GESTION DES MINES ET DES TALENTS.
Luc 19 : 11-27 - Comparer aussi
Matthieu 25 : 14-30 et 1 Corinthiens 4 : 1-7.
« Celui qui est fidèle dans les moindres choses
l’est aussi dans les grandes
et celui qui est injuste dans les moindres choses
l’est aussi dans les grandes ».
La parabole des mines et celle des talents, comme des
paraboles étroitement liées, illustrent, de différents points de vue, les
responsabilités des intendants du peuple de Dieu. L’Apôtre Paul dit : « Que
tout homme pense ainsi à notre égard, qu’il nous tienne pour des serviteurs de
Christ et pour des administrateurs des mystères de Dieu ». Cette
intendance et ce ministère, bien que concernant dans un sens spécial les
Apôtres, concernent également toute l’Eglise de l’âge de l’Evangile, tous ceux
qui ont reçu l’onction, tous ceux à qui a été confiée cette mission (Esaïe
61 : 1, 2) et dont les responsabilités résultent des espérances sacrées
qui leur sont confiées. Et, comme intendants de Dieu nous n’avons rien qui nous
appartienne, rien avec quoi nous pourrions faire ce qui nous plaît ; car
dit l’Apôtre : « Qu’as-tu que tu n’aies reçu ? » -
(1 Corinthiens 4 : 7) – Rien. Et qu’avons-nous que nous pourrions
considérer comme nous appartenant qui n’ait été inclus dans notre alliance de consécration
avec Dieu ? – Rien. Par conséquent tout ce que nous avons appartient à
Dieu et nous sommes simplement intendants de ses biens.
« De plus », dit l’Apôtre, « il est demandé
des intendants qu’ils soient trouvés fidèles » et les paraboles prises en
considération montrent ce qui est considéré comme fidélité dans notre
intendance. Recevoir simplement les dons de Dieu n’est pas une preuve de
fidélité, comme beaucoup semblent le croire. Beaucoup, en effet, semblent
penser qu’ils ont fait à Dieu une grande faveur en acceptant simplement sa
grâce par Christ, et sont satisfaits au point de ne faire aucun effort
supplémentaire. Mais ils commettent une grande erreur ; la fidélité, ainsi
qu’elle est montrée ici, consiste en une utilisation convenable et assidue de
nos dons en harmonie avec le but divin et ses méthodes, et le Maître et
l’Apôtre montrent tous deux le jour où se règlent les comptes, le jour où les
choses secrètes seront mises en lumière et où tous les desseins des cœurs
seront manifestés. - Luc 19 : 15 ; 12 : 2, 3 ; 8 :
17 ; Marc 4 : 21, 22 ; Matthieu 25 : 19 ; 1
Corinthiens 4 : 5.
Nous observons que, dans la première parabole, chaque
serviteur reçoit exactement la même chose, une « mine », tandis que,
dans la dernière, les dons varient, l’un reçoit cinq talents, un autre deux et
un autre un, « à chaque homme selon ses différentes capacités ». La
mine, qui est la même pour tous, représente bien les bénédictions de la grâce
divine qui sont communes à tout le peuple de Dieu. C’est, entre autre : la
Parole de Dieu et les aides variées pour sa compréhension, les influences du
Saint Esprit, les privilèges de foi, de prière et de communion avec Dieu et la
relation avec Christ et avec son peuple. Par contre les talents, étant
distribués selon les différentes capacités de chaque homme, représentent les
opportunités de servir Dieu dans la lignée de telle ou telle capacité que nous
possédons. Ils peuvent être des talents d’éducation, d’argent, d’influence, de
bonne santé, de temps, de tact, de génie, avec des opportunités pour leur
utilisation au service de Dieu.
Dans les deux paraboles, notre
Seigneur est représenté comme devant partir pour recevoir un royaume, puis
revenir. Une partie de leur but était d’enlever de la pensée des disciples
l’idée que son royaume apparaîtrait immédiatement. Il faisait comprendre que
tandis qu’Il était sur le point de retourner auprès de son Père dans le ciel,
il y aurait une période intermédiaire entre ce moment du départ et celui de son
retour, période durant laquelle la fidélité de chacun serait pleinement testée,
et qu’ainsi tous ceux qui prouveraient leur fidélité dans leur intendance
durant son absence, seraient reconnus comme siens et bénis par Lui, dans son
Royaume à son retour.
