JACOB
L'Ancien Testament
raconte l'émouvante histoire du petit peuple que Dieu s'est choisi, parmi
toutes les nations, pour réaliser son merveilleux plan de salut. Il sert
d'emblème et d'exemple pour toutes les générations à venir. Pour cette raison,
Dieu lui avait explicitement ordonné de se séparer des peuples environnants qui
adoraient les idoles.
Le but principal de ce
choix était de faire de ce petit peuple d'Israël, le symbole ou type d'un autre
peuple qui, plusieurs siècles plus tard, serait choisi d’entre toutes les
nations, pour devenir la « nation sainte » sur le plan spirituel, en
liaison spirituelle avec le Tout-Puissant. Cette « Ecclésia » de
l'âge de l'Évangile doit être rassemblée pour former le royaume de Dieu promis,
avec Jésus-Christ comme « Tête » et « Conducteur ». Ce
royaume rétablira toute la création terrestre dans son état paradisiaque, comme
il était avant que le péché n’amène le mal sur la terre : ce sera la
réconciliation avec le Dieu d'amour et de vie !
En tant que peuple
consacré (ou mis à part), Israël devait éviter tout contact avec les peuples
qui n'étaient pas en relation d’alliance avec le Dieu vivant. Il devait se
tenir à l’écart de tout ce qui était en opposition à la sainte alliance par
laquelle le Créateur de l'univers s'était fait connaître à lui.
Pour le peuple
spirituel de Dieu, vivant actuellement, la véritable Église de Christ, cette
séparation d'avec le monde est particulièrement importante ; cela signifie
renoncer aux ambitions, au pouvoir, aux honneurs, aux louanges, à la richesse,
à la « réalisation personnelle » - bref, à tout ce qui n’est pas en
accord avec la sainteté et la spiritualité de Dieu. L'apôtre Jean exhorte ainsi
« l'Église de Christ » : « N'aimez
point le monde, ni les choses qui sont dans le monde. Si quelqu'un aime le
monde, l'amour du Père n'est point en lui ; car tout ce qui est dans le
monde, la convoitise de la chair, la convoitise des yeux et l'orgueil de la
vie, ne vient point du Père, mais vient du monde. » - 1 Jean 2 : 15,
16.
Il est très difficile
de mener une vie à part, de s'engager à suivre la voie de Dieu – à l'opposé de
l'esprit incroyant du monde. C'est pourtant l'expérience de tous ceux qui
cherchent l'approbation divine. Il n'y a aucune autre voie pour l'enfant de
Dieu permettant de le protéger du péché et de l'orgueil et le conduire vers le
« repos de Dieu » promis et tant désiré. L'apôtre Paul l'exprime
ainsi : « Il … nous a fait
asseoir ensemble dans les lieux célestes » (Éphésiens 2 : 6), ou « … nous a transportés dans le royaume
du Fils de son amour » - Colossiens 1 : 13.
Le disciple de Christ
vit ainsi dans la solitude spirituelle, parce que la société ne peut le
comprendre. Il vit, pour ainsi dire, comme un pèlerin, un étranger dans ce
monde matérialiste, parce que ses convictions, ses espoirs et ses désirs sont
dirigés vers en-haut – vers le monde de la foi, que l'homme lié au terrestre ne
peut pas et ne veut même pas voir.
Malgré cela, l'enfant
de Dieu est tenu à la mission que le Seigneur lui a confiée : « ... et toi, va annoncer le royaume de
Dieu » (Luc 9 : 60) - mais de façon à ne provoquer d'offense ni
en paroles ni en actions, et à ne pas importuner les auditeurs. Le rôle du
croyant, dans toutes ses actions, consiste à faire briller la lumière de la
vérité pour la bénédiction d'autrui et pour la gloire de Dieu. Parmi le grand nombre
de personnes qui ne sont pas intéressées, il peut toujours y avoir une oreille
attentive, et grande est la consolation qu'apportent les promesses divines à celle-ci.
