Chaque année,
cette célébration de la mort de notre Rédempteur semble être plus remplie
d'enseignements et plus solennelle. Le fait même que la date en varie et doit
être calculée d'après la façon dont les Juifs comptaient, ajoute encore à son
importance et nous rappelle les diverses particularités du type pascal et de
son accomplissement dans la mort de l'Agneau de Dieu - " Christ, notre
Pâque qui a été immolé pour nous". - 1. Cor. 5: 7.
Le dur esclavage
d'Israël sous Pharaon, le dieu ou gouverneur de l'Egypte, fait venir à l'esprit
la servitude de la corruption dans laquelle " la création tout entière
gémit ", succombant sous le fardeau du règne du péché et de la mort ; et
Pharaon symbolise convenablement Satan "le dieu de ce monde". Dans la
délivrance de tout Israël sous la conduite de Moïse, nous voyons la délivrance,
la libération de tous ceux qui révèrent Dieu et sa loi sous la direction de
celui qui est plus grand que Moïse, - Christ, le chef et le corps, pendant le
Millénium. Dans la chute de Pharaon et de ses armées, nous voyons le type de la
destruction, dans la seconde mort, de Satan et de tous ceux qui suivent ses
traces. Ces bénédictions antitypiques sont des peintures frappantes de la Pâque
anti-typique dont Christ est la figure centrale.
Les Ecritures qui parlent de notre Seigneur
comme de l'Agneau immolé, "préconnu avant et égorgé dès la fondation du
monde" (1 Pier. 1 : 20 ; Apoc. 13 :8 - L.), montrent que tous les détails
de la Pâque étaient clairement conçus dans l'esprit et le plan de Dieu, non
seulement depuis la chute d'Adam sous la sentence de 'mort, mais long temps
avant la création d'Adam. Ainsi, ceci nous prouve que quoique la justice de
Dieu seule ait été manifestée pendant des siècles, et quoique l'amour divin
n'ait pas été manifesté jusqu'au premier avènement de Jésus, néanmoins l'amour
envers ses créatures fut dans le cœur de Dieu, dès le commencement.
Comme la
délivrance de la Pâque représente la bénédiction millénaire, de même 'la nuit
de Pâque représente l'âge de l'Evangile, pendant lequel tous ceux qui se
confient en Dieu, attendent de lui le salut - pendant lequel la " famille
de la foi " tout entière se nourrit du pain sans levain de la vérité,
mélangé aux herbes amères des épreuves et de la discipline en attendant le
matin - dans lequel l'Eglise "des premiers nés", sous la protection
du " sang de l'Agneau " est passée de la condamnation à la
justification, de la mort à la vie.
Ah ! Tout est
là. - Pour cette raison, nous célébrons continuellement une fête de
réjouissance dans le Seigneur, nous nourrissant de l'Agneau, du pain sans
levain et des herbes. Pour cette raison, aussi, nous gardons la mémoire
annuelle de tout ceci, " car aussi notre pâque, Christ, a été sacrifié
pour nous : c'est pourquoi célébrons la fête ". - 1. Cor. 5 : 7. Voici ce
que notre Maître ordonnait à tous ses disciples de faire, disant : Toutes les
fois que vous ferez ceci (comme année après année vous le ferez fréquemment),
" faites ceci en mémoire de moi " et non plus en souvenir de l'agneau
typique et de l'action de passer, d'épargner au sens typique le premier né
typique de l'Israël typique. - 1. Cor. 11 : 24-26 ; Luc 22 : 19-20. Pendant des
siècles, l'Adversaire a aveuglé les yeux du peuple de Dieu sur cette simple
coutume de l'Eglise primitive, lui persuadant d'abord que la messe romaine
était la même chose et plus tard que les cérémonies trimestrielles, mensuelles
et hebdomadaires des protestants en tenaient lieu. Nous n'avons compris combien
nous perdions à ces errements que lorsque nous avons été amenés par grâce à
connaître la vérité concernant " Christ notre pâque immolé pour
nous", en l'honneur de qui, nous, premiers nés, nous la célébrons. Nous ne
serons plus dépouillés de la bénédiction que notre Seigneur nous a destinée.
" Nous célébrerons la fête". Mais aussi sûrement que les croyants
consacrés de ce siècle sont "l'Eglise des premiers nés ", il y aura
plus tard une délivrance pour tous ceux de la famille de la foi sous 'la
conduite du premier né (Christ), de même que cela eut lieu pour les Hébreux,
par Moïse. Et que tous les autres des enfants d'Israël, délivrés par Moïse, ne
se composeront finalement que de ceux qui seront obéissants, l'apôtre le montre
clairement. - Actes 3 : 23.