La mission confiée à chacun et à tous les intendants du
Seigneur est exprimée dans ces mots : « Faites-les valoir
(Occupy : en vieil anglais signifie : Faites des affaires avec … –
Faites usage de … – Trafiquez) jusqu’à ce que je revienne ». Et, le premier
travail du Roi, à son retour, n’est pas d’avoir affaire au monde, de lui faire
rendre des comptes et de le juger mais d’avoir affaire avec ses serviteurs à
qui ses biens – les mines et les talents – ont été confiés ; voir comment
chacun en a tiré profit, et ainsi tester leur fidélité et déterminer quelle
place leur serait accordée dans le Royaume. Notons aussi que les comptes se
font individuellement et non pas par groupe ou classe.
En langage clair, ces paraboles enseignent qu’il est du
devoir de chaque chrétien de faire bon usage de tout ce que le Seigneur lui a
donné. L’utilisation correcte de la mine est de mettre diligemment à profit
tous les moyens pour l’édification spirituelle personnelle et celle des autres.
Nous ne pouvons nous permettre d’en négliger aucun, nous ne pouvons faire ceci
sans perte. Si nous négligeons de considérer et d’examiner les principes et les
préceptes de la Parole de Dieu, d’observer ses saines instructions, si nous
manquons de considérer ou de suivre les directions du Saint Esprit, si nous
négligeons le privilège de la prière et de la communion avec Dieu ou si nous
manquons de cultiver la communion avec les saints, nous avons enveloppé notre
« mine » dans une serviette. Elle ne peut produire son fruit légitime
si elle n’est pas utilisée. Le caractère chrétien ne peut croître et se
développer en négligeant les voies que Dieu a prévues pour son
perfectionnement. A cause d’une telle négligence, un déclin spirituel
s’installe à coup sûr ; et plus la négligence persiste et dure, plus le
déclin se réalise et moins il y a de diligence, de zèle et d’énergie pour se
relever. Mais dans l’assiduité et la bonne utilisation de ces moyens, il y a un
« festin de bonnes choses », lesquelles édifient et fortifient la vie
spirituelle, apportant beaucoup de fruits de sainteté, ce à quoi le Seigneur
regarde.
Maintenant, la parabole montre différents degrés de
croissance, dans les différents cas, résultant de la bonne utilisation de la
« mine ». La mine, par les soins d’un serviteur, en rapporta dix,
tandis qu’avec un autre, elle en rapporta cinq. Ceci nous rappelle, de même que
nous l’observons régulièrement, que les mêmes possibilités ne profitent pas
exactement de la même façon à tous. Quelques-uns, par exemple, sont par nature
plus studieux, plus réfléchis ou plus généreux ou reconnaissants. Et, c’est
pourquoi les occasions qui nous sont présentées par grâce sont reçues
différemment selon les individus et les fruits résultants différent aussi en
quantité. Une autre illustration de la même chose est aussi montrée dans la
parabole du semeur (Matthieu 13 : 8) où la semence tombée dans une bonne
terre produit des fruits en quantité variable – un grain en donne trente, un
autre soixante et un autre cent.
Mais, tous ces caractères qui portent de tels fruits sont
appréciés et récompensés comme « plus que vainqueurs », comme membres
du « Petit Troupeau » à qui c’est le bon plaisir du Père de donner le
Royaume. Les différentes quantités de fruits, trente, soixante, cent grains,
les dix et les cinq mines désignent des différences dans les obstacles à franchir
pour être vainqueur plutôt que de l’infidélité dans l’usage des moyens mis
gracieusement à disposition. Quelques-uns peuvent travailler longtemps et avec
ardeur pour de petits résultats, tandis que les mêmes efforts chez d’autres
plus forts de caractère et assidus peuvent produire de grandes choses.
D’autres, par des erreurs et des marches arrières occasionnelles, desquelles
ils se relèvent ensuite, perdent du temps et des occasions qu’ils ne pourront
jamais retrouver – bien qu’ils aient été pardonnés et généreusement rétablis
dans la faveur divine et que, depuis ce temps-là, ils courent avec diligence et
patience vers le but.
Tous ceux-là, donc, à cause de leur
foi, parce qu’ils ont surmonté les obstacles sur leur chemin et ont cultivé
avec zèle les fruits de l’Esprit, en utilisant les opportunités qui leur
étaient offertes, se voient accorder un accueil généreux dans le Royaume, bien
que leurs meilleurs efforts aient été au-dessous de la perfection, et que
chacun doive encore se voir imputer par la foi la robe de justice de Christ.
