Jean 19 : 17-42
„ Christ mourut pour nos péchés selon les Écritures".
1
Corinthiens 15 : 3
Un des faits les plus remarquables de l'histoire,
c'est que les gens les plus intelligents et les plus civilisés reconnaissent en
Christ leur chef, prophète, sacrificateur et roi, quoique pourtant il soit
connu pour avoir été crucifié comme malfaiteur il y a plus de 19 siècles ! Ce
qui est encore plus remarquable, c'est que les doctrines énoncées en son nom
par ses disciples, insistent sur le fait que sa crucifixion faisait partie
intégrante du programme divin ; plus que cela, qu'elle était nécessaire ; que
par le sang de la croix, par la mort de celui qui fut crucifié, propitiation
fut faite pour les péchés de l'Église et du monde. — “Il est la propitiation pour nos péchés,
(les péchés de l'Église) et non seulement pour les nôtres, mais aussi pour ceux
du monde entier” (1 Jean 2 .2). En effet, nous voyons que par la Providence la
croix de Christ (non le bois dont elle était faite, mais le martyre auquel elle
servit et qu'elle représente) est le vrai centre du grand salut que Dieu dans
sa prescience avait préparé pour notre race avant l'entrée du péché dans le
monde. La sentence divine, la mort, demeura sur Adam et sur toute sa postérité.
Pas un de ceux qui sont ainsi condamnés ne peut se racheter lui-même, ni
racheter son frère avant que les exigences divines ne fussent satisfaites, c. a
d. pour le Logos l'obligation de quitter la condition céleste — afin de devenir
un homme, afin de pouvoir racheter l'homme.
La mort de
l'homme Jésus-Christ eût été suffisante, sous quelque forme que ce fût pour
exécuter la sentence divine ; mais Dieu jugea bon d'éprouver notre cher
Rédempteur en disposant tout de façon que la mort fût une épreuve
particulièrement ignominieuse et qu'ainsi la loyauté de Jésus envers le Père
fut péremptoirement démontrée aux anges et aux hommes. Il fallut cette mort
cruelle de Jésus pour que le Père puisse le récompenser par la plus haute des
exaltations — l'élévation au-dessus des anges, principautés, puissances et de
tout ce qui peut se nommer — afin que tous les hommes honorent le Fils comme
ils honorent le Père. C'est pour cette raison que les Écritures parlent de la
mort de la croix comme étant la plus ignominieuse : “Maudit est quiconque est
pendu au bois”. — Galates 513.
Notre Seigneur quitta la gloire qu'il avait
auprès du Père, se dépouilla lui-même, en prenant la forme de serviteur et en
devenant semblable aux hommes pour s'humilier jusqu'à la mort, même jusqu'à la
mort de la croix. “C'est pourquoi Dieu l'a souverainement exalté” (Phil. 2 :
7-10). En d'autres termes, cette ignominie de la croix, cette terrible épreuve
éleva Jésus à la gloire, à l'honneur et à l'immortalité de la nature divine.
C'est certainement ce qui a exalté notre cher Rédempteur dans l'opinion de tous
ceux qui sont vraiment siens et qui sont guidés par l'esprit et la parole de
l'Eternel. Nous nous glorifions dans la foi et l'obéissance du Maître ainsi
démontrées au suprême degré. Mais nous savons que les partisans de la
haute-critique et de l'évolution ne sympathisent en aucune façon avec ces
pensées. Se croyant sages à leurs propres yeux, ils mettent de côté la sagesse
qui vient d'en haut, par laquelle nous sommes instruits que ce n'est que par ce
sacrifice de lui-même que notre Rédempteur put présenter au Père le prix de la
rançon pour la vie d'Adam et de sa postérité perdue par sa désobéissance. Ils
veulent ignorer que ce n'est que grâce à cette rançon qu'une résurrection nous
est promise et par elle une occasion pour atteindre à la vie éternelle et à
l'harmonie avec le divin.
ILS
ONT CONDAMNÉ LE JUSTE
Notre étude ne
s'occupe pas de l'interrogation de notre Seigneur par le souverain
sacrificateur et par le Sanhédrin, ni ce sa présentation au prétoire de Pilate,
à celui d'Hérode et de son retour à Pilate, pas plus que des efforts faits par
ce gouverneur pour que Jésus fût relâché. Ce ne fut que lorsque Pilate craignit
une émeute qu'il consentit, apeuré, à la crucifixion de Jésus et signa son
arrêt de mort, tout en se lavant les mains devant le peuple en disant : “Je
suis innocent du sang de ce juste”. Ce fut alors que la multitude s'écria :
“Que son sang soit sur nous et sur nos enfants !” et que Jésus fut emmené pour
être crucifié.
