LE PREMIER MARTYR CHRETIEN

- Actes 6 : 9 - 8 : 3 -

 

 

 

 

Le fidèle Etienne – Son éloquence ainsi que son zèle pour Dieu et pour la Vérité ont agité les passions de ses ennemis – Ils l’ont haï pour les qualités qu’ils au­raient dû admirer – Parce qu’ils étaient aveuglés par l’erreur – Son premier combat dans la synagogue – Son second combat devant le Sanhédrin – Sa victoire dans la mort.

 

 

“ Sois fidèle jusqu’à la mort, et je te donnerai la couronne de vie. ” - Apocalypse 2 : 10.

 

 

A proprement parler, notre Seigneur Jésus fut le premier martyr chrétien ; mais le premier de ses disci­ples ayant enduré la mort à cause de sa loyauté dans la prédication de l’Evangile de Jésus fut Etienne, un des sept Diacres élus, nommé pour la distribution des aumônes de l’Eglise. Les Apôtres avaient pour but de se donner entièrement à l’œuvre du Maître et, sans aucun doute, s’attendaient peu à obtenir un service particulier de la part des Diacres désignés. Néanmoins, par la providence de Dieu, un de ceux-là, Etienne, à cause de son amour et de son zèle, reçut une grande part de la grâce et de la bénédiction du Seigneur et il lui fut permis de donner sa vie fidèlement pour la Vé­rité.

Apparemment, Etienne était un homme qui avait de grandes facultés et il aimait la Vérité. Le fait qu’il ait été choisi comme un de ces Diacres particuliers indi­que que ceux qui le connaissaient le mieux estimaient hautement sa pureté de caractère et de vie. Son élo­quence dans la défense du Maître et de son Evangile est bien montrée dans cette leçon.

L’histoire nous dit qu’en ce temps-là, il y avait qua­tre cent soixante synagogues à Jérusalem. Certaines d’entre elles étaient Hébraïques ; cela voulait dire que ceux qui les fréquentaient étaient habitués à la langue hébraïque, et elle y était employée. D’autres, d’entre ces synagogues, étaient appelées Hellénistes, c’est-à-dire grecques. Le Grec était alors la langue des gens cultivés dans l’empire ; et certains juifs et prosélytes, vivant hors d’Israël ainsi qu’à Jérusalem préféraient avoir les livres de la Loi et des Prophètes en langue grecque.

Il est supposé qu’Etienne était rattaché à une de ces synagogues, et que cela expliquait le fait qu’il allait là pour encourager ses compagnons par le message annonçant que Jésus était le Messie. Il est également supposé, avec apparemment une bonne raison pour cela, que Saul de Tarse fréquentait la même synago­gue et qu’il était un des opposants sur qui Etienne, par la grâce du Seigneur, semblait avoir eu un avantage dans ces débats. Ainsi, un sentiment d’amertume s’était installé.

Il semblait aux dirigeants juifs que ce message, qui concernait le fait que Jésus était le Messie, qui impli­quait la responsabilité des Juifs dans sa mort et qui se rapportait à la faveur manifestée par Dieu en Le ré­veillant de la mort, était une grossière erreur qui, pré­sentée au peuple de main de maître, risquait de faire naître un esprit d’irritation à leur encontre, avec un effet subversif sur toutes les lois et le gouvernement en Pa­lestine. En effet, ces Chrétiens proclamaient qu’en rai­son du rejet de Jésus, la nation juive fut elle-même re­jetée de la faveur de Dieu et que des calamités affreu­ses s’approchaient. Ceux qui s’en remettaient à l’ancien ordre de choses refusaient de croire à ces pro­phéties annonçant les désastres à venir.

Le second combat d’Etienne fut celui qui précéda sa mort. Le Sanhédrin, en colère contre lui, suborna des témoins ; c’est-à-dire qu’il paya certaines personnes pour déposer des plaintes, accusant Etienne d’avoir blasphémé, en déclarant que Moïse et la loi étaient obsolètes, que le Temple n’était plus le Temple de Dieu. Ces témoins rapportèrent certaines paroles iso­lées d’Etienne qui, une fois arrangées, faisaient passer la Vérité pour fausse et blasphématoire. Il en est tou­jours ainsi, à propos de n’importe quelle affaire. La forme avec laquelle est faite une déclaration est en étroite relation avec l’impression qu’elle donne. Etienne a en effet prononcé les choses qui lui étaient repro­chées ; mais en les manipulant comme ils le firent, ils ont dénaturé l’essence de son enseignement.