Combien il est
plus solennel et plus touchant de célébrer un fait important le jour même de
son anniversaire de rappeler les actes, les paroles et les regards et de nous
placer avec l'acteur principal de ce drame le plus grand de tous, qui, il y a
plus de dix neufs siècles, se termina au Calvaire. Cela fortifie notre foi en
la providence divine de remarquer que Dieu avait prédéterminé le jour, l'heure
même, aussi bien que l'année de cette tragédie, de façon que bien qu'auparavant
les Juifs eussent essayé de se saisir de Jésus et de le mettre à mort, nul
homme ne porta la main sur lui parce que " son heure n'était pas encore
venue ". Le moment précis de ce grand événement n'avait pas seulement été
symbolisé pendant des siècles, avec une vigoureuse exactitude quant au jour
même ; mais notre Seigneur, avec une égale précision, déclara mon " heure
est venue ". Et lorsqu'on instituant le pain et le vin en souvenir de 'sa
propre mort comme l'agneau antitypique il attendit " et quand l'heure fut
venue il se mit à table" avec ses disciples pour manger le souper de la
Pâque disant : " J'ai désiré, d'un grand désir, de manger cette Pâque avec
vous avant que je souffre". - Luc 22 :14-15.
Avec un 'soin égal à celui que nous ont montré
notre Seigneur et ses apôtres, célébrons la fête, la mémoire de sa mort, comme
il l'ordonna ; non à n'importe quel temps, le matin, à midi, ou le soir, mais
seulement comme un souper pas indifféremment un jour quelconque, mais seulement
le jour de l'anniversaire même si 'nous voulons faire cela plutôt que de
commémorer quelque chose d'autre, à une autre date. Nous ne célébrons rien en
commun avec nos amis juifs, mais nous indiquons leur date pour montrer que nous
fixons clairement à cette date la mort de notre Seigneur et le 'souper
commémoratif du soir précédent. Pour le bien de nos lecteurs dans tous les pays
du monde, nous annonçons assez à l'avance la date de la célébration de la mort
de notre Agneau pascal. Comme nous l'avons déjà indiqué, la lune dans les
Ecritures est le symbole de la nation juive et l'intention évidente était de
représenter que la pleine mesure des occasions de faveur envers Israël et de
'sa Visitation était atteinte au moment de la crucifixion de notre Seigneur et
qu'après cette époque, la lumière de cette nation commença à décroître. Bien
que nous essayons de calculer minutieusement la véritable date de la
célébration du repas commémoratif, nous ne désirons pas donner l'impression que
la date exacte soit d'une telle importance. Nous ne sommes pas sous la loi,
mais sous la grâce. L'observation du souper commémoratif est un privilège et
une occasion (de réunion pieuse) plutôt qu'un ordre formel. La principale chose
semblerait être que nous ayons une date unique pour sa célébration ; que nous
le célébrions avec un sentiment profondément droit comme un souvenir de
l'accomplissement du type par la mort de Jésus, l'agneau de Dieu, la rançon
pour le monde. " Christ notre pâque a été immolé pour nous, c'est pourquoi
célébrons la fête ". Ceci et rien autre, nous le faisons en mémoire de lui
et comme confirmation de notre vœu ou promesse d'être rompus avec lui et de
donner notre vie en sacrifice avec la sienne, dans les devoirs de service divin
qui s'ouvrent devant nous comme membres de son corps dans le temps présent.
Nous concluons que le moment le mieux approprié pour célébrer le repas
commémoratif sera LE JEUDI 4 AVRIL. C'est pourquoi à cette date,
réunissons-nous tous pour célébrer le souper commémoratif. Notre 'Seigneur
institua le souper commémoratif, qu'il ordonna à ses disciples de célébrer,
après 6 heures du soir, avant qu'il fût crucifié "dans la (même) nuit
qu'il fut livré". Ceci, toutefois, comme nous l'avons montré précédemment,
était le 14 de nisan le jour même qu'il mourut - Dieu ayant stipulé aux Juifs
de compter leurs jours de 6 heures du soir à 6 heures du soir, du coucher du
soleil d'un jour au coucher du soleil du jour suivant.