Se maintenir dans la
joie de Dieu et dans la vérité grâce aux expériences et difficultés variées
qu'il rencontre, est le meilleur témoignage de la vie chrétienne qu'un enfant
de Dieu puisse rendre. Remarquons que Dieu nous mène dans les voies des
tribulations et des épreuves ardentes, et permet que nous soyons tentés, pour
nous faire comprendre que ces expériences nous sont utiles et nous apprennent à
nous réjouir en Lui, en toutes circonstances. Cette joie produit la foi dans la
grâce illimitée et infaillible de Dieu, suprême objectif de l'appelé, aussi
douloureuses et affligeantes que soient ses expériences de la vie.
LA CONDUITE DE JACOB : UNE LECON POUR LES DISCIPLES DU
SEIGNEUR
Nous connaissons tous
les paroles de l'apôtre Paul en 1 Corinthiens 10 : 11 : « Ces choses leur sont arrivées pour
servir d'exemples, et elles ont été écrites pour notre instruction, à nous qui
sommes parvenus à la fin des siècles. » Ces paroles peuvent
s’appliquer à la vie de Jacob que nous allons étudier. Nous lisons en Genèse 27 :
41, qu'Ésaü voulut tuer son frère Jacob à cause de la bénédiction que son père avait
accordée à celui-ci, alors qu’elle lui revenait de droit, lui, le premier-né. « Et Ésaü disait en son cœur : les
jours du deuil de mon père vont approcher et je tuerai Jacob, mon frère. »
Jacob dut fuir à l’étranger, où il gagna une famille et des biens, puis décida
de revenir dans le pays de son père. La crainte de son frère Ésaü le retenant
encore malgré le temps passé, il réfléchit au moyen de se réconcilier avec Ésaü.
« Jacob poursuivit son chemin ; et des anges de
Dieu le rencontrèrent. En les voyant, Jacob dit : C'est le camp de Dieu !
Et il donna à ce lieu le nom de Mahanaïm. » - Genèse 32 : 1, 2.
Nous voyons, que lors
de son retour au pays de Canaan, des anges furent envoyés pour protéger Jacob,
le consoler et l'encourager. Mahanaïm signifie « camp double » ou
« le camp (des anges) entoure son camp ». Ainsi rassuré, Jacob put
poursuivre son chemin, avec foi.
« Jacob envoya devant lui des messagers à Ésaü, son
frère, au pays de Séir, dans le territoire d'Édom. Il leur donna cet ordre :
Voici ce que vous direz à mon seigneur Ésaü : Ainsi parle ton serviteur
Jacob : J’ai séjourné chez Laban et j'y suis resté jusqu'à présent. » - Genèse 32 : 3, 4.
Nous remarquons ici la
rapidité avec laquelle on peut oublier la grande valeur de la bénédiction !
La puissance de Dieu révélée par l'apparition des anges aurait dû être une
protection et une garantie divines suffisantes pour Jacob, pourtant il a
recours à sa propre protection. Il ne se sentait pas totalement libre, ni en
règle devant Dieu et les hommes, c'est pourquoi les révélations de puissance et
les apparitions des anges ne lui étaient d'aucune aide. Nous ne pouvons avoir
totalement confiance en Dieu que lorsqu’une foi ferme en son assistance nous
conduit à une communion personnelle avec Lui.
La première action de
Jacob, à son arrivée en Canaan, consista à se réconcilier avec Ésaü en lui
envoyant un message. Il s’y montre très humble et nomme Ésaü « son
Seigneur ». Selon le plan et le choix de Dieu, c’est lui « le
Seigneur », mais son manque de franchise, ses péchés et ses doutes l’empêchent
de sortir de la servitude. Le message de Jacob, dans lequel il raconte à Ésaü
son séjour et ses expériences à l'étranger, est sincère et fraternel.
