LA MOISSON, EN FRANCE
L’œuvre de la « moisson » de l’Age de
l’Evangile fut annoncée par le Seigneur Jésus Lui-même : « …à
l’époque de la moisson, je dirai aux moissonneurs : Arrachez d’abord
l’ivraie, et liez-la en gerbes pour la brûler, mais amassez le blé dans mon
grenier. » - Matthieu 24 : 30.
Cette œuvre commença aux U.S.A. dans le dernier
quart du 19e siècle, par le ministère du Pasteur C.T. Russell, et
elle s’étendit progressivement à d’autres parties du globe, dont la France.
A vrai dire, dès 1891 déjà, frère
Russell se rendit à Paris, et ses perspectives sur le développement de l’œuvre
en France ne furent pas particulièrement optimistes. Son analyse est rapportée
dans la « Tour de Garde de Sion » (en anglais) de novembre 1891.
Voyons ce qu’il en a été
Dans les années 1890, un modeste bûcheron suisse, du
nom d’Adolphe Weber, quitta son pays pour aller vivre et travailler en
Amérique. La providence fit qu’il fut embauché comme jardinier par le Pasteur
Russell, domicilié alors à Pittsburgh-Allegheny. Il acquit auprès de ce
dernier une bonne connaissance des Saints Ecrits et, témoin de l’œuvre de
« moisson » qui se développait aux U.S.A., il se proposa de retourner
en Europe pour y proclamer la « bonne nouvelle de grande joie », dans
les pays d’expression française. Frère Russell approuva ce projet et s’engagea
à subvenir aux frais de diffusion de la Vérité en Europe francophone.
Revenu en Suisse, Weber se mit à traduire en français
les ouvrages composant la « Vérité Présente », et fit paraître dans
des journaux des annonces se rapportant au premier Volume des Etudes des
Ecritures et à certaines brochures.
Au mois d’août de l’année 1900, un habitant du petit
village de Beauvène, dans l’Ardèche, répondit à l’annonce et commanda les
ouvrages proposés. Il s’agissait d’Elie Thérond. Plus tard, en 1905, le premier
dépôt, en France, des publications de la « Watch Tower » était
constitué chez lui.
En 1901, un épicier du nom de Jean-Baptiste Thilmant,
exerçant à Jumet, localité minière toute proche de Charleroi, en Belgique,
répondit lui aussi à l’une des annonces de frère Weber, demandant l’envoi de la
littérature offerte. En 1902, un petit groupe d’Etudiants de la Bible
commençait à se réunir chez lui.
En 1903, frère Russell effectua de nouveau un voyage
en Europe. A cette occasion, il prit avec le frère Weber des dispositions pour
faire paraître « La Tour de Garde de Sion » en français. Le premier
numéro sortit en octobre 1903. C’était une édition trimestrielle de 8 pages.
Ce périodique devint mensuel en 1904.
Par suite de la diffusion continue des annonces par
voie de presse, un nombre croissant de personnes répondaient pour obtenir et
étudier les écrits bibliques constituant la « Vérité Présente ».
Pendant l’été, Weber travaillait en Suisse, comme jardinier et bûcheron, et
distribuait des tracts en prêchant parmi les Suisses d’expression française.
Puis il entreprenait de longs voyages en France et en Belgique, pour rendre
visite à ceux qui avaient commandé des publications ou qui avaient souscrit un
abonnement à « La Tour de garde ».
En 1904, il rendit visite à la famille Thilmant, à Jumet,
en Belgique, et l’encouragea à étendre ses activités dans le Nord de la
France.
Ainsi, en Août 1904, Thilmant et sa petite fille Joséphine
prirent le train pour Denain, où ils diffusèrent des tracts ainsi que « La
Tour de Garde » à la sortie de l’église baptiste. Plusieurs baptistes
lurent ces publications avec intérêt et s’abonnèrent à « La Tour de
Garde ». Ils ne tardèrent pas à poser des questions embarrassantes à leur
pasteur, lequel leur enjoignit finalement de ne plus fréquenter son église. Ils
décidèrent alors de se réunir à Haveluy, localité proche de Denain, pour
étudier la Bible chez un nommé Jules Lequime.
