La gaieté et le rire sont des éléments de
notre nature humaine, trop souvent poussés à l'extrême, même lorsqu'il s'agit
de choses sérieuses et utiles.
Les jeunes
enfants qu'on maintient dans un perpétuel état d'excitation et d'amusement
finissent par ne plus être contents et pleurent pour qu'on s'occupe encore
d'eux. Cette soif d'amusement se prolonge au cours de l'enfance alors que
l'enfant se prépare à la vie et recherche des explications, soit qu'il les
demande à ses parents, soit qu'il les recherche dans les livres. Le désir
démesuré de distraction conduit, avec le temps, au théâtre et aux pitreries
clownesques. Les membres de la Nouvelle Création doivent, dès le début, essayer
de conduire leurs enfants dans une direction opposée et les entraîner au
contraire à être des acteurs dans le grand drame de l'existence, à ignorer les
artifices, à jouer d'aussi grands rôles sur la scène de ce monde que leurs
talents et les occasions le permettront sur le plan de l'utilité et de la
bonté.
Nous avons déjà rapporté la remarque de
l'apôtre aux nouvelles créatures, que ceux qui se marient font bien et que ceux
qui ne se marient pas font mieux. Cet avis ne s'adresse pas à leurs enfants non
consacrés. L'apôtre dit à leur sujet : “ Je veux (conseille) donc que
les jeunes (veuves ne figure pas dans le texte grec) (de la communauté
chrétienne mais non pas de l'Eglise — croyantes mais non pas consacrées ou
sanctifiées) se marient, aient des enfants, gouvernent leur maison, ne donnent
à l'adversaire aucune occasion de médire ”. 1 Timothée 5 : 14.
Nombreux sont ceux de la Nouvelle Création
qui, croyons-nous, et sans intention, errent sur ce sujet. Ils se rendent bien
compte que, dans la plupart des cas, le mariage ne crée pas seulement de
multiples devoirs mais entraîne aussi de grosses déceptions, de l'amertume, des
peines de cœur. Cependant si les fils et les Plies, parvenus à l'âge de se
marier, n'ont pas donné leurs cœurs en mariage au Seigneur, ils ne sont pas non
plus préparés à entrevoir la sagesse du conseil de l'apôtre ni à suivre son
avis — donné seulement à la Nouvelle Création — qu'il vaut mieux se marier que
“de brûler ” d'un insatiable désir.
Rappelons-nous que Dieu a institué le mariage
entre l'homme et la femme — Adam et Eve — avant que le péché ne soit entré dans
le monde et que si la relation maritale peut se pervertir, comme tout d'ailleurs,
et si elle s'est terriblement pervertie, la faute n'en incombe pas au mariage
par lui-même mais au mauvais usage qu'on en a fait. “ Ayez le mariage en
grand respect et que le lit conjugal soit sans souillure car Dieu jugera les
impudiques et les adultères ”. Hébreux 13 :4.
Il n'est que trop naturel que les enfants en
âge de se marier soient peu portés à écouter l'avis des meilleurs parents qui
soient sur la question : toute la pente de la nature tend à une direction
contraire et puis n'y a-t-il pas l'exemple des parents eux-mêmes. Si donc,
négligeant le conseil du Seigneur de s'en remettre à lui, on préfère apprendre
les leçons de la vie par l'expérience plutôt que par le précepte, plus tôt on
commencera, mieux cela vaudra. Il est de fait que la plupart des grandes leçons
de la vie s'apprennent mieux quand on est marié. C'est pourquoi il est
préférable de laisser les nouveaux mariés, autant que possible, à leurs propres
ressources et en particulier à avoir leur propre maison, etc... Ils apprendront
de cette manière et au plus tôt à compter sur eux-mêmes, à avoir du courage, de
la patience, à se supporter mutuellement, à collaborer.
Dans l'expression “ nécessité présente ” dont
se sert l'apôtre (1 Corinthiens 7:26) nous serions tentés de voir un encouragement
à ce que l'on appelle des mariages précoces. Nous considérerions volontiers
qu'il vaut mieux se marier, l'homme à vingt et un ans et la femme à dix-huit,
plutôt qu'à des âges plus avancés alors due les idées et les habitudes sont
déjà plus arrêtées ou prises. Le couple ne doit plus faire qu'un. Aussi faut-il
que les caractères soient facilement adaptables, surtout chez la femme qui ne
doit accepter comme conjoint que celui qu'elle pourra révérer, vers qui elle
pourra regarder et à qui elle pourra favorablement se soumettre dans les
limites permises. De plus, la grande élasticité de l'organisme de la jeune mère
lui rendra plus supportable le sort que la malédiction lui a fait partager
(Genèse 3 :16). Et n'oublions pas non plus les grandes et précieuses
expériences dont profitent les parents qui élèvent leurs enfants. Elles sont
susceptibles de les rapprocher du Père Céleste plus rapidement que toute autre.
