« L’Eternel lui dit : Si quelqu’un tuait
Caïn, Caïn serait vengé sept fois. Et l’Eternel mit un signe sur Caïn pour que
quiconque le trouverait ne le tuât point » - Genèse 4 : 15.
« Quiconque hait son frère est un meurtrier,
et vous savez qu’aucun meurtrier n’a la vie éternelle demeurant en lui »
- 1 Jean 3 : 15.
La première tragédie du monde fut causée par la
désobéissance à Dieu : celle de manger du fruit défendu. La génération
suivante vit l’image de Dieu si déformée déjà, qu’un meurtre fut commis. Alors
que la Bible nous enseigne que nos parents furent créés parfaits, à l’image du
Créateur, on pourrait se poser la question suivante : comment se fait-il
que de si nobles parents aient enfanté un fils ayant de si mauvaises dispositions
comme Caïn ?
Il ne faut pas cependant nous hâter de conclure que
Caïn était un homme affaibli, diminué ou déchu comme on pourrait le supposer.
Indubitablement, avec des parents aussi nobles, il a dû être un grand homme
sous bien des aspects. Mais il était marqué depuis sa naissance, comme nous
tous d’ailleurs, par l’égoïsme. Après la tragédie en Eden et l’expulsion du
paradis vers une terre inculte, nos premiers parents furent privés de l’accès
aux fruits sustentant la vie.
Ils commencèrent à travailler la terre à la sueur de
leurs fronts, se battant contre ronces et épines. C’est dans de telles
conditions que naquit Caïn. La période de sa gestation fut certainement une
période de profonde détresse mentale pour sa mère. Comme elle a dû regretter
son ancienne demeure, murmurant sur ses nouvelles conditions d’existence, se
souvenant du merveilleux jardin d’Eden, le convoitant encore égoïstement,
marquant ainsi, sans aucun doute son enfant avec le mécontentement et
l’égoïsme.
Puis avec le temps Abel naquit et petit à petit nos
premiers parents se réconcilièrent avec leur sort et s’accoutumèrent à leur
environnement. Nous pouvons supposer à juste titre qu’Abel naquit dans des
conditions plus favorables que Caïn. Nous ne voulons pas par cet argument
justifier le meurtre qui fut commis, mais disposer nos pensées pour essayer de
comprendre ce qui s’est passé, et prendre un point de vue de sympathie à
l’égard de Caïn, comme le fit notre Père Céleste.
On peut aussi remarquer que cette histoire est en
totale contradiction avec la théorie de l’évolution. Car si Adam avait été à un
degré quelconque au-dessus du singe, et inférieur au plus petit type d’homme
d’aujourd’hui, ses enfants se seraient trouvés sur le même degré que lui ou un petit
peu plus haut. Mais la Genèse nous montre les deux fils d’Adam animés d’esprits
droits, l’un cultivant la terre et l’autre éleveur et berger.
De plus ces deux hommes de noble caractère estimaient
comme un devoir et un privilège de remercier Dieu avec ce qu’ils avaient. Ils
n’adoraient pas des idoles ou le soleil, la lune ou les étoiles, mais le Dieu
vivant, le Créateur. Assurément, même les hommes de nos jours ne montrent pas
de telles dispositions intellectuelles. Et même après que Caïn soit devenu un
meurtrier, sa vénération pour le Tout-Puissant et la reconnaissance de son
crime, le montre non seulement plus haut que la création animale, mais bien
plus haut que beaucoup d’êtres humains aujourd’hui qui n’ont d’égard pour la
vie que par crainte d’être condamnés.
A quel moment précis se situe cette histoire, nous ne
pouvons le dire exactement, car le chapitre qui relate ces événements survole
certainement plusieurs centaines d’années. Le premier verset nous raconte la
naissance de Caïn, et le verset suivant nous le montre en homme adulte ayant un
frère adulte, tous les deux ayant très certainement une grande famille, quoique
ni l’un, ni l’autre, ni leurs enfants d’ailleurs, n’apparaissent dans la
généalogie d’Adam. Le troisième verset avec lequel notre étude commence,
suggère un intervalle de temps important après qu’Abel soit devenu berger et
Caïn cultivateur, nous lisons : « Au bout de quelque temps, Caïn
fit à l’Eternel une offrande des fruits de la terre ; et Abel de son côté,
en fit une des premiers-nés de son troupeau » - Genèse 4 : 3.
