Jean 21: 15-22
Nous en venons maintenant à la cinquième
manifestation de notre Seigneur après sa résurrection – certains diront la
septième, ne considérant pas, comme nous le faisons, que la manifestation du Seigneur
à Marie était la même que celle dont il est question en Matthieu concernant son
apparition “ aux femmes ” ; et ne considérant pas que lorsqu’Il
se montra à Pierre, ce fut sur le chemin d’Emmaüs. Toutes ces manifestations,
que nous en comptions quatre ou six, survinrent dans les huit premiers jours
après la résurrection du Seigneur – les deux premiers dimanches, à Jérusalem ou
dans ses environs. Ce que nous désignons comme étant la cinquième apparition
eut lieu dans une autre contrée – en Galilée - et au moins deux semaines plus
tard. Rien ne nous indique ce que firent les apôtres pendant ce temps, mais
nous pouvons l’imaginer. Ils attendirent probablement à Jérusalem jusqu’au
troisième et peut-être jusqu’au quatrième dimanche après la résurrection en
prévision d’une apparition, et furent désappointés de ce que le Seigneur ne se
manifestait pas à nouveau. Alors ils se rappelèrent peut-être le message que
Jésus avait envoyé par Marie, qu’Il les rencontrerait en Galilée.
N’ayant aucune nouvelle occupation à Jérusalem, leur
Maître et conducteur étant ainsi disparu, ayant été “ changé ”, si
bien que, quoique croyant qu’Il n’était plus mort, Il leur était invisible,
hormis lorsqu’Il leur apparaissait pour leur parler quelques moments, puis
disparaissait à nouveau pour une durée indéfinie, ils ne savaient que faire et
décidèrent de retourner dans la région où ils habitaient, au bord de la Mer de
Galilée. De plus, étant des hommes actifs dans la force de l’âge, il leur
fallait être occupés. Plusieurs d’entre eux étaient des pêcheurs, et Jésus les
avait invités à quitter leurs filets pour devenir “ pêcheurs
d’hommes ” et ils avaient tout abandonné pour Le suivre ; mais
maintenant ils ne pouvaient plus Le suivre. Tout fut changé, quand Il fut changé,
pour autant qu’ils pouvaient s’en rendre compte. Ils ne pouvaient continuer
l’œuvre plus longtemps, car que pouvaient-ils prêcher ? Comment
pouvaient-ils clamer aux autres leur espérance en un Roi qui a été crucifié,
qu’ils ne pouvaient plus voir, ni montrer aux autres, bien qu’Il fût
ressuscité ? Ils n’avaient pas encore reçu de nouvelle mission, et
n’étaient pas tout à fait prêts pour cela.
Il n’est pas surprenant que dans de telles
circonstances, sept d’entre eux, d’un commun accord, sous la conduite de
Pierre, décidèrent de se réengager dans le travail de la pêche. C’était la
seule occupation dans laquelle ils avaient de l’expérience, et qu’ils
pratiquaient seulement trois ans auparavant. Ils pêchèrent avec des filets et
l’habitude semble avoir été de pêcher de nuit. Ce fut l’occasion qu’attendait
Jésus. Il souhaitait que ses disciples parvinssent au point extrême de pensée
et de raisonnement sur le sujet de sa résurrection et s’interrogent sur ce
qu’ils pourraient faire maintenant, afin qu’ils puissent être préparés à
recevoir, d’une manière précise et profitable, les instructions qu’Il devait
leur donner concernant leur activité future. Il était certain que leur réaction
les conduirait à abandonner la prédication pour retourner à la pêche. Notre
Seigneur considéra que cette disposition serait des plus profitables si elle se
manifestait alors qu’Il serait avec eux, afin qu’ils puissent en profiter au
plus haut degré. Maintenant qu’ils avaient repris leurs activités de pêcheurs,
le moment était venu pour notre Seigneur de leur démontrer deux choses :
1)
Qu’Il avait pour eux une mission de pêcheurs d’hommes qu’ils
n’avaient pas encore accomplie et dont ils devaient s’acquitter ; sa mort
et sa résurrection ne devaient pas contrarier cette activité mais plutôt la
stimuler et la rendre réellement effective.
