« VOICI MON SERVITEUR »
« Voici mon serviteur, que je
soutiendrai, mon élu, en qui mon âme prend plaisir. » - Esaïe 42 : 1.
Le prophète Esaïe
parle, dans la deuxième partie de son livre (tout le chapitre 40), d'un
serviteur de Dieu, dans lequel nous reconnaissons facilement l'Oint de
l'Éternel, le Christ. Il ne s'agit pas seulement de Jésus, la Tête, mais aussi
des élus qui constituent son Corps et qui ensemble, poursuivent son œuvre. Ils
ont à témoigner du seul vrai Dieu, dont « la grâce et la vérité » ont
été révélées au monde par son fils Jésus (v. Jean 1 : 17), alors que le
peuple d'Israël ne Le connaissait que comme la « justice » et le Juge
sévère de toute désobéissance à la Loi.
« Voici mon serviteur que je soutiendrai, mon élu, en
qui mon âme prend plaisir. J'ai mis mon esprit sur lui ; il annoncera la
justice aux nations. » (Esaïe 42 : 1). Le Seigneur n'a « été envoyé qu'aux brebis perdues d'Israël » (Matthieu
15 : 24) ; cependant ce « serviteur » doit également annoncer
la justice aux nations, Il leur est aussi envoyé. Seule l'Église, seul le
Christ, accomplit cette partie de la mission, attribuée au « serviteur de
Jéhovah ».
Ainsi, dans la
description qu'Esaïe nous donne de ce serviteur, nous pouvons voir qu'il s'agit
de l'Église, des membres du Christ. Dans la même optique, nous allons étudier
en détail le chapitre 49 d'Esaïe, pour en savoir plus sur le caractère et le
rôle de la véritable Église de Christ, l'assemblée ointe du Saint Esprit, la
servante de Dieu sur terre.
« Iles,
écoutez-moi ! Peuples lointains, soyez attentifs ! » (Esaïe
49 : 1). Il ressort de cette introduction que ces paroles divines, ne
s'adressent pas au peuple d'Israël selon la chair, mais à d'autres hommes plus
éloignés. Les « îles »
désignent les pays de la Méditerranée, en particulier la Grèce, mais aussi
l'Italie, la Sicile et tout le monde occidental. Et l'expression « peuples lointains » englobe
tout le monde encore inconnu.
« L’Éternel m'a appelé dès ma naissance. Il m'a nommé
dès ma sortie des entrailles maternelles » (fin verset 1).
C'est l'assemblée des
appelés qui parlent ici ; ceux qui étaient prévus dans le plan de Dieu,
avant la fondation du monde ; élus pour un service particulier dans
l'œuvre du Tout-Puissant ; élus pour un honneur et une gloire particuliers ;
élus pour être « ses enfants
d'adoption par Jésus-Christ, selon le bon plaisir de sa volonté, à la louange
de la gloire de sa grâce. » - Éphésiens 1 : 4-6.
Cette assemblée
choisie ne vient pas en son propre nom, ni par une décision personnelle ;
elle obéit à l'appel de Dieu. Mais, parce qu'elle croit en Lui et à cause de la
décision bénie et « ointe » du Très-Haut, l'appel du Tout-Puissant
devient pour elle une obligation. La mission que Dieu lui a donnée, procure
l'honneur, mais c'est aussi une contrainte, un devoir plein de responsabilités ;
elle demande de renoncer à soi, l'obéissance et la fidélité, de l'abnégation. « Ainsi donc, quiconque d'entre vous ne
renonce pas à tout ce qu'il possède, ne peut être mon disciple »
explique Jésus en Luc 14 : 33.