Après Denain, Thilmant et sa petite fille se
rendirent à Auchel, dans le Pas-de-Calais, où ils répandirent de même la
Vérité, avec succès.
En 1906, Weber rendit visite au groupe de Denain et
l’aida à s’organiser. L’assemblée de Denain se mit alors à distribuer des
tracts à la sortie du temple protestant dans la ville de Sin-le-Noble, pas
trop distante. Plusieurs familles s’intéressèrent à la Vérité, et une assemblée
se constitua au domicile de Victor Jupin.
Pendant ce temps, l’œuvre progressait un peu plus au Sud-Ouest. En 1907, un
instituteur de Rennes diffusait le « Tome 1 de L’aurore du Millénium »,
il s’agissait du Volume 1 des Etudes des Ecritures, ainsi que « La Tour de
Garde » dans les milieux catholiques de Bretagne.
Au cours des années 1908 et 1909, les assemblées de
Denain et de Sin-le-Noble prêchèrent dans la région et formèrent des groupes
d’étude dans d’autres villes, notamment à Lens et à Auchel, dans le département
du Pas-de-Calais.
A la même époque, la Vérité pénétrait en
Alsace-Lorraine. Frère Schutz, à Sainte-Marie-aux Mines, et d’autres Etudiants
de la Bible dans la petite ville de Petersbach, diffusaient la traduction
allemande de l’ouvrage « Nourriture pour les chrétiens réfléchis ».
1909 – Visite éclair de frère
Russell à Liévin
Voici ce qu’écrit à ce sujet le frère Paul Jerville
dans son ouvrage « Un Homme de Dieu » :
« Frère
Russell avait l’habitude de venir visiter les groupes en Angleterre une ou deux
fois par an. Il donnait alors une ou deux conférences au Royal Albert Hall de
Londres. En 1909, l’année de mon certificat d’étude (j’avais 11 ans), frère
Adolphe Weber lui écrivit lui demandant de trouver un moment pour visiter les
intéressés de la région du Nord. Sur réponse affirmative, frère A. Weber alla
à sa rencontre à Calais. Ils arrivèrent tous deux en gare de Lens où plusieurs
frères les attendaient. Je revois encore, descendant du lourd petit train à
vapeur qui, au départ de Lens desservait Liévin et Calonne-Ricouart, cet homme
à barbe blanche, d’une prestance impressionnante sur qui tout le monde dans la
rue se retournait. Il avait 57 ans à l’époque. La réunion avait lieu à Liévin
chez mes cousins Lambert et ma tante Célina, grande lectrice, une des
premières intéressées avec mon père. Dans la plus grande pièce de cette maison
particulière, une quinzaine de frères étaient déjà réunis. Tout était plein.
Frère A. Weber fut l’interprète de l’exposé de frère Russell, où il fut
question du Royaume et des coups portés aux doctrines fausses qui salissent le
nom de l’Eternel. Qui peut exprimer le sentiment de libération de ces vieux
mineurs frottés à la dure existence d’autrefois, entendant, textes à l’appui,
qu’il n’existe pas de tourments éternels dans le feu de l’enfer, écoutant
parler du retour et de la présence de Christ venant pour bénir les familles
humaines et ruiner les œuvres et organisations injustes de la terre ?
La
journée fut inoubliable, et il me souvient avoir vu la joie et la paix sur tous
les visages. La réunion se termina par la prière et, sans perdre de temps,
frère Russell repartit pour Londres, frère A. Weber l’accompagnant jusqu’à
Calais. La Vérité continua à progresser dans notre région au grand mécontentement
des églises régionales. »
De décembre 1908 à février 1909, Weber visita en tant
que pèlerin les groupes et les frères isolés de 20 départements, se rendant
notamment et successivement dans les villes de Besançon, Grenoble, Valence,
Bordeaux, Nantes, Rennes, Angers, Paris et Nancy.
En décembre 1909, et en janvier 1910, trois frères
pèlerins, A. Meyer, S. Seguier et Adolphe Weber, visitèrent 34 villes de
France et tinrent des réunions dans la plupart d’entre elles, dont une à
Roubaix, grand centre de l’industrie textile dans le Nord où une congrégation
fut formée.