Et cela, c'est ce que les membres de la Nouvelle Création souhaitent avant tout
pour les leurs.
Les parents avisés n'essaieront pas d'aller à
l'encontre du désir naturel de leurs enfants de se marier. Ils les aideront
plutôt à découvrir l'âme frère ou sœur qui leur convient. D'autre part, les
enfants élevés convenablement n'auront garde de passer outre à l'avis de leur
père ou mère qu'ils aiment, dans la circonstance la plus importante de leur
vie.
Dans un tel
moment, les parents ne doivent pas oublier qu'il convient d'unir ceux qui se
trouvent dans des dispositions d'esprit voisines, non-croyants avec
non-croyants, justifiés avec justifiés, sanctifiés avec sanctifiés, comme il a
déjà été dit. En d'autres termes, si leurs fils ou filles ne sont pas
consacrés, ils ne doivent pas essayer de les unir à un membre de la Nouvelle
Création qui ne doit se marier que “ dans le Seigneur ”. Ils doivent plutôt
admettre que l'union de deux aspirations différentes ne peut tourner qu'au
désavantage de l'un comme de l'autre et qu'en tout état de cause elle serait
contraire à la directive divine d'après laquelle les enfants de Dieu ne doivent
se marier que “dans le Seigneur”.
Les parents feront bien de se souvenir qu'un
corps propre aide l'enfant à avoir un esprit propre, de même qu'un corps sain
favorise un esprit sain. Animée de “ l'esprit de bon sens ” chaque nouvelle
créature devra acquérir assez de philosophie pour faire en sorte que ses
descendants se fassent et conservent une aussi bonne santé physique que leurs
constitutions le permettra. L'air pur, l'eau pure, la nourriture saine, un
exercice raisonnable, mental et physique, sont les éléments essentiels qui sont
intervenus dans ce que nous avons reçu de nos parents et que nous transmettons
à nos enfants.
On doit savoir que le brouillard n'est pas un
“ air frais et pur ”, qu'il faut l'empêcher autant que possible d'entrer dans
les poumons, que l'air à l'intérieur de la maison doit laisser passer tout le
soleil qui se peut, et que les santés délicates ne doivent pas s'exposer à
l'air humide des frais matins et des crépuscules. Les parents insisteront sur
la propreté de tous les ustensiles de cuisine et autres, de l'eau dont on se
sert et inculqueront l'habitude d'un soin minutieux. Ils s'arrangeront pour que
chaque enfant ait quelque tâche à accomplir proportionnée à sa force et à son
âge, et qu'ils s'en acquittent bien et avec soin. Ce travail .sera choisi de
manière à solliciter à la fois l'effort physique et l'effort mental. On
surveillera sérieusement le caractère des lectures et des études, ni plus ni moins
que le travail manuel, et on changera de temps en temps de manière à assurer
une bonne conformation de l'esprit et du corps préparant aux devoirs de la vie.
De son côté l'enfant devra apprécier l'intérêt que lui portent ses parents et
savoir qu'ils agissent par amour pour son bien-être futur et parce que le
Seigneur en a ordonné ainsi.
Le problème de l'alimentation est très mal
compris et se trouve à l'origine de nombreux malaises et maladies au mental et
au physique. Tous les parents devraient savoir que les aliments se rangent en
trois grandes catégories :
1) Les aliments azotés qui servent à la
formation de la chair, des muscles et des tendons. Tels sont la viande, le
poisson, la volaille, les œufs, les pois, les haricots. On estime que 150
grammes de ces aliments par jour suffisent à un homme moyen pour une besogne
moyenne. Les enfants moins en proportion. Ces aliments perdent de leur valeur
par une cuisson trop intense.
2) Les aliments riches en fécule et en sucre
fournissent les éléments nécessaires à l'énergie nerveuse, la vigueur,
l'activité, la chaleur animale. Ce sont : le blé, la pomme de terre, maïs,
avoine, riz et leurs différentes préparations, le pain, biscottes, puddings,
gâteaux, etc... Ces aliments demandent à être consommés peu après avoir été
préparés et bien cuits pour être nutritifs et d'une assimilation facile en
tenant compte des digestions difficiles. A notre époque de machinisme et de
facilités dans les moyens de déplacements, on use davantage de substance
nerveuse que de substance musculaire. Ce sont donc des aliments de cette nature
qu'il faudra consommer en plus grande quantité que ceux de la catégorie
précédente. La ration d'un homme moyen serait d'environ 600 grammes par jour,
un peu plus en proportion pour les enfants qui ont à grandir puisqu'ils sont le
siège d'une plus intense activité du corps et de l'esprit.
