LA GRANDEUR
COMME RECOMPENSE POUR LE SERVICE
Marc 10 : 32-45
« Car le
Fils de l’homme est venu, non pour être servi, mais pour servir et donner sa
vie comme la rançon de plusieurs. » - Marc 10 : 45.
C'était à la fin du ministère de
Jésus. Durant plus de trois ans, le Maître appelait et instruisait ses
disciples. Ils en étaient arrivés à Le reconnaître comme le Messie, l'héritier
de toutes les promesses de Dieu, Celui par qui le Royaume Messianique serait
instauré, ce Royaume qui allait bénir l'humanité entière – les morts comme les
vivants.
Le Maître les avait tout
particulièrement assurés que s'ils étaient fidèles, ils seraient assis avec Lui
sur son Trône. Toutefois, Il ne leur avait pas dit que son Royaume serait un
Royaume spirituel, et qu'ils devraient être changés, par la Première
Résurrection, avant de pouvoir y prendre part. Il ne les avait pas encore
éclairés sur le fait qu'un âge complet s'écoulerait, avant qu'ils ne puissent y
participer et que ce Royaume, en tant que tel, serait établi parmi les hommes.
Mais Il avait fait de petites allusions sur ces points. Il avait dit : « J’ai
encore beaucoup de choses à vous dire, mais vous ne pouvez pas les porter
maintenant. Quand le consolateur sera venu, l’Esprit de vérité, il vous conduira
dans toute la vérité ; car il ne parlera pas de lui-même, mais il dira
tout ce qu’il aura entendu, et il vous annoncera les choses à venir. »
Jésus commençait, cependant, à
révéler aux disciples une partie des informations qu'il leur fallait connaître
et apprécier, de peur qu'ils ne soient entièrement dépassés et découragés. Il
leur révéla qu'Il allait à Jérusalem et qu'en conséquence, Il serait livré aux
Gentils pour être crucifié. Pierre, toujours courageux, reçut cette fois-là une
sévère remontrance. Il entreprit de corriger le Maître en disant :
« Tu ne dis pas la vérité ; ces choses ne t'arriveront pas, et le
fait que tu nous dises ces choses ne va que nous décourager. Tu es, comme je
l'ai confessé, le grand Messie. Tu dois régner ; tu ne dois aucunement
être crucifié. Abandonne cette idée, cher Maître ; et laisse-nous
continuer à penser aux promesses glorieuses du Royaume, que tu vas bientôt
inaugurer et auquel nous participerons, comme disciples fidèles. »
Mais Jésus fit une remontrance à
Pierre, en disant : « Arrière de moi, Satan ! Tu m’es en
scandale ; car tes pensées ne sont pas les pensées de Dieu, mais celles
des hommes. »
Et maintenant, dans cette leçon,
durant ce même voyage, Jésus revint sur la question de la honte, des mauvais
traitements et de la mort, qu’Il subirait. Cette fois-ci, Il inclut
l'information relative à sa résurrection des morts, au troisième jour.
Toutefois, ce point était incompréhensible pour les disciples ; et ils se
dirent simplement en eux-mêmes : « Encore une parole obscure du
Maître qui semble si mystérieuse. Rappelez-vous ce qu'Il nous a dit en une
certaine occasion : 'si vous ne mangez la chair du Fils de l’homme, et
si vous ne buvez son sang, vous n’avez point la vie en vous-mêmes'. C'était
une parole obscure, et nous ne pouvions la comprendre. Mais nous nous y sommes
accrochés, bien que nous ne comprenions pas et que nous ne comprenons toujours
pas la signification de ces paroles. Voici encore une citation similaire :
le Maître se représente Lui-même comme recevant le traitement mérité par le
plus vil des criminels : la crucifixion. »
Ils ne pouvaient comprendre la
signification des paroles du Maître ; ces pensées semblaient tellement
différentes de celles auxquelles ils s’attendaient ! Comment pouvaient-ils
les recevoir ? Ce ne fut pas avant la Pentecôte qu'ils saisirent la pleine
ampleur de la situation ainsi que tout ce que Jésus leur avait dit. Alors, le
Saint Esprit commençait à éclairer l'arrangement divin, en vertu duquel, les
souffrances de toute l'Église doivent se produire en premier, avant que les
gloires du Royaume ne soient révélées et que les bénédictions ne commencent
pour le monde.
A la droite et
à la gauche
Un autre Évangile nous dit que
la mère de Jacques et de Jean vint avec eux et fit part de leur plaidoyer. Ils
croyaient que le temps de distribuer les honneurs du Royaume était très proche.
