“ Mais je traite durement mon corps et je le
tiens assujetti,
de peur d’être moi-même rejeté, après avoir prêché aux
autres. ” - 1 Corinthiens
9 : 27.
L’Apôtre Paul utilise ici
l’illustration d’une course. Dans certaines courses, il y a ce qu’on appelle
des handicaps ; c’est-à-dire qu’une personne qui est plus faible se voit
accorder une certaine marge de temps au départ, et la victoire lui est assurée
si elle arrive à temps. Il s’agirait d’un arrangement mais uniquement au
bénéfice de quelques personnes. Du point de vue des autres, cela se nomme un
handicap. Mais dans la course du Chrétien, il y a des arrangements pour
tous ; car personne n’est parfait – personne n’arrive au niveau de la
gloire de Dieu et nous ne pourrions jamais gagner la moindre récompense que
Dieu a offerte, si ce n’était par l’expiation que le Rédempteur a faite.
Pourtant, il est également vrai dans cette course que
certains se voient recevoir plus d’arrangements que d’autres. Ceux qui ont
beaucoup de faiblesses reçoivent des arrangements de grâce
correspondants ; et ceux qui ont moins de faiblesses en reçoivent moins. “ Moi
donc, je cours, non pas comme à l’aventure ” (1 Corinthiens 9 :
26), dit Saint Paul. Il était totalement déterminé. Il avait un but défini en
vue, et avait vraiment l’intention de gagner. C’est la seule attitude à
observer, si nous voulons gagner le prix que Dieu nous a offert ; et tout
cela dépend de notre zèle, notre fidélité et notre ferveur.
Les jeux grecs comptaient différentes démonstrations
de force et d’agilité en plus de la course. Il y avait des luttes contre des
animaux sauvages, dans lesquels un homme devait tenter de tuer un animal. Il y
en avait d’autres entre hommes, dans lesquelles l’un devait tenter de donner un
coup fatal à son antagoniste, si possible, avec ses articulations en cuivre.
Pour se préparer à ce combat, les concurrents disposaient de sacs gonflés pour
s’entraîner. Mais ce n’était pas le vrai combat, c’était simplement la
préparation.
Ainsi, l’Apôtre dit qu’il n’utilisait pas sa force
pour un simple entraînement. Il essayait de faire quelque chose. Il combattait
un véritable combat. De quel combat s’agissait-il ? La réponse de la Bible
est qu’une grande bataille commença aux jours où Satan devint l’Adversaire de
Dieu. Nos premiers parents sont tombés sous l’esclavage de Satan, et plus tard,
certains anges chutèrent. Maintenant, beaucoup se battent, et certains ignorent
complètement de quel côté ils combattent. Ceux qui combattent pour l’injustice
sont du côté de Satan. Quiconque se bat pour des réformes morales, etc., est du
côté de Dieu, plutôt que du côté de l’ennemi de l’humanité.
Le monde combat plus ou moins – certains plus
intelligemment, certains moins. Dans chaque armée, il y en a qui ne sauraient
vous dire le but de la bataille. Ainsi, actuellement, beaucoup ne savent pas
qu’une bataille est menée entre la Justice et le Péché. Les millionnaires ont
leurs propres batailles et conflits ; les petits marchands ont leurs
batailles, ils sont en concurrence avec les marchands plus grands. L’avocat a
ses batailles. Il peut quelquefois avoir à traiter un cas du côté de la justice
et le défendre avec zèle ; et de même, il peut en avoir un autre du côté
de l’injustice, et le défendre avec autant de zèle. Mais le monde ne reconnaît
pas la véritable bataille. Le même homme peut se trouver du bon côté un jour,
et du mauvais le jour suivant.
L’Apôtre s’est engagé sous la véritable bannière.
Christ a élevé un étendard en opposition à Satan, et Il va gagner encore une
victoire glorieuse sur le champ de bataille même où le péché a régné durant six
mille ans. Il a eu un combat personnel avec les puissances des ténèbres, dans
lequel Il fut victorieux. Et sa victoire a été obtenue en triomphant de ses
propres désirs naturels, et en se soumettant totalement à la volonté de Dieu.
C’était la seule condition sous laquelle Il pouvait être élevé de l’état
terrestre aux gloires de la nature divine. Il a atteint la condition requise, la
mort d’un Juste pour un injuste, et a obtenu la merveilleuse victoire sur
Satan.
Le Père Céleste, en harmonie avec ses propres
dispositions, a donné plein pouvoir au Seigneur Jésus pour tirer du monde une
classe de personnes qui offriraient leurs vies comme Lui, durant un temps où
tout semble opposé, où le mal semble triompher plus fréquemment que la droiture
et la justice. Ces personnes, marchant par la foi et non par la vue, doivent
offrir leur vie pour l’amour de la justice, afin de mettre à exécution les
intentions de Dieu.
Nous demandons-nous qui ou quoi combattre ? La
réponse est que personne ne peut participer à cette véritable lutte s’il suit
les élans de son propre esprit. Dans un tel cas, il n’a pas part à ce combat.