Rien, ni bon ni mauvais, n’est relaté quant à ces
deux hommes, Caïn et Abel, jusqu’au temps de cette histoire et de la
présentation de leurs offrandes respectives à Dieu. Sitôt après la
désobéissance de nos premiers parents, Dieu fit une promesse évoquant la
délivrance du péché et de la mort par la postérité de la femme. Et lorsque Dieu
substitua des vêtements de peau aux feuilles de figuier dont ils s’étaient
couvert, c’était pour montrer la nécessité d’un sacrifice d’une vie, montrant
de cette manière - « typiquement » - le grand sacrifice de « l’Agneau
de Dieu qui ôte le péché du monde ». Est-ce que ceci leur parla
clairement ou non ?
On peut penser que oui, et que dès lors des offrandes
furent faites à intervalles réguliers – peut-être chaque année, comme cela fut
ordonné par la suite sous la dispensation judaïque et aussi indiqué par les
offrandes de Caïn et d’Abel – Caïn offrant des fruits de la terre, une partie
de sa récolte et Abel un des premiers-nés de son troupeau.
Il était tout à fait naturel, et on peut dire convenable,
que chacun présentât à Dieu, une offrande de ce qu’ils avaient produit, et
l’acceptation de celle d’Abel et le rejet de celle de Caïn n’aurait pas dû être
considéré comme étant moindre par ce dernier, mais plutôt comme une leçon pour
apprendre, un moyen de la divine providence, montrant le genre d’offrande la
plus acceptable et agréable au Seigneur.
La raison de l’acceptation de l’offrande d’Abel
semble évidente : Dieu désirait que toutes les offrandes de ses
créatures, reconnaissent le péché originel et la nécessité d’une grande
offrande pour le péché, le sacrifice de la vie d’un Rédempteur. Ainsi
l’offrande d’Abel, le sacrifice d’une vie, était une figure appropriée
alors que celle de Caïn ne l’était pas. De cette manière, dès le début, Dieu
commença l’instruction sur laquelle l’Apôtre met l’accent à savoir que « sans
effusion de sang il n’y a point de rémission » - Hébreux 9 : 22.
Si
près de la perfection, le premier-né du parfait Adam, Caïn hérita sans aucun
doute d’un organisme humain pratiquement parfait sous tous les aspects, et
comparativement bien équilibré ; mais comme Adam lorsqu’il était parfait,
permit à l’amour pour sa femme de le conduire à la désobéissance à son Créateur,
de même Caïn, permit à une mauvaise appréciation des choses de pénétrer son
esprit, de le contrôler, pour finalement l’amener à son funeste geste, le
meurtre. Bien sûr, nous pouvons comprendre son affliction lorsque son offrande
ne fut pas acceptée par le Seigneur ; nous pouvons nous rendre compte de
sa surprise lorsque l’offrande de son plus jeune frère, un sacrifice sanglant,
fut agréée.
Mais
nous ici, grâce à l’Esprit saint que Dieu nous a donné, nous savons qu’il prit
le mauvais chemin en permettant à des sentiments d’envie et de colère de se
développer contre son frère, alors qu’au contraire, il aurait dû aller avec
supplication vers le Seigneur afin de savoir pourquoi son offrande n’était pas
acceptable. S’il avait agi ainsi, Dieu lui aurait sans aucun doute appris que
son désir de L’honorer et de Le servir était apprécié, mais qu’il y avait une
règle divine pour les hommes en ce qui concernait les sacrifices pour être
acceptables, c’était qu’ils devaient typifier la mort d’un Rédempteur, d’un Réconciliateur
pour le péché.
Ici nous pouvons remarquer de quelle manière subtile,
insidieuse, imperceptible le péché prend naissance. Qui parmi nous n’a pas eu
de telles expériences ? Nous ne pouvons que constater de semblables
analogies dans nos propres expériences et nous rendre compte où et quand les
mauvaises pensées ont pris le contrôle de notre esprit alors que les bonnes
pensées n’étaient plus entretenues.
