“La coupe de
bénédictions pour laquelle nous bénissons Dieu, n'est-elle pas la communion au
sang de Christ ? Le pain que nous rompons, n'est-il pas la communion au sang de
Christ ? Puisqu'il y a un seul pain, nous qui sommes plusieurs, nous formons un
seul corps”.
— 1 Cor. 10 : 16, 17.
“La coupe de bénédictions pour laquelle nous
bénissons Dieu”, est en effet une coupe de bénédictions sous divers aspects.
Elle représente le privilège béni de souffrir avec Christ et les bénédictions
qui viendront en récompense à ces souffrances. Le Seigneur déclara que la
Promesse aura son accomplissement dans le Royaume quand nous participerons aux
joies de celui-ci.
L’Eglise est représentée comme étant une
grande part de la grande Vigne que Dieu a plantée; comme Jésus dit : “Je
suis le cep, vous êtes les sarments” (Jean 15 : 5). Notre Seigneur nous
parle du précieux fruit de cette Vigne dont le développement représente la part
pénible de nos expériences. Dans un certain sens, la coupe représente la joie
que nous aurons quand nous serons passés à travers les souffrances du temps
présent et que nous serons entrés dans la gloire. (Matt. 26 : 29). L'expression
“pour laquelle nous bénissons Dieu” peut être comprise dans le sens de : “pour
laquelle nous remercions et louons le Seigneur”. Quiconque reçoit la coupe sans
reconnaissance dans le cœur, sans appréciation, n'obtiendra pas la grande
récompense. Pour parvenir à la bénédiction promise, nous devons recevoir la
coupe avec reconnaissance et considérer comme un grand privilège de souffrir
avec Christ.
En examinant cette question de
l'apôtre : “N'est-elle pas une participation (commune union) au sang de Christ
?” deux pensées se présentent à notre esprit : premièrement, la coupe littérale
à laquelle se réfère l'apôtre, le fruit littéral de la vigne représentant le
sang de Christ, et deuxièmement, le fait que nous avons le privilège de prendre
part à sa coupe, la coupe du sacrifice. Participer à sa mort et à ses
souffrances est notre privilège. Cette pensée est confirmée dans les Ecritures,
indiquant que Jésus est la tête de l'Église qui est son Corps. Christ doit être
le Grand Prophète, Prêtre, Roi, Juge, Celui qui bénit le monde.
Selon les Écritures, Jésus comme la
Tête, a été glorifié après avoir enduré toutes les souffrances jusqu'à la mort
et après avoir déposé en sacrifice sa vie pour le monde. Il nous a acceptés
comme membres de son Corps, membres maintenant dans la chair, pour être bientôt
ses membres dans la gloire. Nous employons le mot “membre” dans le même sens
que lorsque nous parlons des membres d'un parlement. Le corps législatif
(parlement) se compose de plusieurs membres, ainsi le Corps de Christ se
compose de plusieurs membres. Pour affermir leur appel et leur élection ils
doivent croire au Seigneur et s'offrir à Dieu. Ceux qui se conforment à ces
conditions, notre Seigneur les accepte comme ses membres, actuellement membres
dans la condition terrestre, ensuite membres avec Lui dans la gloire.
Ainsi à la condition que nous buvions
fidèlement cette coupe (Matt. 26 : 27), nous affermirons notre appel et notre
élection (2 Pierre 1 : 10). L'injonction “buvez-en tous” (ail of it) a une
double signification : premièrement, cette coupe doit être bue complètement
avant la fin de l'Age de l'Évangile; et deuxièmement, tous ceux qui désirent
devenir membres de son Corps doivent en boire. L'apôtre Pierre parle des
souffrances de Christ, Tête et Corps, lesquelles ont lieu actuellement,
c'est-à-dire durant l'Age de l'Évangile et de la gloire qui suivra. (1 Pierre I
: 8-12 ; 4 : 1 ; 5 : 1). Dès que le dernier membre sera passé dans la condition
céleste, toutes les souffrances de Christ s'achèveront et plus personne n'aura
le privilège de participer à celles-ci; de même plus personne n'aura le
privilège d'avoir part à sa gloire et de devenir “l'épouse de l'Agneau”.
C'est une seule coupe quoiqu'elle
contienne le jus de plusieurs grappes ; et c'est un seul pain bien qu'il soit
fait avec plusieurs grains. Les grains ne peuvent conserver leur individualité
et leur vie s'ils veulent devenir du pain pour le monde. Les raisins ne peuvent
rester en grappes s'ils doivent constituer un liquide rafraîchissant. Ainsi
nous voyons la beauté de la déclaration de l'apôtre que les disciples du
Seigneur sont participants à un seul pain et à une seule coupe. Il n'y a pas
d'autre moyen d'atteindre la nouvelle nature que d'accepter l'invitation du
Seigneur à boire à sa coupe, être rompus avec Lui comme membres d'un seul pain,
être ensevelis avec Lui par le baptême en sa mort, et ainsi atteindre avec Lui
la première résurrection pour la gloire, l'honneur et l'immortalité.
