(Suite et fin)
Un vieux sage fut questionné par ses disciples. L’un
d’eux lui demanda :
- « Maître, comment es-tu parvenu à être si sage ? »
- « En prenant de bonnes décisions », répondit-il.
- « Mais comment as-tu su quelles décisions étaient les
bonnes ? »
- « Par expérience », fut sa réponse.
- « Et comment as-tu acquis cette expérience ? »
- « En prenant de mauvaises décisions », répondit le
vieux sage.
Lorsque nous prenons une mauvaise décision qui nous
fait subir des pertes, ne négligeons pas la leçon que nous pouvons en tirer.
Dans la vie, les erreurs les plus coûteuses sont celles qui ne nous apprennent
rien.
L’échec, ce n’est point lorsque nous tombons, mais
lorsque nous restons à terre. Un lutteur n’est pas vaincu parce qu’il est à
terre, mais lorsqu’il renonce à lutter. Relevons-nous à chaque fois et
continuons le combat. Rappelons-nous le texte des Proverbes (24 :
16) : « Car sept fois le juste tombe, et il se relève. »
Ce qui est important c’est d’apprendre de notre passé, et l’employer comme un
moyen de croître et d’avancer.
Les sages prennent des décisions sages. Les décisions
sages seront toujours les fruits de la sagesse. C’est pourquoi, la meilleure et
la plus sûre méthode de nous préparer pour prendre de sages décisions est d’acquérir cette sagesse d’en-haut,
d’établir les principes de la justice et de l’amour dans notre cœur à tel
point que la loi divine devienne une partie de nous-mêmes. Lorsque ceci sera
réalisé, ces principes nous guideront à prendre de bonnes décisions, même dans
le cas d’une situation que nous n’avons jamais rencontrée. La sagesse d’en-haut est la mesure d’Esprit Saint que nous possédons.
C’est un signe de maturité que d’accepter les conséquences
de ses actes. Une fois que le prix pour la faute commise a été payé, le gain
acquis est important si la leçon douloureusement apprise est appliquée à
l’avenir dans la prise des décisions.
A première vue, il n’est pas évident que tout ce que
nous faisons, depuis le réveil jusqu’au coucher, est affaire de choix. Si
quelqu’un nous demande quelque chose, nous le faisons machinalement, sans
hésiter, sans nous rendre compte que ce n’est pas à cet instant précis que
nous prenons la décision. Pour illustrer cela, voyons un cas concret.
Vous êtes, par exemple, à l’école ou au travail. Durant
la pause, un de vos collègues vous offre une cigarette. Que faites-vous ?
Réfléchissez-vous pour savoir si vous allez l’accepter ou pas ? Bien sûr
que non ! Vous n’y pensez point ! La décision concernant la nocivité
des cigarettes pour notre organisme, cette décision-là, vous l’avez prise il y
a longtemps, peut-être même lorsque vous étiez enfant. Votre refus de la cigarette
sera seulement l’expression (et la réaffirmation) du choix fait tant d’années
auparavant.
Malheureusement, bien des gens ont un esprit désordonné,
chaotique, et choisissent arbitrairement, en fonction de leur état d’esprit,
des circonstances, des pressions de l’entourage ou sous l’influence des amis
pour être acceptés. Les résultats néfastes en sont visibles, souvent parmi les
jeunes de notre société moderne.
Ce principe est vrai. Pour la plupart des choses que
nous faisons, comme prier au réveil, lire la manne, aller au travail, lire la
Bible (ou pas), nous ne nous arrêtons pas avant d’exécuter chacune de ces
tâches afin de décider si nous allons les faire ou pas ; nous faisons
tout cela par habitude, et la décision de faire ou de ne pas faire certaines
choses de la routine journalière a été prise il y a longtemps déjà. Des années
auparavant, chacun de nous a établi certaines choses comme valeurs dans son
cœur et dans sa vie. Et notre vie quotidienne est la conséquence directe de ces
choix. Chacun de nous amasse des richesses pour le trésor de son cœur. A chacun
de se demander si son trésor est bien dans les cieux ou sur la terre.