Combien de fois aussi, avons-nous failli prendre la
mauvaise direction ! Mais dans ce domaine les Nouvelles Créatures en
Christ ont un grand avantage sur les autres hommes, aussi bien disposés qu’ils
soient. Car, comme l’explique l’Apôtre, en tant que Nouvelles Créatures nous
possédons l’esprit de « sobre bon sens », qui nous rend
capables de réfléchir calmement, sans passion, de prendre du recul, d’utiliser
nos propres expériences et celles des autres et nous conduire à nous tourner
vers le Seigneur pour la sagesse qui vient d’En-Haut afin de nous diriger dans
l’interprétation, la compréhension de nos expériences quotidiennes.
Celui qui cherche le Seigneur dans
toutes ses peines et désappointements, aussi bien que dans ses joies, apprend
de précieuses leçons, que Caïn n’avait pas encore apprises, et qu’il ne pouvait
apprendre, parce que personne n’était encore engendré du saint Esprit et
n’avait reçu le nouvel esprit de Christ. Ceci n’eut lieu que lorsque la
véritable réconciliation fut faite et qu’à la Pentecôte s’est manifestée
l’acceptation de cette réconciliation en notre faveur par notre Père Céleste.
En Genèse au chapitre 4 et au verset 5 il est
écrit : « Caïn fut très irrité ». La capacité à se mettre
en colère, le pouvoir d’être courroucé n’est pas le résultat de la chute ou la
preuve que Caïn était brutal. Car le Seigneur utilise les mêmes termes en
rapport avec son attitude d’esprit, déclarant par exemple en Psaume 7 :
11, qu’Il est courroucé pour certaines choses et « qu’Il s’irrite en
tout temps ». Beaucoup d’autres passages parlent également de la colère
de l’Eternel, que Dieu était irrité ou de son courroux. Le trait de caractère
qui pousse à la colère est la même force qui dirigée autrement manifeste
l’intensité de l’amour ; l’incapacité à être indigné pour une juste cause
impliquerait l’imperfection, une tare (un manque), comme l’incapacité à aimer
fortement impliquerait un semblable défaut de caractère. La perfection implique
une pleine capacité dans chaque domaine.
Une « tête » parfaitement formée, n’est pas
un cerveau ayant certaines capacités plus développées que d’autres, mais ayant
toutes ses facultés parfaitement formées. Avec une telle parfaite
organisation, toutes les facultés existent, les plus hautes facultés comme la
vénération pour Dieu, la spiritualité, la conscience, etc., étant sous contrôle
et indiquant quand la combativité et la destruction doivent ou non être utilisées.
C’est une erreur de croire qu’un être parfait serait
déficient sous le rapport de la combativité : au contraire, chaque
chrétien doit avoir cette qualité d’esprit, sinon comment pourrait-il être
vainqueur, ou combattre le bon combat ? Il est nécessaire que chaque
partie de notre tête soit parfaite, et que toutes soient sous le parfait
contrôle et la parfaite régulation de nos facultés de raisonnement.
Caïn n’était pas correctement exercé par ses expériences.
Il arriva un jour d’un air maussade, ruminant le fait que Dieu n’avait pas
reconnu son offrande et avait agréé celle d’Abel. Il était en colère – cela lui
semblait être une injustice de la part de Dieu : lui aussi avait été
fidèle et loyal dans son service autant qu’Abel dans le sien ! Est-ce que
Dieu lui préférait Abel ... et pour quelle raison ?
Cependant, Dieu ne le laissa pas à lui-même, mais
considérant son inexpérience et le fait qu’il n’avait personne qui puisse lui
donner un bon conseil, Il l’exhorta avec la question suivante : « Pourquoi
es-tu irrité, et pourquoi ton visage est-il abattu ? Certainement, si tu
agis bien, tu relèveras ton visage, et si tu agis mal, le péché se couche à la
porte » (Genèse 4 : 6, 7). Cette recommandation aurait dû être
suffisante. Caïn aurait dû s’adresser immédiatement à Dieu, et, apprenant la
volonté de Dieu et voulant Lui être agréable, il aurait dû préparer lui-même un
sacrifice en offrande à l’Eternel.
L’évidence qu’il n’agissait pas bien, qu’il n’était
pas agréable à Dieu dans son courroux et son air sombre, méritait une
réprimande ; et la suggestion que le péché était « couché à la
porte » – ou « accroupi à sa porte », aurait dû lui
faire penser au danger d’un faux-pas. Rien ne suggère une mauvaise condition
avant ce sacrifice, et le sacrifice lui-même n’était pas mauvais – c’était
uniquement de l’ignorance de sa part. Le mal s’instaura lorsqu’il s’irrita et
devint maussade au lieu de s’appliquer à apprendre les leçons de la divine
providence. Le péché était tapi à sa porte comme une bête féroce, prête à
bondir sur lui et le dévorer.