Ils voulaient accéder à des places proéminentes. Nous ne devons pas présumer
que ces deux chers disciples recherchaient les places les plus proches du
Maître, simplement pour une question d'ambition. Supposons plutôt qu'ils
aimaient le Seigneur très tendrement, et c'est pourquoi ils pensaient qu'ils
pouvaient apprécier mieux que quiconque une place près du Seigneur. En effet,
ils aimaient de toute évidence se trouver près du Maître dans ses heures de
souffrance et de profondes expériences ; et il leur a été donné d'être
plus proches que la majorité des Douze. A différentes occasions particulières,
le Seigneur prit avec Lui ces mêmes Jacques, Jean et Pierre. Ils étaient avec
Lui sur la montagne sainte, à la résurrection de la fille de Jaïrus et au
jardin de Gethsémané. Ils étaient des personnes d'un caractère glorieux, que le
Seigneur a profondément aimé.
Considérons avec attention les
paroles de Jésus. Il n'a pas dit : Mes chers disciples, il n'y aura pas de
Trône pour s’y asseoir. Mais au contraire, Il déclara que, alors il y aurait un
Trône et des places de préférence sur ce Trône, ces places ne seraient pas
octroyées par Lui-même, mais par le Père.
Le Père est le Représentant de
la Justice absolue, alors que Jésus est le Représentant de la miséricorde, de
la compassion, du pardon. Les places dans le Royaume Millénaire ne doivent pas
être accordées sur la base de la miséricorde ou du favoritisme, mais uniquement
sur la base de la qualité. Le Seigneur Jésus Lui-même aura la place la plus
élevée, parce qu'Il en est digne. « L’agneau qui a été immolé est digne de
recevoir la puissance, la richesse, la sagesse, la force, l’honneur, la gloire,
et la louange. » C’est ce que le Père Lui accorda, comme Il l’avait
promis. En vérité, Il a donné à notre Seigneur l'honneur et une grande gloire,
même si la gloire afférente au Royaume attend toujours que l’Église, le Corps
de Christ, soit complété par le changement de la Première Résurrection.
De quel Royaume
s'agit-il ?
Depuis des siècles, la confusion
prévaut parmi les chrétiens concernant le Royaume du Messie, dont Jésus et les
Apôtres parlaient si fréquemment, et qui est aussi mentionné dans le texte
servant de base à cette leçon (ll s’agit de Marc 10 : 32-45, trad.).
Initialement, il n'y avait pas de confusion, et il n'y en avait toujours pas
deux cents ans après Jésus. L’Église primitive comprenait très bien la promesse
stipulant que le Messie reviendrait une seconde fois, qu'Il recevrait l'Église
dans la gloire avec Lui, et qu'Il établirait le Royaume de la Puissance divine
pour dominer le monde et soumettre toutes choses à la volonté de Dieu. Ce
Royaume Messianique nécessitera mille ans pour accomplir sa mission. Mais, avec
le temps, se développa une théorie selon laquelle l’Église devait s’organiser
comme royaume du Messie et conquérir le monde avant la seconde venue de Jésus.
Ce point de vue non scriptural
changea tout le cours de l'histoire de l'église. Au lieu de continuer à prêcher
l'Évangile simplement, avec en vue l’appel et le perfectionnement du petit
nombre de saints, qui auraient une oreille pour entendre et un cœur sachant
apprécier, afin de les préparer en vue de l’honneur et de la gloire du Royaume,
la ligne de conduite changea. On s’efforça, par la suite, de saisir le pouvoir
civil. Et les intrigues commencèrent. De fausses revendications furent
formulées, et le désir d'obtenir le contrôle des rois et des nations, sur la
base de la superstition, grandissait. De plus, des persécutions eurent lieu et,
dans la mesure du possible, les dirigeants civils étaient enjôlés, menacés et
poussés à devenir les outils du culte ecclésiastique, dans le but d'établir une
domination mondiale de l'église.
Durant un temps, du fait de
l'inquisition, etc., cet état de choses prospéra. Mais dès 1799, toute pensée
de domination ecclésiastique de la terre fut abandonnée. Dans leur confusion,
beaucoup perdirent toute foi dans le Royaume Messianique, et peu nombreux sont
ceux qui s’y attendent à la seconde venue de Christ. Beaucoup de personnes,
perplexes, discutent d'un royaume spirituel opérant dans le cœur des croyants.
D'autres croient que le Royaume de Christ est actuel (écrit en juin 1914,
trad.) représenté dans les grands gouvernements du monde. Toutefois, ceux-là
sont embarrassés et confus quand on leur demande si c’est dans le but de
détruire certaines portions du Royaume du Messie que d’autres portions, du même
Royaume, construisent des cuirassés.