Cette orientation majeure vers le haut (chercher le
Royaume de Dieu et sa justice) ou vers le bas (les choses terrestres) va
influencer d’une manière décisive la plupart de nos décisions.
Le caractère que nous avons à présent est un bouquet
d’habitudes : habitudes de penser, de parler, d’agir, qui, étant
pratiquées jour après jour, sont tellement ancrées en nous qu’elles sont
devenues notre deuxième nature, notre façon d’être, notre naturel. « Un
Ethiopien peut-il changer sa peau, et un léopard ses taches ? De même,
pourriez-vous faire le bien, vous qui êtes accoutumés à faire le
mal ? » - disait le prophète Jérémie au peuple d’Israël, parlant
des habitudes acquises. - Jérémie 13 : 23.
Le philosophe grec Aristote a
exprimé un principe vrai par les paroles suivantes : « Nous sommes ce
que nous faisons jour après jour. C’est pourquoi la maîtrise
(l’accomplissement, la perfection), ce n’est pas un acte, ce n’est pas un évènement,
mais c’est une habitude. »
Mais notre
esprit n’est pas quelque chose de statique, il est en transformation continue.
C’est pourquoi nous devons sans cesse analyser attentivement nos motivations et
notre cœur pour nous assurer d’être toujours en accord avec les vœux faits lors
de notre baptême. Si nous remarquons des habitudes contraires à la volonté
divine, et par conséquent, contraires à nous-mêmes en tant que Nouvelles
Créatures, nous pouvons changer, à trois conditions près : - si cet état
nous affecte, - si nous demandons pardon au Père céleste, - si nous voulons
vraiment changer. Dieu ne nous aidera pas à changer si nous ne le désirons pas
vraiment. Le changement est douloureux mais nécessaire si nous voulons nous
développer.
Quelqu’un a dit, et cela est vrai, qu’il n’est pas
difficile de prendre des décisions si nos valeurs sont bien fondées. Pour
établir des valeurs dans notre vie, il faut aussi avoir des convictions, ce qui
est très rare de nos jours.
Mais, même après avoir pris la bonne décision, il
faut avoir le courage de l’accomplir. Nous en rappellerons deux exemples de
l’histoire du peuple d’Israël.
Le premier est celui du Roi Saül et de son armée qui
se trouvaient face à l’armée des Philistins, beaucoup
plus nombreuse. Samuel avait dit à Saül de l’attendre sept jours jusqu’à ce
qu’il vienne apporter le sacrifice. Saül tint bon durant sept jours, alors que
son armée commençait à se disperser par crainte. A la fin du septième jour, la
patience et la confiance de Saül finirent par céder. « Il attendit sept
jours, selon le terme fixé par Samuel. Mais Samuel n'arrivait pas à Guilgal, et
le peuple se dispersait loin de Saül. Alors Saül dit : Amenez-moi
l'holocauste et les sacrifices d'actions de grâces. Et il offrit l'holocauste, Samuel
arriva. » (1 Samuel 13 : 8, 9). S’il avait attendu encore une
heure…
Lorsque nous avons pris une décision
en obéissant aux commandements divins, nous pouvons nous reposer avec foi en
Dieu qui tient toutes choses sous son contrôle.
Le second exemple est celui des trois jeunes Hébreux,
amis de Daniel, captifs à Babylone. Lorsque le Roi ordonna à tous ses sujets de
se prosterner devant la statue d’or érigée dans la vallée de Dura, les trois
jeunes Hébreux, Schadrac, Méschac
et Abed-Nego firent preuve de leur intégrité, seuls,
sans parents à leur côté. Ils restèrent debout bien que le Roi fît répéter le commandement, leur donnant ainsi une seconde
chance de délivrance. Quelle tentation ! Mais ils ne bronchèrent point et
montrèrent leur foi et leur confiance en Dieu d’où provenait leur
détermination. « Voici, notre Dieu que nous servons peut nous délivrer
de la fournaise ardente, et il nous délivrera de ta main, ô roi. Sinon, sache,
ô roi, que nous ne servirons pas tes dieux. » (Daniel 3 :17, 18).