Jérusalem a été détruite et rebâtie plusieurs
fois depuis lors ; et le niveau de quelques-unes de ses rues est très différent
de ce qu'il était alors.
Cependant, La Via Dolorosa ou voie douloureuse
est toujours indiquée, ainsi qu'une partie de la voûte connue sous le nom de
l'arc de l'Ecce Homo (“voici l'homme”), la place dit-on où se tenait Pilate
lorsque, plaidant pour la mise en liberté du Seigneur, il dit a la foule en furie
: Voyez l'homme ! — Comme s'il avait voulu dire : Désirez-vous réellement que
je fasse crucifier un si admirable sujet de votre race ? Un si noble exemple
d'humanité ? Regardez-le ! Décidez maintenant à son sujet ! ... Lors de
fouilles exécutées récemment pour les fondements d'une maison sur l'endroit que
l'on suppose être l'ancienne place du palais de Pilate, l'on trouva à une
grande profondeur un morceau assez grand de pavé en mosaïque d'un travail très
fin comme aurait pu l'être celui d'un palais, semblant montrer le bien fondé de
ces traditions. Cela s'identifie aussi très bien avec ce qui est dit en Jean 19
: 13, qui parle du prétoire comme d'un lieu appelé le “pavé”.
Selon la coutume, pour la crucifixion, le
coupable devait porter sa propre croix jusqu'au lieu du supplice. C'est ainsi
qu'il est dit de Jésus qu'il porta la sienne, jusqu'à ce qu'épuisé par la
tension nerveuse causée par les 24 heures précédentes passées sans sommeil et
probablement sans nourriture et sous l'épuisement causé par la perte de sang
provenant a la fois de la scène mystérieuse de Gethsémané et des coups reçus,
il s'affaissa sous le poids de la croix. Si d'un côté nous pensons à sa
perfection, nous pourrions supposer qu'il aurait dû avoir plus de force ; mais
d'un autre côté nous devons nous rappeler que l'homme dans sa perfection n'est
pas nécessairement un géant et un hercule. Au contraire, ces conditions
anormales sont plutôt l'expression, le, résultat d'imperfections. Nous pouvons
supposer que les meilleures qualités de l'esprit et du corps, qui sont
représentées dans le mâle et la femelle seront combinées dans un spécimen
parfait de notre race, et que cette délicatesse, ce raffinement et cette
élégance unis à une force modérée doivent se rapprocher de la conception que nous
nous faisons de l'être parfait.
Il en est de même pour les fruits et les
végétaux. Les plus gros fruits sont généralement les moins délicieux; ceux qui
sont parfaits ont la bonne couleur de l'espèce, la juste grosseur et le goût le
plus fin. Notre race semble avoir perdu la perfection à un tel degré que la
majorité est ou trop chétive ou trop grosse.
Pour en revenir a Jésus, nous devons nous
rappeler qu'il avait entièrement sacrifié sa vie pendant 3 ans 1/2 ; et qu'une
sorte de vertu, une partie de sa vitalité était sortie de lui pour la guérison
de toutes sortes de maladies. Cette perte ne pouvait évidemment que
l'affaiblir. Autrement dit, sa mort avait commencé 3 ans 1/2 auparavant et
maintenant sur le chemin du Calvaire, II achevait d'abandonner sa vie, en
conformité avec la volonté du Père.
Il y avait
sûrement dans le cortège quelques-uns de ses disciples (Jean du moins était de
ceux- là). Qu'ils eussent été heureux de porter la croix à sa place ! Nous
pouvons supposer que c'est par crainte d'être considérés comme s'insurgeant
contre les fonctionnaires de la loi qu'ils n'offrirent pas leurs services.
Toutefois, dans la circonstance, les soldats trouvèrent sur la route une
personne de la contrée, qu'ils contraignirent à porter la croix après Jésus. Cette
expression peut aussi bien signifier que Simon marcha derrière lui, en le
soulageant d'une partie du fardeau, ou qu'il porta toute la charge, tandis que
Jésus marchait devant lui. Quoiqu'il en soit la tâche imposée à Simon fut un
précieux privilège. Combien de disciples du Seigneur depuis lors, ont envié
cette occasion dont il jouit ! La tradition rapporte que Simon devint chrétien,
que l'apôtre Jean connut son nom ainsi que le pays d'où il venait. La mention
qui est faite du nom de ses fils corrobore fortement cette tradition. - Marc 15
:21 ; Romains 16 :13.