2)
Cela Le rendait à même de démontrer d’une manière des plus
pratiques que la puissance divine par laquelle Il avait pourvu à leurs
nécessités jusqu’alors, et avait nourri à certains moments des multitudes,
était encore en sa possession et qu’elle serait utilisée continuellement dans
leur intérêt s’ils voulaient continuer à Lui obéir.
Il est intéressant pour nous de noter que, tandis que
notre Seigneur était invisible aux yeux de ses disciples, Il pouvait, Lui, les
voir, et Il connaissait parfaitement tous leurs plans, leurs arrangements et
leurs actions ; et Il était prêt à tirer avantage de chaque circonstance
et à faire concourir toutes choses pour leur bien. Ainsi, par une puissance
miraculeuse exercée d’une façon qui nous est inconnue, Il empêcha les poissons
d’aller dans leur filet cette nuit-là. Ne connaissant pas la véritable
situation, ils étaient sans aucun doute fortement déçus, chagrinés, vexés de
leur mauvais résultat, et peut-être mirent-ils cela sur le compte de l’insuccès
et des tribulations qui, d’une certaine façon, les ont suivis depuis qu’ils ont
épousé la cause de Jésus. Et ici, il y a une leçon pour chaque membre du peuple
du Seigneur d’aujourd’hui : nous ne savons pas ce qui est bon pour notre
plus grand bien. Quelquefois ces choses que nous implorons et que nous désirons
avoir, les considérant comme bonnes, peuvent être réellement à notre
désavantage. Bénis sont ceux qui sont capables de percer par la foi l’obscurité
de chaque épreuve et difficulté et de réaliser que “ le Seigneur connaît
ceux qui sont siens ” et qu’Il fait concourir toutes choses pour leur
bien. Ainsi en était-il avec les apôtres : leur déception devint le canal
d’une instruction bénie.
A l’aube du matin, Jésus leur apparut comme homme,
debout sur le rivage. Il les appela pour leur demander s’ils avaient du poisson
à Lui vendre. Ils répondirent qu’ils avaient beaucoup travaillé toute la nuit
et qu’ils n’avaient rien pris. L’étranger leur suggéra alors de jeter le filet
de l’autre côté du bateau ; ils étaient si humiliés par leur
désappointement qu’ils ne s’arrêtèrent pas pour débattre de la question et dire
qu’ils étaient des pêcheurs ayant une longue expérience, et qu’ils ne savaient
pas si Lui avait une quelconque expérience en la matière ; ils conclurent
simplement que, puisqu’ils avaient jeté et remonté le filet toute la nuit, ils
pouvaient le faire encore une fois et ainsi démontrer à l’étranger qu’il n’y
avait pas de poissons dans ce lieu. Mais voilà que de suite le filet se remplit
de gros poissons, si bien que ces sept hommes vigoureux (Pierre, Thomas,
Jacques, Jean, Nathanaël et deux autres dont les noms ne sont pas cités)
étaient incapables de le remonter et ils furent obligés de le remorquer
jusqu’au rivage.
Immédiatement les disciples comprirent que l’étranger
était Jésus, mais ce fut Jean qui Le reconnut le premier. L’impulsif et dévoué
Pierre, dont le cœur brûlait toujours quand il se rappelait les paroles du
Seigneur, et peut-être aussi quand il se rappelait sa propre faiblesse, en
rapport avec la dernière nuit de la vie terrestre de notre Seigneur, ne put
attendre que le bateau l’amena à terre, mais nagea – craignant apparemment que
le Maître ne disparaisse à nouveau avant qu’il n’ait eu l’occasion de Le voir
et de parler avec Lui. Quand les disciples atteignirent le rivage avec leur
filet plein de poissons, ils trouvèrent, non seulement Jésus, mais un feu et
des poissons déjà prêts à être mangés. Ici ils reçurent la leçon que sous les
soins et la surveillance du Seigneur ils pouvaient être soit chanceux soit
malchanceux dans le travail de la pêche, et qu’Il avait la puissance, non
seulement de leur donner du poisson par la voie ordinaire, mais de fournir du
poisson préparé par une puissance miraculeuse si agir ainsi servait mieux son
objectif.