Mais bientôt, une
nouvelle alarmante lui parvint. Les messagers de Jacob l'informèrent qu'Ésaü
venait à sa rencontre avec quatre cents hommes. « Jacob fut très effrayé et saisi d'angoisse. Il partagea en deux
camps les gens qui étaient avec lui » (verset 7). Pourquoi ne se souvenait-il
pas de la révélation de la grande puissance de Dieu dont le camp entourait son
camp ?
QUELLE LEÇON PEUT-ON RETIRER POUR NOUS-MÊMES DE LA CONDUITE
DE JACOB ?
Pourquoi avons-nous
peur et doutons-nous lorsque nous subissons des déceptions et qu’il nous arrive
des expériences amères ? Nous sommes éprouvés pour mesurer notre degré de
foi et d'obéissance à Dieu. L'amour de Dieu, la liberté dans la filiation, ne
peuvent être cristallisés que par de difficiles mises à l’épreuve ; nous
devons être comme purifiés par le feu. (voir 1 Pierre 4 : 12).
Il est certainement
très difficile de maintenir son engagement pour Dieu et la Vérité. Pourtant, ne
devrions-nous pas nous réjouir quand le Père et le Seigneur se révèlent à nous,
nous accompagnent avec sollicitude et amour sur notre chemin, et nous apportent
la paix après de durs combats et de ferventes prières ? Aussi pénible que
soit notre marche, aussi violente que soit la tempête autour de nous, le baume
de la consolation divine nous est assuré. Nous sommes dans la main de Dieu. Il
est notre Père, nous sommes ses enfants.
Harcelés et contestés
de tous côtés, nous ne sommes pas effrayés, bien que déconcertés ; nous ne
doutons pas, bien qu'accablés ; nous ne sommes pas anéantis, bien que
persécutés. Se « réjouir dans la vérité » et montrer du zèle pour le
Seigneur, revient à dire que, en tout temps, nous reconnaissons en Dieu
l'aimable source de bonté et de vérité. Le Psalmiste décrit un tel état
d'esprit par ces mots : « O
Dieu, tu es mon Dieu, je te cherche. Mon âme a soif de toi, mon corps soupire
après toi, dans une terre aride, desséchée, sans eau. Car ta bonté vaut mieux
que la vie : Mes lèvres célèbrent tes louanges. Je te bénirai donc toute
ma vie, j'élèverai mes mains en ton nom. Mon âme sera rassasiée comme de mets
gras et succulents, et avec des cris de joie sur les lèvres ma bouche te
célèbrera. Lorsque je pense à toi sur ma couche, je médite sur toi pendant mes
veilles de la nuit. Car tu es mon secours, et je suis dans l'allégresse à
l'ombre de tes ailes. Mon âme est attachée à toi ; Ta droite me soutient. »
- Psaume 63 : 2, 4-9.
Jacob avait de grandes
craintes. Que pouvait-il entreprendre contre quatre cents hommes ? Mais, pourquoi
cette frayeur ? Que représentaient quatre cents hommes pour Dieu ?
Jacob avait vu le camp de l'Éternel et obtenu cette assurance : « Retourne au pays de tes pères et dans
ton lieu de naissance et je serai avec toi » (Genèse 31 : 3).
Nous lisons en 2 Rois 19 : 35 : « Cette
nuit-là, l'ange de l'Éternel sortit et frappa dans le camp des Assyriens cent
quatre-vingt-cinq mille hommes ». Si un ange pouvait battre 185 000
hommes en une nuit, que représentaient donc 400 hommes pour une armée d'anges
envoyée pour protéger Jacob ? Au lieu d’avoir foi que le camp de Dieu
l'entourait, Jacob ne pensait qu'à sa rencontre avec Ésaü, une pensée dont il
n'arrivait pas à se débarrasser. Nous aussi, nous pourrions peut-être trembler,
plus à l'idée d'une rencontre avec « Ésaü », que d'un face-à-face
avec le Dieu vivant.
Jacob dressa
rapidement ses plans. Il divisa ses troupeaux et se mit dans une sorte de
position de défense pour sauver ce qui pouvait l'être. C'est ici notre « héritage
adamique » qui se manifeste. Au lieu de dire, comme l'apôtre Paul : « Si Dieu est pour nous, qui sera
contre nous ? », nous essayons de nous tirer d'affaire tout seul.