Mais le degré d’élévation de chacun dans le Royaume sera proportionnel au fruit
produit ici. L’assiduité constante, qui garantit le gain des dix mines, est
récompensée avec une élévation correspondante – laquelle est, au figuré,
illustrée par l’autorité sur dix villes ; tandis que la fidélité, qui
était parfois interrompue et mise en péril par de dangereuses marches arrières
par la suite rattrapées, mais qui, ces marches arrières mises à part, gagne
cinq mines, est récompensée par une élévation dans le Royaume représentée par
l’autorité sur cinq villes.
La parabole des talents illustre les
fruits du travail. Dans celle-ci, la croissance est la même pour les deux
serviteurs fidèles, chacun double ses talents et la même approbation est
exprimée à chacun, en accord avec le principe mentionné par Paul (2 Corinthiens
8 : 12) « La bonne volonté, quand elle existe, est agréable en
raison de ce qu’elle peut avoir à sa disposition, et non de ce qu’elle n’a
pas ». Un esprit réellement bien disposé à servir le Maître trouvera
toujours une voie pour Le servir en utilisant les talents qu’il possède ;
et il est certain que la croissance suivra ; et si on ne la constate pas
immédiatement elle apparaîtra petit à petit. « Dieu n’est pas injuste pour
oublier votre travail et l’amour que vous avez montré pour son nom »,
même si les fruits n’apparaissent pas à nos yeux. Le fruit sera manifesté plus
tard quand toutes les choses cachées seront révélées.
Les différences de récompense, accompagnées par les mêmes
mots d’approbation et de bienvenue dans la gloire du Royaume et la joie du
Seigneur, nous invitent à avoir à l’esprit ces textes qui nous apportent la
joie dans toutes les occasions présentes de souffrance et de service. Ces
occasions attestent de notre fidélité parce qu’elles produisent pour nous « un
éternel poids de gloire » et nous rappellent qu’il y aura aussi des
plus petits et des plus grands dans le Royaume des cieux. C’est un
encouragement pour amasser des trésors dans le ciel où la teigne ne corrompt
point et où les voleurs ne dérobent ni ne cassent. – Matthieu 5 : 11,
12 ; 2 Corinthiens 4 : 17, 18 ; Matthieu 11 : 11 ;
6 : 20.
Mais, qu’en a-t-il été
du serviteur infidèle qui enveloppa sa mine dans un drap (qui manqua de faire
usage des moyens de grâce pour sa propre croissance spirituelle et pour
développer son caractère) et qui enterra son talent (de temps, de moyens,
d’éducation, de capacité de tout genre, grande ou petite) dans la terre – au
service de soi et de Mammon ? Y a-t-il une récompense pour son déloyal,
son mauvais emploi des biens du Maître ? Non ! Même ce qu’il a lui
sera enlevé, et il sera jeté dans les ténèbres du dehors. (Luc 19 :
24-26 ; Matthieu 25 : 28-30). Le principe annoncé dans le texte d’or
indique à qui les récompenses doivent être données. De grandes responsabilités
doivent être confiées « aux plus que vainqueurs » de cet âge et leur
mérite doit être testé : ils doivent endurer des tests et ainsi être
éprouvés.
Les concitoyens qui le haïssaient (verset 14) et qui
envoyèrent un message disant : nous ne voulons pas que cet homme règne sur
nous, ne représentent pas seulement les Juifs qui criaient : « Crucifie-le,
nous n’avons pas d’autre roi que César » mais aussi tous ceux qui, étant
venus à la connaissance de Christ et de son Royaume prochain, sont tellement en
désaccord avec la justice qu’ils ne désirent pas le Royaume millénaire promis.
La colère viendra sur eux, « un grand temps de trouble tel qu’il n’y en
a jamais eu depuis qu’une nation existe », juste après que les
« serviteurs » auront rendu leurs comptes et auront été récompensés. « Amenez-les
ici et tuez-les en ma présence » dit la juste indignation du Seigneur
pour ceux qui font le mal, mais, en aucun cas, Il ne repousse un espoir de
pardon pour ceux qui se repentent et deviennent des sujets loyaux du Roi.
WT 1896 p.1972