3) Les aliments
— fruits et légumes — surtout composés d'eau et riches en sels bio-chimiques
sont très utiles Non seulement ces sels de chaux, de potasse, etc... sont
indispensable à la formation de la matière osseuse, à l'entretien de la matière
nerveuse, en même temps qu'ils servent de régulateurs, mais leurs éléments
fibreux (dans le chou, le navet, etc...), sans avoir de valeur nutritive
proprement dite, balaient et nettoient l'intestin et empêchent les déchets
d'aliments plus concentrés d'encombrer l'organisme. Les courges, betteraves,
pommes douces, etc... ont aussi une valeur nutritive qui varie avec leur teneur
en sucre. Les fruits très acidulés agissent sur le sang qu'ils purifient et
éclaircissent. Tels sont les raisins, pommes acides, citrons, oranges, etc...
Un homme de taille moyenne absorbera au moins deux litres et demi de liquides
par jour sous forme de lait, potages, fruits aqueux et légumes, eau pure. Pour
les enfants, ce sera suivant leur âge. Les aliments contiennent assez d'eau
pour le repas. On boira de l'eau au moins une heure après avoir mangé. Ces
chiffres montrent qu'en général on absorbe trop peu d'eau et de légumes.
On remarquera également que nombre de mets,
rangés parmi les féculents ou céréales (blé, maïs, avoine, etc...) sont aussi
azotés dans une certaine mesure, en sorte que, là où il est nécessaire, par
raison d'économie ou toute autre cause, d'avoir recours à un régime strictement
végétarien, on pourra à peu de frais, nourrir convenablement la famille au
point de vue cérébral, musculaire et énergétique.
Un équilibre instable dans l'alimentation
(surtout dans la seconde catégorie, la plus importante) ouvre la porte à la
maladie, soit que, trop abondante, le sang devienne trop riche, s'épaississe et
coule trop lentement provoquant des boutons et des furoncles, une langue
chargée, des maux de tête, la goutte et le rhume ; ou encore, qu'insuffisante
elle mène à l'affaiblissement, au nervosisme, à la langue blanchâtre et peut
également favoriser le rhume. On apprendra aux enfants à faire leurs propres
remarques et à manger en conséquence. Il est bon de lutter contre la maladie
dès qu'elle se présente, mais ce qui est mieux encore, c'est de la prévenir
grâce à la modération et à un bon jugement lorsqu'on se trouve à table. Or,
tous n'ont pas un égal bon jugement. Aussi, les parents qui, par la grâce de
Dieu, ont reçu l'esprit de sobre bon sens, s'emploieront-ils à régler, à doser,
à alterner les menus de leur table, de manière que ceux qui y mangent n'aient
pas tellement besoin de réfléchir et de choisir, en assurant la variété par un
changement journalier plutôt que par une grande abondance d'aliments divers au
même repas.
Nous ne nous faisons pas les défenseurs d'une
“ théorie ” particulière, pas plus que nous ne cherchons à distraire la pensée
des membres de la Nouvelle Création de la nourriture spirituelle pour la
concentrer sur la santé physique, sur ce que nous mangerons, sur ce que nous boirons,
etc... Ce que les païens recherchent. Non ! Nous recherchons avant tout ce qui
est spirituel. Mais tandis que nos esprits et nos conversations sont surtout
orientés sur ce qui est spirituel, il est de notre devoir de nous préoccuper du
soin à apporter aux enfants que la providence divine nous a confiés.
Un mot encore en manière de conclusion sur
cette question de régime alimentaire. Le bétail, les chevaux paraissent manger
sans réflexion — ce qui est bon et ce qui est mauvais indistinctement — et certains
hommes grossiers font de même, quoique peu nombreux. A chaque repas il se
produit quelque chose de nature à créer une ambiance, à provoquer des
sentiments agréables ou fâcheux : l'amour, la joie, la paix, l'espoir, etc...
ou la colère, la malice, la haine, la médisance, etc... On sait maintenant que
la disposition mentale exerce une influence considérable sur la digestion. Par
une sorte d'alchimie qu'on ne comprend pas très bien, les excitations
cérébrales d'un tempérament coléreux ou grincheux ont une répercussion sur le
système nerveux et contrarient la digestion tandis qu'un naturel aimable et
heureux agit dans un sens contraire. La nouvelle créature peut, d'une manière
tout intérieure, conserver sa “ paix de Dieu ” dans des entourages infiniment
divers et défavorables. Il n'en est pas de même pour les autres. C'est
pourquoi, si cette nouvelle créature est le chef de famille responsable, il est
de son devoir de veiller à la paix de la maison en amenant la conversation, à
table, sur des sujets, sinon religieux, au moins agréables et utiles.
En remettant au Seigneur notre santé et celle
de nos enfants, sachons au moins nous assurer que nous avons fait tout le
nécessaire pour utiliser aussi sagement que possible les bénédictions et les
privilèges qui nous ont déjà été donnés. Alors, et alors seulement,
pourrons-nous faire nôtre, et pour notre réconfort, l'assurance que tout
concourt à notre bien.
(Extrait du
volume 6, écrit par le Pasteur Russel en 1904).