Pour la majorité des chrétiens,
l'enseignement de la Bible semble être considéré comme inconsistant et
illogique. Autrement, ils verraient que Jacques, Jean et les autres Apôtres ne
pouvaient pas s'asseoir sur douze trônes sans qu'il n'y ait un Royaume en
exercice. Ils verraient aussi que le Royaume doit être futur, en harmonie avec
la prière du Seigneur : « Que Ton règne (le mot anglais est ici ‘kingdom’,
signifiant ’royaume’ ; la Bible Chouraqui indique aussi ‘royaume’ en
Matthieu 6 : 10, trad.) vienne, que Ta volonté soit faite sur la terre,
comme au ciel. » Ce que nous devons faire, c'est cesser de se
servir de la Parole de Dieu pour tromper. Nous devons apprendre à lire notre
Bible avec révérence, et la comprendre en comparant les différents versets
bibliques. Ceux qui étudient la Bible, et qui font ainsi, sont grandement bénis
et perçoivent que le Royaume du Messie n'est pas seulement futur, mais qu'il
est aussi apparemment proche, à la porte.
« Le
pouvez-vous ? » - « Ma coupe, mon baptême »
A ces deux chers disciples qui
demandaient des places particulièrement proches du Maître dans le Royaume,
Jésus fit savoir que toute place dans le Royaume nécessitait l'accomplissement
de certaines conditions. Il ne suffisait pas d’avoir été appelé à un certain service.
Il ne suffisait pas d’avoir tout
abandonné pour suivre le Seigneur, d’avoir été avec Lui et d’avoir
entendu ses enseignements et les avoir reconnus comme vrais, dans la mesure où
ils pouvaient les comprendre. Il fallait quelque chose de plus, sans quoi ils
ne pourraient aucunement entrer dans le Royaume.
Ces conditions, le Maître les
mentionna en déclarant : « Pouvez-vous boire la coupe que je dois
boire, et être baptisés du baptême duquel je suis baptisé ? » Que
voulait-Il dire ? Voulait-Il dire : Seraient-ils capables ou désireux
de manger le souper de Pâque, et là, de prendre part au pain sans levain et
boire de la coupe commémorative, ce qu'Il instituerait ? Ils avaient déjà
baptisé beaucoup de personnes. Jésus voulait-Il dire qu’elles devaient être
baptisées à nouveau dans l'eau ? Que voulaient dire ces paroles : ma
coupe, mon baptême ?
Nous répondons que la
« coupe » de Jésus était celle à laquelle Il faisait référence
ailleurs, en disant : « Ne boirai-je pas la coupe que le Père m’a
donnée à boire ? » Dans le Plan divin, Dieu avait déjà signalé
que quiconque sera de ce grand Messie et recevra la gloire, l'honneur et la
puissance du Royaume Messianique pour la bénédiction du monde, une telle
personne devra démontrer qu'elle est digne de cet honneur et de cette gloire.
Dans le cas de Jésus Lui-même, la coupe représentait toutes ces expériences
d'ignominie et de honte, dont la crucifixion, qu'Il subit durant les trois
années et demie de son ministère terrestre et qu'Il accomplit pleinement au Calvaire,
où Il s’écria : « Tout est accompli. »
Concernant cette coupe, le
Maître dit à ses disciples : « Buvez-en tous ». En
d'autres mots, quiconque sera victorieux comme disciple de Christ, en parvenant
au cohéritage avec le Maître dans la gloire, l'honneur et la puissance de son
Royaume, celui-là doit avant tout démontrer sa loyauté et sa fidélité en ce qui
concerne le fait de souffrir avec le Maître. Il doit aussi démontrer son amour,
sa loyauté et sa fidélité jusqu'à la mort, en marchant sur les traces de Jésus.
Le Maître ne se référait pas au
baptême dans l‘eau, mais à son baptême dans la mort, duquel Il parla quelques
jours plus tard en disant : « Il est un baptême dont je dois être
baptisé, et combien il me tarde qu’il soit accompli ! » Le
baptême du Maître au début de son ministère était simplement un symbole, ou une
image du baptême réel. Sa descente dans l'eau, son immersion (ensevelissement,
d’après le mot anglais ’burial’) dans cette eau et son relèvement
représentaient symboliquement sa descente dans la mort et sa résurrection. Son
réel baptême dans la mort progressa durant trois ans et demi, du Jourdain au
Calvaire ; et lorsqu'Il dit, sur la croix : « Tout est
accompli », Il voulait dire que son baptême dans la mort était
accompli. Il fut relevé de ce baptême dans la mort le troisième jour, par la
Puissance du Père et à sa droite, position qu'Il occupe, à jamais.
Tel était le baptême du Maître.
