à son plus haut niveau. Cependant, lorsqu’il s’agit
de l’interprétation de ces lois, et de leur application aux cas individuels,
nous constatons partout une tendance à trouver des prétextes, pour contourner
les lois et les principes de justice, en arguant que les circonstances et les
conditions, propres au cas considéré, font exception et nécessitent une telle
violation.
Le récit de l’injuste condamnation de Jésus, par une
Cour Juive, avec violation de la Loi Juive, ne doit pas nous surprendre, ni
être considéré comme différent de ce qui s'est produit dans de nombreux cas
traités par d'autres Cours.
UNE ARRESTATİON İLLÉGALE
Jésus ne fut pas arrêté par ordre de Pilate, ni par
ordre de Hérode, ni par leurs soldats. Son arrestation fut requise par le
souverain sacrificateur et ses associés qui conclurent tout particulièrement
que la vie et le ministère de Jésus s'opposaient à leurs plans et projets et à
ce qu’ils considéraient comme étant du meilleur intérêt pour le Judaïsme. Le
meurtre de Jésus fut comploté par avance, mais les meurtriers recherchèrent
quelque alibi pour justifier leur conduite, comme font tous les meurtriers.
Etant des politiciens, ils recherchèrent également une forme extérieure, ou
apparence de justice, prenant en considération les opinions des autres, de
ceux qui avaient une conscience plus sensible que la leur.
Parmi ceux qui remplissaient la charge de sacrificateurs,
il y avait un certain nombre qui servait comme gardes dans le Temple et dans
son enceinte. Ceux-ci étaient au service du souverain sacrificateur, et ils
étaient armés de massues, d’épées et de lanternes. Ils suivirent Juda qui
savait, qu’en cette nuit particulière, Jésus ne se rendrait pas à Béthanie,
comme à son habitude, mais qu'Il avait prévu de se rendre avec ses disciples
dans le verger, ou jardin des oliviers, à Gethsémané.
Ils amenèrent Jésus directement à la maison d’Ananias, ancien souverain sacrificateur et beau-père de
Caïphe, qui officiait comme souverain sacrificateur à sa place. Ananias s’efforça d’examiner le cas de Jésus, mais avec
peu de succès, et il envoya Jésus à Caïphe, dont la maison était voisine,
puisqu'elle se situait dans la même cour. Là, à peu près vers trois heures du
matin, le Sanhédrin fut rassemblé.
Le complot, pour la mise à mort de Jésus, était déjà
bien préparé. Les heures qui s’écoulèrent depuis le moment où Juda quitta Jésus
et les autres Apôtres, assemblés au souper Pascal, jusqu’au moment du procès,
servirent à rassembler les membres du Sanhédrin, dont les demeures se
trouvaient dispersées dans toute la ville. La situation fut considérée comme
suffisamment désespérée, pour justifier l'arrangement de faire mourir Celui qui
parlait comme jamais homme n'a parlé (Jean 7 : 46), et ce, parce qu’Il
enseignait le peuple et parce que ses enseignements affaiblissaient le pouvoir
des Scribes et des Pharisiens, ainsi que de la tradition des anciens. -
Matthieu 26 : 55.
Selon la théorie des enseignements religieux erronés,
il est nécessaire de maintenir l’ignorance et la superstition, afin de
préserver l’autorité sacerdotale. C’est ainsi que l’Erreur a toujours haï la
Vérité, et que les Ténèbres ont toujours haï la Lumière. La condamnation de
Jésus était tout simplement un autre triomphe des Ténèbres sur la Lumière. Ce
ne fut cependant un triomphe qu’en apparence, car le Plan de Dieu fut mené à
bien, de cette manière. La merveilleuse Expiation (Réconciliation, trad)) pour le péché s'opérait ainsi, en vue du
renversement ultime du mal, de Satan et de la mort, et de l’établissement de la
Justice et de la Vérité sur toute la terre, pour l'éternité.
UN PROCÈS İNJUSTE
Le Sanhédrin se composait des soixante-dix Juifs les
plus influents ; ils formaient une cour ecclésiastique, dont la voix
avait une grande influence auprès du Gouverneur Romain qui détenait, à cette
époque, le pouvoir de vie ou de mort.
Caïphe remplissait non seulement la fonction de
souverain sacrificateur, mais dans ce cas particulier, il remplissait aussi le
rôle d’avocat de l'accusation. Tandis qu’il rassemblait le Sanhédrin, il
n’oublia pas de faire venir des témoins, dont il est dit qu’ils avaient été
corrompus, ou soudoyés, pour témoigner. Bien entendu, il ne fut amené, devant
le Sanhédrin, aucun de ceux que Jésus délivra de la puissance des mauvais
esprits, ni les aveugles qui recouvrèrent la vue, ou les sourds qui entendirent
de nouveau, ni ceux que Jésus réveilla du sommeil de la mort. Le souverain
sacrificateur connaissait particulièrement, par exemple, le cas de Lazare,
mais les membres du Sanhédrin ne désiraient pas un tel témoignage. Ils étaient
décidés à faire mourir Jésus, par le biais d’un jugement qui ne le serait
qu’en apparence.
