« Car
Dieu n'est pas injuste pour oublier votre oeuvre et l'amour que vous avez
montré pour son nom, ayant servi les saints et les servant encore. » - Hébreux
6 : 10.
Le découragement est un obstacle à la croissance en
grâce ; St. Paul cherchait à encourager ses lecteurs. Le contexte
implique qu'ils avaient connu une certaine régression, un certain
découragement. L’Apôtre indique qu'ils avaient bien commencé, mais que leur
ardeur s'était refroidie dans une certaine mesure. Dans ce chapitre, ainsi que
dans les suivants jusqu'au dixième inclus, il précise le danger de retourner
en arrière et de s'éloigner après être devenus Chrétiens. Et à ceux qui sont
susceptibles de se décourager, il communique l'exhortation de notre texte :
« Dieu n'est pas injuste pour oublier votre oeuvre et l’amour que vous
avez montré ». On pourrait se demander quel grand travail, ou œuvre
d'amour, pourraient-ils faire qui constituerait une injustice si Dieu oubliait
de le récompenser ? Les bonnes œuvres ne sont-elles pas ce qu’il convient
de faire à toute l'humanité ? Comment pourrait-il être injuste, de la
part de Dieu, d’oublier ces bonnes œuvres ?
La réponse des Ecritures semblerait être que le monde
ne peut effectuer aucune bonne œuvre que Dieu pourrait reconnaître – « il
n'y a aucun juste, non, pas un seul ». Mais « Dieu n'est pas
injuste pour oublier votre oeuvre et l'amour que vous avez montré pour son
nom », écrit l'Apôtre. Que veut-il dire ? Nous répondons qu’il
s'adresse à des Chrétiens, à ceux qui sont devenus enfants de Dieu en concluant
une alliance avec Lui. C’étaient des enfants de colère, comme les autres et,
selon la chair, ils sont toujours imparfaits. Mais Dieu ne les traite pas selon
la chair. Il les a reçus dans sa famille dans le cadre d'un arrangement
spécial, d’une Alliance de Sacrifice. Dans cette alliance, Il a convenu que,
par Christ, Il se montrerait indulgent pour leurs faiblesses et les traiterait
selon les intentions de leur cœur et de leur d'esprit, selon qu'ils chercheraient
à Lui plaire en tant que ses enfants. Dieu s'est ainsi lié de sa propre volonté
libre en entrant dans une alliance avec son peuple. Il est lié à ce peuple d'un
côté et, d'un autre côté, ce peuple est lié à Lui. Ni l'un ni l'autre ne
peuvent échapper aux conditions de cette alliance.
Ceux qui ont fait cette alliance étaient des membres
de la race déchue d'Adam, condamnés à mort. Oui, mais c'est là la race pour
laquelle Christ est mort et qui sera rétablie de la mort et de la condamnation
du péché, encourue à cause de la désobéissance d'Adam. Et ce mérite de la mort
de Christ a été appliqué d'abord pour une classe choisie qui, pendant l'âge de
l'Evangile, devait désirer Dieu et accepter avec joie son arrangement par
Christ. Ceci étant, quand les membres de cette classe entendirent parler de
Christ en tant que Rédempteur, ils crurent en Lui, sacrifièrent leurs terrestres
espoirs, objectifs, ambitions - tout - pour pouvoir entrer dans l’alliance
avec le Seigneur. La pensée qui les a inspirés à faire ce pas était l'espoir de
pouvoir obtenir un héritage spirituel, d'être des cohéritiers avec Christ dans
le royaume qui va être établi sur la terre. C'était une chose en vue de
laquelle Dieu avait ouvert le chemin, par les mesures prises en Christ. Ils
renoncèrent aux choses terrestres pour de plus grandes choses, les choses
spirituelles. Ils ont volontairement sacrifié tous les droits et intérêts
terrestres. Ils se lièrent irrévocablement au Seigneur.