Jésus et ses
disciples étant juifs, étaient dans l'obligation de célébrer le souper de la
pâque juive et de manger ensemble un véritable agneau avec des herbes, du pain
sans levain et du vin ; mais nous ne sommes plus tenus à ces formalités
typiques qui ont passé pour toujours, ayant été accomplies en Christ. Ce fut
après le souper de la pâque juive que notre Seigneur, institua le nouveau, le
souper mémorable, en commémoration de son propre sacrifice pour les premiers
nés et aussi de leur co-sacrifice (descendants d'Adam) avec lui, comme nous le
démontrerons. Le lavage des pieds de ses disciples par notre Seigneur fut une
leçon d'humilité et un exemple pour les apôtres qui semblaient encore avoir
entre eux 'un esprit de rivalité pour la préséance. Quoi qu'il en soit, le
lavage des pieds ne fut pas une partie de la cène et nous ne croyons pas qu'il
ait été enjoint aux disciples du Seigneur d'en faire une coutume ; malgré cela,
nous n'en voulons pas à ceux qui trouvent bon de se laver îles pieds les uns
les autres, au sens littéral. A notre point de vue, la leçon fut que les
compagnons de notre Seigneur ne devaient éviter aucun devoir, si minime fût-il,
qui leur permit de s'entraider ou de se consoler. Remplir cet office de nos
jours, est ordinairement loin d'être d'une utilité à ceux qui le pratiquent,
tandis que maints devoirs d'encouragement ou d'assistance sont 'souvent
négligés.
Selon toute apparence, ce fut aussitôt après
que le souper réglementaire de la pâque juive fut terminé que notre Seigneur
prit du pain sans levain (qui en restait), le bénit, le rompit (en morceaux) et
le donna à ses disciples en disant : " Prenez, mangez ; ceci est mon corps qui est donné
pour vous ; faites ceci en mémoire de moi ". - Matth. 26 : 26 ; Marc 14 :
22 ; Luc 22 :19. Ces mots : " ceci est mon corps " ont causé des
discussions sans fin, pendant des siècles, parmi le peuple de Dieu. La raison
de cette divergence étant dans la doctrine catholique romaine de la messe, qui
prétend que par la bénédiction du prêtre, le pain est transformé en la chair
actuelle de Jésus, que le prêtre adore alors et continue à rompre (un nouveau
sacrifice) pour les péchés de ceux pour qui la messe est dite. Pour que cette
manière de procéder ressemblât à celle de notre Seigneur, une grande importance
est attachée aux mots : " Ceci est mon corps ", pour prouver par ce
moyen que le corps est dans le pain et ensuite la possibilité de son sacrifice.
Mais toute la question est promptement élucidée quand nous 'nous souvenons que
notre Seigneur n'était pas encore mort quand il prononça ces mots. De là, il
suit qu'il doit avoir voulu dire : " Ce pain représente mon corps ",
car toute autre interprétation ou signification eût été fausse. - Car Jésus
était 'encore en chair, son changement n'avait pas encore eu lieu en aucune
façon. En prenant les paroles du Seigneur dans leur sens simple et évident,
combien la leçon en est belle ! Le pain (pur) sans levain désormais
représenterait à ce repas mémorable notre Seigneur, le pain du ciel, duquel nous
pouvons manger et avoir la vie éternelle. Cela suggère la pensée que ce pain,
venu du ciel, doit être rompu pour être convenable au but désigné. Et ainsi
nous voyons qu'il était nécessaire pour Jésus, non seulement de descendre du
ciel, comme le " pain ", mais aussi d'être rompu dans la mort
sacrifié pour nos péchés avant que nous puissions nous approprier ses mérites
'et jouir de la vie éternelle.
Le "fruit
de la vigne" fut ensuite introduit comme faisant partie de ce repas
mémorable du sacrifice d'amour de notre Seigneur. Il expliqua qu'il
représentait 'son 'sang " le sang de la nouvelle alliance qui est
versé..., en vue du pardon des péchés" (Matth. 26 : 28). Quelle image est
ceci du prix de la rançon nécessaire et payée en faveur des péchés du monde. Le
pain rompu enseignait une partie de la leçon, la " coupe " enseigna
le reste. Non seulement nous avons besoin de nourriture, de force, de secours,
pour revenir à Dieu et à sa grâce ; mais aussi du sang précieux, la vie de
notre Seigneur comme prix de notre rédemption pour nous libérer de la
condamnation de la justice. Les disciples du Seigneur doivent par la foi,
participer au "pain" et à la "coupe" (se les approprier) ou
bien ils ne peuvent être un avec lui. Il y a plus encore : l'apôtre 'nous
montre qu'il y a encore une autre perspective de ce repas commémoratif ; c'est
que ceux qui mangent et boivent, qui ainsi participent aux mérites du Seigneur,
sont comptés en lui comme membres de son corps, étant rompus avec lui ; de même
que notre vie sacrifiée à son service, sous sa direction, est estimée comme une
partie de son sacrifice. Les paroles de l'apôtre sont : " La coupe de
bénédiction que nous bénissons, n'est-elle pas la communion du sang du Christ ?