 

 

La défense d’Etienne

Après que ces témoins soudoyés eurent rendu leur témoignage devant le Sanhédrin, avec accusation de blasphème – faute punie de lapidation – le Sanhédrin, dans un simulacre d’équité permit à Etienne de pré­senter sa défense. C’est ce qu’il fit d’une main de maî­tre, reprenant le fil de l’histoire juive et la développant, montrant sa foi implicite dans les relations de Dieu à l’égard d’Abraham ainsi que dans les promesses qui lui furent faites. Méthodiquement, il ramena ses auditeurs au temps de Moïse et de la promulgation de la Loi, et leur rappela que Moïse avait annoncé qu’au moment opportun, Dieu leur susciterait un plus grand prophète que lui (Deutéronome 18 : 18, 19). Etienne les laissa en déduire que ce grand Prophète était Jésus ; et puisque Moïse décrivait tout particulièrement Jésus comme supérieur, cela ne pouvait en rien être un man­que de loyauté envers Moïse que d’accepter ce plus grand Prophète. Ainsi, un des éléments d’accusation à l’encontre d’Etienne était renversé. Il n’était pas déloyal à l’égard de Moïse, bien au contraire.

Concernant le Temple, Etienne rappela à ses au­diteurs que Dieu avait premièrement établi le Taberna­cle dans le désert ; et que, peu après, à sa place, Il établissait le Temple à Jérusalem. Il n’y avait aucun manque de respect à l’égard du Tabernacle dans le fait de croire au Temple que Salomon avait construit. Mais Dieu avait prévu qu’un Temple encore plus grand prendrait la place de la construction faite de mains d’hommes. Le plus grand Temple était le Temple spi­rituel, qui doit être composé du peuple de Dieu dont les membres, comme pierres vivantes, seraient édifiés en­semble pour devenir une habitation de Dieu par l’Esprit. Comme accepter le Temple de Salomon à la place du Tabernacle de Moïse n’était pas un blas­phème, il n’y avait pas, non plus, à considérer comme blasphématoire l’acceptation de ce Temple plus grand, spirituel, duquel Jésus est la Tête, la Fondation, à la place du Temple typique, bâti de bois et de pierre.

 

 

La victoire dans la mort !

Les paroles d’Etienne étaient si habiles, si logiques et si convaincantes que ses auditeurs “ étaient furieux dans leurs cœurs ”, non pas dans le sens d’une quel­conque repentance, mais dans ce sens qu’ils réali­saient que leur cause perdait du terrain. Il est admis que Saul de Tarse était un membre de ce Sanhédrin, qui n’avait plus aucun espoir de pouvoir accuser Etienne de blasphème en toute justice. Son unique re­cours était alors de rechercher quelque chose d’apparemment blasphématoire que dirait Etienne pour le mettre à mort sur-le-champ.

Ce moment vint. Etienne, animé par le sujet, prê­chant Christ ainsi que les bénédictions qui devaient venir par Lui sur Israël et sur le monde, avait le visage rayonnant – tel un ange du Seigneur. Et regardant vers le ciel, il s’exclama : “ Voici, je vois les cieux ouverts, et le Fils de l’homme debout à la droite de Dieu. ” (Actes 7 : 56). Ce fut le moment propice pour le Sanhédrin de crier au blasphème et de se précipiter sur le messager de Dieu.