Tout en
sympathisant avec notre Seigneur, et en pensant à la joie que nous aurions eue
à porter sa croix, nous ne devons pas oublier qu'il y a, en rapport avec cela,
deux privilèges que Dieu a préparés pour nous. Premièrement il nous dit que si
nous le suivons comme ses disciples, nous pouvons avec lui porter la croix dans
ce temps présent. — “Quiconque veut être mon disciple qu'il se charge de sa
croix et qu'il me suive”. Puis justifiés par la foi, absous de nos péchés,
connaissant alors les douceurs de la paix de Dieu, nous sommes invités à faire
une pleine consécration de nous-mêmes, à prendre notre croix - à crucifier
notre propre volonté et à faire la volonté du Seigneur Jésus, c. à d. la
volonté du Père qui l'a envoyé. Apprécions-nous assez ce privilège pour prendre
notre croix journellement ? - Portons-nous toujours notre croix ? Sommes-nous
résolus, par la grâce de Dieu, à la porter jusqu'au bout du voyage, — jusqu'à
ce que nous soyons capables de dire comme lui : “Tout est accompli!” - L'œuvre
qui nous avait été donnée à faire, le privilège de rendre témoignage à la
Parole de Vérité, par la parole et par la conduite journalière, tout cela doit
être accompli.
Nous pouvons
aussi porter la croix d'autres membres du corps de Christ, si nous voyons
quelques-uns de ceux-là succomber ou prêts à faiblir sous des croix trop
lourdes. Pensons alors au Maître. Avons-nous assez désiré d'avoir pu l'aider à
porter son fardeau ! Ecoutons donc sa voix qui nous dit que ce qui est fait en
son nom à l'un de ces plus petits de ses disciples est fait à lui-même. Oh
combien ces paroles devraient être en nous productrices de pitié effective pour
ceux qui sont surchargés et pour les faibles du petit troupeau du Seigneur ! Oh
combien cela implique de paroles et d'œuvres de miséricorde et de bienveillance
! Combien d'encouragements et de consolations nous pouvons ainsi apporter à
quelques-uns de ceux que le Seigneur reconnaît comme les membres de son corps !
De même qu'un membre de notre corps, aide et
soulage constamment l'autre, il doit en être ainsi dans le corps de Christ.
Tous les membres doivent se soutenir les uns les autres, se fortifier, se
consoler, se rafraîchir mutuellement et généralement s'entraider à se préparer
pour la glorieuse consommation de nos espérances dans le Royaume à venir.
UN
REGARD SUR LE CRUCIFIÉ
Nous avons de nombreux détails sur la
crucifixion. Selon Marc elle eut lieu à la 3ème heure, a neuf heures du matin ;
mais seulement à la 6ème heure ou à midi d'après Jean. Cette différence est
mise sur le compte du manque d'exactitude des Orientaux ; ou bien Marc voulut
dire que le sentence fut prononcée à la 3ème heure, tandis que ce que dit Jean
se rapporterait au moment où Jésus fut réellement sur la croix. Rien
d'impossible à ce que le lent parcours, l'érection de la croix, la fixation de
l'inscription indiquant les charges relevées sur le coupable : “Celui-ci est le
roi des Juifs” - puis le temps de clouer Jésus à la croix, tout cela exigea
probablement une partie des trois heures, peut-être même les trois heures
entières.
Le texte de l'inscription indiquant le crime
pour lequel le coupable était mis à mort, désappointa les principaux des Juifs,
et ils protestèrent en déniant à Jésus le titre de Roi des Juifs. Mais Pilate
refusa de changer quoi que ce soit à sa rédaction ; nul doute qu'il n'avait
spécialement rédigé cet arrêt comme une sorte de réprobation contre eux,
s'apercevant que ce n'était que par envie et malice qu'ils lui avaient livré
Jésus pour être crucifié. Il voulait maintenant leur faire honte. La foule
pouvait lire cette inscription, parce que selon la coutume elle était écrite en
trois langues : en hébreu, le langage du peuple ; en latin, la langue du
gouvernement, et en grec, qui était la langue employée par les personnes
instruites de ce temps-là. Ainsi, en dépit de ses ennemis, le crucifié Jésus
fut proclamé le Messie. Combien cela est étrange !