La sentence fut prononcée et les trois jeunes gens se résignèrent comptant sur
la providence divine. Dieu semblait les avoir abandonnés, peut-être même
avaient-ils perdu tout espoir mais pas la foi. Ils furent finalement jetés dans
la fournaise, et la délivrance survint d’une manière inattendue.
Nous voyons ici un autre principe à suivre :
lorsque nous avons pris la bonne décision, nous devons la suivre vaillamment,
confiants que Dieu fera sa part. Parfois, nous croyons savoir quelle est cette
part. L’hésitation peut nous faire fléchir comme ce fut le cas de Saül juste
avant la fin de l’épreuve.
« Considère le chemin par où tu
passes, Et que toutes tes voies soient bien réglées ; N'incline ni à
droite ni à gauche, et détourne ton pied du mal. » - Proverbes 4 : 26.
« Jonathan devint puissant,
parce qu'il affermit ses voies devant l'Eternel, son Dieu. » - 2 Chroniques 27 : 6.
Pour ce faire, nous avons besoin de discipline, ou
plutôt d’autodiscipline - voilà une vertu de plus en plus rare de nos jours. « Exerce-toi
(toi-même) à la piété » (1 Timothée 4 : 7) conseillait
l’apôtre Paul à Timothée ; c’est-à-dire discipline-toi, toi-même à la
piété. La discipline est le secret de la piété, de la vie du chrétien. Le mot
grec pour ‘exerce-toi’ est ‘gumnazo’
duquel provient le mot gymnaste. Un athlète ne devient expert qu’après des
années d’exercices réguliers pour atteindre l’accomplissement athlétique.
L’effort journalier est un élément essentiel de la
discipline chrétienne. L’Apôtre Paul a comparé, à
juste titre, la vie du chrétien aux concours olympiques. La discipline est le
pont entre les objectifs et les réalisations. Les grandes personnalités de
l’histoire ont mené une vie ordonnée et disciplinée. Emmanuel Kant a dit :
« La science, ce sont les choses ordonnées et organisées. La sagesse,
c’est la vie organisée ». Si nous constatons dans notre vie que nous avons
du mal à nous développer, examinons-nous. Il y a peut-être, un problème quelque
part. Nous ne consacrons peut-être pas assez de temps à l’étude de la Parole de
Dieu, et à la méditer. Il faudrait, peut-être aussi, changer notre programme
quotidien, certaines de nos habitudes de vie. Il n’est pas raisonnable de
continuer à faire les mêmes choses et attendre d’autres résultats.
Les décisions que nous prenons montrent la mesure de
sagesse d’en haut que nous possédons, la mesure d’Esprit Saint. Cette sagesse
d’en haut nous guidera à être équilibrés dans nos dépenses, dans nos désirs,
elle tempèrera les convoitises et désirs de la vieille nature qui réclame toujours
ses droits. Chacun de nous a des penchants et c’est sur ce point que nous
devons être en garde tout particulièrement. La chair sait revêtir ses demandes
sous des apparences très légitimes, justifiables, mais c’est à la Nouvelle
Créature de décider.
Nos choix dépendent de nos valeurs et nos valeurs (ce
que nous estimons le plus au monde) sont déterminées par notre sagesse. La
sagesse consiste à considérer les choses du vrai point de vue, celui de Dieu.
Et ainsi, notre sagesse dépend de notre degré d’humilité qui nous fait prendre
conscience de notre état déchu, tant moral que mental, et nous permet
d’apprécier la supériorité des lois divines.
Notre façon de comprendre la réalité fait toute la
différence. Comment considérons-nous les souffrances présentes ? L’Apôtre Paul disait en 2 Corinthiens 4 : 16-18 : « C'est
pourquoi nous ne perdons pas courage… Car nos légères afflictions du moment
présent produisent pour nous, au delà de toute mesure, un poids éternel de
gloire, parce que nous regardons, non point aux choses visibles, mais à celles
qui sont invisibles ; car les choses visibles sont passagères, et les
invisibles sont éternelles. »
Parfois nous voyons seulement les armées de Syriens
qui encerclent la cité, et nous oublions les armées d’anges invisibles.