CE QUI S'OPPOSE À NOUS
Le « moi »
de Jacob ne pouvait pas penser autrement : Ésaü ne venait à lui qu'avec
des intentions ennemies et il serait obligé de se défendre. Dans sa peur, il se
vit aussi contraint de se tourner vers Dieu, malgré les dispositions déjà
prises : « Délivre-moi, je te
prie, de la main de mon frère, de la main d'Ésaü ! Car je crains qu'il ne
vienne, et qu'il ne me frappe, avec la mère et les enfants. » (verset 11).
Dans sa prière, il reconnaissait la grande miséricorde et la fidélité du
Tout-Puissant, s'inclinait devant Lui, plein d'humilité et de reconnaissance
pour tous les bienfaits qu'il n'avait pas mérités, et appelait à l'aide dans sa
présente détresse. On pourrait se demander pourquoi faire tous ces préparatifs
de guerre, et ensuite adresser cette prière pour la délivrance ?
Nous faisons sans
doute parfois, comme Jacob, des plans, allant notre propre chemin ; nous
nous mettons en position de défense et essayons de nous protéger, et c'est
alors que Dieu nous barre la route. Pourquoi n'allons-nous pas vers le Père
avant de nous faire justice nous-mêmes ? Pourquoi la peur nous
assaille-t-elle, alors que nous devrions avoir foi que nous sommes sous la main
protectrice de notre Créateur, d'où personne ne peut nous retirer ? Nous
avons besoin d’épreuves, d'expériences qui nous secouent durement ou même nous
abattent, pour enfin ouvrir les yeux !
Tous les mots de la
prière de Jacob témoignent d'une grande détresse, et de la conviction profonde
de sa propre incapacité. Nous sommes-nous déjà trouvés dans de telles situations
qui nous ont révélé cette « nature de Jacob », où nous n'avons appelé
à l'aide que lors de grandes afflictions, nous rappelant notre propre
incapacité ? Nous ne devrions pas avoir honte de le reconnaître.
« Car ainsi parle le Très-Haut, dont la demeure est
éternelle et dont le nom est saint : J’habite dans les lieux élevés et
dans la sainteté ; Mais je suis avec l'homme contrit et humilié, afin de
ranimer les cœurs humiliés, afin de ranimer les cœurs contrits. » - Esaïe 57 : 15.
Jacob avait oublié les
anges de Mahanaïm durant le trajet, et dans sa peur d'Ésaü. Il ne devrait pas en
être ainsi. Tout au long de leur chemin, sous la sage conduite de l'Éternel,
ses enfants devraient être plus clairvoyants que les autres. De même, le
serviteur d'Élisée, lorsqu'il vit les innombrables ennemis, fut rassuré par l'homme
de Dieu, disant : « Ne crains
point, car ceux qui sont avec nous sont en plus grand nombre que ceux qui sont
avec eux. Élisée pria et dit : Éternel, ouvre ses yeux, pour qu'il voie.
Et l'Éternel ouvrit les yeux du serviteur, qui vit la montagne pleine de
chevaux et de chars de feu autour d'Élisée. » - 2 Rois 6 : 16, 17.
Jacob se trouvait au
même endroit qu'il y avait vingt ans. A l'époque, il n'avait qu'un bâton à la
main, mais aujourd’hui, il avait une nombreuse famille et de grandes richesses.
Il reconnaissait l'énorme différence entre hier et aujourd'hui, la fidélité
sans faille de Dieu, mais aussi sa propre infidélité. Bien que Jacob implorât
l'Éternel avec sincérité et plein de bonne foi, nous voyons qu'il cherchait à
se défendre seul et décidait lui-même : « C'est dans ce lieu-là que Jacob passa la nuit. Il prit ce qu'il
avait sous la main, pour faire un présent à Ésaü, son frère. » -
Genèse 32 : 13.