Le pain représente d'abord le corps du
Seigneur Jésus, qui a été rompu pour nous et pour le monde en général. Dans un
sens plus large il concerne tout le corps de Christ, tous ceux qui doivent
devenir ses membres. Ainsi l'action de rompre ce pain, les souffrances du corps
de Christ durent depuis plus de dix-huit siècles. Nous lisons que lors de
l'institution du souper du Seigneur, Jésus rompit le pain.
En réalité, il était le seul à cette
époque, à être rompu comme le pain symbolique. Toutes les autres personnes
n'étaient pas justifiées aux yeux de Dieu, car personne ne pouvait être justifié
jusqu'à ce que Jésus accomplisse son sacrifice, soit élevé, et impute ses
mérites en faveur d'une certaine classe. Ainsi Jésus fut le premier à rompre le
pain. Aujourd'hui, au moment de la célébration de la Pâque, lorsque le pain
sans levain passe à chacun de nous, chaque participant prend un morceau et le
rompt pour lui-même.
Le fait que Notre Seigneur fut le
premier à rompre le pain ne signifie pas que nous ne devons pas avoir de
participation individuelle.
Nous nous rappelons que la volonté de notre
Père Céleste y était pour beaucoup dans le fait de rompre le corps de Christ.
Il est écrit : “II a plu à l'Eternel de le briser, de le mettre dans la peine”
(Ésaïe 53 : 10). Ceci n'était cependant pas accompli contre la volonté de notre
Seigneur. Comme dans l’agissement de notre Père Céleste dans le brisement du
corps de Jésus, notre participation au pain rompu est en harmonie avec
l'arrangement divin.
Les déclarations de l'apôtre dans le chapitre
suivant s'appliquent exclusivement à la mort de Christ. La façon de s'exprimer
indique que le Seigneur Jésus y est personnellement mentionné : “Aussi toutes
les fois que vous mangez ce pain et que vous buvez cette coupe, vous annoncez
la mort du Seigneur jusqu'à ce qu'il vienne”. 1 Cor. 11 : 26. “Il est ton Seigneur,
rends lui hommage (adoration). Psaume 45 : 12. l’Eglise n'est nulle part
appelée Seigneur.
D'ailleurs, nous devons nous rappeler ce que
le Seigneur a dit : “Faites ceci en mémoire de moi” (Luc 22 : 19). Il n'a pas
dit : “Faites ceci en mémoire de vous - en souvenir de votre propre part dans
le sacrifice”. Nous devons être morts avec Lui. Souvenons-nous que nous devons
prendre part avec Lui aux souffrances du temps présent si nous voulons avoir
part aux gloires à venir. Le Père l'a institué pour être la Tête,
“L'Eternel béni pour toujours”. —
Hébreux 3 :1 ; Romains S : 17, 18 ; 9 :5.
Les Ecritures disent que la vie est dans le
sang. (Lévitique 17 : 11). En accord avec cette déclaration, les Juifs étaient
invités à s'abstenir de manger du sang. Les animaux devaient être saignés avant
qu'il soit permis aux Juifs d'en manger la chair. Même un étranger séjournant
avec eux ne pouvait manger du sang. (Lévitique 17 : 10-14). Dans ce fait. Dieu
semblait vouloir faire comprendre que la vie est une chose très sacrée. Le
principe de vie que Dieu donna à l'homme semble résider dans son sang. Aussi
longtemps que le sang circule dans les organes, il y a vie. Mais quand le sang
est versé, l'être meurt.
Quand notre Seigneur déposa sa vie terrestre,
il ne retint aucun droit à cette vie pour en profiter par la suite. Il nous
enseigne dans une parabole que tous ceux qui veulent gagner la perle de grand
prix (Matt. 13 : 45, 46), doivent vendre tout ce qu'ils ont ; c'est-à-dire la
vie terrestre, tous ses plaisirs et privilèges. Notre Seigneur avait une vie
terrestre parfaite et II donna cette vie. “Il versa son âme (sa vie) dans la
mort” (Esaïe 53 : 12). Sur quelle base ? Exactement sur la même base qu'il a
posée pour nous : si nous voulons vivre avec Lui, il nous faut mourir avec Lui
; si nous voulons régner avec Lui, il nous faut souffrir avec Lui. (2 Tim.