L'appel de Dieu entraîne
des devoirs, des responsabilités, face à son propre salut. L'appelé subit donc
une certaine contrainte. Il ne peut pas se soustraire à l'appel ; sa foi,
son amour, son sentiment de responsabilité ne lui permettent pas de renoncer au
précieux droit d'être parmi les premiers-nés, en échange du malheureux plat de
lentilles que constituent les avantages terrestres – comme l'a fait Ésaü. C'est
ainsi qu'il faut comprendre les paroles de Paul : « Malheur à moi, si je n'annonce pas l'Évangile ! Et si
j'annonce l'Évangile, ce n'est pas pour moi un sujet de gloire, car la
nécessité m'en est imposée. » (1 Corinthiens 9 : 16). C'est
pourquoi le monde en général n'envie pas leur mission aux prophètes et aux
appelés de Dieu ; il se fâche plutôt contre eux.
« Il a rendu ma
bouche semblable à un glaive tranchant, il m'a couvert de l'ombre de sa main,
il a fait de moi une flèche aiguë, il m'a caché dans son carquois. » - Esaïe 49 : 2.
Quand ce serviteur de
la Parole de Dieu s'exprime, son action est comme une épée à deux tranchants
aiguisés (Hébreux 4 : 12), elle provoque un effet démesuré auquel personne
n'échappe, qui sonde les cœurs et indique à chacun la direction à prendre :
soit vers Dieu, soit loin de Dieu ! Mais, en même temps, cette action est
cachée, le monde ne peut ni la comprendre, ni la contrôler. C'est pourquoi il
est dit : « Il m'a caché dans
son carquois, il m'a couvert de l'ombre de sa main ». L'action de
l'Église est cachée ainsi que les personnes concernées, c'est-à-dire les
messagers de cette action. Dans quelle mesure ? Le monde n'a aucune
considération pour l'Église ; insignifiants à tous points de vue, les
appelés de l'âge de l'Évangile sont des gens du commun : « Dieu a choisi ce qui n'est rien
(aux yeux du monde) ». Le monde
n'y croit pas, parce qu'il cherche l'Église partout, sauf là où elle se trouve.
Elle avance en secret, c'est ce qui la protège ; le Père Céleste, dans sa
grande sagesse, étend sa main sur elle. Pourtant, elle est remarquablement
efficace, une épée tranchante, une flèche aiguë, qui vise juste et atteint sa
cible.
« Et il m'a dit :
tu es mon serviteur, Israël, en qui je me glorifierai. » - Esaïe 49 : 3.
Cette glorification
appartient à l'avenir, elle n'interviendra pas avant « la révélation des fils de Dieu ». (Romains 8 : 19 ;
Colossiens 3 : 4).
« Et moi, j'ai
dit : c'est en vain que j'ai travaillé, c'est pour le vide et le néant que
j'ai consumé ma force. » - Esaïe 49 : 4.
Souvent, l'Église a
l'impression d'être impuissante. Comment pourrait-il en être autrement ?
Elle n'a pas à convertir le monde, son rôle est de faire briller la lumière, de
répandre la vérité et de la défendre ; de conquérir la cause de la vérité
et de la gagner. Le représentant de la vérité ne doit utiliser ni la moindre
contrainte, ni la moindre pression. Il ne doit proférer aucune menace de
condamnation, aucun jugement de valeur ; il n'a pas à prononcer de sermon
intimidant, à faire craindre la colère du Tout-Puissant aux incroyants. De
telles proclamations agissent (apparemment) peu sur les gens. Celui qui veut
remuer les foules, doit se munir des armes spirituelles de l'intimidation et
des menaces de la loi. Jésus, Lui non plus, n'a pas parlé de cette façon. « Ne voulez-vous pas aussi vous en
aller ? » demande-t-Il à ses disciples (Jean 6 : 67). Pas
même contre le traître Judas, Il n'a proféré de menaces. Cela n'aurait
d'ailleurs pas de sens : le Tout-Puissant ne veut imposer à personne sa
grâce et les privilèges les plus élevés.
« Mais mon droit
est auprès de l'Éternel et ma récompense auprès de mon Dieu » - Esaïe 49 : 4.
Malgré ses faibles
succès apparents, l'Église de Christ sait que Dieu ne sous-estime pas ses efforts
et qu’Il ne mesure et n'évalue pas ses effets d'après l'échelle humaine.