Jacob voulait se
réconcilier avec Ésaü en lui offrant un important cadeau, et nous voyons qu'il
ne reculait devant aucun sacrifice. Mais si le plan de Jacob avait réussi, il
aurait été privé d'une grande bénédiction.
Certains d'entre nous agissent
peut-être pareillement. Jacob voulait se réconcilier avec son frère, mais
n'avait pas pensé à se mettre au clair avec Dieu. Un événement peut nous
impressionner, nous sommes momentanément ébranlés, mais pleins de bonnes intentions.
Le problème est que nous ne pensons pas à un revirement, à une transformation
intérieure.
L'idée de porter des
offrandes à Ésaü partait d'un bon sentiment, mais elle n'était d'aucune utilité
si elle était basée sur des motifs humains. La Nouvelle Création cherche à
invoquer le soutien de Dieu dans chaque situation difficile. Chez Jacob, la
semence de la promesse, l'appelé et l'élu - la barrière intérieure des
« je veux » et « je ferai » devait se briser et le
transformer. C'est à ce but que Dieu voulait qu'il parvienne. Comprenons-nous
pourquoi le Seigneur détourne nos projets et fait échouer nos plans ?
BÉTHEL - MAHANAÏM - PENIEL
Ce sont trois étapes
dans la vie de Jacob. Dieu commença son œuvre transformatrice, à Béthel. Dans
ce lieu, Il se révéla spécialement à Jacob et lui donna l'assurance : « Voici, je suis avec toi, je te
garderai partout où tu iras et je te ramènerai dans ce pays. Car je ne
t'abandonnerai point, que je n'ai exécuté ce que je te dis » (Genèse
28 : 15). Nous souvenons-nous de notre « Bethel », de notre
première rencontre avec le Seigneur ? Comme Jacob, nous vivons toujours de
nouvelles expériences, car Il veut achever en temps voulu l'œuvre commencée en
nous, à condition que nous soyons prêts à avancer sous sa conduite.
A Mahanaïm, Dieu avait
manifesté clairement sa protection à Jacob. Pourtant, ce n'était pas encore
suffisant, pour l’amener à prendre la décision ultime, celle de se libérer de
son « moi », du monde.
Poursuivant sa marche,
Jacob fit passer le gué à ses femmes et à ses enfants. Il envoya une partie de
son troupeau à Ésaü pour l'inciter à la réconciliation. C'étaient de belles
bêtes en grand nombre, environ 580 têtes de bétail. Oui, il lui en coûtait d'écarter
les vieilles rancunes. Cependant, il resta en-deçà du gué de Jabbok pour
réfléchir à la situation.
Que de détours nous
seraient épargnés si nous cherchions toujours à suivre les voies de Dieu,
marchant obéissants avec foi et dans l’amour de la vérité ! Nous faisons
souvent, sans le vouloir, des cadeaux à « Ésaü » pour qu'il soit bien
disposé envers nous. Étant donné notre consécration à Dieu, c’est à Lui que nous
devrions nous offrir en sacrifice, et nous n'aurions plus à craindre
« Ésaü » ! Est-ce si difficile de lever nos regards vers le haut ?
Oui, il semblerait bien. La foi, c'est croire à ce qu'on ne voit pas, plus qu'à
ce que nos cinq sens peuvent capter ; c'est de ne rien planifier qui puisse
s’opposer à la volonté de Dieu et aux enseignements du Saint Esprit.
LE CHANGEMENT : PENIEL
« Alors un homme lutta avec lui jusqu'au lever de
l'aurore. » - verset
24.