Et hélas pour lui, il ne prit pas garde à
l’avertissement de l’Eternel, et permit à l’ennemi embusqué, le péché, d’entrer
dans son cœur et faire de lui un meurtrier. C’est l’esprit de Satan qui entra
en lui, prenant la place de l’esprit ou disposition divine qui était en lui
auparavant. Ceci l’Apôtre nous l’annonce en disant « qu’il était du
malin » - c’est-à-dire partageant la même disposition que Satan, son
esprit. (1 Jean 3 : 12). Et comme Satan est meurtrier depuis le commencement,
ainsi son esprit dans Caïn fut un esprit de meurtre. - Jean 8 : 44.
Ici nous en venons au point essentiel de notre leçon
concernant la maison de la foi, et particulièrement la Nouvelle Créature. Nous
avons été engendrés du saint Esprit et avons maintenant « l’Esprit de
Christ » - (1 Corinthiens 2 : 16), nous avons l’esprit ou
disposition d’amour, de générosité, de bienveillance, pardonnant à nos
semblables, vénérant et obéissant à Dieu. C’est une disposition d’esprit
provenant de Dieu et de son Fils ; l’esprit opposé vient de l’adversaire.
Ces deux esprits ou dispositions sont si opposés que nous ne pouvons avoir les
deux en même temps – on ne peut pas servir Dieu et Mammon, Christ et Bélial.
Le Seigneur établit ses règles en cette matière en
termes plus forts encore, nous disant par le texte de base de notre exposé que
« Celui qui hait son frère est un meurtrier » et « qu’aucun
meurtrier n’a la vie éternelle demeurant en lui » - (1 Jean 3 :
15). Il affirme que l’esprit ou disposition de meurtre est l’esprit ou disposition
de l’adversaire, qui est le premier meurtrier. Si nous résistons au diable il
fuira loin de nous, mais si nous permettons à la colère et à un sentiment
d’amertume de prendre possession de notre esprit, l’adversaire viendra de plus
en plus près jusqu’à se coucher à la porte de notre cœur, prêt à bondir et à
s’emparer de nous à la moindre occasion favorable.
Caïn ne fut pas considéré comme ayant péché lorsqu’il
s’irrita contre son frère, mais son péché fut dans le résultat de son
irritation : le meurtre lui-même. Mais quant à nous, la situation est tout
à fait différente, car le Seigneur ne nous traite pas selon la chair mais selon
l’esprit, la volonté, l’intention. Notre chair est considérée comme
définitivement morte et nous sommes acceptés par Dieu simplement sur la base
de notre nouvel esprit, notre foi en Christ, et notre consécration à marcher
sur ses traces.
Pour de telles Nouvelles Créatures le meurtre est une
impossibilité. Celui qui a l’esprit du Seigneur, comment peut-il commettre un
meurtre ? Ce serait impossible de penser ou vouloir commettre un meurtre
sous n’importe quelle condition. Ceci montrerait une perte complète de l’esprit
du Seigneur.
C’est pourquoi le commandement pour la Nouvelle
Créature est tout à fait net et explicite : la haine est un meurtre. La
colère peut être suggérée à notre cerveau déchu, imparfait, mais l’esprit, la
volonté doit être si loyale à Dieu, et si bien instruite à faire sa volonté
qu’elle repoussera toute suggestion de cette nature comme la haine. La Nouvelle
Créature, la nouvelle volonté, les nouvelles intentions, ne peuvent pas délibérément
entretenir un sentiment de haine envers un frère – qui est un sentiment de
meurtre, opposé à Dieu.
L’Apôtre Paul, en Galates 5 : 19-23, mettant en
garde l’Eglise, affirme que les œuvres de la chair déchue et du diable sont
diamétralement opposées à celles de l’esprit du Seigneur qui opèrent en son peuple.
Cet esprit nous apporte les fruits de la douceur, de la mansuétude, de la
patience, la persévérance, l’affection fraternelle, l’amour, etc. ; alors
que l’esprit de la nature déchue, de l’adversaire, ceux de la colère, la
malice, l’envie, la haine, les querelles, la médisance, la calomnie.
