- Daniel 1 : 1-21 -
Les captifs juifs – La cour babylonienne – Les mets
du roi – Daniel et ses compagnons – Respect des principes et ses avantages –
Les principes sont éternels – La maîtrise de soi est source de bénédictions.
« Veillez,
demeurez fermes dans la foi, soyez des hommes, fortifiez-vous. » - 1
Corinthiens 16 : 13.
L’étude d’aujourd’hui est particulièrement appropriée
au Dimanche mondial de la Modération. Quelle joie de voir autant progresser le
thème de la modération dans le monde ! Nous n’allons pas polémiquer avec
ceux qui affirment être assez forts pour consommer avec sagesse des boissons
alcoolisées, sans se faire du tort, et à leur avantage. C’est peut-être vrai
pour certains ; mais tous s’accorderont à dire qu’il s’agit d’une minorité
– que la grande majorité des hommes ne sait pas assez se maîtriser pour suivre
une telle ligne de conduite. Pour la majorité, la meilleure chose à faire est
sans aucun doute de décider, une bonne fois pour toutes, de ne jamais consommer
de boissons alcoolisées, à moins qu’elles n’aient été prescrites médicalement
comme une nécessité absolue.
Lorsque nous pensons aux soucis de
la vie, à la criminalité, aux maux de tête et aux chagrins issus directement
de l’alcool, il semble incroyable que les hommes les plus sages et les plus
équilibrés ne souhaitent pas renoncer à leurs propres libertés dans l’intérêt
de leurs semblables en général. Le sentiment de modération – celui de
l’abstinence totale – grandit partout, et notre propre nation en est le chef de
file. Toutefois, nous ne devons pas nous méprendre en pensant que le monde
s’est détourné de l’alcool. Il est évident qu’aucun résultat radical et
permanent ne sera obtenu tant que le royaume du Messie ne se sera pleinement
saisi des affaires de ce monde. Nous pouvons être certains qu’après cela, il ne
sera pas permis de causer du tort ou du dommage dans l’ensemble du royaume
saint de Dieu. – Esaïe 11 : 9.
La bonne
nouvelle selon laquelle les Russes avaient supprimé la consommation de vodka au
sein de l’armée et dans tout le pays a ensuite été contrebalancée par une autre
nouvelle annonçant que le peuple, en renonçant à son alcool habituel – la vodka
– s’est lancé dans la distillation privée, si bien qu’il n’y a jamais eu un tel
manque de modération. Le rapport selon lequel la consommation d’alcool au sein
des armées françaises et britanniques a été interdite, et qui indique que
l’esprit de modération grandit dans la patrie, est contrebalancé par une
terrible nouvelle. On aurait en effet trouvé nécessaire d’utiliser dans toutes
les armées des boissons alcoolisées pour encourager les soldats, juste avant de
les envoyer charger des ennemis retranchés. Or c’est dans ces actions que la
moitié et parfois l’ensemble des attaquants sont blessés ou tués. Il semblerait
que les hommes sensibles aient besoin pour une telle attaque de brouiller
suffisamment leur esprit pour se porter volontaires.
Quelle chose horrible est cette guerre (Il
s’agit de la guerre 1914-1918, trad.) ! Comme il est choquant que des hommes
dussent être à moitié ivres avant d’être envoyés pour mourir ! Hélas,
quelle absurdité que de proclamer que les royaumes en guerre sont des royaumes
de Christ, et que le monde en général est la chrétienté – le royaume de
Christ ! Comme nous sommes heureux de savoir aujourd’hui que le royaume
du Fils bien-aimé de Dieu est très différent de ces royaumes, et qu’il est sur
le point d’être inauguré ! Et combien nécessaire paraît être l’annonce de
la Bible, selon laquelle l’établissement du royaume de Dieu sous l’ensemble des
cieux est en rapport avec une grande période de détresse, qui commence déjà et
dont la Bible indique qu’elle prendra fin dans l’anarchie et la complète
destruction de l’ordre présent de la société ! Remerciez Dieu de ce qu’un
nouvel ordre prendra rapidement sa place – appelé symboliquement les nouveaux
cieux et la nouvelle terre, au sein desquels demeurera la justice et où
cesseront les guerres, jusqu’aux extrémités de la terre ! – Psaume
46 ; 2 Pierre 3 : 13.