C’est à Paris qu’ils restèrent le plus longtemps, du
18 au 20 décembre 1909, ce qui démontre que l’intérêt pour la Vérité commençait
à s’éveiller dans la capitale.
L’année 1910 se termina avec une nouvelle tournée de
frère Weber en France. Parti le 22 décembre 1910, il termina son périple le 28
janvier 1911. Son service de pèlerin lui permit de visiter 30 groupes
d’Etudiants de la Bible. Peu avant son départ, une Assemblée Générale des
Etudiants de la Bible se tint à Lens, les 4 et 5 décembre 1910. C’était
l’indice d’un accroissement du mouvement de la Vérité.
Russell effectue deux autres visites
en France
L’événement majeur de 1911 fut la visite de Charles
Taze Russell. Le 14 avril, il s’adressa à un auditoire de plus de 100 personnes
réunies à Denain. Le lendemain, 70 autres l’attendaient à Lens. Les Etudiants
de la Bible de Belgique assistaient à ces assemblées. A cette occasion, le
frère Russell eut le concours des frères Weber et Freytag. Ce dernier, Suisse
lui aussi, commençait à jouer un rôle important dans l’administration de
l’œuvre dans les pays francophones.
Frère Russell entreprit un tour du monde de décembre
1911 à mars 1912. Dans ses notes de voyage, il rapporta : « De
Rome, nous nous sommes rendus à Paris où nous avons rencontré le petit groupe
d’Etudiants Internationaux de la Bible à l’œuvre dans cette grande
ville. »
Au cours de son voyage, il prit des dispositions pour
créer à Genève, en Suisse, un « Bureau Français », outre le
« Bureau Central » de la Suisse qui était créé à Zurich. Ouvert en
juin 1912, Le Bureau Français supervisait l’œuvre en France, en Belgique et en
Suisse Romande. Frère Russell nomma Emile Lanz, dentiste suisse demeurant à
Mulhouse, responsable de cette filiale. Lanz eut recours aux services
d’Alexandre Freytag qui l’aida à traduire « La Tour de Garde » en
français. Par la suite, en 1916, Freytag remplaça Lanz à la tête du Bureau de
Genève, tandis que la responsabilité du Bureau Central de Zurich était confiée
à Conrad Binkele.
1912 – Vers le milieu de l’année
Nous lisons, de la plume du frère Paul
Jerville de nouveau :
« Vers le milieu de l’année
1912, après son retour du Tour du Monde et au cours d’une visite en Europe,
frère Russell vint à Denain. Les frères qui habitaient à Denain, Haveluy,
Arenberg, Douchy se réunissaient habituellement au 135 rue de St Amand, non
loin de la gare. Frère Vaucamps habitait la maison qu’il avait mise à la
dispodition des frères et de l’assemblée. C’est là qu’en 1913 je fus baptisé
par frère A. Weber.
On ne sait comment, mais le pasteur
de l’église baptiste avait appris que frère Russell serait là et s’adresserait
à l’assemblée. Avec plusieurs protestants il était venu dans l’intention de
faire obstruction. On sait comment faire pour empêcher une réunion d’avoir lieu
normalement. On avait fait la prière, chanté un cantique à pleine voix comme
ces frères le faisaient d’ordinaire, puis frère Russell prit la parole. Il
remercia l’assemblée de son accueil chaleureux, dit combien l’œuvre de la
Vérité progressait et devait s’étendre jusque dans l’âge prochain, mais dès
qu’il eut dit un mot contre les doctrines fausses prêchées dans les églises, en
particulier l’enfer, le purgatoire, le pasteur lui coupa la parole sans
ménagement et s’adressa directement à l’assemblée. Des frères se levèrent alors
et lui rétorquèrent qu’on était venu pour écouter le Pasteur Russell et non
pas lui. Les protestants s’en mêlèrent disant qu’il aille prêcher en Amérique.