Maintenant, s'ils échouaient dans leur engagement,
ils perdraient absolument tout. L'Apôtre précise ce fait. Ils ont reconnu
l'arrangement de Dieu et une grande récompense leur est promise dans l’alliance
conclue avec Lui. Il exhorte à ne pas perdre cette récompense en se détournant
du Seigneur et en devenant froid ou tiède, car cet état pourrait conduire à un
rejet complet par Dieu. Aussi, continuez, ayez bon courage ; et le
Seigneur, Jéhovah Lui-même, fortifiera vos cœurs ; attendez avec espoir en
Lui.
Dans le 10ème chapitre, l'Apôtre indique la manière
dont certains d'entre eux eurent, dans le passé, à supporter un grand combat,
dans des afflictions, et comment d'autres souffrirent avec ces derniers, en
sympathisant avec eux et en leur tenant compagnie. Tout ceci fut supporté pour
la cause du Seigneur, pour l'amour des frères et en accord avec l'arrangement
de Dieu. Par conséquent, ils devaient avoir confiance en Dieu et savoir qu’Il
les aimait et appréciait tout ce qu'ils avaient enduré pour Lui. L'Apôtre leur
recommande encore instamment de ne pas rebrousser chemin, de ne pas se
décourager, mais de prendre courage ; de plus, il les assure qu’il avait
bon espoir qu'ils persévéreraient jusqu'à la fin.
St Paul déclare que leurs œuvres d'amour furent
accomplies pour le nom de Dieu. Cet honneur envers le nom de Dieu consista à
pourvoir aux besoins des saints. C'était une preuve de leur amour pour le Seigneur.
Ce ministère, aussi, avait continué. Les saints sont les représentants de Dieu
dans le monde. Ce qui est fait pour les saints, l'est également pour Dieu. Il y
a une distinction à noter dans la Bible entre ceux qui sont en parenté
d’alliance avec Dieu et ceux qui ne le sont pas. Nous avons certains devoirs
envers le monde. Nous avons des responsabilités envers lui. La règle d'or doit
être toujours appliquée envers tous les hommes. Mais nous n'avons pas envers
le monde la même obligation que celle que nous avons envers les saints. Celui
qui honore les saints et les sert, honore et sert Dieu. Ceci semble être la
pensée de l'Apôtre à ce sujet.
Nous ne devons pas comprendre que nous contrarierions
le Seigneur si nous faisions du bien à tous les hommes. L'Apôtre recommande
plutôt : « pendant que nous en avons l'occasion, pratiquons le
bien envers tous ». Soyez généreux, soyez aimables avec tout le monde,
mais particulièrement envers les saints [les frères en la foi, trad] (Galates
6 : 10). C'est ce qui est particulièrement agréable au service de Dieu.
Chaque service rendu affectueusement et avec joie aux saints est rendu à sa
gloire. C'est vrai dans un sens très spécial, car il y a dans le monde des
gens au caractère naturellement meilleur, et il pourrait être plus agréable de
les servir que de servir nombre de saints, qui peuvent être plus grossiers,
plus rudes, à certains égards. Mais une bénédiction spéciale, de la part du
Seigneur, se rattache au service rendu aux saints. Nous devons avoir ceci à
l'esprit lorsque nous nous réunissons et
avons communion avec ceux qui sont devenus des enfants de Dieu, et lorsque se
présentent des occasions de les aider ou de les réconforter. Ils doivent bénéficier
de notre amour, notre coopération, notre sympathie, notre aide. Il peut y
avoir plus ou moins d'options en ce qui concerne les autres, mais pas en ce
qui concerne nos frères en Christ.