Ils mangèrent avec Jésus, car ils Le reconnurent – non
pas par les marques des clous, mais par le miracle qu’Il avait accompli. Nous
lisons : “ Aucun n’osait Lui demander : qui es-tu, sachant
que c’était le Seigneur ” ; ils étaient si sûrs qu’il s’agissait
de Lui qu’ils ne posèrent pas de questions détournées pour s’en assurer. La
conversation qu’ils eurent pendant le repas n’est pas rapportée, l’Evangéliste
venant directement aux paroles importantes adressées par notre Seigneur à
Pierre, le plus âgé et conducteur de cette nouvelle société de pêche. Il
s’adressa à Pierre, non comme Il le faisait d’habitude, par son nouveau nom,
Pierre, mais par son ancien nom, Simon, probablement pour faire allusion au
fait qu’il n’a pas manifesté dans les quelques derniers jours les qualités
comparables à celles du roc, qu’implique son surnom, et parce qu’il était
maintenant enclin à quitter le travail en faveur de l’Eglise pour une activité
temporelle. Et la question fut posée ainsi : “ M’aimes-tu plus que
ceux-ci ? ” - bateaux, filets, matériel de pêche, etc.… Tu as tout
quitté pour être mon disciple, et maintenant je pose la question, “ Où est
ton cœur – avec moi dans le service du Royaume, ou dans le travail de la
pêche ? La réponse de Pierre fut prompte : “ Seigneur, tu sais
que je t’aime ”. Jésus dit alors : “ Pais mes agneaux ” -
les petits – plutôt que de continuer à pêcher. Puis Jésus reposa la même
question et Pierre donna la même réponse, alors le Seigneur répondit :
“ Prends soin de mes brebis ” - pense, fais attention à elles et
prend soin d’elles plutôt que de tes bateaux et du matériel de pêche, etc.…
Pour la troisième fois Jésus posa la même question. Pierre en fut
affligé : elle semblait impliquer un doute de la part du Seigneur et
peut-être que la troisième fois lui rappela qu’il avait renié le Seigneur trois
fois, et maintenant le Seigneur lui demandait par trois fois de confesser son
amour pour Lui. Cela toucha un point très sensible dans le cœur de Pierre et
dans ses expériences, et nous pouvons être certains que ce ne fut pas fait par
notre Seigneur, même de cette manière délicate, en vue de le peiner, mais en
vue de le bénir, pour qu’il en tire profit. La confession de Pierre à ce
moment-là fut encore plus résolue : “ Seigneur, tu sais que je t’aime. ”
Jésus lui dit : “ Pais mes brebis.
Il est bon de noter que les mots employés par notre
Seigneur dans ces trois questions ne sont pas exactement les mêmes, bien que la
Version commune les présente ainsi. Dans le Nouveau Testament grec deux mots
sont utilisés pour le terme “ amour ” : “ agapee ” et
“ phileo ”. Quand notre Seigneur dit “ M’aimes-tu ”
dans ses deux premières questions, Il utilise le mot “ agapas ” qui
désigne une sorte d’amour dans sa forme la plus forte, la plus pure et la plus
désintéressée ; mais dans sa troisième question notre Seigneur utilise
l’autre forme “ phileis ” qui signifie attachement, un amour par
devoir, l’amour obligatoire tel celui que les parents portent les uns envers
les autres, même quand l’autre amour, l’amour plus profond, manque. Pierre dans
toutes ses réponses utilisa cette dernière forme du mot, affirmant ainsi son
attachement et son affection personnels pour le Seigneur, mais, en raison des
expériences récentes, il n’osait pas clamer ce plus grand amour pour lequel le
Seigneur le questionnait. Cette humilité était un signe excellent, montrant que
Pierre avait appris une leçon nécessaire et avait cessé de se glorifier, et
qu’il craignait plutôt sa propre faiblesse. Lors de la troisième interrogation,
l’utilisation par le Seigneur du mot indiquant un amour-devoir affligea
particulièrement Pierre parce que ce changement de mot impliquait :
“ Es-tu certain de posséder même cet amour-devoir, Pierre ? ” La
distinction entre ces deux mots est confirmée par d’autres emplois dans le
Nouveau Testament.