Finalement ce fut une salle houleuse où, malgré les gestes de frère Russell
invitant au calme, on parlait de tous côtés, tant et si bien que la réunion
était devenue impossible. Ce que voyant, frère Russell quitta la salle, monta à
l'étage, où une chambre lui avait été destinée pour y mettre sa valise. A la fin
le pasteur et ses amis quittèrent la salle et frère Russell put reprendre la
suite de son exposé. Quelques jours après frère Elie Larvent rencontra le
pasteur dans la rue et lui demanda s’il ne trouvait pas honteux de sa part de
ne pas respecter davantage les cheveux blancs d’un chrétien plus âgé que lui.
Plus tard, dans la même année, il y
eut encore un petit rassemblement de frères à Paris, où frère Russell se
trouvait pour raison d’affaires avec la Maison Pathé Frères au sujet du
Photo-Drame de la Création. Mon père s’y rendit avec d’autres frères venus de
Denain et de Roubaix, les frères Lequime, Durieu, Lefebvre, d’autres encore. Le
voyage coûtait 25 francs au temps où la journée de travail n’était souvent
payée que 3 francs… »
Le 31 août 1913, frère Russell s’arrêta de nouveau à
Paris et tint une réunion à la Salle de l’Exposition d’Agriculture. Y
assistaient 70 frères, dont certains venaient de Suisse, de Belgique et
d’Allemagne.
1914 – Strasbourg – réunion publique
L’année 1914 marqua l’extension de l’œuvre en Alsace.
Au mois de février, les frères de Mulhouse organisèrent une réunion publique à
Strasbourg, la première. Emile Lanz prononça le discours « Où sont les
morts ? » devant une assistance importante, et 350 personnes
communiquèrent leur adresse aux frères. L’intérêt suscité fut suivi par un
frère colporteur d’Allemagne et c’est ainsi qu’un petit groupe d’Etudiants de
la Bible fut formé à Strasbourg. En juillet, sept nouveaux frères furent baptisés.
Il apparaîtrait que l’Assemblée de Mulhouse se soit
constituée bien avant l’année 1914, mais après 1900, comme résultat de la
prédication en langue allemande. A l’époque, l’Alsace, et la Lorraine,
d’ailleurs, faisaient partie de l’Allemagne. Les études s’y sont toujours faites
en allemand, même après le rattachement de ces territoires à la France, comme
résultat de la guerre 1914-1918.
Peu avant la Première Guerre
Mondiale, et pendant
Plusieurs conférences ou « conventions » furent
organisées dans le Nord de la France peu avant la Première Guerre Mondiale.
L’une d’elle eut lieu en mars 1914, à Lens, et l’autre à Denain, au cours de
l’été.
Mais l’Assemblée Générale prévue à Denain, les 15 et
16 août 1914, ne put avoir lieu, la guerre ayant été déclarée le 3 du même
mois.
Pendant la guerre, les frères continuèrent à se réunir,
d’un côté du front comme de l’autre. Ainsi en fut-il à Denain et aux environs,
occupés par les Allemands.
Bien entendu, la non réalisation, aussi rapidement
que prévu, de l’espérance attachée à l’année 1915 (enlèvement des membres
restants de l’Eglise et instauration du Royaume) fut une cause de désappointement.
Par contre, la survenance de la guerre, en 1914, répondait à l’attente des
frères, qui s’attendaient à un événement important pour cette année-là,
conformément aux prophéties bibliques.
Une accentuation de difficultés s’opéra en rapport
avec la nouvelle relative à la fin de la carrière terrestre du frère Russell
(31 octobre 1916), et des problèmes qui en résultaient. C’était une période de
criblages, non seulement pour les frères de France et des pays francophones,
mais pour ceux du monde entier, et particulièrement pour ceux des U.S.A.
Partout, les problèmes se réglèrent par des séparations.
La pierre de touche fut, semble-t-il, la fidélité au message de la Vérité
Présente, tel que l’a présenté le frère Russell, compte tenu de ses pensées
rectificatives des années 1915, 1916.
- Il y eut ceux qui suivirent le frère Johnson et se
groupèrent sous l’appellation « Mouvement Missionnaire Intérieur
Laïque » .
- Il y eut ceux qui se rallièrent à Freytag, qui
fonda le groupement des « Amis de
l’Homme ».
