(Pensées
sur un texte obscur)
“Alors il le leur livra pour être crucifié.
Ils prirent donc Jésus, et l'emmenèrent. Jésus, portant sa croix, arriva au
lieu du crâne, qui se nomme en hébreu Golgotha”. — Jean 19 :16, 17
Depuis le deuxième siècle après Jésus-Christ,
les Chrétiens se sont servis de la croix comme symbole de la foi. Presque
universellement, on admet que la croix sur laquelle Christ est mort était la
“crux-immissa”, qui est une perche ou un mât vertical avec une poutre plus
courte qui y était attachée horizontalement. Malgré cela, récemment, un assez
grand nombre de Chrétiens, y compris quelques érudits, ont rejeté l'idée selon
laquelle notre Seigneur est mort sur une croix telle que nous l'imaginons
couramment, et disent qu'il fut attaché
à une “crux simplex” ou poteau vertical. Comme cela est souvent le cas pour de
tels sujets, des divisions inutiles se sont produites entre les Chrétiens qui
accordent une importance spirituelle ou théologique à ce sujet ; certains
suggèrent même que ceux qui s'en tiennent à la “crux immissa” vénèrent en fait
une image païenne qui n'a aucun rapport avec la manière dont notre Seigneur fut
crucifié.
Un examen des arguments avancés par les
partisans de la “crux simplex” et de certains passages pertinents des Écritures
se révèle intéressant sur ce point. Les arguments contre la “crux immissa”
peuvent être résumés comme suit :
1- Le mot du Nouveau Testament “STAUROS”
habituellement traduit par “croix” dans la plupart des traductions, serait plus
précisément traduit par “poteau, perche, pieu ou poteau du bûcher”.
2- La “crux immissa” était vénérée comme
symbole religieux par beaucoup de nations païennes longtemps avant la naissance de Christ, et
les chrétiens apostats l'ont adoptée pour attirer les gentils au sein de leur
église sans les forcer à abandonner leurs emblèmes païens vénérés.
Il faut bien concéder que, dans sa forme
primitive, “STAUROS” se rapportait à un simple poteau vertical ou pieu, par
opposition à une croix fabriquée, mais il faut se souvenir que ce mot avait
pris une signification plus large au temps de Christ. Au premier siècle,
“Stauros” fut utilisé pour désigner n'importe quel poteau ou pieu, qu'il ait
une poutre horizontale attachée ou non. Par analogie, je peux dire que j'ai un
chêne dans mon jardin ; si j'y attache un hamac, cela ne changera pas l'arbre
en une colonne de lit. C'est toujours un arbre et je suis parfaitement libre de
le décrire comme tel. En fait, le décrire comme une colonne de lit serait extrêmement
déroutant.
Il y a plusieurs lignes de raisonnement
biblique qui indiquent clairement l'idée que la croix était en effet la “crux
immissa” de l'ancienne tradition.
Premièrement,
les partisans de la “simplex” reconnaissent que lorsque des personnes étaient
suspendues ou empalées sur un simple poteau vertical leurs poignets se
chevauchaient et UN SEUL clou était enfoncé à travers les deux poignets et le
poteau. Cependant, en Jean 20 : 25, il est écrit que Thomas a dit : “Si je ne
vois dans ses mains les marques des clous. . . je ne croirai pas”. Le mot
“clous” signifie clairement que plus d'un clou a été utilisé et que pour cela
les mains de Jésus ont dû être attachées séparément sur la croix, quelle que
fût sa forme. Il n'y a aucune preuve qui démontre que les crucificateurs
utilisaient plus d'un clou pour attacher quelqu'un dans la position “simplex”.
Deuxièmement, il nous faut voir si les autres
aspects de l'Évangile peuvent s'harmoniser avec la théorie “simplex” et nous
voyons que cela n'est pas toujours possible. Nous savons que le “titulus”, ou
proclamation des charges retenues, était suspendu au-dessus de la tête de
Christ (Jean 19 : 19 ; Luc 23 : 38 ; Marc 15 :26 ; Mat. 27 : 37). Matthieu et
Luc utilisent “épi” ( Matthieu ajoute “ano” qui signifie “au- dessus” ) qui,
plus correctement, renferme la signification “juste au-dessus” dans ce contex-
te, contrairement à “ano” seul qui permettrait alors au “titulus” d'être placé
n'importe où ( par exemple à n'importe quelle distance ou hauteur ). Ceci, en
plus du récit biblique qui dit que le “titulus” était placé au-dessus de sa
tête, et non ses mains, implique que cette proclamation était suspendue
directement au-dessus de sa tête avec peu de place entre les deux. Si donc le
“Titulus” était placé juste au-dessus de la tête de Jésus, il est presque
impossible de s'imaginer que ses bras fussent tendus verticalement au-dessus de
son corps et qu'ils se chevauchassent au-dessus de sa tête au niveau des
poignets.