Caïphe appela les témoins, mais constata que leurs
témoignages se contredisaient, car il fallait, selon la Loi juive, qu'au moins
deux témoignages soient concordants, pour que l'affaire puisse être considérée
comme prouvée. Finalement, il se trouva deux témoins qui s’accordaient, en
partie, sur le fait que Jésus avait dit quelque chose au sujet du Temple, à
savoir qu’Il était capable de le détruire et de le reconstruire en trois jours.
Il est probable qu’ils avaient mal compris Jésus. Néanmoins, leur témoignage
était trop faible pour constituer la base d’une condamnation.
En dernier recours, Caïphe s’efforça de tirer de Jésus
Lui-même des paroles qui pourraient constituer un blasphème. Jésus ne répondit
pas aux différentes questions qui Lui furent posées. Caïphe, finalement,
s’exclama : « Je t’adjure par le Dieu vivant de nous dire en
vérité si Tu es le Messie ? » Il n’était pas possible, à Jésus,
de garder le silence et de s'abstenir de répondre à cette question, car en
faisant ainsi, Il aurait nié cette merveilleuse vérité et aurait ainsi manqué
de rendre un bon témoignage devant le Sanhédrin. Aussi, Il confirma les paroles
de Caïphe, affirmant que ce qu'il avait dit, était vrai.
Caïphe bondit sur ses pieds, prompt à saisir cette
opportunité pour L’accuser de blasphème, mais Jésus continua, disant : « Et
vous verrez le Fis de l’homme assis à la droite de la puissance de Dieu, et
venant sur les nuées du ciel. » A ces mots, Caïphe prit un air horrifié
et déchira, dramatiquement, ses vêtements de souverain sacrificateur, indiquant
ainsi, au Sanhédrin, qu'en tant que représentant de Dieu parmi eux, il avait
entendu des paroles effectivement horribles. Se tournant vers le Sanhédrin, il
déclara : « Qu’avons-nous encore besoin de témoins ? Vous
avez entendu le blasphème. Que vous en semble ? » Quel est votre verdict ? Leur
réponse fut : « Il mérite la mort. »
Apparemment, seulement deux d'entre les membres du
Sanhédrin ne prirent pas part au vote : Nicodème et Joseph d’Arimathée. Tous les deux avaient appris à avoir un grand
respect pour Jésus. Mais quelle puissance, ou influence, pouvaient-ils
avoir ? Ils auraient, tout au plus, pu clamer que les débats du Sanhédrin
étaient illégaux, que la Loi leur interdisait de siéger comme cour pendant la
nuit, pour condamner quelqu’un à mort. Après cela, Jésus fut renvoyé dans une
salle d'audience attenante, tandis que le Sanhédrin attendait le lever du jour
pour entreprendre les mesures officielles nécessaires. Durant ce temps, Jésus,
dans le hall d’attente, condamné par le souverain sacrificateur comme
blasphémateur et malfaiteur, fut l’objet de divers outrages de la part des
gardes du palais du souverain sacrificateur, qui supposaient, dans leur
ignorance, que ce qui avait été décrété par le souverain sacrificateur, devait
être vrai.
SOUMİS À LA VOLONTÉ
DİVİNE
Les Ecritures déclarent : « Vous avez
tué le seul Juste, et il ne vous a pas résisté. » Ce texte, ainsi que
le texte de référence de cette étude, concordent parfaitement et s’appliquent,
tous les deux, à Jésus dans ces épreuves. Il n’ouvrit pas la bouche, dans le
sens qu’Il n’essaya pas de défendre sa vie. Réalisant que rien ne Lui arrivait
qui soit contraire à la volonté du Père, Il permit volontiers que les
événements suivent leur cours, sans essayer d'entraver les résultats.
Qui peut douter que son esprit brillant et que sa
langue, qui parlait « comme personne n’avait jamais parlé »,
auraient pu, rapidement, produire pour sa défense un argument tel que Caïphe,
et tout le Sanhédrin, en auraient tremblé et n’auraient pas osé Le condamner !
Il disait seulement ce qui était nécessaire de dire, pour présenter la Vérité,
et ce ne fut que par leur propre perversion de cette Vérité, que ses ennemis
L’accusèrent de blasphème.
Les Ecritures indiquent que les disciples de Jésus ne
doivent pas s’attendre à une pleine justice dans le monde, ni à être toujours
bien compris. Ils doivent également se rappeler que la coupe de leurs expériences
est sous le contrôle de la Sagesse céleste, comme le fut celle de leur Maître
et que, s'ils obéissent aux arrangements divins, ils trouveront que toutes
leurs épreuves œuvrent, finalement, en vue de leur plus grand bien. « Nous savons que toutes choses concourent au bien de ceux qui aiment
Dieu. »
WT1914 p5560