Hébreux 6 : 2
Dans ce verset, l'apôtre Paul
présente le "jugement éternel" comme une des doctrines de base
de la Parole de Dieu. Arrêtons-nous quelque peu sur l'enseignement que comporte
cette doctrine.
Le mot jugement vient ici du grec krima.
Sa signification principale est : sentence, verdict, condamnation,
décision résultant d'une investigation.
L'investigation est par contre
désignée dans les Ecritures par le mot grec krisis, qui veut dire, en
premier lieu, un processus d'investigation, l'acte de distinguer et de
séparer.
Le verbe krino (1 Corinthiens
6 : 2, 3) a la même signification première : distinguer, séparer, pour
ensuite sélectionner.
Quant à l'adjectif éternel,
il vient du grec aionios. Ce terme vient du mot aion (âge). Son
sens étymologique est : qui dure un âge ; il est employé dans
ce sens dans la Bible. Mais il y est aussi utilisé dans le sens d'éternel.
Il ressort de ces définitions que le
terme jugement, dans les Ecritures, signifie une période de mise à
l'épreuve, suivie d'une décision finale.
Pour ce qui est des appelés de l'Age
de l'Evangile, leur temps d'épreuves est forcément limité à la carrière
terrestre de chacun d'eux et à l'ère chrétienne pour l'ensemble, mais la
décision prise à l'égard de chacun aura une portée éternelle : vie éternelle
dans les cieux, ou mort éternelle.
Cette pensée nous exhorte, chers
frères et sœurs, à persévérer sur les traces du Seigneur en vue de
l'affermissement de notre appel et de notre élection.
En ce qui concerne le monde, son
temps d'épreuves est l'Age Millénaire, et sera de même forcément limité. Mais
la décision qui sera alors prise à l'égard de chacun sera également éternelle :
vie éternelle sur terre, ou mort éternelle.
Ce jugement du monde est illustré en
Apocalypse, chapitre 20, versets 11 à 15.
Il y est montré un grand trône
blanc (verset 11). Celui qui est assis dessus est le Messie. Ce
trône est grand du fait de son terrain d'action, qui s'étendra à la terre
entière, et de son élévation et sa grandeur morales, son autorité et sa
puissance illimitées. Le fait qu'il soit blanc signifie que Celui qui est assis
dessus, Christ, est pur et droit de caractère. C'est à Lui que l'Eternel a
remis tout jugement. - Jean 5 : 22.
Les morts, les grands et les petits (verset 12), riches ou pauvres,
savants ou illettrés, quel qu'ait été leur rang social, se tenaient devant
le trône.
Les premiers à se trouver devant le
trône seront ceux qui passeront vivants la dernière phase de la Grande
Détresse. Suivront ceux qui seront réveillés du sommeil de la mort,
progressivement, jusqu'à ce que chaque être humain ayant vécu sur terre, soit
ramené à l'existence. L'Eglise fait exception. Elle se trouvera auprès du
Seigneur, coopérant avec Lui. - 1 Corinthiens 6 : 2.
Alors, la mort et le hadès, ou séjour des morts, rendront
les morts qui sont en eux (verset 13). Ici, le mot mort représente
la condition de ceux qui, sous la sentence de mort adamique, sont considérés
comme morts, alors qu'ils sont encore vivants. Il y en aura qui survivront à la
dernière phase de la Grande Détresse.
Le hadès, ou séjour des
morts, représente par contre la condition de ceux qui sont effectivement morts
de la mort adamique. Ils auront part au réveil général des morts.
Le Seigneur a bien fait la
distinction entre les deux classes quand Il a dit : "Laisse les morts
ensevelir les morts." - Matthieu 8 : 22.
Alors aussi, la mer rendra les
morts qui sont en elle (verset 13 à nouveau). Au sens propre, tous ceux qui
ont péri en mer seront ramenés à la vie dans le Royaume. Mais la mer est aussi
à considérer au sens figuré. Elle représente la condition des masses
irréligieuses déchaînées, mécontentes, en état de révolte (Psaume 46 : 4).
Cette condition sera éliminée dans le Royaume. Ainsi, la mer rendra les morts
qui sont en elle.