2:11, 12). Ainsi nous qui voulons suivre ses traces, nous devons marcher comme
Lui.
Si, comme ses disciples, nous
déposons notre vie pour les frères, nous faisons comme le Seigneur. Tout cela
sera appliqué pour le monde. Jésus accepta cette vie terrestre, non pour la
garder pour Lui-même, mais pour l'offrir éventuellement, à toute l'humanité. Le
droit à la vie humaine est encore sous son contrôle. Il est Celui qui comme
grand Médiateur accordera au monde cette vie que possédant lui-même il l'a
versée dans la mort. Actuellement II impute son mérite à l'Église afin que ceux
qui doivent constituer cette classe, puissent participer à ses souffrances et
dans l'avenir à son royaume glorieux sur le plan spirituel.
Ainsi, cette coupe représente la renonciation
complète à la vie terrestre et à tout ce qui s'y rattache. La vie terrestre de
notre Seigneur ne fut pas perdue, mais simplement déposée en sacrifice (Jean 10
: 17, 18). L'intention, en la déposant, était de l'abandonner personnellement
pour toujours, pour que l'humanité puisse l'obtenir. Jésus n'a pas encore
accompli cela, dans le sens de l'avoir transféré au profit de l'humanité, mais
II donna sa vie dans ce but.
Notre Seigneur entreprit d'accomplir la
volonté divine concernant la rédemption de l'humanité et II a déjà fait
beaucoup dans ce but, mais II n’acheva pas encore son œuvre dans sa totalité. Il
déposa sa vie en sacrifice, mais ne perdit pas le droit à celle-ci. Quand il
fut relevé de la mort, II avait encore un droit à cette vie terrestre,
néanmoins avec cet entendement, qu'il ne l'utilisera pas pour Lui-même, mais II
accordera cette vie à tous ceux de l'humanité qui seront prêts à la recevoir,
la leur reconnaissant à la fin de son règne de mille ans, dans lequel son
Eglise sera associée avec Lui.
Ainsi sa vie ou plutôt le droit à la vie
humaine ne lui fut pas ôtée, ce qui n'aurait pas pu avoir lieu en cas de
désobéissance (Lev. 18 : 5 ; Eze. 20 : 11 ; Luc 10 : 28 ; Rom. 10 : 5). Il
déposa sa vie volontairement en harmonie avec la volonté divine. Il la déposa
pour qu'elle puisse devenir comme une caution (arrhes) dans les mains de la
justice divine, pour qu'au temps convenable. II puisse l'utiliser en faveur de
l'humanité. - Jean 6 : 51.
Au commencement il était dans le dessein
divin, que la vie humaine de notre Seigneur serait déposée pour toujours et
qu'il ne pourrait la reprendre ensuite, puisqu'il consacra cette vie par le
baptême au Jourdain et termina son sacrifice au Calvaire. Durant tout l'Age de
l'Évangile, Jésus a continué à sacrifier son corps mystique. Dès que le
sacrifice de ses membres sera terminé, le droit à la vie qui leur fut imputé,
lequel appartient au Grand Souverain Sacrificateur, sera immédiatement appliqué
pour l'humanité, par le scellement de la nouvelle alliance. Immédiatement après
cela. Son Royaume sera établi.
L'application future de ses mérites, de son
droit à la vie ne pourra être effective que lorsque l'Église entière sera
passée au-delà du second voile, c'est ce qui a été montré dans la figure par
l'aspersion du propitiatoire avec le sang du bouc de l'Eternel. Le sang de
notre Seigneur et le sang de son corps sont un seul sang. C'est le seul
sacrificateur se composant de plusieurs membres et la seule réconciliation pour
tous pour les péchés de l'humanité entière. ~ 1 Jean 2:2.
Le sang représente non seulement la mort de
Christ, mais aussi la mort de tous les membres de son corps auxquels son mérite
est imputé. L'apôtre exprime cette pensée à cette même occasion, disant : “La
coupe de bénédiction que nous bénissons, n'est-elle pas la communion (commune
union ou participation) au sang de Christ ? (Participation dans la mort de
Christ). Le pain que nous rompons n'est-il pas la communion (commune union ou
participation) au corps de Christ ?”.
Ceci signifie que l'Église est en
communion avec Lui, participe à ses souffrances, et est considérée comme son
corps, représenté dans une seule coupe et dans un seul pain. Le sujet entier a
son origine et se concentre en Lui. Mais nous, nous célébrons aussi notre part
individuelle comme membres de l'Église dans le sacrifice de la chair et dans la
participation aux souffrances de Christ.
W.T. 1913-5341