En effet cela ne
laisserait qu'un petit espace triangulaire dans lequel la proclamation pourrait
être clouée, espace qui serait encore diminué, lorsqu'on se souvient que Christ
avait une couronne d'épines sur la tête. Ces raisons indiquent que le “titulus”
devait être trop grand pour être logé dans un endroit si petit.
La proclamation était écrite en trois langues
: hébreux, latin et grec (Jean 19 : 20). Elle devait être parfaitement visible
pour que les passants puissent la lire. C'était une exigence légale. Il était
habituel .de placer les pieds de la victime à plus ou moins un mètre vingt du
sol. Les mollets se trouvaient donc
approximativement à un mètre cinquante du sol ou à hauteur d'épaule pour
permettre aux soldats qui exécutaient le “crucifragium” de balancer la masse (
marteau ) horizontalement à niveau d'épaule, mouvement qui était plus facile
qu'un balancement de biais.
Si, maintenant, nous supposons que la hauteur
de notre Seigneur se situait entre un mètre soixante et un mètre quatre-vingt,
alors le “titulus” aurait dû être placé à au moins deux mètres quatre-vingt-dix
de hauteur. Pour être facilement lisible, dans une société où l'on ne disposait
pas encore de lunettes, nous devons supposer que ses caractères ou chiffres
étaient rédigés sur au moins vingt-cinq centimètres de hauteur. Cela aurait
entra me la composition d'un “titulus” plus grand que celui qui pouvait prendre
place entre les bras tendus verticalement de notre Seigneur. La conclusion doit
en être que les bras de notre Seigneur n'ÉTAIENT PAS levés verticalement
au-dessus de sa tête, mais étendus horizontalement jusqu'à un certain degré.
Nous nous sommes défaits de l'utilisation de
la “simplex”, dans les limites des doutes raisonnables ; il nous reste
maintenant trois solutions possibles quant à la forme de la croix sur laquelle
Christ a été crucifié. Deux d'entre elles, la “crux commissa” (croix de St.
Antoine en forme de lettre T) et la “crux decussata” (croix de St. André en
forme de lettre X) peuvent être immédiatement écartées, car aucun point de ces
croix ne se trouve “au-dessus” de la tête de la victime, après que celle-ci fut
attachée, et les Évangiles indiquent clairement que le “titulus” se trouvait
au-dessus de la tête de Jésus.
Par élimination, nous devons admettre que
l'utilisation de la traditionnelle “crux immissa” est du moins une forte
probabilité. Aucune autre croix ne satisfait à tous les faits de la crucifixion
qui sont présentées dans les Évangiles. A moins que les crucificateurs aient
utilisé un type de croix inhabituel, mais les Évangiles n'y font aucune
allusion, la traditionnelle “crux immissa”, qui a été le symbole utilise depuis
au moins le début du 2ème siècle, doit être la croix la plus probable.
Mais qu'en
est-il des objections morales contre la “crux immissa” ? Il est vrai qu'elle
ressemble fort à la “crux ansata” d'Egypte et à d'autres symboles religieux
païens, mais il n'y a pas de preuves que les romains lui ont donné cette forme
à cause de cela. En effet, toutes les preuves suggèrent que les romains
façonnaient leurs “immissas” de cette façon simplement pour convenir à
l'anatomie humaine. Suggérer que “parce que beaucoup de religions païennes
avaient des symboles religieux en forme de croix, alors toutes les croix sont
des symboles religieux”, est spéculatif et aussi pernicieux.
Nous ne connaîtrons les détails exacts de la
mort de notre Seigneur qu'au moment où la résurrection générale des morts aura
lieu, pendant le jour de jugement millénaire de Dieu, et lorsque les témoins
visuels seront capables de présenter leur témoignage. Mais avons-nous vraiment
besoin de les connaître ? Il est certain que c'est la mort elle-même et ses
énormes implications pour la destinée de l'humanité qui devraient retenir notre
attention quelle qu'ait été la forme de la croix, nous pouvons dire avec Paul :
“Pour ce qui me concerne, loin de moi la pensée de me glorifier d'autre chose
que de la croix de notre Seigneur Jésus-Christ”. - Galates 6 : 14.
Bible Study Monthly
(Novembre-Décembre
1986)
JE NE CRAINDRAI PAS |
|
Si
pénible destin ton amour me prépare |
Ta
volonté soit faite, ô Dieu, Père éternel ! |
Les
nuages sont noirs, mais n'es-tu pas mon phare ? |
Je
sais qu'au-dessus brille une lumière au ciel. |
|
Je
ne puis pas la voir, mes yeux sont pleins de larmes, |
Elle
est là, je le sais, par ta grande bonté ; |
Un
regard vers la terre et je serais sans armes, |
Mais
ma seule espérance est dans l'éternité. |
|
Garde-moi
près de toi dans la pleine confiance ! |
Conserve-moi
ta paix, ce calme intérieur |
Jusqu'en
un temps moins dur, un jour de délivrance, |
En
attendant le jour, le grand jour du Seigneur |