Il peut s’engager dans les luttes ordinaires du monde – quelquefois pour la
justice, quelquefois pour l’injustice. Mais s’il désirait entrer dans cette
troupe qui est guidée par Jésus, il devrait venir à Dieu par Celui-ci et
sacrifier les espérances terrestres, buts et ambitions, et marcher dans les
traces de Jésus – les traces de la souffrance jusqu’à la mort. “ Il
convenait, en effet, que celui pour qui et par qui sont toutes choses, et qui
voulait conduire à la gloire beaucoup de fils, élevât à la perfection par les
souffrances le Prince de leur salut. ” (Hébreux 2 : 10). Ainsi
commence le combat dans notre esprit, notre volonté. Nous soumettons notre
esprit à l’esprit de Christ.
Dans les sacrifices du Jour de Réconciliation
typique, le Corps de Christ est représenté par le bouc de l’Eternel. Et comme
le souverain sacrificateur tuait le bouc dans le type, de même, dans
l’antitype, la nature animale doit être mise à mort, tuée, sacrifiée. Elle ne
doit pas être cédée au péché, mais vaincue. La Nouvelle Créature combat
mortellement le péché retranché dans la chair et les désirs immodérés de la
nature humaine. L’intéressé a fait une consécration à Dieu de sa propre
personne. Et en conséquence, l’Avocat a placé son propre mérite sur le consacré.
Une fois que ceci est accompli, le combat commence immédiatement ; la
Nouvelle Créature doit garder le contrôle sur l’ancienne créature, l’ancienne
volonté. – Galates 5 : 17.
L’Apôtre dit : “ Mais je traite durement
mon corps et je le tiens assujetti, de peur d’être moi-même rejeté, après avoir
prêché aux autres. ” (1 Corinthiens 9 : 27). Cela doit être un
vrai combat, une vraie lutte ; car la victoire n’est que pour ceux qui
triomphent. “ A celui qui vaincra … je donnerai autorité sur les
nations. ” ; “ Celui qui vaincra, je le ferai asseoir avec moi
sur mon trône. ” - Apocalypse 2 : 26, 27 ; 3 : 21.
Cette bataille, qui commence alors au moment de notre
consécration, continue jusqu’à la fin – notre mort. Ce sera la mort soit de la
Nouvelle Créature, soit de l’ancienne créature. Pour autant que nos intérêts
terrestres sont concernés, nous les sacrifions complètement – nous les
échangeons contre l’oppor-tunité d’obtenir la gloire, l’honneur, l’immortalité,
le cohéritage avec le Seigneur, la participation à la nature divine. Ainsi,
comme l’Apôtre le suggère, nous ne devons pas dépenser nos forces simplement
sur des sacs gonflés d’air, mais nous devons combattre pour un certain but.
“ Car Christ est ma vie ” (Philippiens 1 : 21) nous dit
l’Apôtre ; et pour moi, perdre cette bataille, c’est périr comme Nouvelle
Créature, et cela signifie alors que la seconde mort est mienne. Nous devrions
réaliser que dans notre position, comme Chrétiens, nos intérêts éternels sont
en jeu. Nous craignons de perdre la vie éternelle, que nous perdrions sûrement
si nous échouions à être des vainqueurs.
L’Apôtre Pierre écrit : “ Puisque donc
toutes ces choses doivent se dissoudre, quelles ne doivent pas être la sainteté
de votre conduite et votre piété ; … appliquez-vous à être trouvés par lui
sans tache et irrépréhensibles dans la paix. ” (2 Pierre 3 : 11,
14). Avec cette espérance, combien notre vie devrait être sérieuse !
Le Chrétien qui connaît ces choses du futur, et qui
vit en les anticipant, possède une joie et une paix dont le monde ne connaît
rien. Une semaine avec une telle vie a bien plus de valeur qu’une vie entière
avec seulement les choses que le monde peut offrir. Et si nous apprécions
maintenant de vivre en nouveauté de vie, entrant par la foi dans les choses que
le Seigneur a en réserve pour nous, quelle en sera la réalisation ! Si
nous perdions beaucoup dans le temps présent en perdant notre espérance et
notre foi, qu’en serait-il de perdre ces choses éternellement !
Comme nous réalisons ceci, nous voyons que nous ne
pouvons nous permettre un seul moment d’imprudence. L’homme engagé dans un
combat contre un animal sait que celui-ci, meurtri et blessé, cherche à le
tuer. Ainsi, l’Apôtre nous dit que l’ancienne nature s’efforce de tuer la
Nouvelle. C’est pourquoi la Nouvelle Nature doit voir en cela à utiliser toute
sa force pour gagner la victoire. Le Seigneur nous a promis que sa grâce
suffirait pour tous les moments de besoin. Si nous sommes vaincus par
l’ancienne nature, ce sera parce que nous n’avons pas suffisamment de force
pour la victoire ; car si nous invoquons le Seigneur, Il nous soutiendra.
Mais le Seigneur va tester notre loyauté, notre foi, notre force de caractère,
notre vigilance d’esprit. Et la victoire est certaine, aussi longtemps que nous
Lui faisons confiance !
WT 1915 p.5777