Ce même
principe existe, dans une certaine mesure, parmi les gens, dans le monde. Par
exemple, un membre des « Old Fellow – Anciens Compagnons
[trad.] » témoignera envers un autre « Old Fellow », riche ou
pauvre, instruit ou illettré, des faveurs qu'il ne manifestera pas envers
d'autres. Il en sera de même parmi les
Maçons. Un membre Maçon témoignera de la faveur envers un autre membre Maçon
n'importe où dans le monde, qu'il soit riche ou pauvre, noir ou blanc. Si ce
sont des règles appliquées par des hommes, combien plus devrait-il en être
ainsi parmi ceux qui sont devenus des enfants de Dieu. Par le fait qu'ils sont
des disciples de Christ, il leur appartient de faire, à ceux qui sont disciples
du même Maître, leur part en tant que frère ou sœur : « En tant que
vous l’avez fait à l’un des plus petits de ceux-ci qui sont mes frères, vous me
l’avez fait à moi. » Ceci ne s'applique pas maintenant au monde, mais à
l'Église, aux disciples fidèles du Seigneur.
L'Apôtre indique, « ayant servi les saints et
les servant encore ». Ceci signifie que les frères continuaient à
être dans cette attitude appropriée. Quelque peu découragés dans la bonne
voie, ils demeuraient cependant utiles les uns aux autres. Il y a ici une
autre pensée : ce n'était pas seulement la quantité de bonnes œuvres
faites qui comptait; car beaucoup de bonnes œuvres, faites par beaucoup de
gens, ne sont en aucun sens reconnues par Dieu et n’impliquent aucune
obligation de récompense. Les œuvres du monde sont des œuvres de pécheurs. Le
monde n'est pas en parenté d’alliance avec Dieu. Si quelqu’un effectue une
bonne œuvre, il reçoit, du fait d’une loi non écrite, plus ou moins de
bénédictions ; celui qui effectue une bonne œuvre avec un digne motif
recevra une certaine récompense, une certaine bénédiction. Cela ennoblira son
caractère et l'aidera à s'adapter aux bénédictions de l'âge prochain, quand
tout le monde sera à l'épreuve de vie devant le siège du jugement de Dieu. Plus
noble sera le caractère en ce jour-là, et moindre sera le nombre de coups
correctifs nécessaires. Mais afin d'obtenir la bénédiction offerte présentement
par le Seigneur, bénédiction spéciale, il faut être en parenté d’alliance avec
Lui.
Le travail accompli maintenant par ceux qui se trouvent
dans une telle relation avec Dieu, méritera d’être pris en considération et
sera récompensé par Lui. Dans le 13ème chapitre de 1 Corinthiens, l'Apôtre précise
que pour le Corps de Christ, les bonnes œuvres seules ne sont pas suffisantes
pour indiquer la faveur de Dieu. Il déclare que s'il livre son corps pour être
brûlé, et s’il donne tous ses biens pour nourrir les pauvres, il n'y aurait en
cela aucun vrai mérite, à moins que cela ne fût fait par le motif de l'amour.
Une autre de ses déclarations était : « Si je parle dans les langues
des hommes et des anges, mais que je n'aie pas l'amour, je suis comme un airain
qui résonne ou comme une cymbale retentissante ». Quelqu’un pourrait effectuer
ces bonnes œuvres pour gagner l'honneur des hommes. Si elles étaient faites
pour une telle raison, Dieu ne les considérerait pas comme de bonnes œuvres à
récompenser. Les œuvres que Dieu reconnaît comme bonnes et dignes de son
approbation et de sa récompense, sont celles qui sont faites par ses fidèles,
qui sont justifiés et sanctifiés, et qui servent par amour pour Lui, pour son
peuple et pour sa cause.
Ainsi St. Paul déclare ici à ces derniers : « car
Dieu n'est pas injuste pour oublier votre œuvre et l'amour que vous avez montré
pour son nom ». Il est important d'avoir cela à l'esprit. Il est
important de nous assurer que nos mobiles sont ceux de l'amour envers le Seigneur,
envers sa cause et ses frères. De telles bonnes œuvres, si nous les accomplissons
avec persévérance, selon nos capacités et les occasions qui se présentent, nous
permettront d'obtenir une récompense bénie.
WT 1915 p.5818