L’amour-devoir
(PHILEO) illustré
“ Celui qui aime son père ou sa mère plus que
moi, n’est pas digne de moi, et celui qui aime son fils ou sa fille plus que
moi, n’est pas digne de moi. ” -
Matthieu 10 : 37.
L’amour-devoir envers
ceux de notre famille est correct, mais il ne doit pas égaler notre
amour-devoir pour le Seigneur, autrement nous ne pourrions jamais Le suivre
comme “ vainqueurs ”.
“ Celui qui aime sa vie la perdra. ” - Jean 12 : 25.
Il est de notre devoir d’aimer la vie, dans le sens de
l’apprécier et de ne pas vouloir la détruire ou la dépenser follement ;
mais celui qui est devenu disciple du Seigneur, qui s’est engagé à marcher sur
les traces du Seigneur, jusqu’à la mort même, doit se souvenir qu’il a déjà
déposé sa vie comme homme, l’échangeant contre l’espérance de vie comme
“ nouvelle créature ”, comme être spirituel. Il ne doit plus être
contrôlé par “ phileo ”, l’amour-devoir pour la vie terrestre, mais,
animé par l’amour “ agapee ”, il doit de bon cœur dépenser sa vie
naturelle au service de Dieu – “ pour les frères ”.
“ Car le Père lui-même vous aime, parce que
vous m’avez aimé. ” - Jean
16 : 27.
Dans ces deux cas “ phileo ” signifie amour-devoir.
C’était la plus haute forme d’amour que les disciples, dans leur ensemble,
pouvaient apprécier jusque-là, comme en témoignait Pierre. Et l’amour du Père
pour eux était le même amour-devoir : les
disciples n’avaient pas encore reçu le Saint Esprit avec son
“ agapee ”, cet amour désintéressé du plus haut niveau avec son
caractère, et le Père ne pouvait donc les aimer pour eux-mêmes, mais exerçait
un amour-devoir envers eux simplement parce qu’ils étaient parvenus à
manifester un amour-devoir pour le Seigneur et étaient devenus ses amis et
disciples.
“ Si vous étiez du monde, le monde aimerait ce
qui lui appartient. ” - Jean
15 : 19.
Phileo ou l’amour-devoir est exercé par les parents
terrestres, les enfants, le prochain sur la base de l’égoïsme - “ les
siens”.
“ Si quelqu’un n’aime pas le Seigneur
Jésus-Christ, qu’il soit anathème ! Maranatha ! (Il sera maudit, ou condamné à la seconde mort quand
le Seigneur viendra). ” – 1 Corinthiens 16 :22.
Il sera attendu de ceux qui auront été amenés à la connaissance
du salut que Dieu a préparé par Christ qu’ils apprécient l’oeuvre de
Celui-ci; et quiconque refusera de répondre en “ phileo ” ou
amour-devoir aura la vie ôtée dans les débuts du Millenium. Mais de ceux qui
exerceront ce “ phileo ” ou amour-devoir on attendra qu’ils aillent
plus loin et atteignent la marque de l’amour “ agapee ”, l’amour vrai
et désintéressé, s’ils veulent obtenir la vie éternelle. Remercions Dieu de ce
que la vie présente ne ferme pas la porte de l’opportunité à celui qui n’a jamais
connu cet amour-devoir ou “ phileo ”, ni à ceux qui l’ont connu mais
qui n’ont pas atteint l’amour “ agapee ”.
