« Par la grâce qui m'a été donnée, je dis à chacun de
vous de n'avoir pas de lui-même une trop haute opinion, mais de revêtir des
sentiments modestes, selon la mesure de foi que Dieu a départie à
chacun ». -
Romains12 : 2.
Le véritable sens du mot "modestie" signifie
exactement : une considération de soi non exagérée – la modération,
la retenue. C'est une vertu merveilleuse qui est très désirable parmi les
chrétiens. La déclaration de l'Apôtre ci-dessus veut dire que notre modestie
(modération) et la retenue doivent apparaître dans toutes les circonstances de
notre vie, de sorte que ceux que nous côtoyons puissent les remarquer.
Toutefois notre modestie ne doit pas seulement consister
dans le fait d'être observée par les autres. Elle ne doit pas être seulement
extérieure, apparente, ou visible. Nous devons l'entretenir et la développer
dans nos cœurs pour qu'elle devienne une partie intégrante de notre
disposition, le principe privilégié de nos relations avec les autres.
Dans la mesure où nous savons avec justesse et impartialité
observer divers défauts et caractéristiques de la nature humaine, aussi bien en
nous-mêmes que chez les autres, nous savons que le manque de modestie conduit
l'homme au ridicule, le rend désagréable, indésirable, intrus dans tous les
cercles associatifs sérieux.
Personne ne supporte avec plaisir une autre personne qui a
une haute opinion d'elle-même, qui ne possède pas de modération dans ses
paroles, dans son comportement, et dont le sujet privilégié est la louange et
l'éloge de soi. Si certains supportent par politesse sa vanité, il se crée
toutefois une aversion instinctive, les conduisant à ne plus nouer avec elle
d'amitié privilégiée à l'avenir.
Le chemin de la modestie est plus sage et plus sensé. Celui
qui n'a pas une haute opinion de lui-même ne s'exaltera pas en paroles, par des
gestes, ni d'aucune autre manière. En paroles il sera modéré, discret. Dans le
cercle social, ou parmi les frères il sera davantage disposé à écouter qu'à
parler. Il ne fera que très rarement référence aux choses qui le touchent de
loin ou de près, sauf si on les lui demande. Même dans ce cas, il sera prudent
pour ne pas dire plus qu'il n'en faut, afin que dans ses paroles il ne se
trouve ni vantardise ni vaine fanfaronnade.
Il veillera également à susciter chez ses auditeurs intérêt,
satisfaction et édification. Dès qu'il remarquera l'indifférence ou l'ennui de
ses interlocuteurs, il cessera de parler, pour donner ce privilège à d'autres,
qui ont certainement quelque chose de meilleur et de plus intéressant à
proposer.
Si parmi les hommes en général la modestie est plus
fortement appréciée et estimée que l'orgueil, au sein des imitateurs de
l'humble Maître de Nazareth, cette vertu est d'autant plus nécessaire.
Efforçons-nous donc dans la mesure de nos moyens de développer dans nos cœurs
cette vertu, pour l'imprimer sur toutes les choses et actions de notre vie.
Soyons modestes dans notre attitude, dans notre
comportement, dans nos gestes et nos mouvements. Soyons modestes dans nos
paroles ainsi que dans toutes nos relations avec les autres. Soyons modestes
dans notre habillement, et dans toute notre conduite. Avant tout soyons
modestes dans notre service pour le Seigneur, la Vérité et les frères. Que
notre service soit empreint de cette véritable modestie et par la charité, qui « n'est
point envieuse (jalouse) ; elle ne s'enfle point d'orgueil, elle ne
fait rien de malhonnête. » – 1 Corinthiens 13 : 4, 5.
Traduit
du périodique polonais Straz 1936-9-130.