« Maintenant
l'Éternel parle, lui qui m'a formé dès ma naissance pour être son serviteur,
pour ramener à lui Jacob et Israël encore dispersé ; car je suis honoré
aux yeux de l'Éternel et mon Dieu est ma force. Il dit : c'est peu que tu
sois mon serviteur pour relever les tribus de Jacob et pour ramener les restes
d'Israël : je t'établis pour être la lumière des nations, pour porter mon
salut jusqu'aux extrémités de la terre » - Esaïe 49 : 5, 6.
Dans ces versets, nous
apprenons quelque chose de nouveau à propos de l'Église. Il est clair que le
mot « Israël » est employé
ici dans un double sens : d'une part, il décrit le peuple charnel, rebelle
sous l'alliance avec Dieu ; d'autre part, c'est le nom du véritable « Israël », dans lequel nous
reconnaissons le peuple antitypique de l'alliance avec Dieu, l'Église de l'âge
de l'Évangile. Ce « serviteur » a donc été formé pour « ramener Jacob » et « pour relever les tribus de Jacob et
pour ramener les restes d'Israël ».
D'autres citations de
la Bible nous disent que le Créateur envisage d'exciter la jalousie de son
peuple infidèle, car il donnera à un autre peuple la bénédiction de la première
résurrection, les avantages qui s'y rapportent et qui étaient prévus pour
Israël. Ce n'est pas uniquement pour le punir, mais plutôt pour que ce peuple
envisage de rentrer dans les bonnes grâces de Dieu.
C'est par amour pour
son peuple choisi infidèle, que Dieu voulait agir ainsi. Nous lisons dans le
cantique de Moïse : « Ils ont
excité ma jalousie par ce qui n'est point Dieu, ils m'ont irrité par leurs
vaines idoles. Et moi, j'exciterai leur jalousie par ce qui n'est point un
peuple, je les irriterai par une nation insensée. » (Deutéronome 32 :
21). En Romains 10 : 19, l'apôtre Paul rappelle ce passage des Écritures
et enchaîne avec Esaïe 65 : 1 : « J'ai
été trouvé par ceux qui ne me cherchaient pas, je me suis manifesté à ceux qui
ne me demandaient pas », où il est fait allusion au transfert de la
grâce et des bénédictions de Dieu aux appelés de toutes les nations.
Nous voyons donc un
des buts que Dieu voulait atteindre grâce à l'Église : récupérer son
peuple. Les Juifs n'auraient-ils pas dû être honteux d'apprendre que les
nations honoraient leur Dieu de l'alliance, Jéhovah, qu'ils Lui rendaient grâce
et s'appropriaient les promesses qui réjouissaient les Israélites autrefois ?
N'auraient-ils pas dû
être attentifs, lorsqu'il fut prêché à travers le monde, que le seul vrai Dieu
était le Dieu d'Israël ; lorsque des gens de toutes confessions et de
toutes nations adoptèrent les pères d'Israël comme leurs pères spirituels :
Abraham, Isaac et Jacob ; lorsque ces étrangers reconnurent comme sainte
révélation de Dieu les écrits de l'Ancien Testament ; lorsque ces gens
admirent comme Écritures Saintes et enseignements de Dieu, Moïse, la Loi et les
Prophètes ? Ces évènements étranges n'auraient-ils pas dû déconcerter
Israël ?
« Les nations
s'approprient nos biens spirituels nationaux » - devraient se dire les
Juifs - « nous, le peuple de l'alliance, on nous refuse, comme à des
exclus, ces bénédictions spirituelles ». Toujours est-il que l'apôtre Paul
a considéré de son devoir d'exciter la jalousie d’Israël. Il a dit : « En tant que je suis apôtre des
païens, je glorifie mon ministère afin, s'il est possible, d'exciter la
jalousie de ceux de ma race et d'en sauver quelques-uns. » - Romains
11 : 13, 14.