- Il y eut ceux qui se groupèrent autour du juge
Rutherford, qui donna, en 1931, le nom de « Témoins de Jéhovah », aux
membres de la « Société » qu’il dirigeait.
- Et il y eut ceux qui se sont constitués en Associations
d’Etudiants de la Bible, dont nous sommes.
A ce jour, ces quatre mouvements perdurent.
La suite de notre narration se rapportera particulièrement
au dernier mouvement cité, c’est-à-dire à nous-mêmes.
Un nouveau développement
Les épreuves que nous venons de relater furent
suivies d’un développement inattendu. Le phénomène particulier de l’époque qui
suivit la Première Guerre Mondiale, fut l’arrivée en masse, en France,
d’ouvriers étrangers sous contrats, dont un bon nombre de polonais, en
provenance directe de la Pologne, ou bien venant d’Allemagne, où sévissait
alors une crise sérieuse. Ils étaient nécessaires dans les mines aussi bien
que dans l’industrie et dans l’agriculture françaises. 1923 fut l’année de la
plus importante immigration, mais le flot des immigrants commença un peu avant
déjà, et continua après.
A la même époque, des frères pèlerins vinrent des
U.S.A. C’était des Américains d’origine polonaise, connaissant parfaitement le
polonais. Citons quelques noms tels les frères Kret, Kuzma, Wnorowski, Tabaczynski,
Rycombel, etc. Ils prêchèrent l’Evangile, exposèrent à ces ouvriers, dans leur
langue, le merveilleux Plan de Salut préparé par le Tout-Puissant, pour sa
créature humaine. Vinrent aussi de Pologne, le frère Stahn et, juste avant la
déclaration des hostilités en 1939, le frère Grudzien Nicolas.
Ce message remplit les auditoires de joie et
d’espérance. Les salles étaient combles. Beaucoup acceptèrent le message de
l’amour divin. Et ainsi se constituèrent en France, dans les années 20 et 30,
de nouvelles assemblées, où les études étaient conduites, non en français, mais
en polonais. Au fil du temps, le français reprit progressivement le dessus, de
sorte qu’actuellement il est utilisé dans presque toutes les assemblées.
Dans la région Nord-Pas-de-Calais,
il y eut :
Anzin – Wallers-Arenberg – Auby – Rouvroy-Nouméa –
Sallaumines – Lens – Bruay – Leforest-Ostricourt – Oignies - Croix-Wasquehal.
Dans la région parisienne :
Lamorlaye - Saint-Maximin.
En Lorraine :
Longwy – Tucquegnieux – Metz – Creutzwald.
Dans le Midi :
Saint-Etienne – Carmaux – St-Léonard.
Pour l’Alsace, et en ce qui concerne les assemblées
de langue polonaise, il y a lieu d’indiquer qu’elles furent le résultat de la
prédication de la Vérité par un frère de Pologne venu travailler en France en
1926. C’était le frère T. D., grand-père du frère J. S.. Il travailla dans les
mines de potasse, parla à ses collègues de travail. Certains s’intéressèrent à
la Parole de Dieu, acceptèrent le message de l’Evangile et se consacrèrent au
service du Tout-Puissant. Ainsi se constitua l’Assemblée de Bollwiller. De
cette Assemblée est issue celle de Pulversheim. Cette dernière s’appela après,
et s’appelle toujours, Assemblée de Staffelfelden.
A son arrivée en Alsace, le frère D. voulut savoir
s’il n’existait pas, dans la région de Bollwiller, d’autres assemblées
d’Etudiants de la Bible. Ses investigations le conduisirent à Mulhouse, où
existait l’assemblée, signalée ci-dessus, de frères alsaciens qui étudiaient la
Parole de Dieu en allemand. Ces frères, de même que le frère D., se réjouirent
de ce contact.