Jacob était un homme
fort. Dans la pénombre, il ne vit pas qui l'avait attaqué et il se débattit de
toutes ses forces. Lorsque cet homme vit qu'il n'arrivait pas à vaincre Jacob,
il « le frappa à l'emboîture de la
hanche ; et l'emboîture de la hanche de Jacob se démit pendant qu'il
luttait avec lui. » Aux premières lueurs de l'aurore, Jacob s'aperçut
que celui qui voulait l'obliger à mettre genou à terre, n'était pas un être
humain. « Il dit : Laisse-moi aller,
car l'aurore se lève. Et Jacob répondit : Je ne te laisserai point aller,
que tu ne m'aies béni. Il lui dit : Quel est ton nom ? Et il répondit :
Jacob. Il dit encore : Ton nom ne sera plus Jacob, mais tu seras appelé
Israël [il lutte avec Dieu] ; car
tu as lutté avec Dieu et avec des hommes et tu as été vainqueur. »
(versets 26-28). Puis il est dit aux versets 29 à 31 : « … Et il le bénit là. Jacob appela ce
lieu du nom de Peniel [face de Dieu] ; car, dit-il, j'ai vu Dieu face à face et mon âme a été sauvée. Le
soleil se levait lorsqu'il passa Peniel. Jacob boitait de la hanche. »
Cet épisode de
l'histoire de Jacob est extraordinaire, montrant un changement intérieur
radical. Il y exprime un total désarroi, dans une prière adressée à Dieu - la
première relatée dans les Écritures. Il ne se fie plus à son intelligence et n’use
plus de malice, comme autrefois. Il ne s'appuie plus sur ses compétences
personnelles. Il a besoin de l'aide de Dieu. En allant chez Laban, il avait
fait un vœu, disant : « Si Dieu
est avec moi et me garde pendant ce voyage que je fais, s'il me donne du pain à
manger et des habits pour me vêtir et si je retourne en paix à la maison de mon
père, alors l'Éternel sera mon Dieu. » - Genèse 28 : 20, 21.
Le ton de la prière
directe de Jacob au Tout-Puissant est devenu plus humble : « Dieu de mon père Abraham, Dieu de mon
père Isaac, Éternel, … je suis trop petit pour toutes les grâces et pour toute
la fidélité dont tu as usé envers ton serviteur, … délivre-moi … ! »
- Genèse 32 : 9-11.
La lutte dans
l'obscurité avec l'inconnu fut une dure épreuve de persévérance pour Jacob. Il se
battit avec acharnement, jusqu'au lever du jour, tenant toujours sur ses deux
jambes. Mais lorsque l'inconnu le frappa à la hanche, il comprit que ce combat
lui était imposé par Dieu. On peut imaginer la violente douleur que Jacob
ressentit lorsque sa hanche se déboîta. Même si ce n'est pas écrit, on peut
penser qu'il tomba à genoux. Il sut alors qu'il avait affaire à un messager de
Dieu. A bout de souffle, il s'agrippa à lui, et cria : « je ne te laisserai point aller, que
tu ne m'aies béni ! » - verset 26.
Nous comprenons que ce
n'était pas Jacob qui combattait Dieu, c'est Dieu qui luttait avec Jacob. Quelle
grande résistance il opposait à cet inconnu ! Ce combat qui dura
« toute la nuit », ne pourrait-il pas nous illustrer toutes les
résistances que nous portons en nous, toutes nos faiblesses ? En entrant
en conflit avec notre Créateur, nous devons reconnaître, à l’instar de Jacob, que
nous ne parviendrons pas au but ; à moins qu'une profonde prise de
conscience nous conduise à la Vie. (Cf. Jean 5 : 24).
Que nous inspire tout
cela ? Nous rappelons-nous notre lutte personnelle dans les ténèbres du
péché et des difficultés ? Nous souvenons-nous de nos propres combats pour
obtenir la bénédiction et le pardon, jusqu'à ce que la grâce nous soit accordée,
jusqu'à ce que « l'aurore se lève » dans nos cœurs et que nous
puissions voir « Dieu face à face » - comme Jacob à Peniel ? Tout
cela ne pouvait se réaliser avant que notre « station debout sur de soi-disant
solides fondations » soit douloureusement « frappée ». Savoir que
rien sur terre n’offre une quelconque assurance ou protection, signifie pour
certains caractères matérialistes et prétentieux, un changement très
douloureux. Mais c'est le parcours de chaque croyant dans l'âge actuel, et même
dans le futur. Le chemin de la délivrance de notre âme humaine, dégradée par le
péché, passe par l'humilité et par l'envoyé spécial de l'Éternel.