“ L’amour de l’argent ”, “ l’amour des
siens ”, “ l’amour de la prééminence ”, “ l’amour des
plaisirs ”, “ l’amour de l’hospitalité ” et des amis, sont issus
de l’amour-devoir ou phileo, c’est un amour qui comporte une cause ou une
exigence. Pierre nous exhorte à ajouter à cette bonté pour les frères (phileo),
la suivante et la plus haute forme d’amour, l’amour désintéressé – agapee. – 2
Pierre 1 : 7.
L’amour
désintéressé (AGAPEE) illustré
“ Dieu a tant aimé le monde qu’il a donné son
fils unique. ” - Jean 3 :
16.
L’amour qui a engendré le plan de rédemption de
l’humanité n’était pas l’amour-devoir ou “ phileo ” car Dieu n’a pas
été injuste envers ses créatures en prononçant la sentence de mort ; de
son côté l’homme n’a fait pour son Créateur aucune chose qui mettrait Celui-ci
dans l’obligation de manifester en retour l’amour-devoir. L’amour qui a incité
Dieu à concevoir un plan de rédemption était “ l’agapee ”, la charité
désintéressée, bénévole, l’Amour.
“ Dieu prouve son amour envers nous, en ce que,
lorsque nous étions encore des pécheurs, Christ est mort pour nous. ” - Romains 5 : 8.
Cet amour (agapee) dont Dieu donne l’exemple, est le
modèle qu’Il met devant nous comme la plus haute marque vers laquelle nous
devons tendre si nous voulons gagner le prix – une marque inaccessible par nos
chairs déchues, mais que nous pouvons atteindre par nos esprits renouvelés, nos
volontés, nos cœurs. Cet idéal est exprimé dans les mots : “ Tu
aimeras le Seigneur, ton Dieu, de toute ton âme, de toute ta force, de toute ta
pensée et ton prochain comme toi-même. ” (Luc 10 :27 ;
Romains 3 :9). “ Le but du commandement, c’est la charité ”
[l’amour – agapee, trad.] (1 Timothée 1 : 5). Ceci veut dire que
l’objet de toute instruction et discipline provenant de Dieu est d’amener notre
caractère à sa ressemblance représentée dans ce mot “ agapee ” -
amour ; car “ Dieu est amour (agapee) et celui qui demeure
dans l’amour (agapee) demeure en Dieu et Dieu en lui. ” - 1
Jean 4 :16.
Nous devons reconnaître comme “ frères ”
ceux qui ont déjà atteint le degré d’amour-devoir ou phileo, comme le fit Paul
quand il écrivit : “ Salue (pour moi) ceux qui nous aiment (phileo)
dans la foi. ” (Tite 3 : 15) ; mais nous devons nous
efforcer d’aimer les frères (1 Pierre 2 :
17) avec “ agapee ” ou selon le plus haut degré d’amour, lequel ne
considère pas la vie présente comme précieuse ou comme devant être sauvée, mais
conduit à déposer sa vie joyeusement pour les frères, dans des sacrifices
permanents de temps, d’argent et de tous les intérêts terrestres en leur
faveur. – 1 Jean 3 : 16.
Pierre met en contraste les deux sortes d’amour dans
le même verset disant : “ Ayant purifié vos âmes en obéissant à la
vérité pour avoir un amour [phileo] fraternel sincère , [continuez,
et] aimez-vous [agapee] ardemment les uns les autres, de tout votre
coeur” - 1 Pierre 1 : 22, Segond.
“ L’amour (agapee)
ne fait point de mal au prochain, l’amour (agapee) est donc
l’accomplissement de la loi. ” - Romains 13 : 10.