Toutes ces assemblées s’édifièrent dans la très
sainte foi par l’étude de la Bible au travers des auxiliaires bibliques
constituant la « nourriture au temps convenable », et s’organisèrent
selon l’ordre et la discipline recommandés par les Saints Ecrits (Actes
14 : 23 ; 1 Timothée 3 : 1-13), au moyen de l’élection périodique
de frères Anciens et Diacres, avec des privilèges et des obligations
spécifiques, tant pour les uns que pour les autres. Outre les réunions
hebdomadaires régulières, des conférences ou « conventions » étaient
organisées à l’occasion des fêtes, donnant la possibilité aux frères de
croître dans les vertus chrétiennes et dans la connaissance de la Parole de
Dieu, à l’écoute des sermons prêchés par des frères orateurs. En 1923, il y en
eut déjà une, à Sallaumines. Une autre en 1924, à Bruay-en-Artois, (c’était une
convention générale) ; une autre
encore en 1925, à Sallaumines (c’était aussi une convention générale) etc.
Ainsi s’édifièrent les assemblées entre les deux guerres.
Avec le déclenchement de la guerre de 1939-1945, le
contact entre les frères des différentes régions se raréfia. Les
« Conventions » cessèrent, mais les réunions hebdomadaires
continuèrent, sans problèmes particuliers, à part un cas, celui de l’Assemblée
de Croix-Wasquehal.
Un dimanche de l’année 1943, alors que la réunion
avait commencé, chez le frère K. à Croix, on a frappé à la porte. La sœur M.
K., devenue ensuite M. K., alla ouvrir. C’était des soldats allemands. Ils
interrompirent le culte, emmenèrent les frères et sœurs présents - avec les
Bibles, les Volumes des Etudes des Ecritures et les Livres de Cantiques - et
les conduisirent à la prison de Roubaix, à l’exception de deux frères âgés. Ils
les gardèrent trois jours. Ils étaient, paraît-t-il, à la recherche d’un
espion. Après audition des frères et sœurs, après aussi les efforts déployés
par le frère K., qui n’avait pas été arrêté, car il était absent ce jour-là de
la réunion, étant parti pour effectuer un service à l’Assemblée d’Auby, après
aussi intervention de l’employeur de la sœur M., se rendant compte du caractère
inoffensif de leurs réunions, ils relâchèrent les frères et sœurs, en leur rendant
leur littérature.
Au début des hostilités, alors qu’un détachement de
l’armée allemande se dirigeait de Dourges vers Oignies-Ostricourt, dans le
Nord – Pas-de-Calais, un pont sauté était à réparer pour traverser le canal.
Lors des travaux, les Allemands rencontrèrent des difficultés. Certains de
leurs soldats furent tués par des soldats anglais, renseignés par des civils.
En guise de représailles, une fois entrés à Oignies, les soldats allemands
emmenèrent des civils (10 civils pour un de leurs soldats tués). La colonne
passait près de l’habitation du frère P. qui, intrigué, sortit pour voir ce qui
se passait. Un soldat lui intima l’ordre de se joindre à la colonne, tel qu’il
était et sans rentrer chez lui. Ces civils furent conduits à Courrières,
localité limitrophe. Et là, en un endroit donné, chacun dut creuser sa tombe
et fut mis à mort, on ne sait plus trop bien comment. Ainsi termina sa course
terrestre le frère P.. C’était un frère développé spirituellement, doté d’une
connaissance étendue dans le domaine de la vie pratique et rempli d’affection
fraternelle et d’amour pour la Parole de Dieu.
Après la fin de la guerre, ce furent les grandes retrouvailles
avec les frères des autres régions, dans la joie que l’on imagine. Les
« Conventions » reprirent, avec les visites des frères pèlerins des
U.S.A., de Pologne également, de même que ceux d’autres pays, comme cela se
fait actuellement.
Et depuis, les assemblées persévèrent dans la foi,
s’efforçant de louer et glorifier l’Eternel, duquel procèdent toute grâce
excellente et tout don parfait.
Peu après la Seconde Guerre Mondiale, un autre
événement est à noter : c’est la constitution de l’Assemblée de Mouchin,
tout près de la frontière Belge. Voici de quelle manière cela se fit : un
frère de Roubaix, le frère H. P., se rendit à la campagne, à bicyclette, chez
le frère A. Z., qui habitait à Landas.