C'est par l'appel de
l'Église de Christ que le Très-Haut voulait produire cet effet. Il ne voulait
pas encore renoncer à Israël. Paul reprend le verset : « J'ai tendu mes mains tout le jour
vers un peuple rebelle et contredisant » (Esaïe 65 : 2 ;
Romains 10 : 21), car apparemment Dieu n'a pas cessé, pendant tout l'âge
de l'Évangile, d'exercer une influence pressante sur Israël, pour provoquer sa
repentance.
Mais le serviteur de
Dieu doit constater avec tristesse que « Israël n'a pas été
rassemblé ». La jalousie ne s'est pas réveillée chez ce peuple incroyant,
il n'a pas réfléchi devant le surprenant changement de procédé du Créateur
vis-à-vis de Lui. Il est resté indifférent. Les objectifs de Dieu pour
l'Église, de ce point de vue, n'ont pas été atteints – comme Il l'avait
sûrement prévu. A cause de son attitude, Israël est devenu le symbole de
l'endurcissement.
Cet échec ne provoqua
ni reproche, ni déshonneur pour l'Église : « Car je suis honoré aux yeux de l'Éternel et mon
Dieu est ma force » (Esaïe 49 : 5). Car cette Église a encore
un autre rôle à jouer : « Je
t'établis pour être la lumière des nations, pour porter mon salut jusqu'aux
extrémités de la terre. » Et cette mission de l'Église a été
accomplie. Elle a annoncé à toutes les nations, dans toutes les langues, le nom
du Dieu vivant et la résurrection par Jésus-Christ. Elle est devenue la « lumière du monde » et le « sel de la terre ».
« Ainsi parle
l'Éternel, le Rédempteur, le Saint d'Israël, à celui qu'on méprise, qui est en
horreur au peuple, à l'esclave des puissants ; des rois le verront, et ils
se lèveront, des princes, et ils se prosterneront, à cause de l'Éternel, qui
est fidèle, du Saint d'Israël, qui t'a choisi » - Esaïe 49 : 7.
Ici nous apprenons que
ce serviteur de Dieu est « celui
qu'on méprise » durant tout l'âge de l'Évangile. Mais ce mépris est en
opposition avec les honneurs prévus pour le futur. Les rois et les princes se prosterneront
avec vénération « à cause de
l'Éternel », parce que telle est sa volonté ; l'Éternel veut
ainsi dédommager l'Église de ce mépris qui a été son lot pendant tout l'âge de
l'Évangile.
Quel est ce mépris ?
Ces rois et ces princes n'étaient-ils pas les représentants de l'Église, les
plus honorés et les plus influents de la Chrétienté – et ne le sont-ils pas
encore de nos jours ? Sans aucun doute ; certains d'entre eux prirent
rang de prince et appartenaient à la haute sphère de la société humaine.
Pourraient-ils être le serviteur de Dieu décrit ici ? En aucun cas, car
leur caractère est diamétralement opposé à celui décrit dans la Parole de Dieu.
Le
« serviteur » dont il est question dans les Écritures est méprisé,
oui, il est détesté, il est « l'esclave
des puissants », c'est-à-dire qu'il n'a aucun rôle important à jouer
ici, sur terre. Il doit être humble et docile, sous l'autorité supérieure.
Ainsi, une église dominante n'est pas l'Église de Christ, une église qui étale
sa puissance, qui exerce la violence ne peut pas être « l'esclave des puissants » décrite ici.
« Ainsi parle
l'Éternel : au temps de la grâce je t'exaucerai, et au jour du salut je te
secourrai ; je te garderai, et je t'établirai pour traiter alliance avec
le peuple, pour relever le pays, et pour distribuer les héritages désolés ;
pour dire aux captifs : sortez ! Et à ceux qui sont dans les ténèbres :
paraissez ! Ils paîtront sur les chemins, et ils trouveront des pâturages
sur tous les coteaux. Ils n'auront pas faim et ils n'auront pas soif ; le
mirage et le soleil ne les feront point souffrir ; car celui qui a pitié
d'eux sera leur guide, et il les conduira vers des sources d'eaux. » - Esaïe 49 : 8-10.