Le pain que nous rompons, n'est-il pas la communion du corps du Christ ? Car
nous qui sommes plusieurs, sommes 'un seul pain, un seul corps, car nous
participons à un seul et même pain (Christ) ". - 1. Cor. 10 :16-17. Oh,
oui ! Qu’elles sont profondes les leçons du Seigneur ! Et plus nous regardons
profondément, plus nous découvrons de beauté ; les yeux de notre entendement
s'ouvrent de plus en plus à mesure que nous apprécions et que nous obéissons de
tout notre cœur. Célébrons donc la fête dans les deux sens : en nous
appropriant et en nous nourrissant du grand sacrifice fait pour nous par notre
Rédempteur et des trésors de grâce qui nous sont accordés par ses mérites ; et
en appréciant notre privilège de nous sacrifier avec notre Rédempteur.
Consacrant toute notre vie à son service, pour les frères, etc..., et
"accomplissant (ainsi)... ce qui reste des afflictions du Christ ".
Col. 1 :24. " Ce qui reste ", ne veut pas dire que notre Seigneur ne
put souffrir assez pour tous, ou que ses souffrances ne furent pas suffisantes
pour tous ; mais veut dire qu'il souhaite nous avoir avec lui pour partager sa
nature et sa 'gloire et c'est seulement en souffrant avec lui et comme ses
membres que nous pouvons être admis à partager sa gloire, son honneur et son
immortalité.
Nous exhortons
les frères du Seigneur, partout, à se joindre à nous pour observer la cène, le
repas commémoratif du Seigneur le jour même de l'anniversaire susmentionné.
Rassemblez-vous avec tous ceux qui professent la foi et qui sont consacrés n'en
appelez pas d'autres. Rassemblez-vous par groupes, s'il y a lieu. Réservez un
jour ou deux, s'il est nécessaire, pour vous assembler avec les frères les plus
rapprochés. Qu'ici les considérations pécuniaires ne vous arrêtent point. Un
festin spirituel avec le Seigneur et avec ceux qui célèbrent sa mémoire en
sincérité vaut mieux pour nous que plusieurs repas d'une nourriture usuelle,
l'homme ne vivra pas seulement de pain terrestre, mais surtout du pain du ciel.
Même le solitaire qui ne peut se joindre à aucun autre, devrait le célébrer.
Vous pouvez actuellement facilement vous procurer du pain sans levain. Quant au
" fruit de la vigne ", il est également aisé de trouver du jus de
raisin ; mais si vous n'en avez pas, vous pouvez prendre des raisins, en
extraire le jus, lequel sera le " fruit de la vigne " aussi bien que
tout autre. Mais ne permettons pas que 'les préparatifs pour le souper
Commémoratif absorbent tellement nos pensées que la signification réelle des
emblèmes soit oubliée. Au contraire, donnons autant de jours que possible à 'la
prière, avant et après la cène, et méditons sur les prodigieux événements
remémorés, en nous nourrissant du pain de vie dans nos Cœurs, avec une joyeuse
gratitude. Nous recommandons de nouveau qu'après la communion tous se séparent
avec calme et que la réunion prenne fin à l'exemple de celle que notre Seigneur
présida : " Quand ils eurent chanté un hymne, ils sortirent !...".
Faisons de même. Laissons de côté nos salutations habituelles, etc..., gardons
nos pensées vers le Seigneur en Gethsémané, à la cour du grand prêtre, devant
Pilate, devant Hérode, devant Pilate de nouveau battu, condamné à mort, portant
sa croix, crucifié pour nos péchés. Ces pensées nous feront apprécier notre
Seigneur de plus en plus et haïr le péché et ainsi nous aideront à réaliser
mieux : " Quelles (gens) nous devrions être en sainte conduite et en
piété". - 2 Pierre 3 :11.
T.
G. 3-1906.