C’est “ agapee ” qui est mal traduit par
“ charité ” dans 1 Corinthiens 8 : 1 : “ La
connaissance enfle, mais l’amour (agapee) édifie. ”
C’est ce même terme qui est mal rendu par
“ charité ” dans le grand discours de l’apôtre sur l’amour en 1
Corinthiens 13 : 1-4, 8, 13 et 14 : 1. Ici il précise que l’amour
“ agapee ” est le trait principal du caractère chrétien, la couronne
de toutes les grâces chrétiennes, nous disant que sans cet amour tous sacrifices
et renoncements seraient sans valeur selon l’estimation divine, tandis que
guidés par celui-ci, nos plus faibles efforts sont acceptables par Christ.
Pierre
réprimandé gentiment et sagement
Pour autant que nous le montre le récit, ces questions
relatives à l’amour qu’avait alors Pierre pour le Seigneur étaient les seuls
reproches que Celui-ci lui adressa pour son égarement passager et pour le
reniement de sa cause ; et ici nous avons une leçon que beaucoup d’entre
le peuple du Seigneur devraient inscrire profondément dans leur cœur. Beaucoup
pensent qu’ils doivent exiger d’un frère ou d’une sœur de véritables excuses
pour chaque acte d’impolitesse, même si celui-ci est de beaucoup moins
important que le méfait de Pierre. Apprenons bien cette leçon qui nous enseigne
à reprendre les autres avec beaucoup de douceur, avec considération, gentiment,
par un conseil plutôt que par une charge directe ou un rappel détaillé de la
faute commise - en s’informant de la condition présente de leur cœur plutôt que
d’une condition passée dans laquelle nous savons qu’ils ont erré. Soyons moins
soucieux concernant les punitions qui suivront les mauvaises actions que du
rétablissement de l’égaré dans une voie meilleure. N’essayons pas de nous juger
ou de nous punir l’un l’autre pour nos méfaits, mais plutôt souvenons-nous que
tout cela est entre les mains du Seigneur ; nous ne devons, en aucun sens
du terme, nous venger nous-mêmes ni administrer aucun châtiment ou rétribution
pour le mal. Ne comprenons pas cela comme interdisant aux parents le droit de
juger ou de punir les enfants ; le principe de l’amour doit ici aussi
avoir le plein contrôle, dans la mesure de notre jugement. Nous devons avoir de
la gentillesse, de l’amour et de la bienveillance envers tous, et spécialement
envers ceux qui suivent Jésus. Comme il en fut pour Pierre et son reniement, et
comme il en est des offenses qui peuvent nous être faites par des frères,
sachons que sous la providence divine une punition en guise de correction, ou
discipline, directe ou indirecte, suit toujours ; mais nous ne devons pas
essayer d’infliger ces punitions, ni frapper d’une condamnation, ceux qui sont
dans l’erreur et qui s’en rendent compte, mais nous devons plutôt sympathiser
avec eux sagement, en les aidant à apprendre les bonnes leçons.
D’un autre côté cependant, nous aurions tous considéré
que ce serait un acte noble de sa part, si Pierre était tombé aux pieds de
notre Seigneur à la première occasion, et s’il avait imploré le pardon pour ses
faiblesses du passé. Il nous faudrait l’aimer et l’honorer d’autant plus pour
une manifestation aussi sincère de sa repentance. De fait, bien que le récit ne
le mentionne pas, il a pu avoir agi ainsi. Quant aux frères qui, à n’importe
quel moment, empiètent sur les droits, les intérêts ou les sentiments des
autres, même si c’est d’une manière non intentionnelle, ils devraient être
prompts et sincères dans leurs excuses ; les frères animés de l’amour
“ agapee ” n’exigeront pas
cela comme condition de communion.