Ceux
qui auraient tendance à penser que les gens vivant il y a trois mille ans
étaient des hommes singes vont peut-être tirer une leçon de notre étude
d’aujourd’hui. Elle indique non seulement une grande intelligence chez certains
jeunes emmenés du pays d’Israël pour être faits prisonniers en Babylone, mais
aussi une grande sagesse chez le roi de Babylone. Le fait que le roi
Nebucadnetsar choisit de jeunes hommes parmi les captifs pour recevoir une
instruction particulière dans les écoles babyloniennes, afin de devenir
conseillers et hommes sages du roi, est le fruit d’une profonde réflexion dont
très peu de monarques font preuve aujourd’hui. Le roi George de Grande-Bretagne
accepterait-il de jeunes captifs allemands et leur donnerait-il les moyens de
devenir des conseillers ? Ou encore le Kaiser (l’empereur allemand,
trad.), agirait-il ainsi à l’égard de certains jeunes Britanniques et pourvoirait-il
à leurs besoins ? Une autre nation du monde démontrerait-elle aujourd’hui
une telle largesse d’esprit, à l’image de Nebucadnetsar il y a 2500 ans ?
Non
seulement c’est ce qui se passa, mais de jeunes captifs juifs, qui firent la
preuve de leurs qualifications, se virent offrir toutes les opportunités pour
utiliser leurs talents au bénéfice de la nation qui les avait adoptés. Daniel
devint Premier ministre en Babylone ; et d’autres captifs juifs se
hissèrent au rang de présidents de différentes régions de l’empire babylonien.
Il est clair que ceci montre non seulement que chez certains d’entre les Juifs
résidait un mérite de haut rang, mais aussi qu’on était alors capable de le
reconnaître sans faire preuve d’étroitesse d’esprit ou de jalousie, au
détriment des meilleurs intérêts de l’empire.
L’étude
d’aujourd’hui nous conduit à l’époque où quatre de ces captifs hébreux furent
choisis et placés dans l’école spéciale de Nebucadnetsar. Cette disposition à
leur égard comprenait non seulement leur instruction, mais aussi d’abondants
moyens pour assurer leur bien-être physique. Ils reçurent une part des repas du
roi ; c’est-à-dire qu’ils partagèrent la nourriture préparée pour la
famille royale et censée être indispensable au développement de l’intelligence
et des aptitudes les plus grandes.
Daniel
et ses trois compagnons firent preuve de sagesse devant cette situation. Sous
les bénédictions de l’Eternel, la docilité, la douceur et la grandeur générale
de caractère de Daniel, fruits de sa connaissance du Dieu véritable, de la
fidèle éducation de parents pieux et de la connaissance de la loi et des
promesses divines, lui firent rapidement trouver faveur auprès du chef
des eunuques. Le chemin était ainsi préparé pour que soit considérée
favorablement la proposition de ces quatre jeunes Hébreux de manger de la
nourriture simple à la place des mets et des vins de la table du roi.
Le
chef des eunuques hésita à accéder à leur requête, croyant qu’une telle action
affaiblirait physiquement les Hébreux, ce qui se répercuterait sur l’apparence
personnelle de chacun d’eux ; et il pensait que cela lui serait imputé et
nécessiterait une enquête à son sujet, causant le mécontentement, voire une punition,
de la part du roi à son égard. En réponse à cela, Daniel et ses compagnons
demandèrent un essai de dix jours ; si à la fin de cette période, ils
paraissaient amaigris ou moins forts que les autres, on mettrait alors un terme
à ce régime alimentaire qu’ils avaient demandé ; sinon ils pourraient
continuer à manger de la nourriture simple.
Il
leur fut autorisé à manger des légumineuses. Ceci, à proprement parler, semble
faire référence à des aliments tels que les haricots, les pois, etc ; mais
nous présumons que le mot est utilisé en général pour désigner les légumes. Le
monde est sur le point de reconnaître que de telles légumineuses, comme les
haricots et les pois, contiennent les éléments nutritifs que l’on recherche
habituellement dans la viande ; et on abandonne ou freine de plus en plus
la consommation de viande alors que les aliments farinacés et légumineux la
remplacent, et apparemment à notre avantage dans de nombreux cas aujourd’hui.
