JACQUES 2 : 14-26
Texte d'or : “ La foi
sans les oeuvres est morte. ” - V. 20.
Beaucoup
ont supposé qu’il y avait un conflit doctrinal entre St. Paul et St. Jacques,
le premier regardant la foi comme un élément important du Christianisme, le
dernier insistant sur le fait que les oeuvres ont la priorité. Ce conflit de
pensées s’est plus ou moins perpétré au cours des âges et demeure avec nous
aujourd'hui. Nous soutenons qu'il n'y avait nullement un tel conflit entre les
apôtres et que le sujet, correctement compris aujourd'hui, ne laisse aucune
place pour la controverse. Paul insiste sur le fait que l'Alliance de la Loi
était une alliance basée sur des oeuvres et que personne ne pouvait être
justifié sous elle, parce que personne ne pouvait accomplir des oeuvres
parfaites et que, en conséquence, tous les juifs se trouvaient sous une
condamnation. Il précise que l'Alliance Abrahamique originale était meilleure
et supérieure à l'Alliance de la Loi, parce que ses dispositions n'exigeaient
pas des oeuvres parfaites, impossibles à l'homme déchu ; mais, à la
place, elle le testa suivant une autre ligne, la ligne de sa foi. St. Paul n'a
pas voulu dire, et n'a pas dit, que les oeuvres étaient sans valeur aux yeux de
Dieu; mais, se rendant compte que les juifs, en se confiant en leur Alliance
spéciale de Loi, insistaient plus sur les oeuvres que sur la foi, il attire
avec insistance leur attention sur le fait que, en ce qui concernait les
Israélites spirituels de la classe d'Isaac, les héritiers de l'alliance
originale de Sarah, la foi doit être considérée comme la norme. Sous cette
Alliance, celui qui atteindrait le genre approprié de foi serait acceptable
par Dieu. Cette alliance ne se prononce pas pour une foi sans oeuvres, mais
elle indique comme nécessaire un développement approprié de la foi, quelque chose de plus que la croyance
initiale en un “ Dieu qui est et qui est un rémunérateur de ceux qui
le cherchent diligemment. ” - Hébreux 11 : 6.
La foi est une question d’étapes et de
développement ; et il n’est possible qu’à une foi développée de nous
apporter la bénédiction promise dans l'Alliance Abrahamique. Ceci impliquerait
des oeuvres, dans la mesure où elles seraient possibles, comme preuves de notre
foi. Néanmoins, aucun d’entre nous ne peut être justifié par des oeuvres, parce
que nos meilleures oeuvres sont imparfaites. Notre jugement, notre épreuve,
dans sa dernière analyse est : “ Qu’il vous soit fait selon votre
foi ” (Matthieu 9 : 29). St. Jacques a probablement remarqué
chez certains une tendance à aller à l'extrémité opposée en matière de foi, et
à ignorer entièrement les oeuvres. Il ne prétend pas que quelqu’un pourrait
faire des oeuvres qui le justifieraient devant Dieu, mais il insiste simplement
sur le fait que si le bon genre de foi était développé dans le cœur, il
porterait sûrement du fruit et cela se manifesterait extérieurement, selon les
circonstances. Assurément, c'est une position saine et entièrement en accord
avec les paroles de notre Seigneur : “ Vous les reconnaîtrez à
leurs fruits ” - Matthieu 7 : 16.
Venant dans un verger rempli de fruits, nous pouvons
rapidement discerner les différentes sortes d'arbres par leurs fruits. Ainsi
en est-il du Chrétien. S'il professe avoir la foi en Christ, nous sommes
disposés à le reconnaître en tant que frère, mais “ si quelqu’un n’a
pas l'esprit de Christ, il ne lui appartient pas ” ; c’est
pourquoi, nous recherchons des preuves de l'esprit, de la disposition, du
caractère du Seigneur en tous ceux qui professent être ses
“ membres ”, ses “ frères ” (Romains 8 : 9). Si nous
voyons en un frère peu de l'esprit (de la disposition) du Seigneur, nous sommes
alors enclins à nous demander depuis combien de temps il connaît le
Seigneur et se déclare consacré à Lui. Nous trouvons ainsi parfois des
“ bébés en Christ ” qui, depuis le temps qu’ils ont connaissance du
Seigneur, devraient être plus développés et avoir une plus grande mesure de
son esprit. Nous devrions veiller à ne pas les considérer, dans n'importe quel
sens du mot, comme des instructeurs appropriés ou des exemples.