Lorsque nous avons clairement ceci à l’esprit, nous
obtenons alors la conception correcte de ce qu’est l’esprit du Seigneur, opposé
à l’esprit de l’erreur, l’esprit de l’adversaire, la disposition au péché.
Celui qui a les yeux de la compréhension ainsi ouverts, essaie alors
promptement à s’opposer au péché sous toutes ses formes. Plus nous discernerons
le caractère de Dieu et les beautés de sa loi de justice et d’amour, plus nous
serons vigilants à nous opposer aux tendances dégradantes de la chair – plus
nous serons sur nos gardes, moins nous devrons vaincre de telles imperfections.
Nous lisons en Jacques au chapitre 1 et au verset 15
– « Puis la convoitise, lorsqu’elle a conçu, enfante le péché ; et
le péché, étant consommé, produit la mort ». Ceci nous montre le
caractère insidieux du péché ; en son début, il ne s’affiche pas
immédiatement et ouvertement sous son horrible aspect, mais commence par le
désir ; il est suggéré par une certaine forme d’égoïsme, soit la jalousie dans
le cas de Caïn, soit l’ambition dans le cas de Satan. Aux commencements de tels
petits désirs, insidieux, subtils, il n’y a aucune pensée de déloyauté à Dieu
ou de meurtre envers un frère.
C’est seulement lorsque ces désirs et envies égoïstes
ne sont plus repoussés, lorsqu’ils se sont développés peu à peu que, comme
l’Apôtre l’indique, ils conçoivent et se manifestent ouvertement et prennent
vie réellement. Bien que ceci prenne plus ou moins de temps selon la personne
et les circonstances, la finalité d’un désir qui a été conçu est de produire un
acte – avoir le désir, l’ambition, l’envie, aboutit à la réalisation, et cette
réalisation est toujours le péché. De tels péchés, entretenus constamment,
sans repentir, mènent certainement à la mort – la seconde mort.
Combien il est important alors, que nous veillions
minutieusement sur les désirs de nos cœurs, et nous souvenions que de nos
cœurs, de nos désirs, il ne provient pas uniquement de bonnes choses comme la
bienveillance, l’amour, la générosité qui conçoivent et produisent de bonnes
actions, des paroles bienveillantes et un comportement approprié – mais des
désirs du cœur proviennent aussi les ambitions mauvaises, égoïstes et envieuses
qui nous éloignent de plus en plus du Seigneur.
Après avoir averti Caïn que le péché était couché à
la porte de son cœur, l’Eternel ajouta : « et ses désirs se
portent vers toi : mais toi, domine sur lui » - (Genèse 3 :
17) ; ce qui signifie que Satan désirait s’emparer de Caïn, mais la
bonne attitude de ce dernier aurait été de résister au diable, de dominer sur
lui en gardant son cœur en accord avec Dieu, avec l’esprit de droiture, de
justice et d’amour.
Un autre exemple est celui de l’Apôtre Pierre. Nous
nous souvenons comment l’adversaire s’est emparé de lui pour le vanner comme le
froment, pour l’éliminer du groupe des disciples dont il était l’un des
caractères les plus forts. Nous savons tous comment l’adversaire fut près de
réussir avec Pierre et comment ce fut le cas avec Caïn. Pierre eut l’avantage
des prières de notre Seigneur, de sa présence, de ses enseignements, et dans
son cas bien qu’il fût vaincu pendant un certain temps, une victoire en
résulta.
N’est-ce pas la même chose pour tous les véritables
disciples du Seigneur ? Est-ce que Satan ne désire pas nous vaincre, nous
passer au crible – voulant nous empêcher d’être engrangés avec ceux qui resplendiront
bientôt comme le soleil dans le royaume de leur Père (Matthieu 13 :
43) ? Bien sûr que oui, et nos expériences aujourd’hui confirment les
Saints Ecrits, à savoir que nous vivons à une époque très critique, soumis à
des tentations particulières de l’adversaire.
Mais nous sommes aussi aidés d’une manière particulière
par le Seigneur à travers sa Parole, par nos frères et sœurs et les différents
moyens de secours auxquels le Seigneur a pourvu pour ce temps de moisson pour
tous ceux qui cherchent son assistance et qui veulent et sont heureux
d’accepter cette aide qui leur est offerte. Oui, nous vivons à une époque
particulière que les Ecritures désignent comme « l’heure de la
tentation », qui devait venir sur le monde entier pour éprouver les
habitants de la terre. - Apocalypse 3 : 10.