Nous ne devons toutefois pas penser que la Bible interdise la consommation de
chair, comme nourriture. Les chrétiens sont libres d’exercer leur jugement et
leur expérience pour décider de la meilleure nourriture pour leur corps et
pour utiliser au mieux celui-ci au service de l’Eternel. Le fait que notre
Seigneur et les apôtres mangeaient de la viande – agneau, poisson, etc – prouve
clairement que la viande ne doit pas être méprisée et qu’en manger ne doit pas
être considéré comme un péché.
C’est
pour une raison particulière que Daniel et ses compagnons souhaitèrent être
dispensés de manger des mets de la table du roi. Il était de coutume à l’époque
d’offrir de la viande aux idoles avant d’en consommer – comme si les gens
souhaitaient que la viande reçoive une bénédiction particulière. Alors qu’une
telle bénédiction ne pouvait pas vraiment nuire à la viande – car une idole
n’est rien et ne pouvait ni bénir ni maudire la viande – néanmoins si les
jeunes hommes avaient mangé de cette viande, le peuple aurait plus ou moins
pensé qu’ils étaient bénis par les dieux païens, et que leur sagesse ou leurs
compétences provenaient de ces derniers. Cette idée avait sans aucun doute
joué un rôle important dans leur demande à changer de nourriture.
En
outre, bien que les Ecritures n’interdisent pas la consommation d’alcool, elles
font bien référence à des bénédictions particulières à l’égard de ceux qui s’en
abstiennent, ainsi que des eunuques. Daniel et ses compagnons étaient
apparemment entièrement consacrés à l’Eternel ; et le fait d’être loin de
leur maison dans un pays païen semble avoir renforcé leur intérêt pour la
religion, au lieu de l’affaiblir. Ils prirent plus que jamais conscience qu’ils
avaient besoin d’un Dieu véritable et souhaitaient être ses serviteurs
fidèles.
La manière
dont l’Eternel bénit grandement les jeunes Hébreux, pour avoir choisi de mener
une vie droite et pure au milieu des païens, fait partie de cette leçon. Au
terme des dix jours d’essai, on se rendit compte que les quatre jeunes Hébreux
se portaient mieux grâce à leur régime alimentaire différent ; et il est
rapporté qu’à la fin, lorsque le roi s’entretint avec eux, il les trouva dix
fois plus sages que les magiciens et les astrologues de son royaume. La
sagesse de Nebucadnetsar fut manifestée lorsqu’il éleva ces jeunes hommes à
des positions élevées dans son royaume. Ce fut une bonne récompense pour toute
leur abnégation et leur fidélité envers Dieu et envers les principes.
Nous
croyons que la loi divine obéit à un fonctionnement général dans le sens où
quiconque cherche à vivre consciencieusement, avec pureté et honnêteté, recevra
des compensations dans son propre cœur, dans sa propre vie, qu’il atteigne ou
pas des positions honorables parmi les hommes. La condition idéale, bien sûr,
est celle du véritable Chrétien, qui n’est pas simplement un membre de l’Eglise
– pas simplement un participant aux services de l’Eglise – mais qui est celui
dont l’entière volonté est livrée à l’Eternel. Pour celui-là, selon les paroles
de l’apôtre, « les choses anciennes sont passées ; voici, toutes
choses sont devenues nouvelles. » - 2 Corinthiens 5 : 17.
De
tels chrétiens étudient leur Bible pour y apprendre quelle est la volonté de
l’Eternel les concernant, et vivre ensuite au mieux de leurs capacités en harmonie
avec cette volonté. Ceci les réglemente par rapport à ce qu’ils mangent, à ce
qu’ils boivent, aux endroits où ils se rendent, à ce qu’ils font, à ce qu’ils
lisent, aux personnes qu’ils fréquentent, et par rapport même à leurs propres
pensées. Pour cette classe, tout est soumis à la volonté divine. De toutes les
personnes du monde, ceux-là possèdent le meilleur fondement pour être heureux
et en paix, ayant la promesse non seulement de la vie présente, mais aussi de
la gloire, de l’honneur et de l’immortalité dans la vie à venir, en tant que
membres de l’Eglise glorifiée et participants à son œuvre grandiose de
bénédiction de l’humanité, au cours des mille ans du royaume messianique.