LA RÉCONCILIATION
Une belle leçon !
Ce n'est pas Bethel, ni Mahanaïm, c'est Peniel qui fait de Jacob, certes
croyant, mais dont les intentions sont encore terrestres, le combattant de
Dieu, Israël. C'est Dieu qui l’oblige à se battre. Il le laisse lutter toute
une nuit – pourquoi ? Pour « voir la face de Dieu », c'est-à-dire
pour acquérir la conviction, que quoi qu'il arrive, il est dans la main de Dieu
et qu’Il le bénit.
Souvenons-nous des
paroles de Jésus en Luc 13 : 24 : « Efforcez-vous
d'entrer par la porte étroite ». Le coup sur la hanche, la gêne dans
sa démarche auparavant fiable et sûre, dut constamment rappeler à Jacob-Israël,
que sa propre force fut brisée, qu'il ne pouvait plus suivre sa propre voie. Il
reçut une abondante grâce qui le prépara à être un instrument béni de l'Éternel :
« toutes les familles de la terre
seront bénies en toi et en ta postérité. » - Genèse 28 : 14.
De nombreux
arrangements de Dieu sont illustrés par l'histoire de Jacob. Ne voyons-nous
pas, dans la touchante réconciliation entre les frères ennemis, si longtemps
séparés, Jacob et Ésaü, l'accolade intérieure de l'homme naturel avec l'homme
béni de Dieu, et les barrières tomber entre l'Israël naturel et l’Israël spirituel
- son Messie ? Dans le 11ème chapitre de l'Épitre aux Romains,
l'apôtre Paul n'explique-t-il pas comment le peuple naturel d'Israël, dont
Jacob est le type, sera sauvé par l'Israël spirituel antitypique lorsqu’il sera
au complet ?
Mais, avant de devenir
« Israël », « Jacob » est une image du
peuple d'Israël terrestre. « Ta
postérité sera comme la poussière de la terre » (Genèse 28 : 14).
Quand l'Israël naturel aura connu son « Peniel »
et aura été frappé à la « hanche »
par Dieu, ce sera un événement extraordinaire, les peuples se réconcilieront
avec leur Créateur et entre eux, que de bénédictions il y aura ! Israël « verra » son Messie et dira :
« Béni soit, celui qui vient au nom
du Seigneur ». La promesse du prophète Esaïe se réalisera : « Car de Sion sortira la loi, et de
Jérusalem la parole de l'Éternel ». « Dix hommes de toutes les langues des nations saisiront un Juif
par le pan de son vêtement et diront : Nous irons avec vous, car nous avons
appris que Dieu est avec vous. » - Zacharie 8 : 23.
Non seulement, la merveilleuse
promesse faite à Abraham se prolonge en « Israël-Jacob », mais la
voie des deux promesses concernant sa postérité « comme les étoiles du ciel » et « comme le sable qui est sur le bord de la mer » (Genèse
22 : 17) est illustrée dans leurs expériences.
De sa rencontre avec
l'ange de Dieu, Jacob apprit que les promesses du Tout-Puissant et sa parole
« Je serai avec toi » sont infaillibles.
Nous qui n'avons pas
le privilège de rencontrer un ange aussi palpable et visible, nous avons
cependant un « message de Dieu » bien palpable et bien visible sous
la main : la Parole écrite du Très-Haut, que « son ange » - son
cher Fils - a fait rédiger pour nous. De cette « rencontre » avec le
message de Dieu, nous aussi nous pouvons apprendre, étudier et avoir une
confiance infinie dans les promesses offertes par notre grand Créateur. Et nous
aussi, nous pourrons recevoir une grande bénédiction en disant « Je ne te laisserai pas aller ».
Dieu l'a promis à Jacob, et nous pouvons y croire aussi.
TA - Septembre-Octobre
1997