Alors qu’il traversait Mouchin, il rencontra un cultivateur qui conduisait son
cheval. Une conversation s’engagea. Le frère P. parla de la Vérité. Le
cultivateur, M. K., s’y intéressa et accepta cette belle Vérité, lui, ainsi que
son frère à qui il en parla, de même que la famille qui habitait et travaillait
à la ferme. Une assemblée s’y créa, celle de Mouchin, qui fut ensuite
régulièrement visitée et soutenue spirituellement par des frères affermis.
Dans la mesure de leurs moyens, les frères de France
s’efforcèrent de répandre le message de la Vérité, au près ou au loin.
Nous avons vu le zèle déployé avant la Première
Guerre Mondiale par les pionniers d’alors, dans les tout premiers débuts de
l’œuvre de la moisson dans le pays.
Entre les deux guerres, il y eut les colporteurs qui partirent,
à bicyclettes ou en motocyclettes, sillonnant villes et campagnes, avec leur
chargement de traités bibliques. Il y eut aussi les projections du
« Photodrame de la Création », qui fut alors un outil précieux dans
l’œuvre du témoignage.
Un événement est à rapporter sur ce point. Un frère
de Lorraine, habitant à Boulange (Moselle), le frère J. E., père de notre frère
A. J., dans son zèle pour Dieu et pour la Vérité, organisa une projection du
Photodrame de la Création, en collaboration avec d’autres frères. Il avait été
convenu que la projection se ferait dans une salle annexée à un débit de
boissons. Mais le propriétaire de la salle se rétracta à la dernière minute,
refusant d’accorder sa salle. Comme l’annonce de la projection avait été faite,
et que des gens s’étaient rassemblés, le frère J. les invita chez lui. Et la
projection eut lieu à sa maison. Mais le fait fut rapporté aux autorités. Il
faut dire qu’alors le département de la Moselle était régi par certaines
dispositions particulières, instituées par les Allemands, au temps où la
Lorraine et l’Alsace étaient annexées à l’Allemagne. Ces dispositions
conféraient certains droits au Clergé qui pouvait user de son influence dans
le cas où il jugerait bon de le faire. De ce fait, semble-t-il, le frère J. fut
jugé et condamné à l’expulsion. Bien qu’ayant pu faire appel pour rester en
France, il préféra retourner en Pologne, et il partit avec sa famille. Deux
autres frères subirent la même peine : le frère K. V. et le frère T. P.,
père de nos frères C. et J. T.. Le frère T. prit un avocat qui le défendit,
invoquant la charte des droits de l’homme. Il fut relevé de sa condamnation et
n’eut pas à partir. Le frère K. n’eut pas non plus à partir. Cela se passait en
1937.
Vers les années 1950, une opportunité de coopération
avec les frères du Dawn (U.S.A.) se présenta, par la diffusion en français
d’émissions radio financées par le Dawn.
Le jour et l’heure d’écoute étaient très bons.
C’était le jeudi dans l’après-midi, le jeudi étant alors jour de repos
scolaire ; et l’émission collait à une émission pour enfants très écoutée.
Nombreux furent ainsi les auditeurs qui entendirent les messages bibliques de
la Vérité. Et nombreuses furent les demandes d’envoi des brochures proposées à
la fin de chaque émission, ainsi que les
demandes d’explications.
Mais il arriva que Radio Luxembourg modifia ses
fuseaux horaires et attribua une heure très matinale pour les émissions
religieuses. Les frères du Dawn refusèrent la nouvelle tranche horaire et ces
émissions cessèrent.
Radio Monte-Carlo, alors contactée, accepta la diffusion
de nos programmes, à une heure qui convenait. Cette diffusion continua pendant
un certain temps, puis cessa également.
Une trentaine d’années plus tard, dans le cadre de
« l’expression locale », la Radio Fréquence-Nord nous donnait la
possibilité d’intervenir cinq minutes par mois. Cinq minutes, c’est peu,
dira-t-on, mais c’est suffisant pour attirer l’attention des auditeurs sur un
sujet biblique donné. C’est ce qui a été fait de 1981 à 1983. Ces émissions
étaient gratuites.
En 1984, une autre possibilité de témoignage par
émissions radio se présenta. Ce fut à l’occasion de la naissance des radios
locales. Ces radios se constituaient un peu partout et offraient facilement du
temps d’antenne. Des émissions furent préparées et enregistrées sur cassettes,
qui étaient portées pour diffusion. Cette diffusion se faisait une fois par
semaine et durait de 10 à 12 minutes.