Ce qu’il voulait exprimer par ces paroles, nous ne pourrions l’affirmer avec certitude. Nous souvenant que ce sont les yeux de notre compréhension qui possè­dent la meilleure acuité visuelle, nous pourrions em­ployer les mêmes paroles – ne nous référant pas à quelque chose que nous aurions vu de nos yeux natu­rels, mais simplement à notre conception mentale et notre conviction quant à sa véracité. Ainsi, un homme aveugle, comprenant l’essence d’un débat, pourrait dire sincèrement, “ Oh oui, je vois à présent ! ”

Nous pouvons être certains  que la foule était prête à suivre la proposition du Sanhédrin. Aujourd’hui, comme alors, les foules semblent prêtes à toutes sor­tes de violences si elles ont un meneur et un prétexte, tout particulièrement si le prétexte et le meneur se si­tuent dans un cadre religieux et émanent de ceux qui sont reconnus comme ayant autorité. Il y a, dans la nature déchue, une disposition féroce et bestiale qui semble assoiffée de sang et n’attend que l’occasion pour se manifester.

Repoussant le disciple de Jésus hors des portes de la ville – car aucune exécution n’était autorisée à l’intérieur – la foule jeta ses vêtements aux pieds d’un jeune homme, Saul de Tarse, qui passa ainsi en posi­tion d’autorité pour la lapidation. Puis ils lancèrent des pierres sur Etienne, jusqu’à le faire mourir alors qu’il criait : “ Seigneur Jésus, reçois mon esprit ! ” – ma vie – ainsi que : “Seigneur, ne leur impute pas ce péché ! ” (Actes 7 : 59, 60). C’était là l’apogée de la victoire d’Etienne – la fidélité jusqu’à la mort et, de surcroît, l’esprit d’amour avec lequel il accepta la mort de la main de ses ennemis – l’esprit du Maître, le même es­prit que nous devrions cultiver et manifester.

 

 

L’héroïsme dans les tranchées

Etienne nous a donné l’exemple. A vrai dire, les exemples montrant quel genre de personnes nous de­vrions être, ne sont pas difficiles à trouver. La difficulté semble résider dans le fait que profitent des exemples ceux-là seuls qui ont un esprit fervent et qui sont bien instruits par le Seigneur. Ainsi, le monde donne au­jourd’hui une grande leçon à l’Eglise quant à la fidélité jusqu’à la mort. Lorsque les disciples de Jésus regar­dent au-delà des mers et voient des millions d’hommes quittant leurs maisons, leurs familles, leurs emplois, leurs aises et oublient toute considération dans le but d’obéir aux dirigeants de leurs pays – allant dans les tranchées et endurant les difficultés, le froid, les bles­sures et la mort, cela semble véritablement merveil­leux.

Nous nous disons à nous-mêmes : “ Quel genre de personnes devrions-nous être, en tant que chrétiens ! ” Nous n’avons pas été appelés à tuer notre prochain, mais à lui faire du bien. Nous n’avons pas été appelés pour quelques centimes de salaire par jour ou, peut-être, pour une décoration ou pour avoir notre nom ins­crit sur une liste de morts pour la patrie, mais ce qui nous est promis, c’est la gloire, l’honneur, l’immortalité et le co-héritage avec notre Seigneur dans son Royaume. De plus, nous n’avons pas uniquement le privilège maintenant d’aider les hommes au lieu de les détruire, mais nous aurons également le privilège béni de les aider dans l’Age à venir, pour les faire passer de leur état d’imperfection jusqu’à l’image et la ressem­blance de Dieu. Oh, quel genre de personnes de­vrions-nous être, en tant que chrétiens ! Combien nous devrions être fidèles et loyaux !

Notre texte de base est impressionnant. Notre en­gagement n’est pas limité à quelques jours, mais doit être entrepris avec une pleine compréhension du fait que pour obtenir le grand prix, nous devons dépenser notre vie entière au service du Seigneur – fidèlement, loyalement. Combien de Chrétiens ont-ils correctement compris ce que signifiait donner leur cœur au Seigneur et se charger de leur croix, afin d’être ses disciples, dans la bonne ou la mauvaise réputation ? Il n’est pas encore trop tard pour apprendre nos leçons plus com­plètement et se déterminer, par la grâce de Dieu, à Lui être fidèles jusqu’à la mort, Lui qui nous a appelés hors des ténèbres à sa merveilleuse lumière.

WT 1916 p.5857


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