Un Messie
crucifié ! Combien les voies et les moyens de Dieu pour accomplir ce qu'il a en
vue sont différentes des voies de l'homme ! Oui, autant les cieux sont élevés
au-dessus de la terre, autant ses voies (les voies de l'Eternel) sont au-dessus
de nos voies. Si Jésus n'était pas mort, il ne nous aurait pas rachetés du
péché, le plus qu'il aurait pu faire aurait été d'aider l'homme à avoir une vie
meilleure et plus raisonnable ; mais non à atteindre la vie éternelle perdue
par Adam et qui ne pouvait être recouvrée que par une rédemption. C'est
pourquoi, suivant le plan divin, celui qui s'humilia lui-même pour sauver le
monde est maintenant haut exalté par le Père, assis à sa droite, dans la
puissance et la dignité ; et bientôt, comme roi d'Israël et roi du monde, il se
révélera lui-même pour renverser le mal et rétablir la justice ; pour aider le
pauvre, le faible et l'ignorant et pour bénir toutes les familles de la terre
selon la promesse. - Gen. 12 : 3.
Notre Seigneur
fut fait le compagnon de larrons. Les deux qui furent crucifiés avec lui, l'un
à sa droite et l'autre à sa gauche, faisaient probablement partie de la bande
de Barabbas et on peut croire que le peuple les considérait comme étant plus ou
moins des héros. Il ne nous est dit nulle part qu'ils subirent les railleries
du peuple. Il doit en être de même aujourd'hui pour les disciples du Seigneur.
Nous devons nous rappeler que notre Martre et sa cause sont impopulaires ; que
les gens influents et instruits de ce monde nous sont opposés, comme ils
étaient opposés au Seigneur et que cela est d'accord avec sa Parole et avec le
principe sur lequel le plan divin a été établi ; savoir que si nous voulons
régner avec lui, nous devons souffrir avec lui. Les particularités de la
crucifixion du Sauveur ne nous sont pas données et nous devons nous en
féliciter parce que l'idée qu'on s'en fait est bien assez horrible sans les
détails. Et le fait que les quatre écrivains rapportent avec le même point de
vue la scène du supplice, c. à d., ne donnent aucun des détails de la
crucifixion elle-même, s'accorde parfaitement avec la manière dont la Bible
traite de tels sujets ; manière toute différente de celle employée
ordinairement par un journaliste ou un narrateur quelconque.
Un écrivain, Mac Laren, dit : “II n'y avait
pas de mort plus cruelle que celle de la crucifixion ; parce que le patient ne
mourrait pas par la perte de son sang et dans un court espace de temps, mais
par la lente agonie de blessures ouvertes, par l'arrêt de la circulation dans
les extrémités, par la tension du système nerveux et l'oppression au cœur et au
cerveau. Pendant 5 heures, Jésus endura cette souffrance de déchirement des
nerfs, de soif intense, du corps torturé et du cerveau palpitant !”.
LES
SEPT PAROLES DE LA CROIX
Nous ne pouvons pas nous attendre à ce que,
soumis à une si épouvantable torture, le Sauveur ait pu beaucoup parler. Il est
donc tout à fait probable que les paroles de notre Seigneur et Sauveur
prononcées à ce moment-là furent les seules qu'il prononça. Ces paroles
représentent fidèlement quelques-uns des aspects les plus importants du
caractère de Jésus et de ses enseignements.
Ce qui est généralement connu comme la
première des paroles de la croix est rapportée en Luc (23 : 34). Jésus dit :
“Père, pardonne-leur car ils ne savent ce qu'ils font”. Nous ne doutons pas que
le cœur du Seigneur ne fut plein de l'esprit de pardon ; mais pour plusieurs
raisons nous doutons qu'il ait jamais prononcé ces paroles :
1- Elles ne se
trouvent pas dans les manuscrits grecs du Vatican No. 1209 (4ème siècle),
d'Alexandrie (5ème siècle) et celui du Sinaï met également en doute ces
paroles.
2- Elles ne
semblent pas appropriées parce que ceux qui étaient coupables de la mort de
Jésus n'étaient pas repentants ; or nous savons que les Écritures indiquent
clairement la repentance comme nécessaire au pardon de Dieu.
3- Ceux qui
étaient coupables de la mort de notre Seigneur ne croyaient pas en Lui et ne se
confiaient pas en ses mérites ; et les Écritures enseignent clairement que le
pardon doit être précédé de la foi.