Cela signifiait un renoncement total à tous les droits terrestres. Et
maintenant, Il demandait à ces chers disciples si, oui ou non, ils étaient
prêts, capables ou désireux de Le suivre jusqu’au point de participer à sa
coupe d'ignominie et à son baptême dans la mort. Ce n'est qu'en Le suivant
fidèlement de cette manière qu'ils pouvaient espérer une participation
quelconque dans son Royaume. Le même principe s’applique à tous les disciples
de Jésus. Il appartient, à chacun de nous, de décider si nous allons boire de
sa coupe ou non, si nous allons ou non prendre part à son baptême dans la mort.
Seuls les humbles, ceux qui se sacrifient eux-mêmes, seront en mesure ou
désireux d'endurer une telle expérience.
Appliquons maintenant ces
pensées aux points de vue incorrects sur le Royaume, si fréquemment exprimés.
Comment ces sentiments pourraient-ils s’appliquer à un quelconque Royaume de
Dieu présent dans le cœur, ou comment pourraient-ils s'appliquer aux différents
royaumes de la terre ? Est-il nécessaire pour les rois de la terre de
prendre part à l'ignominie de Christ et au sacrifice jusqu'à la mort, par la
consécration, avant de pouvoir régner ? Ou, en appliquant la chose aux
systèmes d’église du temps présent, comme le font certains, est-ce que c'est au
travers de grandes difficultés que l’on peut devenir membre des institutions
terrestres appelées l’Église de Christ ? Faut-il du renoncement à soi pour
y arriver ? Tous leurs membres sont-ils ensevelis avec Christ dans le
baptême - en sa mort ? Prennent-ils tous part à la coupe de ses
souffrances ? Certainement pas ! Seul un point de vue juste sur le
Royaume permet d'harmoniser ces différentes affirmations. Nous devons voir que
le Royaume est la Perle de grand prix. Pour l'obtenir, tout le reste doit être
sacrifié. - Matthieu 13 : 46.
« Nous le
pouvons » - « Il est vrai que vous boirez ma coupe »
Dans l'autre récit de cet
incident, les disciples répondirent qu'ils pouvaient, ou plutôt qu'ils
voulaient prendre part à la coupe et au baptême du Maître. Bien entendu, ils ne
savaient pas clairement tout ce que cela signifiait ; mais ils étaient en
mesure, ou désireux, ou prêts, de faire tout ce que le Maître demanderait. Il
doit en être ainsi de tous ceux qui, comme ces fidèles Apôtres, seront
vainqueurs et auront part avec le Rédempteur à la gloire, à l'immortalité et à
l'honneur promis à la classe du Royaume, la classe de l’Épouse.
Dans ce récit, il est montré que
Jésus répond : « Il est vrai que vous boirez la coupe que je dois
boire, et que vous serez baptisés du baptême dont je dois être baptisé ».
Cela revient à dire que la bonne volonté de la part de tous était ce que le
Seigneur pouvait raisonnablement exiger de ses disciples. Nous n'avons pas la
puissance qu'Il possédait ; nous sommes pécheurs par nature. Il était « saint,
innocent, sans tache, séparé des pécheurs ». C'est pourquoi, nous ne
pouvons que vouloir faire le bien. Et il faut absolument que le Seigneur nous
prenne sous sa protection et nous conduise à son école, celle de l'affliction
et de l'expérience, pour nous donner les leçons nécessaires afin d’éprouver,
jusqu'à la mort, notre loyauté et notre fidélité. Comme il est agréable de
savoir qu'à cause de nos faiblesses, comme membres de la race déchue, nous ne
pourrions pas tout faire nous-mêmes, mais que Dieu a pourvu, pour nous, au
Sauveur qu'Il a désigné. Nos imperfections sont considérées comme étant imputées
au Rédempteur, alors que ses perfections sont considérées comme nous étant
imputées. De là, ce n'est que par Lui que nous pouvons espérer obtenir le
Royaume, la gloire, l'honneur et l'immortalité.
Le serviteur
principal – ayant le plus d'honneur
Les autres Apôtres furent
indignés du fait que Jacques et Jean eussent fait une telle demande. Toutefois,
cet incident donna à Jésus l'opportunité de mettre à plat les règles à
appliquer en rapport avec la grandeur du Royaume Messianique. Celui qui servira
le plus les autres démontrera ainsi à Dieu qu'il est davantage adapté à une
place plus élevée. Cela diffère, comme Jésus l'indique, du cours ordinaire des
choses, où la domination est exercée selon certaines règles arbitraires.
La règle du Royaume sera que celui
qui sert le plus aura le plus d'honneur. Ainsi, Jésus Lui-même est, de manière
évidente, le serviteur de tous. Sa position est la plus élevée du Royaume, par
désignation divine. Et les autres auront une place auprès de Lui en fonction de
leur possession de son esprit d'amour, de service, d'obéissance et de loyauté.
WT1914 p5483