Ce privilège dura d’octobre 1984 à novembre 1988.
Pendant un certain temps, il y eut jusqu’à sept stations qui diffusaient par
les ondes la bonne nouvelle de grande joie, avec le message de la Vérité
Présente. Cinq d’entre elles étaient supportées financièrement par notre
Association : Radio Valenciennes à Valenciennes (Nord) – Radio Verton à
Verton (PDC) – Radio Push à Meurchin (PDC) – Radio Pévèle à Mons-en-Pévèle
(Nord) – Radio Seclin à Seclin (Nord) ; et deux par le Dawn :
Radio Galaxy à Arras (PDC) et Radio Ciel à Lyon (Rhône). Pour ces deux
dernières Radios, nous fournissions les cassettes avec les programmes
enregistrées, et le Dawn payait.
Il n’y eut pas beaucoup de lettres ou de demandes
d’explications de la part des auditeurs. Mais nous savons que nous avons été
écoutés. Lorsque Radio Push changea ses heures d’émission, certains
téléphonèrent pour savoir ce qu’était devenue l’émission « Pierre et
Thomas », qui était la nôtre.
Il sera bon de signaler que c’est grâce à l’une de
ces émissions (diffusée par Radio Galaxy) que le frère G. G. est entré en
contact avec nous.
A mesure que ces radios s’organisaient, elles
confiaient à des pasteurs ou à des prêtres la gestion du temps d’antenne
affecté à la religion. Ce qui fait que, progressivement, les cinq stations que
nous financions nous ont glissé entre les doigts. Le Dawn, de son côté, n’a
pas renouvelé ses contrats pour les 2 stations qu’il finançait, estimant les
résultats insuffisants.
Ainsi, notre témoignage radio a cessé.
Devant le succès remporté aux U.S.A. par les projections
« For This Cause », que nous avons appelées « Pourquoi est-Il
venu ? », et en collaboration avec le frère G. T., créateur de la
projection, nous en avons préparé une version française, d’abord une version
utilisant les diapositives, et ensuite une version vidéo.
Et des projections ont été faites, précédées d’un
travail de publicité indispensable.
Elles ont été faites de 1984 à 1988 :
- en France : à Metz – Lens - Cysoing -
Valenciennes - Lille - Oignies - Aix-en-Provence – Lamorlaye ;
- en Belgique : à Charleroi ;
- en Allemagne : à Mannheim ;
- en Angleterre : à York – Oxford – Yeovil.
A deux ou trois exceptions près, le résultat a été
satisfaisant. Le témoignage a été rendu, des tracts ou brochures ont été
distribués et des discussions ont suivi la projection.
Depuis une trentaine d’années environ, l’intérêt pour
notre jeunesse se manifeste par des conférences spéciales pour jeunes, des
séminaires occasionnels, mais renouvelés, outre les classes pour jeunes, que
créent les assemblées elles-mêmes en cas d’opportunité. L’héritage de foi et de
connaissance, qui peut leur être transmis de cette manière ne pourra que leur
être bénéfique.
« Instruis l’enfant selon la
voie qu’il doit suivre ; et quand il sera vieux, il ne s’en détournera pas. » – Proverbes
22 : 6.
Les frères publient un périodique bimestriel.
De novembre1956 et pendant une bonne vingtaine
d’années, c’était le « Journal de Sion et Messager de la Présence de
Christ » ; ensuite ce fut, et c’est toujours, le « Messager de
la Bonne Nouvelle ».
Des brochures sont aussi publiées, en fonction des
besoins.
100 ans après
100 ans se sont passés depuis que le frère Weber
commença à faire paraître ses annonces dans les journaux. Nous sommes heureux
d’avoir pu jeter ce coup d’œil derrière nous et voir dans les grandes lignes ce
qui s’est passé depuis, dans la Vigne du Seigneur, ici en France. Le travail de
la moisson s’y remarque bien, et l’on voit bien qu’il est parvenu à un stade
avancé indiquant que l’établissement du Royaume est proche.