4- Nous ne trouvons
pas qu'il nous soit dit qu'il y ait eu des cœurs repentants et contrits
désireux d'abandonner le péché ; or les Écritures enseignent que personne n'est
pardonné avant d'être dans cette attitude de repentance.
5- Jésus n'avait
pas encore terminé l'œuvre de sacrifice et n'était pas encore monté auprès du
Père pour présenter son offrande en faveur des croyants.
6- Nous n'avons
aucune preuve que le péché ait été pardonné, mais plutôt l'évidence que
l'imprécation populaire : “Que son sang soit sur nous et sur nos enfants” eut
un terrible accomplissement peu de temps après par le fer et le feu qui
fondirent sur les Juifs, obligés après la destruction de Jérusalem de se
disperser. “Aussi la colère est-elle parvenue sur eux au dernier terme”.- 1
Thess. 2 :16.
La parole que l'on croit être la seconde
parole prononcée sur la croix : “En vérité je te le dis aujourd'hui, tu seras
avec moi dans le paradis”, est apparemment authentique. Ce fut là le message de
Jésus au brigand qui confessa son péché et désira la faveur et la clémence du
Seigneur lorsqu'il viendrait dans son royaume.
Notre Seigneur
n'a pas encore été mis en possession de son royaume, c'est pourquoi le temps
n'est pas encore venu auquel le Seigneur se souvienne de sa promesse. Malgré
l'apparent échec de son œuvre et l'éclipsé momentanée de la vie et des
espérances de notre Seigneur, il assura le pénitent qu'il était capable de
répondre à sa demande et qu'il le ferait. D'après les Écritures,
l'accomplissement de cette requête viendra au second avènement de Jésus
lorsqu'il prendra son grand pouvoir et rétablira le paradis sur la terre ; le
paradis perdu à cause de péché, mais qui fut racheté par le précieux sang.
Alors, le brigand repentant sortira ; car, les Écritures nous disent que tous
ceux qui sont dans les sépulcres entendront la voix du Fils de Dieu et en
sortiront ; et cet appel sera entendu aussi de l'autre brigand. Tous deux
sortiront et se trouveront sous les conditions favorables du Royaume
millénaire. Mais nous sommes sûrs que celui qui se repentit aura un grand
avantage moral sur l'autre et sûrement une récompense spéciale lui sera
octroyée pour avoir donné au Sauveur une parole de réconfort à l'heure sombre
de l'abandon et de la mort.
“Voilà
ton fils” — “Voilà ta mère”
Marie, la mère de Jésus et Jean son disciple
bien-aimé se tenaient évidemment assez près de la croix, pleurant sans doute et
sûrement affligés. Mais notre Seigneur, s'oubliant lui-même et sa propre
angoisse, pensait aux autres. De même qu'il avait fait du bien autour de lui pendant
sa vie, de même, à l'heure de la mort, il pense au bien-être des autres, et par
ces paroles si touchantes il remet sa mère aux soins du disciple qu'il aimait.
Quelle merveilleuse leçon, combien elle nous montre la largeur du cœur et la
profonde affection du Seigneur et comme elle nous enseigne à ne pas être
entièrement absorbés par nos épreuves et nos difficultés, grandes ou petites,
mais plutôt à porter les fardeaux des autres ! Faisons en sorte que nos
sympathies, nos pensées, nos épreuves même contribuent à bénir tous ceux dont à
quelque degré nous sommes responsables, tant au point de vue temporel que
spirituel.
“Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m'as-tu
abandonné ?”. Telles sont les paroles reconnues comme étant le 4ème message de
la croix. Elles nous montrent la profondeur de l'angoisse de Jésus. Sa mort fut
le prix de la rédemption du pécheur ; il fut son substitut, afin que Dieu pût
être juste et justifiât en même temps tous ceux qui croient en Jésus ; et afin
aussi de pouvoir leur assurer au temps voulu, une résurrection des morts, et un
retour à la faveur du Père et à la vie éternelle — à tout ce qui avait été
perdu en Adam.