Par contre, chez certains, nous
pouvons très rapidement discerner l'Esprit de Christ : leur gentillesse,
leur humilité, leur patience, leur amour fraternel, leur amour. Et si, comme
parfois cela arrive, ces qualités se développent rapidement chez certains de
ceux qui sont venus tout récemment à la connaissance de la Vérité, nous pouvons
nous en réjouir d’autant plus avec chacun d’eux, porteur de ces fruits. La
qualité du fruit développé, le développement du cœur, indiqueraient qu’un
jeune de ce genre, sous l’angle de l’âge, pourrait être un des frères anciens,
même si, parce que c’est un novice, l'Eglise ne peut pas encore considérer que
l'heure est venue de le faire accéder
formellement à la position officielle “ d’ancien ”.
En d'autres
termes, les enseignements de St. Paul et de St. Jacques peuvent être
entièrement harmonisés, en se rappelant les paroles du premier : “
Mais Dieu…alors même que nous étions morts dans nos fautes, nous a vivifiés
ensemble avec le Christ… ” (Ephésiens 2 : 4, 5). Après que le
pécheur, mort par les offenses et sous la condamnation, eut, par la grâce de
Dieu, entendu parler de Christ et accepté sa part de l’œuvre rédemptrice par la
foi, il “ est justifié par la foi ”
[Cette pensée de l’auteur sur la Justification est sa première
pensée. Selon les précisions qu’il a fournies à la fin de sa carrière
terrestre, la Justification s’opère à la consécration. Voir l’AVANT-PROPOS DE
L’AUTEUR, dans le Volume 6, AUX PAGES VIII et IX.] , avant d’avoir eu un
quelconque laps de temps pour produire des oeuvres ou du fruit de quelque sorte
que ce soit. Alors si, suivant les directives et les instructions du Seigneur,
il se présentait lui-même en sacrifice vivant au Seigneur pour prendre sa
croix et suivre les traces de Jésus, l'acceptation de son sacrifice par le
Père signifierait son engendrement à une nouvelle nature, au plan spirituel en
tant que “ Nouvelle Créature ”. Si l'esprit d’engendrement n’est pas
perdu, s'il ne meurt pas, une oeuvre de transformation progressera. Bientôt
une vivification ou une activité résultera de la présence du Saint Esprit dans
le corps mortel. Si ce processus continue, finalement la “ Nouvelle
Créature ” sera rendue parfaite et prête pour la naissance sur le plan
spirituel, par la résurrection. C’est de cette manière que notre Seigneur fut,
par sa résurrection, le Premier-né de beaucoup de frères, et nous, ses frères,
nous naîtrons “ d’entre les morts ” au temps convenable, si nous
sommes fidèles. Mais si l'étincelle de vie périt, nous deviendrons des
réprouvés et n'expérimenterons aucune naissance par la résurrection.
De ce point de vue, nous sommes prêts à discerner
que lorsque Dieu commence à nous guider, Il le fait selon les lignes de la foi,
et que c’est à notre foi que les promesses de Dieu font appel. Par ces “ excessivement
grandes et précieuses promesses ” touchant notre foi et l’activant,
Dieu travaille en nous, d'abord pour nous amener à vouloir et, ensuite, à faire
son bon plaisir. Avoir la volonté de faire bien est de première importance et
provient entièrement de la foi. Le “ faire ”, qui résulte de cette
foi, est l'action de Dieu au travers de celle-ci et correspond à la
“ vivification ” de la naissance naturelle. La période de cette
vivification peut venir plus vite ou plus tard, mais la force, la vigueur de
l'enfant qui n’est pas encore né est habituellement estimée par le degré de la
vivification manifestée. Ainsi en est-il du Chrétien. Quand sa foi se sera
développée suffisamment, le degré de son activité dans l'obéissance à Dieu au
service de la vérité, de la justice et des frères indiquera la force ou la
faiblesse de son développement spirituel.
L'examen de
conscience à ce propos est tout à fait approprié. Si nous avons entendu, vu,
goûté la grâce de Dieu et l’avons appréciée, et si aucun désir de servir notre
gracieux Père ou d'aider les autres, en vue des mêmes bénédictions que celles
dont nous nous réjouissons, n'a été manifesté, cela implique que notre vitalité
spirituelle est très faible et en danger de périr. Mais si, au contraire, nous
brûlons d’un amour fervent pour le Seigneur et apprécions son grand Plan de
Salut, et si sommes consumés par le désir de faire connaître les bonnes
nouvelles aux autres pour leur bénédiction, leur raffermissement, leur
édification et leur participation à la foi divine, cela devrait nous encourager.
Nous devrions remarquer également que Jésus a particulièrement aimé et favorisé
Pierre, Jacques et Jean, les plus zélés, les plus vigoureux et les plus
énergiques parmi les apôtres, de même que Paul, nous pouvons en être sûrs.