Les tentations et les épreuves sont
nécessaires ; sans elles nous ne pourrions manifester et perfectionner
notre caractère, et Dieu se propose d’unir seulement les plus que vainqueurs à
son Fils pour régner avec Lui. Au lieu de les considérer comme des marques de
la disgrâce divine elles devraient, au contraire, être considérées comme
l’évidence de la faveur divine – qu’Il nous considère dignes d’être de plus en
plus éprouvés ; qu’Il nous tient dans sa main en vue de notre
préparation, ciselage, polissage, nous rendant prêts à prendre place dans le
glorieux temple spirituel. Apprenons ainsi à nous réjouir dans la tribulation
comme nous pouvons le lire en 1 Thessaloniciens chapitre 3 et verset 3 –
« Afin que personne ne fût ébranlé au milieu des tribulations
présentes ; car vous savez vous-mêmes que nous sommes destinés à cela ».
« Réjouissez-vous, au contraire, de la part que
vous avez aux souffrances de Christ, afin que vous soyez aussi dans la joie et
dans l’allégresse lorsque sa gloire apparaîtra » - 1 Pierre
4 :13.
Travaillons avec crainte nous dit l’Apôtre Paul en
Hébreux au chapitre 4 et verset 1. Ainsi entre la joie et la crainte, entre
l’attention, la vigilance et la prière nous serons dans cette attitude qui nous
aidera à connaître et à faire la volonté de Dieu.
Pendant combien de temps Caïn rumina sur son trouble,
combien de temps considéra-t-il son mauvais désir, sa jalousie, avant de
concevoir et de commettre son meurtre, ceci ne nous est pas indiqué – mais il
est simplement déclaré le fait que
c’était son fruit amer. L’Eternel n’empêcha pas le meurtre mais traita généreusement
le meurtrier, en attirant son attention sur son acte par la question :
« Où est Abel, ton frère ? » comme si la question
impliquait l’ignorance de sa part.
Caïn a pu alors se demander jusqu’à quel point le
Tout-puissant, sait tout, voit tout, et c’est ainsi que son péché, le meurtre
en amena un autre, le mensonge et l’insolence ; Caïn répondit :
« Je ne sais pas ; suis-je le gardien de mon frère ? ».
Cette question se pose sans cesse, non seulement au sein des membres de la famille
naturelle d’Adam, mais également parmi la famille des frères en Christ, la
Nouvelle Création. Jusqu’à quel point sommes-nous le gardien de nos
frères ? Jusqu’où va notre responsabilité ?
Examinons tout d’abord le cas de la famille spirituelle :
ses membres sont déclarés comme étant attachés et tenus l’un à l’autre par les
liens de l’amour ; ils sont les membres du Corps de Christ, de sorte que
si l’un des membres souffre les autres souffrent également avec lui, et si un
membre est honoré tous les membres sont honorés (1 Corinthiens 12 : 26).
L’Apôtre Paul, nous montrant l’importance des différents membres du corps,
déclare que même le plus humble est nécessaire – que la main ne peut pas dire
au pied, je n’ai pas besoin de toi – et de même que dans notre corps naturel
nous prenons le plus grand soin de ces petits membres les moins agréables. De
même dans la famille spirituelle ceux qui sont les moins en vue ont besoin plus
que les autres de notre attention, de notre sympathie et de notre amour.
Le commandement nouveau que le Seigneur a donné à ses
disciples est : « Aimez- vous les uns les autres comme je vous ai
aimés ». Nous ne pouvons aimer le monde aussi profondément, aussi
intensément – il ne nous incombe pas de sacrifier nos propres intérêts pour le
monde ; mais ceci est une obligation pour ceux qui ont l’Esprit de Christ,
envers tous ceux de la maison de la foi, en sorte que, comme le fit notre
Seigneur, nous pouvons nous réjouir de donner notre vie pour les frères, les
servant en donnant notre temps, nos talents, en renonçant à nous-mêmes.
Conformément
à cette loi de notre Seigneur et les conditions pour être membres de son Corps,
nous devons être les gardiens de nos frères. Chacun a une responsabilité
envers les autres membres – non pas pour s’imposer comme s’ingérant dans les
affaires d’autrui, mais pour veiller sur ses intérêts, son bien-être, et pour
faire à ce frère tout ce que nous devrions faire pour lui – et encore plus que
cela : chacun devrait donner sa vie pour son frère, comme Christ a aimé son
Eglise et s’est donné pour elle.