En répondant à Pierre, notre Seigneur utilise trois
termes grecs différents dans ses trois différentes exhortations ; la
première fois Il l’exhorte à paître (nourrir) les agneaux ; la deuxième
fois à prendre soin des brebis ou veiller sur elles ; la troisième fois à
paître (nourrir) les brebis faibles ou délicates. Ceci nous montre trois
aspects du troupeau du Seigneur. Il y a les jeunes, les débutants, les agneaux,
les “ bébés ” en Christ, dont le caractère chrétien n’est pas
développé et qui ont besoin d’une nourriture spéciale, “ le lait de la
Parole ”. Deuxièmement il y a les brebis plus mûres du troupeau du
Seigneur dont la connaissance et le caractère sont plus développés, qui ont
appris à se nourrir elles-mêmes de la vérité précieuse mais qui, néanmoins, ont
besoin d’être guidées, dirigées, surveillées. Troisièmement il y a les brebis
faibles qui, avec le temps, auraient dû être fortes, être capables de se
nourrir elles-mêmes des dons auxquels le Seigneur a gracieusement pourvu dans
sa Parole, mais qui, à cause des faiblesses de la chair, ou des défauts, ou de
la négligence, ou de toute autre raison, n’ont pas progressé et sont de ce fait
restées faibles dans la foi. Celles-ci ont besoin de nourriture et de
sollicitude. Toute cette activité fait partie du devoir de “ l’évêque ”
ou surveillant [de l’ancien, trad.] dans le troupeau du Seigneur.
Tandis que les paroles du Seigneur étaient
spécialement adressées à Pierre, en tant que chef du groupe, ces instructions
étaient sans aucun doute censées être adressées à tous les onze, car les
apôtres étaient tous “ évêques ”, tous avaient à s’occuper du
troupeau du Seigneur. Ce même message est applicable aujourd’hui, quoique pas
au même degré, à tous les serviteurs de la vérité ; celui qui, par la
grâce de Dieu, est dans une position telle que l’occasion de paître le troupeau
du Seigneur lui est offerte, devrait considérer cela comme un des plus grands
privilèges de cette vie, et se débarrasser joyeusement de chaque entrave et
empêchement, afin qu’il puisse complètement prendre plaisir à cette tâche et
l’exécuter. Ainsi l’apôtre dit aux anciens d’Ephèse : “ Prenez
donc garde à vous-mêmes et à tout le troupeau au milieu duquel l’ Esprit Saint
vous a établis surveillants pour paître l’assemblée du Seigneur. ” -
Actes 20 : 28, Darby.
On trouve encore de nos jours ces trois classes du
troupeau du Seigneur : les jeunes, puis ceux qui sont plus avancés et
forts, et enfin les faibles et délicats qui ont besoin d’une assistance
spéciale. De cette dernière classe, beaucoup sont aujourd’hui dans Babylone
[écrit en 1901, trad.] et ont besoin d’une main secourable que le peuple du
Seigneur est capable de leur tendre – ils sont faibles, appauvris par un manque
de nourriture, par une famine, non pas de pain ni d’eau, mais de l’écoute des
paroles du Seigneur. (Amos 8 : 11). Ils écoutent les théories humaines et
la “ tradition des anciens ” depuis longtemps, et sont affaiblis du
fait de leurs contradictions ; et ainsi, partout où on les trouve, ils ont
faim et soif de vérité, et ont besoin que Pierre et tous les disciples du
Seigneur fassent avec leur force ce qu’ils sont capables de faire, pour les
délivrer des chaînes de l’erreur et de l’obscurité qui les retiennent – afin de
les libérer et de les amener en contact avec la nourriture spirituelle que le
Père Céleste fournit maintenant si abondamment.
Au regard des réponses de Pierre, rapides et non
hésitantes, concernant son amour, le Seigneur donna une prophétie indiquant que
Pierre serait, en vérité, fidèle jusqu’à la fin, et impliquant qu’il serait un
martyr crucifié, ses mains étant étendues. La tradition nous dit que Pierre fut
fidèle jusqu’à la mort ; et ayant été condamné par Néron à mourir par
crucifixion, il le fut la tête en bas comme il l’avait demandé, car il avait
déclaré qu’il n’était pas digne d’être crucifié comme son Seigneur.