« On
ne peut pas nier que de nombreuses personnes respectables s’adonnent aux
boissons alcoolisées ; ou encore que l’alcool est associé, dans une
certaine littérature et dans certaines sociétés, à la bonne compagnie et aux
moments joyeux ; ou que certaines personnes peuvent en consommer avec modération
sans préjudice apparent immédiat. Mais croyez-moi sur parole, le danger que
représente leur consommation est terrible ; on peut passer autant de bons
moments en agréable compagnie sans alcool et personne n’a une moins bonne
opinion d’un ami parce qu’il n’en boit pas ; au contraire, chaque homme
d’affaires ou professionnel, quelles que soient ses propres habitudes, refuse
instinctivement d’employer un jeune homme corrompu par l’alcool.
Aujourd’hui,
tous les médecins condamnent la consommation d’alcool en tant que boisson. Pour
tous les employeurs, elle ternit l’image d’un employé. Si vous voulez avoir
l’esprit clair, un cœur en bonne santé, une conscience pure, un corps sain, si
vous voulez avoir de l’argent en poche et un solde bancaire créditeur à votre
nom, prenez de suite la résolution de vous abstenir de consommer de l’alcool,
et gardez la foi. N’y a-t-il rien de plus désagréable qu’un homme sous
l’influence de l’alcool ? Soyez purs et sains. Gardez un esprit clair,
une tête solide, un amour-propre ferme, et vous aurez une vie digne d’être
vécue. Il ne s’agit pas de bons discours ou de bons sentiments. Si rien d’autre
ne vous en convainc, l’expérience le fera ; mais ce sera ce genre
d’expérience qui n’arrive que trop tard pour en tirer quoi que ce soit. Vous
pensez peut-être que vous savez assez vous maîtriser pour prendre soin de vous.
Mais il y a de fortes chances pour que votre maîtrise ne résiste pas mieux
qu’un carton sous les tirs d’une mitrailleuse, si vous jouez avec la tentation
et si vous vous mettez une fois à consommer de l’alcool. »
Lors
d’une réunion à un club universitaire, un des membres amusa ses amis en leur
racontant l’histoire suivante :
« Mes
premières années à New York n’ont pas été une réussite. Je venais du nord de
l’Etat, déterminé à aller de l’avant ; mais, je ne sais pas trop comment,
après une brève expérience de la vie citadine, je me suis découragé et suis
devenu négligent. Il n’y avait aucun poste à l’exception d’emplois de clerc, et
il me semblait impossible de me hisser au sommet d’une armée de jeunes clercs,
tous aussi compétents que moi. A vingt-cinq ans, je ne gagnais que quatre
dollars par semaine de plus qu’à mes débuts ; et je n’avais pas un centime
à mon crédit à la banque.
Un
jour, inquiet et désespéré en pensant à mon avenir, j’ai appelé pour voir Sage
Russell. Sage venait du même coin que moi et connaissait très bien mon père. Il
écouta mon récit avec intérêt. « Bois-tu ? » me demanda-t-il.
Je
répondis : « Oui, monsieur, avec modération ; mais seulement
avec beaucoup de modération. »
« Et
bien, arrête de boire pendant un an. Reviens ensuite me voir », dit M.
Sage.
J’ai
arrêté de boire pendant un an ; et à la fin de cette période, je rendis
visite une deuxième fois au millionnaire. Il se souvenait de tout à mon sujet.
Il discuta pendant un moment. Puis il demanda : « Tu fais des
paris ? »
Je
répondis : « Oui, j’en fais parfois. »
« Et
bien, arrête de parier pendant un an. Reviens ensuite me voir. »
J’ai
donc arrêté de faire des paris ; et l’année passa, puis je me rendis une
troisième fois au bureau de M. Sage. « Fumes-tu ? » demanda-t-il
après qu’on ait eu une troisième discussion à mon sujet.
Je
répondis : « Oui, monsieur. »
« Arrête
de fumer, dit-il. Reviens après avoir arrêté de fumer pendant un an. »
L’orateur
rit. Un des auditeurs, impatient, demanda : « Et bien, que s’est-il
passé quand vous y êtes retourné ? »
« Je
n’y suis jamais retourné », répondit-il ; les yeux de l’orateur
pétillaient avec humour. « Parce que si je l’avais fait, M. Sage m’aurait
simplement dit que maintenant que j’avais arrêté de boire, de parier et de fumer,
j’avais dû épargner assez d’argent pour me lancer dans les affaires. C’était
vrai ; j’avais épargné suffisamment d’argent pour me lancer dans les
affaires. Presque à mon insu, cet homme sage et perspicace m’avait mis sur la
voie du succès. »
WT 1915 p5795