EN SA MEMOIRE
Nous
nous rendons tous compte à quelle vitesse défilent les années. Une
Commémoration suit l'autre et il nous semble que nous venons de célébrer la
dernière. Le monde devient de moins en moins sûr. Une question nous vient à l'esprit:
Combien de fois encore les membres de l'Eglise célébreront la Commémoration de
ce côté-ci du voile ?
Au
fil des années, nous vieillissons, nous perdons nos forces physiques et dans ce
même temps croissent de nouvelles exigences, introduites par le monde, pressées
de toute part par le développement de la connaissance. En conséquence de quoi
nous entendons des plaintes continues : « Oh que je suis
fatigué ! » Cette fatigue physique peut être, jusqu'à un certain
point, écartée par un repos plus ou moins long mais aussi par une diminution de
nos exigences humaines, ce qui serait raisonnable.
Notre
attention, comme chrétiens consacrés, est néanmoins dirigée vers les choses
spirituelles. Quand aux difficultés rencontrées sur le chemin étroit vient
s'ajouter la fatigue physique résultant de la recherche d'un niveau de vie plus
élevé et de l'effort engagé pour des choses honnêtes aux yeux de tout le monde,
alors le chrétien se trouve souvent devant un choix difficile. Dieu en a
néanmoins décidé ainsi, afin que ceux qui cherchent à être cohéritiers avec
Christ ne possèdent pas une vie facile, libre de tous soucis. Ainsi donc, sur
ce chemin étroit, nous devons nous attendre à une fatigue et toute l'affaire
est là. Comment allons-nous réagir à cette situation ? Gageons que le Père
Céleste nous aidera afin que cette courte réflexion nous soit profitable.
Comme
nous le savons, Jésus est venu afin de déposer sa vie en rançon pour tous.
Comme homme parfait Il ne pécha pas, c’est pourquoi Il n'aurait pas dû souffrir
ni être fatigué, mais chaque fois que sa main charitable touchait un quelconque
pécheur Il souffrait, « la force sortait de Lui » et elle guérissait.
En d'autres termes, le Seigneur perdait, de cette façon, sa vitalité et sa
force. Durant les trois ans et demi de sa mission, les guérisons furent si
nombreuses qu'au cours du chemin vers le Calvaire, épuisé, Il tomba plusieurs
fois sous la croix, devenue trop lourde pour Lui, et quelqu'un d'autre a été
contraint de l'aider.
De
semblables occasions au cours desquelles Il guérissait des malades en donnant
sa vie, ont certainement affaibli notre Seigneur et L’ont conduit à se reposer
auprès d’un puits où Il engagea une conversation avec une Samaritaine. C'est
parce qu'Il a été éprouvé de cette manière, qu'Il est devenu notre Souverain
Sacrificateur. « Car nous
n'avons pas un souverain sacrificateur qui ne puisse compatir à nos faiblesses;
au contraire, il a été tenté comme nous en toutes choses, sans commettre de
péché. » (Hébreux 4:15). Oh oui ! Il a éprouvé ce que nous éprouvons,
et c'est pourquoi nous pouvons accéder librement au Trône de Grâce et obtenir
l'aide nécessaire au moment opportun.
En
cette période particulière liée à la Commémoration, portons notre regard sur
Celui qui : « Dans les jours de sa
chair, a présenté avec de grands cris et avec larmes des prières et des
supplications à celui qui pouvait le sauver de la mort. » - (Hébreux
5:7).
Tous
les anniversaires de la Pâque sont commémorés dans le but de rendre hommage à
la mémoire de Celui que nous aimons. Nous nous remémorons alors son caractère,
ses qualités et sa conduite qui, pour nous, est un exemple et une inspiration.
Comme chrétiens, nous devrions souvent réfléchir sur la vie de Notre Rédempteur
qui était parfait mais néanmoins marchait, comme nous, sur le chemin de la
fatigue. Une question se pose : Comment acceptait-Il, Lui, ces
difficultés, et nous, comment les acceptons-nous ?
Naturellement,
à cause de nos imperfections, sous bien des rapports, nous sommes impuissants
de par nous-mêmes, pour résoudre ces difficultés, mais nos aspirations et notre
volonté doivent être parfaites si nous voulons, fidèlement en toutes choses,
suivre notre Maître. Le Psalmiste, bien des siècles avant le Seigneur, a
exprimé ses sentiments quand il fuyait devant l'ennemi, et également les
sentiments de Celui qu'il symbolisait, en ces termes : « Je remets mon esprit entre tes mains. »
- (Psaume 31:6).