Parfois nous semblons oublier que les souffrances font partie du cursus de spécialisation
à l’école de Christ, et que la permission du mal est un instrument par lequel
Dieu bénit tous ceux qui passent par cette université du présent monde mauvais.
C’est tout particulièrement lorsque nous sommes
malades, ou lorsque nous perdons l’un de nos proches, que nous comprenons
mieux la valeur de ce que Dieu a fait pour nous, son amour. Nous étions condamnés
à mort, et, sans le sacrifice de notre Seigneur Jésus, nous ne pouvions rien
faire pour nous sauver. Le Psalmiste déclare : « Un homme ne
pourra en aucune manière racheter son frère, ni donner à Dieu sa rançon, car
précieux est le rachat de leur âme. » - Psaume 49 : 7, 8.
Combien précieux est le rachat de notre âme à nos
yeux ? Que serait notre vie, que ressentirions-nous si nous étions
condamnés par la justice divine, sans l’œuvre de rachat ? Je crois qu’il
ne passerait pas un seul jour sans que nous ne venions supplier Dieu à genoux,
les larmes aux yeux et le cœur frémissant, afin de nous pardonner, de Lui
demander de faire quelque chose pour que nous puissions vivre. Que ne
ferions-nous pas pour obtenir le pardon ? C’est lorsque nous participons à
un service funéraire que nous nous souvenons qu’un jour nous passerons aussi
par là, et combien nous sommes reconnaissants à Dieu pour sa miséricorde
insondable, pour son grand amour qui nous a promis la vie éternelle, dans des
conditions parfaites.
Le Seigneur Jésus a dit : « Et que
servirait-il à un homme de gagner tout le monde, s'il perdait son âme ? Ou, que donnerait un homme en échange de son
âme ? » (Matthieu 16 : 26). Voilà une question fondamentale
pour établir les priorités dans notre vie : Que donnerions-nous en échange
de notre âme, pour notre vie ? Bien souvent, nous nous inquiétons, nous
courons, achetons, amassons, du matin au soir. L’Ecclésiaste
(6 : 7) déclare : « Tout le travail de l’homme est pour sa
bouche, et cependant ses désirs ne sont jamais satisfaits. » Que
servirait-il à un homme de gagner tout le monde s’il perdait son âme ?
Voilà la vraie perspective du prix ou de la valeur de notre vie. Le Seigneur
compare le prix d’une vie à toutes les richesses de ce monde afin que nous
puissions saisir cette vérité simple, mais invisible à tant de gens : toutes
les richesses et trésors de ce monde n’ont pas la valeur d’une vie. Hélas,
combien de chrétiens négligent leurs intérêts spirituels pour gagner et jouir
d’une miette des richesses de ce monde !
Le Seigneur pose cette question par rhétorique, car
elle ne demande pas de réponse - pour tout esprit sain la réponse est
claire : cela ne servirait à rien.
Que donnerais-tu, ou que donnes-tu en échange pour ta
vie ? A chacun de répondre à cette question…
Sans parler de l’appel céleste, combien précieuse est cette espérance, cette promesse de vie
éternelle ici sur la terre ! Cette vie mérite tous nos efforts. En effet,
y a-t-il quelque chose dans la loi de Dieu qui ne nous plaise pas ? Y
a-t-il un commandement injuste, tortueux parmi les commandements divins ?
La loi de Dieu n’est-elle pas précisément l’idéal que cherchent tous les
philosophes depuis l’aube de l’histoire ? N’est-elle pas l’idéal de
beauté, de justice, de miséricorde, n’est-elle pas sublime sous tous les
aspects ? L’humanité dans l’avenir, ne sera-t-elle pas ravie de connaître
Dieu et sa loi parfaite ?
Qu’est-ce que la consécration, sinon l’expression la
plus profonde de notre appréciation et admiration pour Dieu, pour son caractère
et son plan, le désir de faire sa volonté, après avoir reconnu que sa volonté
s’exerce toujours pour notre bien, pour le bonheur des fils de l’homme.
Bénis soient l’Eternel et notre Roi Jésus-Christ, par
nous et par toutes ses créatures, à jamais. Amen.
Fr. D. C. – Vigy, Pentecôte 2009