St. Jacques poursuit son point de vue et essaye de
réveiller ceux qui ont une mesure de foi, mais qui ne sont pas allés jusqu’au
point de la vivification. Il demande quel bénéfice y aurait-il pour nous de
dire que nous avons la foi si nous n'avons pas des oeuvres correspondantes,
pour témoigner de notre foi, quelque imparfaites que puissent être les oeuvres.
Il demande (Version Révisée) : “ Est-ce que cette foi peut le sauver ? ”
Nous répondons, non. Comme St. Paul le déclare, c'est la foi œuvrant par
amour, qui compte. Mais c'est la foi qui compte, et pas les œuvres, parce que
la foi peut être parfaite, totale ; mais la perfection des oeuvres nous
est impossible, parce que nous avons ce trésor de la nouvelle nature dans un
vase de terre.
Pour
illustrer ce point, il suggère que dire à un frère en la foi nécessiteux que
Dieu l'aidera et le laisser partir sans le soulager, quand il est en notre
pouvoir de le faire, ne serait pas une foi que Dieu approuverait. Cela voudrait
plutôt dire que nous nous sommes trompés nous-mêmes, et cela ne nous serait d’aucun
profit. Ainsi la foi qui ne produit aucune oeuvre, de quelque sorte ou degré
que ce soit, ne peut être appelée une foi vivante, parce que, jusque-là, elle
n'a donné aucun signe de vie, elle n'a montré aucune preuve de vivification.
St. Jacques précise clairement sa pensée en disant :
“ Mais quelqu’un dira : Toi, tu as la foi ; et moi, j’ai les
œuvres. Montre-moi ta foi sans les œuvres, et moi, je te montrerai la foi par
mes œuvres. ” Il désigne à nouveau le point particulier de la foi
juive en un seul Dieu par opposition à la croyance des païens en de nombreux
dieux. Il dit aux frères juifs : “ Vous vous vantez d’avoir
connaissance du seul Dieu, vivant et véritable, mais ce n'est sûrement pas
l'ampleur de votre foi dans cette direction ; parce que les démons
croient et tremblent. Ô, homme vain, la foi sans les oeuvres est stérile. Elle
ne peut jamais t’apporter la vie, la naissance. ” Une foi qui ne
conduirait pas à l'obéissance, en harmonie avec les capacités, est donc
infructueuse pendant cet âge de l’Evangile, de même que des oeuvres
imparfaites ne justifiaient pas à la vie sous l'Alliance de Loi.
Notez le
cas d'Abraham, le “ père des fidèles ”. Il est écrit qu'il croyait en
Dieu, et que sa foi lui fut imputée à justice. Mais quelle dose de foi est
exigée et dans quelle mesure est-elle impliquée dans les œuvres ? Jacques
précise que Dieu a testé d’une manière décisive la foi d'Abraham, qui aurait
été démontrée inefficace, si elle ne s'était pas développée jusqu’au stade de
la vivification, celui des oeuvres résultant de l'obéissance. Ce fut des
années après que la promesse fut faite, quand Isaac, la postérité de la
promesse, fut parvenu à la stature de jeune homme, que Dieu commanda qu'il
fût sacrifié sur l'autel, préfigurant ainsi comment tout le Christ, la
véritable postérité d'Abraham (Galates 3:29), doit passer par l’épreuve de la foi jusqu’au point de
l’obéissance, même jusqu’à la mort, la mort en sacrifice.
Puis,
craignant d’avoir donné un exemple d’une foi et d’une obéissance si élevées
qu’il nous découragerait, St. Jacques choisit et développe devant nous une
autre illustration de la foi et des oeuvres, celle de Rahab la prostituée.
Elle avait foi en Dieu, mais cette foi ne lui aurait été d’aucun profit si elle
ne s'était développée jusqu’au point d’être active et de se déployer dans un
service utile, mettant temporairement en péril ses intérêts, pour aider les
espions. Manifestement, elle n'aurait jamais fait de telles oeuvres sans foi,
et c'est cette foi qui plaît particulièrement au Seigneur. Mais la foi n'aurait
pas plu au Seigneur, si elle n’avait pas produit des oeuvres correspondantes.
Ainsi, nous voyons comment les oeuvres sont liées à notre justification, en rapport
avec notre foi, qui est la base de nos oeuvres.