Le
Seigneur avait confiance que Dieu serait avec Lui dans toutes les épreuves. Il
alla donc vers la mort comme un agneau calme et soumis, jusqu'à ce qu'Il ait
accompli son baptême à sa mort. - (Luc 12:50).
Peu
de temps après, nous avons entendu ces mêmes paroles de la bouche d'Etienne, le
premier martyr pour la cause de Christ :
« Et ils lapidaient Etienne, qui priait et disait : Seigneur Jésus, reçois
mon esprit. » - (Actes 7:59). En nous rappelant, en cette période, les
pénibles souffrances de notre Rédempteur, nous pouvons espérer un soulagement
moral dans nos difficultés, quand avec une pleine confiance, nous remettons
notre parcours entre les mains du Seigneur. Finalement, quand nous aurons
résisté jusqu'au sang (la mort), luttant contre le péché, il nous sera possible
de dire : « Je remets mon esprit
entre tes mains. » - (Hébreux 12:4).
Si,
aux prises avec nos soucis quotidiens, nous conservons cet état d'esprit, nous
ressentirons les bénédictions divines. Un des hommes de Dieu qui marcha
fidèlement et joyeusement sur le chemin du sacrifice a dit en son temps : « Pour être un fidèle et
véritable serviteur de Dieu, je dois dire chaque jour : Père, entre tes mains
je remets mon esprit, aujourd'hui, demain et pour toujours. » Ces paroles
s’inspirèrent de celles que prononça notre Seigneur au moment de la mort, quand
Il était suspendu à la croix, et qui furent écrites par David. Celui-ci
pourtant ne pensait pas à la mort, mais aux épreuves et difficultés de la vie.
Si ces paroles étaient valables pour notre Maître, alors elles le sont
également pour moi afin que je puisse vivre par elles. Ce qui signifie : Je
remets mon esprit entre tes mains protectrices. La vie est pleine de
tentations, le monde plein de pièges, je ne suis pas en mesure de me protéger,
mais Toi Tu peux me protéger de la chute.
Entre
Tes mains sensibles je remets mon esprit afin que Tu le réconfortes. Les souffrances
et les peines de ma vie peuvent augmenter, les eaux m'envahir et le four
devenir de plus en plus brûlant, les épaisses ténèbres peuvent sous peu
m'envahir, dans lesquelles je perdrai toute ma joie, mais si je peux entendre
Ta douce voix : « Je suis
toujours avec toi », alors je n'aurai pas peur du mal.
Entre
tes mains réparatrices je remets mon esprit pour le sanctifier. Je suis prêt à
accepter la punition si seulement elle peut me rendre meilleur et plus saint.
Conduis-moi par le chemin que Tu veux, je bénirai la main qui me frappera.
Entre
tes mains qui me façonnent je remets mon esprit pour le développer.
Utilise-moi, Père, pour Ta gloire. Je ne veux pas vivre pour moi. Que mon
« moi » soit mortifié, afin que Christ soit façonné en moi. Je veux être
une glaise soumise entre Tes mains pour devenir un vase utile pour le Maître,
rempli de sa grâce. Toi Père, Tu peux faire que je devienne un tel vase, et si
la mort vient, je dirai : « Entre
tes mains libératrices, je remets mon esprit pour être glorifié. »
Ainsi Tes mains créatrices m'ont formé ; Tes mains protectrices m'ont
soutenu ; Tes mains directrices m'ont conduit ; Tes mains sensibles ont
répondu à mon appel ; Tes mains correctrices m'ont purifié, mais elles étaient
toujours des mains salutaires, libératrices et protectrices. J'ai ressenti
qu’elles étaient toujours douces et en même temps puissantes ; c’est
pourquoi, entre ces mains je confie pleinement mon esprit, Ô Créateur, mon Dieu
!
Entrons
donc dans cet état, désiré et béni, de satisfaction et de paix spirituelle.
Méditons sur Celui qui nous précéda sur le chemin de l'humilité et de la
souffrance et qui nous traça cette voie. Il nous a permis aussi d'avoir ce
privilège de nous engager sur ce chemin du sacrifice pour, dans l'avenir,
pouvoir nous asseoir à Sa droite, dans le Royaume.
Quand
au moment de la Commémoration, nous élèverons la coupe symbolisant notre
participation à Ses souffrances et à Son sacrifice, nous remettrons notre
esprit entre Ses mains, avec la joyeuse espérance que sous peu, au-delà du
second voile, nous boirons avec Lui la Nouvelle Coupe.