Paul cite la première
partie du verset 8 et ajoute en 2 Corinthiens 6 : 2 : « Voici maintenant le temps favorable,
voici maintenant le jour du salut », ce qui confirme nos explications
sur l'Église de l’âge de l'Évangile.
L'expression « temps favorable » contient
clairement l'idée qu'il s'agit d'une période, pendant laquelle les membres de
l'Église sont appelés sous l'autorité de Dieu. Ni avant, ni après l'âge de
l'Évangile, il n'y a la possibilité d'être admis comme membre du Corps de
Christ, de l'Église.
Cet appel place le
croyant dans une situation bien particulière dans ce monde : « Vous êtes dans le monde, mais non du
monde ». Il ne se sent plus du monde dans lequel il vit et dont il est
pourtant dépendant sur le plan physique. Cette situation - du point de vue
humain - est très difficile, voire impossible à vivre. Jésus ne dit pas pour
rien : « Sans moi, vous ne
pouvez rien faire (ou réussir) ».
De même que les Juifs n'auraient pas pu sortir de « l'immense et terrible
désert » sans l'aide de Dieu, de même les membres de l'Église ne peuvent
traverser la vie sans la protection particulière et l'intervention de Dieu. Il
garantit cette protection indispensable et cette aide à son peuple spirituel,
dans la mesure où ce « serviteur » Lui demande son aide et se
souvient constamment qu'il en a besoin.
Comme le peuple
d'Israël dans le désert avait à traverser de rudes épreuves, de même en est-il
de l'Église de cet âge, dans un monde où elle est étrangère. Elle n'a pas à
réformer, améliorer ou soutenir ce monde ; elle doit concentrer ses
efforts sur elle-même, pour réussir à l'école du Très-Haut et pour se préparer
à son futur service. Elle n'a pas à se montrer, mais à vivre dans la foi. Non
pas maintenant, mais dans l'avenir, elle aura à exercer ses fonctions sur le
monde, lorsqu'elle aura les qualités requises « pour relever le pays et distribuer les héritages désolés ».
Ceux qui puisent leurs
connaissances théologiques dans leur propre imagination ou dans la sagesse du
monde et non dans la Parole de Dieu, se fâchent devant cette interprétation de
la mission de l'Église. Ils parlent de l'égoïsme raffiné des fidèles, de leur
singularité, de leur enseignement mystique, de leur préoccupation d'eux-mêmes
et ne savent pas combien ils sont ignorants ; ils ne savent pas qu'ils ne
connaissent que des voies mille fois parcourues et qui ne mènent nulle part.
Mais, ils ne connaissent pas non plus le monde terrestre, car ils sauraient que
personne ne peut accomplir une grande mission, s'il n'a pas d'abord été formé à
cette fonction. Et durant les études, personne ne doit utiliser des compétences
qu'il n'a pas encore. Les disciples du Seigneur sont actuellement dans cette
période.
Les appelés n'auront
pas la permission d'exercer leur haute fonction avant le temps du Royaume. Leur
mission consiste à rétablir un monde détruit par une population ignorant Dieu
et à organiser une nouvelle répartition des biens et un nouvel ordre social. Il
leur faudra aussi instruire, éduquer l'humanité ignorante - et réveiller ceux
qui dorment dans la tombe, les « prisonniers » de la mort. Car le
rôle du Christ, Tête et Corps, sera d'être le Médiateur de la Nouvelle Alliance
entre Dieu et les rachetés, l'humanité réveillée à la vie nouvelle ; Il aura
l'honneur de rendre possible le droit à la vie rétablie de l'humanité rachetée
par le sang de Christ.