Pour être notre substitut, Jésus dut en toutes
choses souffrir ce que nous étions condamnés à endurer comme pécheurs. Or, cela
ne comprenait pas seulement la perte de sa vie, mais impliquait aussi l'absence
momentanée de toute communion avec le Père. Ce moment de ténèbres, de
séparation devait venir ; et nous comprenons très bien qu'il fut le plus sombre
de toutes les expériences du Seigneur ; plus sombre même que Gethsémané, qui ne
fut qu'un symbole de cette expérience. Combien nous sommes heureux de
comprendre la philosophie de la raison pour laquelle notre Seigneur passa par
cette expérience 1 Au fur et à mesure que nous réalisons cela, nos cœurs
apprécient de plus en plus les bénédictions qui sont nôtres par Christ ; le
privilège de revenir dans la communion et dans l'amour du Père ; de sorte que
nous pouvons nous appliquer à nous-mêmes les paroles du Martre : “Le Père lui-même
vous aime” (Jean 16 : 17). Rien d'autre part dans cette parole du Maître
mourant qui puisse suggérer l'idée de son manque de sincérité et assurément
rien en elle qui puisse confirmer tant soit peu la doctrine de la trinité. Ce
cri est en parfaite harmonie avec tout ce que nous connaissons de sa relation
avec le Père.
La cinquième parole : “J'ai soif”, rappelle
forcément plusieurs faits à l'esprit :
1- Exposé comme
II l'était à la chaleur du soleil, presque nu, et sous l'excitation nerveuse de
la souffrance, la soif doit avoir été un des principaux éléments de torture du
Crucifié.
2- Lorsque nous
pensons que Jésus a été l'agent actif de Jéhovah dans le grand œuvre de la
création de toutes choses, y compris l'eau, l'humiliation volontaire du Maître
et sa résignation à avoir soif — à mourir en faveur des rebelles du Royaume -
est une illustration remarquable de son amour pour l'humanité. Ce cri de
souffrance, nous est-il dit, fut jeté lorsqu'il sut que toutes choses étaient
terminées et que tout le travail qui lui avait été donné à faire était
accompli. Il ne jeta ce cri que lorsque sa propre position n'étant plus en
cause, il put être l'accomplissement littéral de la prophétie du PS. 69 : 22.
Notre Seigneur avait refusé le breuvage stupéfiant — II voulait conserver
l'esprit clair jusqu'au bout — mais il accepta le rafraîchissement qui lui
était donné au moyen d'une éponge portée à ses lèvres au bout d'un roseau. Tout
cela doit nous rappeler que Jésus eut faim et soif afin que nous, aussi bien
que tous ceux pour lesquels il mourut, puissions avoir l'eau et le pain de la
vie, pour pouvoir atteindre à la vie éternelle.
“TOUT
EST ACCOMPLI”
Cette sixième parole fut une parole de
triomphe. Il avait terminé l'œuvre que le Père lui avait donnée à faire ; il avait
été fidèle du commencement à la fin, jusqu'au bout, il s'était sacrifié. Il
était certainement heureux que sa course terrestre se terminât ; heureux parce
qu'elle s'achevait dans la victoire et que celle-ci surtout impliquait pour
l'avenir, la bénédiction de l'humanité, sa délivrance du pouvoir du péché, de
la mort et de l'adversaire. On peut dire que dans ce sens, notre Seigneur
commença son œuvre lorsqu'il quitta la cour céleste et s'abaissa lui-même en
prenant la nature humaine, laquelle se développa jusqu'à 30 ans, âge auquel il
atteignit l'état d'homme fait. Toutefois, au point de vue scripturaire, l'œuvre
qui était alors terminée, était celle du sacrifice qui commença au Jourdain,
lors de son baptême, lorsqu'il fit une pleine consécration de lui-même jusqu'à
la mort. Peu de temps avant sa crucifixion, il avait dit : “J'ai à être baptisé
d'un baptême, et combien suis-je à l'étroit jusqu'à ce qu'il soit accompli !”
(Luc 12 : 50). Il s'était écoulé 3 ans 1/2 de son baptême à sa mort et
maintenant le moment final était venu : tout était accompli.
“Père, je remets mon esprit entre tes mains”.