Finalement, après l'épreuve qui
suivra le Millénaire, cette condition aura disparu à tout jamais. Ainsi, la mer
ne sera plus (Apocalypse 21 : 1). Les eaux resteront, mais la condition de
révolte, de déchaînement ne sera plus.
Des livres seront ouverts (verset 12 de nouveau). Il s'agit de
l'Ancien et du Nouveau Testament. Ils seront ouverts, cela signifie que la
compréhension exacte de la Parole de Dieu sera "ouverte", accordée à
chacun, de sorte que la connaissance de Dieu emplira la terre entière.
Et un autre livre sera ouvert, le
Livre de la Vie (verset
12 encore). Y seront inscrits ceux qui se conformeront aux instructions de
Christ. Ils obtiendront la vie éternelle. Par contre, ceux qui n'auront pas
mérité d'y être inscrits, mourront de la Seconde Mort. Observons que si cet
autre livre sera ouvert alors seulement, cela laisserait entendre qu'il
sera différent du livre de la vie ouvert pour l'Eglise depuis le début de l'âge
de l'Evangile. - Philippiens 4 : 3.
Ce jugement-là sera un jugement
selon les oeuvres (verset 12 toujours). Il s'agit principalement des
oeuvres qui seront accomplies dans le Millénaire. Certes, selon les paroles du
Seigneur, chacun devra rendre compte de son comportement présent (Luc 12 :
2), et chaque parole et action, influant sur le caractère, aura une incidence
sur les efforts à déployer pour remonter la pente de l'imperfection. Mais
chacun aura le privilège de bénéficier du pardon de ses péchés présents, et de
repartir d'un nouveau pied, sur la voie sainte, qui sera alors ouverte. A
mesure que les hommes sortiront de la tombe, multiples seront les occasions de
service. - Matthieu 25 : 35-45.
La mort et le hadès furent jetés
dans l'étang de feu,
symbole de la Seconde Mort. - verset 14.
Quand les hommes, parvenus à l'état
de perfection, entreront dans les Ages de Gloire, après la dernière épreuve qui
suivra le Millénaire, la condition de vie mourante sous la sentence de mort
adamique, cette mort-là, n'existera plus. Elle sera morte de la Seconde Mort, si
on peut employer cette expression.
Et quand le séjour des morts aura
libéré tous ceux qui seront morts de la mort adamique, et qu'il ne recevra plus
personne, car tous ceux qui mourront dans le Millénaire et au cours de
l'épreuve finale, mourront de la Seconde Mort, alors ce séjour des morts, ou
Hadès, mourra lui-même de cette Seconde Mort. Il cessera d'exister pour
l'éternité.
Voilà décrit dans les grandes lignes
le jugement éternel prochain. Mais tout n'a pas été dit, à propos du tableau
que nous commentons.
Ce tableau montre que lorsque le
Messie est assis sur le grand trône blanc, la terre et le ciel s'enfuient tout
au début, devant sa face, en sa présence donc, la Seconde, et il ne fut plus
trouvé de place pour eux. Cela se passe avant le jugement de l'humanité.
Le ciel s'enfuit; il s'enfuit comme un livre qui
s'enroule (Apocalypse 6 : 14), ses deux extrémités se rapprochant l'une de
l'autre jusqu'à se toucher, car il s'agit d'un rouleau de parchemin. Le ciel
représente les pouvoirs spirituels, le monde religieux, particulièrement
chrétien. L'enroulement du livre correspond au mouvement oecuménique qui a
rapproché, uni, nombre de dénominations chrétiennes divisées pendant des
siècles. Ce mouvement a conduit à la constitution du Conseil Oecuménique des
Eglises en 1948. Il indique que le processus qui doit conduire à la disparition
des cieux symboliques s'est mis en action.
En rapport avec cette disparition,
"Babylone la Grande", doit subir des fléaux, comme justes jugements
de Dieu, et le sang des saints, des serviteurs de Dieu, doit être vengé. -
Apocalypse chapitre 18, versets 5 à 8 et verset 24, et chapitre 19, verset 2.