Tout ce qu'aura le « serviteur de Dieu » à
distribuer, ce sont des « héritages
désolés ». Lors de l'instauration du Royaume, il ne semble pas
qu'existera l'abondance et le bonheur. La nouvelle terre sortira
progressivement des ruines de l'ancienne, et au début, les traces des terribles
destructions seront encore visibles et contraignantes. Le monde doit d'abord
devenir pauvre, avant de devenir réellement riche. « Ils trouveront des pâturages sur tous les coteaux et ils paîtront
sur les chemins », où il est
connu que seuls les plus pauvres font paître leur bêtes. Cela montre des
conditions encore difficiles. Mais il est certain qu'ils « n'auront pas faim et ils n'auront pas soif ».
Le nouveau monde ne
commencera pas dans l'abondance et le luxe, mais les bénédictions de Dieu
seront d'autant plus évidentes, dans de telles conditions. Il n'y aura plus de « mirage » ressemblant à une
oasis rafraîchissante dans le désert pour le voyageur assoiffé, qu'il ne pourra
en réalité jamais atteindre. Cela signifie que les illusions qui trompaient les
hommes et leur cachaient le véritable sens de la vie, n'auront plus d'influence
sur eux ; car la vérité et la connaissance de Dieu remplira la terre,
comme l'eau couvre le fond de la mer. Et le soleil ne fera plus souffrir personne.
Si les
« mirages » sont aujourd'hui une image des illusions que se font les
hommes pour mieux supporter la vie, le « soleil »
est un symbole de la vérité et de sa clarté insoutenable pour l'homme ;
c'est-à-dire qu'il pourrait à peine supporter la pure vérité sur la vie future
qui l'attend. Souvent, l'homme est tourmenté par la peur de choses possibles et
même réelles qui lui empoisonnent la vie ; celle-ci oscille entre espoir
et crainte, entre illusions et angoisses, entre mirage et soleil éblouissant.
Ces tourments seront vaincus dans le Royaume de la vérité et de la vie ;
car « celui qui a pitié d'eux »
les conduira vers des sources d'eaux fraîches. Toutes les routes seront
ouvertes et les peuples accourront des quatre points cardinaux, pour partager
la joie et l'allégresse du Royaume.
Le Père Céleste a
l'intention d'accorder à son serviteur une gloire et un honneur tels, qu'aucun
cœur humain ne peut se l'imaginer. Mais, cette gloire future est tellement en
opposition avec son humilité et son impuissance actuelles, que le serviteur de
Dieu a toujours l'impression que « l'Éternel
m'abandonne, le Seigneur m'oublie ! »
Ce que nous voyons,
nous affecte ; ce que nous vivons s'impose à nous comme étant la réalité.
Il y a pour chacun une nuit sans étoiles. Ont-elles pour autant disparues ?
Non. Mais une certitude nous console : derrière les ténèbres, les étoiles
brillent, intactes. Et, Jéhovah offre personnellement cette ferme assurance à
son Serviteur ! Avec des paroles convaincantes et des images frappantes, Il
argumente : « Une femme oublie-t-elle l'enfant qu'elle allaite ?
N'a-t-elle pas pitié du fruit de ses entrailles ? Quand elle l'oublierait,
moi je ne t'oublierai point. Voici, je t'ai gravé sur mes mains ; tes murs
sont toujours devant mes yeux » (Esaïe 49 : 15, 16). La foi
doit se nourrir de ces promesses.
C'est pourquoi, nous
devons « manger » la Parole, pour que nous ayons toujours présente en
nous cette voix du Saint Esprit et du Consolateur. Rien ne doit nous séparer de
l'amour de Dieu qui est en Jésus-Christ. - Romains 8 : 39.
Le serviteur de Dieu
est obligé de vivre dans une cruelle contradiction entre « le croire et le
voir » et persévérer fidèlement, jusqu'à la mort. Par la foi, il doit
devenir « plus que vainqueur », avec la grâce du Seigneur. Mais il a
besoin de l'aide que le Seigneur lui a préparé dans sa Parole et au sein de
l'assemblée de l'Église. C'est pourquoi : « N'abandonnons pas notre assemblée, comme c'est la coutume de
quelques-uns ; mais exhortons-nous réciproquement et cela d'autant plus
que vous voyez s'approcher le jour. » - Hébreux 10 : 25.