Telles furent les mots qu'on suppose être les derniers prononcés par Jésus —
les paroles “in extremis” couronnant le dernier acte de son ministère
terrestre. N'était-il pas convenable que celui qui avait cherché à faire en
toutes choses la volonté du Père, eût la confiance absolue que dans sa mort,
son esprit de vie serait sous les soins et à la garde de ce même Père ? C'est
bien là ce qu'expriment ces paroles admirables de foi et de filial abandon. Et
cela doit être vrai pour tous ceux qui sont ses disciples. Ayant abandonné tout
notre moi au Seigneur, nous devons nous approprier pleinement ses gracieuses
promesses étant sans aucune crainte même à l'heure de la mort. Toutefois, la
mort du Seigneur eut une importance beaucoup plus grande que celle d'aucun de
nous. Non seulement nous avons par la résurrection de Jésus l'assurance de
l'intervention directe de Dieu, mais son retour à la vie est aussi une
illustration remarquable de la puissance divine. C'est le pouvoir que possède
celui qui ressuscita Jésus d'entre les morts de nous ramener aussi par Lui à la
gloire, à l'honneur et à l'immortalité. Notre Seigneur fut le précurseur ;
personne avant Lui n'avait jamais été ressuscité des morts, soit pour atteindre
à la perfection de la vie humaine, ou celle de la vie céleste.
JESUS
A EU LE COEUR BRISE LITTÉRALEMENT
St. Luc nous dit que Jésus prononça ces
paroles d'une voix forte, ce qui fut un témoignage pour tous ceux qui
connaissaient son espérance en Dieu et en une résurrection. Quelques écrivains
modernes considèrent ce cri comme l'expression de quelqu'un mourant à la suite
d'une rupture du cœur ; et si l'on peut douter que ce fut là la cause immédiate
de la mort du Sauveur, on admet généralement que le cas a pu très bien se
produire. Nous pouvons attribuer la cause de cet accident “sui generis” aux
circonstances ignominieuses qui ont entouré son trépas - la trahison, le
reniement, la condamnation, la flagellation, la crucifixion - et nous ne
doutons pas que toutes ces choses n'aient concouru à le déprimer moralement et
physiquement. Mais nous croyons néanmoins que la principale cause de la rupture
de son cœur est due à la douleur mentionnée dans la 4ème parole - le retrait de
la communion divine, la solitude spirituelle dans laquelle il se trouva pendant
sa dernière heure. L'explication technique des raisons qui font supposer qu'il
mourut à la suite d'une rupture du cœur, est la suivante :
“L'eau
sanguinolente qui coula du côté de Christ lorsqu'il fut percé par la lame du
soldat rend cela évident. Le sang exsudant du cœur dans le péricarpe était
séparé en caillots rouges et en une eau séreuse ; Jésus mourut littéralement
d'une rupture au cœur”.
D'autre part, nous ne sommes pas surpris que,
par arrangement divin, la nature ait sympathisé avec notre Seigneur par les
ténèbres particulières qui vinrent sur le pays au moment où Jésus était
suspendu à la croix. Un ancien manuscrit traitant ce sujet dit : “Beaucoup de
personnes circulaient avec des lampes et les ténèbres durèrent jusqu'à ce que
Jésus fût descendu de la croix”. Un grand tremblement de terre est aussi
mentionné comme ayant eu lieu à ce moment-là ; et en même temps que ce
tremblement de terre, le voile du temple, qui séparait le Saint d'avec le
Très-Saint, se déchira en deux depuis le haut jusqu'en bas, symbolisant ainsi,
comme le suggère l'apôtre, que l'accès dans le lieu très saint était rendu
possible à tous les croyants par les souffrances et la mort de Christ. D'après
Marc (15 : 43) Joseph d'Arimathée s'enhardit et se rendit chez Pilate pour lui
demander le corps de Jésus. D'après tout ce qui nous est dit de lui, ce Joseph
dut être un noble caractère.
Matthieu le cite
comme “un homme riche” ; Luc comme “un homme bon et juste ... qui attendait le
Royaume de Dieu” ; Marc, “un conseiller de distinction”, c'est-à-dire un membre
du Sanhédrin. “Qu'il est difficile à ceux qui ont des richesses d'entrer dans
le Royaume de Dieu”, dit Jésus. Cela leur est difficile parce que,
proportionnellement, ils ont plus à vaincre que s'ils étaient pauvres. Si ce
Joseph d'Arimathée n'avait été riche, il est probable qu'il eût été ouvertement
un disciple de Jésus. Nous constatons néanmoins avec plaisir que beaucoup de
bien est dit de lui et que son courage et son audace s'accrurent avec l'épreuve
au lieu de diminuer. Ne pouvons-nous pas espérer que plus tard il devint un
disciple dans le vrai sens du mot et marcha comme tel ?
Geike fait cette remarque à son sujet : “Ce
n'était pas une chose facile que Joseph avait entreprise : parce que le fait de
prendre part à un ensevelissement le souillait pour sept jours et rendait impur
tout ce qu'il touchait (Nombres 19 : 11) ; et cela était d'autant plus grave
que pendant cette semaine de pâques il était tenu à l'écart de toutes les
saintes ordonnances et de toutes les réjouissances”.