Les paroles de notre Seigneur “ Suis-moi ”
ne font pas simplement référence au fait de Le suivre spirituellement, mais au
fait qu’Il marchait le long du rivage, suivi des disciples. Pierre ayant entendu
la déclaration prophétique du Seigneur le concernant et voyant Jean tout près,
posa une question concernant l’avenir de ce dernier – Que fera-t-il ? Que
lui arrivera-t-il ? Sera-t-il fidèle jusqu’à la mort et sera-t-il lui
aussi un martyr ? Le refus de notre Seigneur de répondre peut être
considéré plutôt comme un reproche à Pierre et comme une leçon pour nous tous.
Nous ne devons pas questionner la providence divine mais plutôt nous y
soumettre. Cela semble être dans la nature humaine de penser aux compagnons,
même quand on subit peine, persécution, etc.… et nombreux sont ceux qui, comme
Pierre, se demandent pourquoi ils auraient des épreuves et des difficultés
différentes de celles qui viennent sur certains autres membres du Troupeau du
Seigneur. La réponse du Maître à Pierre est une réponse à tous ceux-là :
“ Que t’importe, toi, suis-moi. ” Chacun de nous devrait apprendre la
leçon de confiance en la sagesse du Seigneur dans toutes ses affaires, dans
celles qui lui sont déjà clairement indiquées par le Seigneur comme dans celles
qui sont encore laissées dans l’ombre. Nous pouvons connaître son amour, sa
sagesse, sa puissance et avoir confiance en Lui là-même où nous ne
relevons aucune trace de Lui, et être contents quel que soit le sort qui nous
attend, sachant que c’est sa main qui nous dirige.
“ Si je veux
qu’il demeure jusqu’à ce que je vienne ”
Ces paroles de notre Seigneur concernant Jean semblent
avoir fait naître dans l’esprit des disciples l’idée que Jean ne mourrait pas –
que, tandis que les autres mourraient, il resterait en vie jusqu’à la seconde
venue de Christ. Mais Jean lui-même nous dit que Jésus n’a rien dit de
semblable ; ce fut une simple déduction de la part des disciples. Nous
pouvons voir en Jean une figure des membres de l’Eglise vivants à la fin de
l’âge de l’Evangile – à la seconde présence du Seigneur. Jean n’est pas vivant,
mais la classe qu’il représenta s’est développée et demeure encore et sera
alors changée, etc. Donnons gloire à Dieu, nous qui avons le privilège de vivre
en ce temps de faveur, de bénédiction et de lumière et cherchons à manifester
la disposition affectueuse, l’énergie et le zèle de Jean, car s’il est appelé
le disciple de l’amour, nous devons nous souvenir qu’à cause de son zèle
impétueux, il fut surnommé avec son frère, Boanerges (Fils du tonnerre). Soyons
pleins d’énergie, pleins de ces sacrifices que l’amour fait naître, pour que
nous puissions glorifier le Seigneur dans nos corps et dans nos esprits qui Lui
appartiennent. Dans ce but il sera bon de nous rappeler les paroles du Seigneur
qui s’appliquent à l’ensemble des sept aussi bien qu’à Pierre qui a été leur
porte-parole : “ M’aimes-tu plus que ceux-ci ? ” La même
question est posée aujourd’hui à tout le peuple du Seigneur. Il est nécessaire
que nous ayons plus ou moins de contact avec le monde, avec les affaires, les
devoirs domestiques, la société, etc. et la question est de savoir comment nous
allons nous acquitter de nos obligations, les contre-balançant avec nos devoirs
envers le Seigneur, comme Nouvelles Créatures, formant sa sacrificature royale.
Le Seigneur verra-t-Il que nous aimons les choses terrestres plus que
Lui ? S’il en est ainsi, Il déclare que nous ne sommes pas dignes de Lui
et qu’Il ne nous reconnaîtra pas comme membres de la classe de son Epouse. Il
ne sélectionnera pour ce petit troupeau que ceux qui L’aiment par-dessus tout –
plus que les maisons, terres, maris, femmes, enfants et toutes choses
terrestres. – Matthieu 10 : 37.
WT 1901 p.2806