St. Jacques récapitule cette pensée, disant, “ Car
comme le corps sans esprit est mort, ainsi aussi la foi sans les oeuvres est
morte. ” Certains pourraient penser que l'auteur de ces mots s’était
égaré en comparant le corps à la foi et l'esprit de vie aux oeuvres, et ils
pourraient supposer que l'illustration devrait être inversée, à savoir, qu’il
y aurait lieu de comparer le corps aux oeuvres et l'esprit de vie à la foi. Mais
Jacques a exprimé le sujet correctement. Un corps doit d’abord exister avant
que n'importe quel esprit de vie puisse y être introduit. Ainsi la foi doit
exister avant qu'elle puisse être vivifiée par une activité. Mais la
vivification est absolument nécessaire avant que nous puissions naître de
l'esprit dans la première résurrection.
Malgré tout
ce que nous avons écrit à ce sujet, particulièrement dans les Etudes des
Ecritures, Volume VI, certains de nos chers amis nous écrivent de temps en
temps, étant perplexes, désireux de savoir quelle conduite ils devraient
adopter à l’égard des frères (et parfois de frères éminents) dont les oeuvres
ne correspondent pas à la foi qu’ils professent. Par exemple, nous avons
récemment reçu une lettre qui notait le fait qu’un frère, éminent dans la
Vérité, chez qui se tenait habituellement les réunions, avait un faible pour les boissons alcoolisées. Les frères ont
craint que si les réunions étaient supprimées à sa maison, il n’y participerait
pas, ailleurs. Ils ont exprimé le désir de connaître la volonté du Seigneur
concernant la ligne de conduite à suivre.
Nous fûmes
contents de remarquer leur amour pour le frère ainsi que leur démarche en
faveur de la Vérité, craignant que la faiblesse du frère n’apporte à la cause
de Christ une mesure de déshonneur. Nous avons conseillé que soit encore traité
comme frère celui qui s’est égaré, parce que sa faiblesse pouvait être d’ordre
héréditaire et dans une grande mesure contraire à sa propre volonté ; mais
nous avons également émis l’avis qu’un frère avec cette faiblesse ne devrait
d’aucune façon être présenté au monde comme un représentant éminent de la
Vérité. Agir ainsi déshonorerait la Vérité et serait également nuisible au
frère, qui pourrait en venir à estimer que sa faiblesse a été admise par les
frères comme excusable. Encouragé de cette manière, il pourrait manquer de
déployer en la circonstance l'énergie nécessaire, manquer de permettre à sa foi
de travailler en lui, de le diriger, de contrôler sa chair mortelle, comme les
Ecritures l’exigent.
Avec une totale sympathie et amour fraternel,
nous croyons néanmoins que le frère n'est pas aidé par la ligne de conduite
suivie par l’assemblée; il serait préférable pour lui que les frères lui
adressent des reproches affectueux et déplacent la réunion de sa maison. S'il
possède une mesure de l'esprit du Seigneur, de l'esprit d'humilité et d'amour
pour les frères, une telle conduite serait un reproche des plus utiles, plaçant
devant lui, et devant tous, les normes élevées de la conduite chrétienne.
A-t-il été dit que cette attitude pourrait le conduire à s’opposer à la
Vérité ? Nous répondrons que les Ecritures nous préviennent que notre
Evangile est “aux uns une odeur de mort pour la mort, et aux autres une
odeur de vie pour la vie ” (2 Corinthiens 2 : 16). Toute notre
responsabilité est de faire la volonté du Seigneur de la façon la plus aimable,
la plus douce, la plus affectueuse possible, mais avec cette force et cette
assurance qui imprimeront une leçon sur
ceux qui sont soumis à notre influence et à l'influence du Seigneur par notre
intermédiaire.
Nous
venons de recevoir une lettre d'une chère sœur qui est en contact avec la
Vérité depuis quelques années et qui s’y intéresse profondément. Elle nous
écrit qu'elle vient maintenant seulement de prendre conscience des merveilleux
privilèges qui sont siens, en rapport avec l’œuvre de la moisson et avec le
privilège consistant à “ annoncer les vertus de Celui qui nous a
appelés des ténèbres à son admirable lumière ”. Cette chère sœur
vient seulement maintenant d’être entièrement vivifiée, stimulée par la Vérité.
On peut s’attendre à ce qu’il en résulte de bonnes choses. Non seulement
d’autres pourront être amenés, par elle, à la connaissance de la Vérité, mais elle
pourra également amener son propre cœur en pleine harmonie avec le Seigneur et
développer une plus grande similitude de caractère avec Lui, en manifestant
les fruits et les grâces de l'Esprit saint. Cette vivification vint en liaison
avec les efforts de la sœur en vue de vivre à la hauteur des divers traits
particuliers du vœu au Seigneur. Nous espérons recevoir des échos semblables
de la part d’autres personnes qui auront été pareillement bénies et stimulées,
pour pratiquer de bonnes oeuvres pour le
Seigneur, les frères et la Vérité.
WT 1909 p. 4377