Combien pourtant le sépulcre neuf de Joseph
taillé dans le roc fut honoré par l'ensevelissement du Maître ! Nous voyons
aussi avec plaisir que Nicodème, un autre gouverneur juif, riche et influent,
s'associa à Joseph pour le transfert du corps. Nous pouvons être assurés que
ces hommes reçurent de Dieu des bénédictions spéciales, à cause du zèle et du
courage qu'ils montrèrent en la circonstance. Nous sommes sûrs de même, que
ceux qui sont assez craintifs pour se réserver lorsque les occasions leur sont
offertes de servir le Seigneur ont peu de chance d'être approuvés de Lui et par
conséquent de gagner la grande récompense qui est offerte maintenant aux
vainqueurs. La leçon que nous pouvons en tirer, c'est que nous devons être
audacieux coûte que coûte ; pour le droit, pour la vérité, pour le Seigneur,
pour les frères. En effet, plus nous montrerons de courage et de fidélité
lorsque l'occasion et le privilège se présenteront, plus notre récompense sera
grande, et dans la vie présente et dans la vie à venir. Pour la troisième fois
durant le cours du ministère de Christ il est fait mention du nom de Nicodème.
Il visita le Seigneur de nuit (Jean 3). Il s'interposa en faveur de Jésus,
lorsqu'on essaya de se saisir de lui (Jean 7 : 44- 52). Maintenant, comme l'a
suggéré quelqu'un, “il met à profit une dernière occasion de le servir, avec
l'amère consolation d'en avoir négligé l'occasion quand il aurait pu faire
plus”. C'était un homme riche et il apporta cent livres de myrrhe et d'aloès,
qui étaient des aromates antiseptiques, qu'on suppose être employés par les
Juifs pour l'ensevelissement des morts. La leçon que nous pouvons en tirer,
c'est que nous ne pouvons pas nous contenter de rester neutres, mais devons
nous employer activement au service de la vérité.
Nous devons
autant que possible être positifs ; et savoir prendre nettement position en
faveur de la cause du Seigneur et de ses frères ; tout en usant de sagesse et
de discrétion, nous devons être courageux. Nous devons apporter nos fleurs
pendant la vie sur l'autel du devoir et ne pas attendre que la mort soit venue
nous empêcher de les manifester aux yeux de tous.
Newman Halle dit : “Il y a une légende
qui dit que Golgotha est le centre même de la surface de la terre, le milieu du
globe habitable. Nous ne croyons pas à la légende, mais nous pensons beaucoup
de la vérité qu'elle suggère ; parce que la croix de Christ est le vrai centre
de l'Église où se rencontrent tous les croyants de toutes tribus et langues”.
Un autre dit : “Comment, en regardant à la
croix, craindrions-nous de laisser notre vie quand de si grandes bénédictions
en résultent pour nous - Négligeons les honneurs, les richesses de ce monde,
ses faveurs et ses hautes situations, ayons en vue l'importance de la fin de
notre vie et son but. Prenons part aux souffrances de Christ et choisissons de
préférence le jeûne aux festins”.
Philippe Brooks écrit : “Vous avez votre
croix, mon ami, il y a des douleurs dans le devoir que vous remplissez. Mais si
dans toutes vos peines vous savez que l'amour de Dieu vous devient une vérité
toujours plus chère, vous pouvez alors triompher dans tous les sacrifices.
Votre croix a remporté quelque chose de la gloire et ce la beauté de votre
Seigneur. Réjouissez-vous et soyez heureux parce que vous êtes crucifié avec
Christ”.
En clôturant cet article, rappelons-nous les
importantes vérités contenues dans notre texte principal : “Christ mourut pour
nos péchés selon les Écritures”. Il ne mourut pas parce que la mort était une
chose naturelle ; parce qu'il était pécheur comme les autres hommes ; ni pour
nous montrer comment on meurt. Il mourut pour nos péchés, à cause de nos péchés
, parce que le châtiment pour nos péchés était la mort et que nous devions être
rachetés pour avoir quelque droit à une vie future, à un relèvement quelconque.
Dans
la croix de Christ nous nous glorifions,
Quelques
furieux que soient les ravages du temps ;
Toute
la lumière de l'histoire sacrée
Se
rassemble autour de la tête sublime".
T.G.
4-1909