Mais que signifie :
« Tes murs sont toujours devant mes
yeux » (Esaïe 49 : 16) ? Ce sont les « murs » de Sion ; nous comprenons que le serviteur
n'est pas une unité, mais que le prophète parle ici d'une ville, un ensemble,
l'Église de Dieu à laquelle il garantit une protection permanente, pour que son
ennemi ne puisse lui porter préjudice. Certes, la « ville » est assiégée, bombardée et combattue, mais
l'ennemi n'a pas le droit de l'envahir. Elle obtiendra la victoire, même quand
l'adversaire semblera avoir le dessus. Il s'agit d'une victoire de la foi et
non de la vue.
Dans les versets 18 à
21, l'Éternel montre à son serviteur désolé, en termes imagés, l'honneur qu'il
aura dans le Royaume de Dieu : la couronne de gloire promise aux fidèles
lui sera attribuée. En total contraste avec son échec terrestre, où il ne
réussit à gagner aucun partisan, ni susciter la foi, ni aucune reconnaissance, il
sera, dans l’avenir, entouré, on lui fera confiance, on l'honorera, si bien
qu'il dira, tout surpris et émerveillé : « Et tu diras en ton cœur :
qui me les a engendrés ? Car j'étais sans enfants, j'étais stérile.
J'étais exilée, répudiée : qui les a élevés ? J'étais restée seule :
ceux-ci, où étaient-ils ? » - Esaïe 49 : 21.
Et le Seigneur répond :
« Ainsi
a parlé le Seigneur, l'Éternel : voici, je lèverai ma main vers les
nations, je dresserai ma bannière vers les peuples ; et ils ramèneront tes
fils entre leurs bras, ils porteront tes filles sur les épaules. Des rois
seront tes nourriciers, et leurs princesses tes nourrices ; ils se
prosterneront devant toi la face contre terre, et ils lècheront la poussière de
tes pieds, et tu sauras que je suis l'Éternel, et que ceux qui espèrent en moi
ne seront point confus. » (Esaïe 49 : 22, 23). Dieu Lui-même
arrangera les choses de telle façon que le serviteur fidèle trouvera enfin la
foi, l'amitié et l'honneur autour de lui.
Mais les appelés qui
doutent ont encore deux questions : « Le butin du puissant lui sera-t-il
enlevé ? Et la capture faite sur le juste échappera-t-elle ? »
- Esaïe 49 : 24.
Celui qui doute de
Dieu voit le puissant « prince de ce
monde » tout tenir en son pouvoir, sous son charme, usant de moyens
scandaleux pour asseoir son autorité et la rendre en apparence inattaquable.
Comment imaginer qu'une telle force invisible puisse être ébranlée ? Il
est encore plus inconcevable que ceux qui sont légitimement dans la grande
prison de la mort, puissent sortir de cette geôle ! La rédemption et le Royaume
de Dieu sont limités – c'est du moins ce qu'il semble à l'esprit humain – et ne
permettent de croire qu'à une délivrance restreinte et à une faible
consolation. Qui pourrait être assez audacieux pour espérer l'impensable ?
Mais quelle est la réponse ?
« Oui,
dit l'Éternel, la capture du puissant lui sera enlevée et le butin du tyran lui
échappera : je combattrai tes ennemis et je sauverai tes fils. Je ferai
manger à tes oppresseurs leur propre chair ; ils s'enivreront de leur sang
comme du moût. » (Esaïe 49 : 25, 26). Le Tout-Puissant
détruira toutes les puissances opposées et aucune autre autorité ne pourra se
manifester dans son Royaume, dont le serviteur est Jésus-Christ, la Tête de l'Ecclésia
unie à ses membres, l'Église. Celui qui résistera se détruira lui-même.
« Et toute chair
saura que je suis l'Éternel, ton Sauveur, ton Rédempteur, le puissant de Jacob. »
TA Juillet-Août 2000