Chacun
d’entre nous devrait réaliser que ceci est la loi divine gouvernant la Nouvelle
Création, et comprendre que seuls ceux qui vivent à la hauteur de cette loi
affermissent leur appel et leur élection. Si chaque membre adoptait une telle
attitude pour le service de l’un l’autre, un zèle ardent pour « garder son
frère », alors le Seigneur nous bénirait d’autant plus ! Prenons garde que
personne ne prenne notre couronne – que nous possédions l’esprit du Maître
envers nos frères et ainsi être estimés dignes de faire partie de la classe du
Royaume.
Quant
au monde : nous devons nous rappeler que bien qu’il y ait une différence
entre l’homme naturel et la Nouvelle Créature en Christ, néanmoins selon la
chair il y a une parenté que nous ne pouvons pas ignorer ou perdre de vue.
Toute la création gémissante est notre frère selon la chair, et a des droits
sur nous parce que le Seigneur nous a acceptés. Ils sont nos prochains et
selon la lettre de la Loi juive, le prochain doit être aimé comme soi-même –
ses intérêts doivent être préservés comme nous préservons nos propres intérêts.
Cette même question se pose au monde entier :
« Suis-je le gardien de mon frère ? » à laquelle on peut
répondre « oui, chacun devrait veiller aux intérêts, au bien-être des
autres, autant que des siens, et faisant ainsi ne serait pas disposé de passer
outre ou tromper son prochain, mais selon la règle d’or, de faire aux autres
ce qu’il voudrait que les autres fassent pour lui.
Cependant, on ne peut espérer que le monde, aveuglé
par l’égoïsme et consacrant toute son énergie de manière égoïste et ambitieuse,
apprécie les hautes exigences de la loi divine. Mais tous ceux qui sont de
Nouvelles Créatures en Christ l’apprécient certainement, et dans leurs rapports
avec le monde, ne cherchent pas seulement à être justes, mais bien plus – à
être pleins d’amour, généreux et bienveillants, ne cherchant pas à faire du
tort mais à bénir. Ainsi le peuple du Seigneur est un peuple particulier en ce
qu’il essaie de manière désintéressée à être le gardien de ses frères,
cherchant l’intérêt des autres comme s’il s’agissait du sien. Pas
nécessairement en déposant sa vie pour ses voisins, mais prêt à faire du bien à
tout homme selon que l’occasion se présente et particulièrement à ceux de la
maison de la foi. - Galates 6 : 10.
Figurativement parlant, l’Eternel déclara à Caïn que
le sang d’Abel criait vengeance de la terre jusqu’à Lui. C’était une façon de
dire à Caïn qu’Il était omniscient, connaissait toute chose, qu’Il savait que
son frère était mort de sa main. Au sens figuré, tout péché appelle le
châtiment sur celui qui fait le mal – c’est la voix de la justice.
Les paroles de l’Apôtre Paul nous disent que le sang
de Jésus parle mieux que celui d’Abel - (Hébreux 12 : 24). Ceci semble
impliquer qu’Abel était en quelque sorte un type de Christ en ce qu’il offrit
un sacrifice acceptable et qu’il fut tué pour cela. Mais la mort de notre
Seigneur, qui de la même manière fut mis à mort par ses frères et dont le sang
aurait dû crier contre eux et contre le monde entier, nous enseigne au
contraire, qu’au lieu d’appeler la vengeance, le sang de notre Seigneur fut
répandu en sacrifice en notre faveur, com-me expiation pour nos péchés ;
que son sang n’appelle pas la vengeance mais la miséricorde !
Quelle grâce, que notre cher Rédempteur n’en tienne
pas rigueur à ceux qui L’ont crucifié, mais que dans sa bonté Il désire imputer
son précieux sang non seulement à ceux qui L’ont mis à mort mais à tous les
pécheurs, pour les réconcilier avec Dieu grâce au sang de la croix – par sa
mort sur la croix.
La malédiction de Dieu était sur Caïn, le meurtrier –
la divine condamnation reposait sur lui ; il fut retranché de la communion
divine, dont il bénéficiait auparavant, et selon ses propres paroles ressentit
sa condamnation et son bannissement bien amèrement. Dans sa détresse il
s’écria : « Mon châtiment est trop grand pour être supporté !