Il est néanmoins probable que ces
cieux occuperont le devant de la scène mondiale auparavant, pendant quelque
temps, en collaboration avec les pouvoirs civils. - Apocalypse 13 : 15-17.
La terre s'enfuit, aussi. Les divers éléments
constituant l'ordre social présent doivent disparaître dans l'anarchie
généralisée, pour faire place à un ordre meilleur, divin. – 2 Pierre 3 :
10, 13.
Présentement déjà, cette terre se
trouve dans une période de turbulences, qui vont et iront s'accentuant au fil
du temps, selon la Bible. Ces turbulences caractérisent le temps de la parousia
du Seigneur, au cours duquel le Seigneur, revenu, est présent comme un voleur.
- Apocalypse 16 : 15.
Et il ne fut plus trouvé de place
pour eux.
Lorsque le nouveau ciel et la
nouvelle terre seront établis (Apocalypse 21 : 1), le Royaume des cieux
avec ses structures justes et équitables, alors il n'y aura plus de place pour
le premier ciel et la première terre.
Il est à remarquer que cette fuite
du ciel et de la terre n'est pas signalée dans un autre tableau se rapportant
au jugement, dans la parabole des brebis et des boucs (Matthieu 25 :
31-46). Nous aurions là une indication montrant que le début de cette parabole
se situe plus tard que le début du tableau sur le jugement d'Apocalypse,
chapitre 20. Effectivement, la parabole des brebis et des boucs débute à la
manifestation de la gloire du Royaume de Christ, à son apokalupsis, ou révélation,
au temps où le premier ciel et la première terre symboliques ont déjà disparu.
Par contre, le début du tableau
d'Apocalypse 20 se situe au retour du Seigneur, dans sa parousia, sa
présence comparée à celle d'un voleur dans la nuit, au temps où le premier ciel
et la première terre symboliques sont encore là.
Il sera intéressant de constater
que, depuis ce retour et avant le jugement individuel des hommes, se réalisent
plusieurs jugements particuliers, non mentionnés dans notre tableau.
Il y a le jugement des anges qui
n'ont pas gardé leur dignité, et qui ont été réservés pour le jugement du grand
jour de la Seconde Présence du Seigneur, s'étendant de son retour jusqu'à la
fin du Millénaire (Jude 6 ; 2 Pierre 2 : 4). Ce jugement explique la
recrudescence de la voyance, des sciences occultes, de la corruption, ainsi que
les cas de matérialisation signalés de temps à autre.
Il y a le jugement mentionné par
Joël, au chapitre 3 et aux versets 1et 2. C'est celui des nations, par
l'Eternel, à propos du peuple d'Israël et de sa terre.
A ce jugement-là, ajoutons celui que
signale Ezéchiel, au chapitre 20 et aux versets 33 à 37. C'est le jugement du
peuple d'Israël, par l'Eternel, en rapport avec son retour en Terre Sainte et
en vue de la conclusion de la Nouvelle Alliance.
Il est encore un jugement que nous
mentionnerons. C'est celui des peuples, des nations considérées non pas comme
individus, mais au sens collectif, comme société. - Psaume 7 : 9 et Psaume
9 : 20.
C'est le temps où la déchéance
humaine dépasse les limites du supportable par l'Eternel, comme du temps de
Noé.
Et comme du temps de Noé, la juste
colère de l'Eternel s'exprimera par l’œuvre de destruction prévue dans les
Ecritures. - Sophonie 1 : 18.
Mais nous savons que si l'Eternel
blesse, c'est pour guérir !
Terminons par une note optimiste.
Conscients du jugement auquel nous
sommes soumis, regardons avec confiance et joie à Jésus, le Chef et le
Consommateur de notre foi. Ne perdons pas courage, ne baissons pas les bras. Le
salut qui nous est offert, auprès de Jésus, est merveilleux, et l'aide requise
nous est promise, à chaque instant.
Pour ce qui est du monde, dont le
jugement individuel est à venir, signalons la joie qui sera associée à ce
jugement et qui est exprimée en 1 Chroniques, chapitre 16, versets 31 à 33.
Que l'Eternel nous bénisse
tous ! Amen !
Fr. A. D.