… je serai caché loin de ta face » - montrant ainsi non seulement son
profond remord de conscience, ses regrets, mais aussi l’appréciation qu’il
avait de la faveur divine qu’il désirait re-trouver.
L’évidence de son repentir fut accepté par l’Eternel
qui miséricordieusement mit un signe sur Caïn afin que quiconque le trouverait,
ne le tua point, déclarant que tout transgresseur serait puni au septuple. De
cette façon, Dieu protégea le repentant : « Il ne brisera point le
roseau cassé et il n’éteindra point la mèche qui brûle encore » -
(Esaïe 42 : 3). Ce traitement si miséricordieux de Caïn, préfigure le
semblable traitement de toute l‘humanité dans le péché, lorsque les châtiments
auront apporté la repentance et que le bras de l’Eternel s’étendra pour leur
rétablissement.
Dieu déclare par l’Apôtre qu’aucun meurtrier n’a la
vie éternelle. Ceci signifie que celui qui a l’esprit de meurtre dans son cœur
est impropre à la vie éternelle, ne peut pas, selon l’arrangement divin,
bénéficier de cette grande faveur ou bénédiction – il doit mourir, parce
qu’impropre à la vie. Ceci ne veut pas dire qu’il n’y a plus d’espoir pour Caïn
dans le futur : nous ne savons pas jusqu’à quel point il s’est ensuite
repenti de son crime avant de mourir. Mais nous sommes certains, que lui,
comme toute l’humanité, ne recevra pas seulement une juste rétribution ou
punition pour ses péchés, mais obtiendra une mesure des bénédictions auxquelles
Dieu a pourvu grâce à notre cher Rédempteur, qui nous racheta par son précieux
sang.
En ce qui concerne les consacrés, les engendrés de
l’esprit, commettre délibérément, intentionnellement un meurtre au sens propre
du terme, signifierait indubitablement la seconde mort ; car ceci
démontrerait que l’esprit d’amour, l’esprit de Dieu, aurait complètement
disparu de leur cœur bien avant même qu’un tel acte soit commis.
Notre Seigneur s’adressant à l’Eglise, déclare que
celui qui hait son frère est un meurtrier au point de vue divin. Ceci peut se
manifester par la colère, l’envie, la jalousie, la malice, les querelles et
bien d’autres œuvres de la chair et du diable. Mais à cause des imperfections
de notre chair, personne ne peut et ne doit porter un jugement quelconque
contre son frère en ce domaine. Toutes les Nouvelles Créatures doivent mener
le bon combat contre leur propre chair et leurs imperfections. Le péché est
couché à la porte prêt à les dévorer.
Chacun doit développer les fruits et les grâces du
saint Esprit : la bienveillance, la bonté, la patience, l’amabilité
fraternelle, l’amour. Si nous n’agissons pas ainsi, si au contraire nous
manifestons un esprit de rancune, de colère, de haine et donc un esprit de
meurtre, nous perdrons le grand prix – le co-héritage dans le Royaume. Comme
l’Apôtre le déclare : « Craignons donc, tandis que la promesse
d’entrer dans son repos subsiste encore, qu’aucun de vous ne paraisse être venu
trop tard » (Hébreux 4 : 1). Craignons tout développement d’un
sentiment de haine, d’envie ou de malice envers un frère en Christ ou qui que
ce soit.
N’oublions pas que Caïn et Abel étaient frères mais
que Satan et le péché ont réussi à détruire ce lien et leur affection. Les
petits ruisseaux font les grandes rivières dit-on, de même les petits désirs
peuvent engendrer de grands préjudices si on n’y prend pas garde. Sachons
combattre énergiquement ces mauvaises tendances pour devenir de plus en plus
des copies de notre Père Céleste et de notre Seigneur Jésus. Soyons les
gardiens de nos frères et de nos sœurs.
De cette manière, nous partagerons à la fin de notre
course terrestre la gloire de notre Seigneur, dans son Royaume sur le point de
s’établir, pour bénir le monde entier.
« Et nous, nous avons connu l’amour que Dieu
a pour nous, et nous y avons cru. Dieu est amour ; et celui qui demeure
dans l’amour demeure en Dieu, et Dieu demeure en lui » - 1 Jean
4 : 16.
Fr. J. P.